Chapitre 45: Une mère diabolique

Maman, ai-je dit? Je l'avais murmuré et pourtant c'était comme si ce mot s'était échappé à mon insu d'entre mes lèvres. Malheureusement la vérité m'a frappé de plein fouet.

Le jour où j'ai atterri au lac de Naylajini, j'ai eu la chance de contempler une image où nous apparaissions ma mère et moi-même. Certes je ne pouvais pas distinguer les traits de la silhouette doré de ma mère, mais en ce moment je sens une connexion particulière avec cette femme.

Je sais qu'elle est ma mère.

Le regard de la blonde dérive sur mon cou où l'on peut apercevoir les prémices de la chaîne en or que je ne quitte plus depuis que je l'ai trouvé au lac.

-C'est toi.

Elle dit cela en passant sa main à travers les barreaux pour sortir mon collier de sous mon pull. Mon prénom et le symbole de mini-fée sont alors exposés.

-C'est bien toi... murmure-t-elle avec un sourire sinistre.

-Putain mais cette garce est ta mère! hurle l'occupante de la cellule voisine avec dégoût

C'est à cet instant que je prends réellement conscience de qui est ma mère. Je repousse brutalement sa main comme si elle m'avait brûlé. De son côté, ma voisine se fait tabasser par un enchanteur. C'est ainsi que reprennent toutes les tortures...

-Es-tu ma génitrice... ou bien je me fais des films? demandais-je après un long moment criblé par des cris

-Je suis bien ta mère, dit-elle avec dédain en ramassant sa cape.

-Écoute-moi bien, dis-je en passant une main à travers les barreaux pour pointer du doigt sa poitrine. Ma mère est Maria et elle est morte par ta faute. Donc ne t'avises plus jamais de me dire que tu es ma mère.

-Tu m'as pourtant appelé "maman", dit elle en imitant la voix d'une pauvre petite fille apeuré.

-Ce n'était dû qu'à l'effet de surprise, rétorquais-je avec mépris en posant ma main autour de son cou dans l'optique de l'etrangler.

Elle rit tellement fort qu'elle en vient presque à dissimuler les cris d'agonies des victimes. Sans la moindre hésitation, elle attrape mon poignet qu'elle tord jusqu'à ce que j'entende ce dernier se briser. Elle repousse mon bras et je sens que les larmes me brulent les yeux mais je refrène des hurlements pour ne pas lui donner satisfaction. Sous la douleur je tombe à terre.

Qui aurait pu imaginer que mes retrouvailles avec celle qui m'a donné la vie serait comme cela. Quand on rencontre ses parents biologiques on s'attend à un trop-plein d'émotions positives où l'enfant et les parents pleurent de joies, veulent rattraper le temps perdu.

Est-ce étrange si je dis que je veux tuer ma mère biologique sans plus attendre?

Clairement je m'attendais à ce que ma mère soit une femme dotée d'une douceur et d'une sagesse incroyables. Qu'elle soit gentille plus que n'importe quelle être. Elle n'est rien d'autre que le mal incarné!

-Putain mais c'est quel genre de mère! hurle ma voisine d'elfe alors que l'enchanteur qui s'occupe d'elle sanctionne sa main

-Le genre cinglé, dis-je la voix tremblante en observant l'hématome bleuté qui se forme sur le dos de mon poignet.

Je regrette amèrement que mon pouvoir de régénération ne puisse pas fonctionner. Ma tête doit être horrible après avoir encaissé les coups de Bigorneau et je peux assurer que je le sens...

Ma luciférienne de génitrice ne tient pas compte de nos remarques et fait signe à deux enchanteurs de venir vers elle. Elle recule d'un pas et les hommes en cape rouge ouvrent ma cellule et viennent se saisir de moi. Je tente de me débattre mais lorsqu'un enchanteur appuie sur mon poignet je m'arrête et me tords de douleur. C'est ainsi qu'ils me sortent de la cellule et marche derrière leur "reine" qui montre le chemin.

Nous reprenons l'ascenseur par lequel je suis arrivée. Un des enchanteurs appuie sur le bouton -20 qui semble être l'étage le plus bas si je me réfère au panneau. Durant notre ascension, je fais semblant de ne plus tenir sur mes jambes, les enchanteurs subissent alors tout mon poids qui n'est pas si lourd pour eux. Je saisis ma chance en leur administrant un coup de pied puis saute sur ma génitrice qui m'arrête d'une simple poussée.

-Vous n'êtes même pas fichu de tenir cet animal, dit-elle à ses hommes qui s'empresse de me tenir plus fermement.

Je n'ai même plus la motivation de combattre sous manque d'énergie. La tête baissée mes cheveux brouillent davantage la vue à mes yeux mi-clos. Je sais que nous sortons de l'ascenseur puisque je peux voir le sol. Ce sol est d'ailleurs différent des autres. En effet celui-ci est un marbre très chic tandis que les autres sont rocheux.

Quelques minutes plus tard, je me sens installé sur un fauteuil très agréable. Je relève la tête et tombe dans les yeux bleus du monstre qui fière d'elle est assise les jambes croisées, un verre de vin à la main, dans le fauteuil en face.

-Je suis Cassiopéa.

-Et je m'en bas les reins, dis-je en grognant pour contenir ma douleur.

-Vraiment? Tu ne veux rien savoir? Même pas comment j'ai pu arriver à cet empire? Ou encore découvrir bien d'autres choses qui te rongent de l'intérieur?

-Continue.

Quitte à être là, autant écouter ce qu'elle a à dire.

-Je suis Cassiopéa, directrice de la Lune Rouge, fée déchue et accessoirement ta mère.

-Fée déchu, répétais-je en fronçant les sourcils.

-Exactement, ayant commis un acte qui a mis en jeu ma "pureté", le cercle des anciens qui contrôle le monde surnaturel a décidé de faire de moi une fée déchue en m'arrachant une aile très lentement pendant une année entière, dit-elle avec haine. Sais-tu combien ça fait mal, j'ai eu l'impression que ça dure une éternité alors que ce n'était pas moins de 365 jours terrestres.

C'est plus fort que moi, je ne peux empêcher un rire de s'échapper. D'ailleurs je ne le peux pas quand je vois à quel point elle se fout de moi!

-À ton avis les anges qui se trouvent plus haut, ils ressentent quoi quand tes enchanteurs leur arrachent les ailes? Et toutes ses autres créatures, quand tes larbins leur arrachent les membres? Tu critiques ces anciens où je ne sais quoi mais tu fais exactement la même chose!

-Tout d'abord le châtiment de ses anges ne dure qu'une fraction de seconde.

-Ça n'empêche pas qu'ils ressentent la douleur!

-Des gens doivent souffrir si nous voulons avancer dans nos recherches...

-Quel acte as-tu commis pour être jugé plus apte à être pure? Coucher avec un démon?

Je voulais savoir si elle a toujours été détraquée.

-Non, cela on ne m'en a pas tenu rigueur, dit-elle en passant son index sous son menton. Tu dois savoir quelque chose. Dans le monde surnaturel, les fées se font rares.

Ce doit être pour cela qu'Éden ou encore Aaron étaient surpris lorsque je leur ai révélé ce côté de mon être.

-Nous ne sommes pas plus d'une centaine. La plupart du temps nous sommes regroupés dans un royaume où une reine le dirige. L' année où j'ai commis mon acte ma mère était encore reine, elle devait choisir son héritière. Tout se jouer entre ma soeur Calliope et moi. Étant l'aînée, depuis ma naissance j'ai toujours été préparé à être reine sauf que mon idiote de mère, a toujours préféré Calliope. Lors de la cérémonie du couronnement, je savais que ma mère allait l'élire alors lorsqu'elle a prononcé son nom, sans la moindre hésitation j'ai tué Calliope devant toute la cour.

-Tu as tué ta propre soeur pour un trône!

J'arrive pas à y croire... Elle doit être sacrément atteinte!

-Oui et je regrette de ne pas l'avoir fait souffrir davantage avant.

Je secoue la tête lentement avant de la regarder à nouveau.

-Tout cela c'était avant que tu rencontres mon père ou après?

-Après, avec ton père ce n'était l'aventure que d'un soir et je suis tombée enceinte. Deux mois plus tard, j'accouchais. Je t'avais gardé secrète dans une grotte pendant près de six mois, je t'ai ensuite confié à cette salope de Maria qui m'a plutôt bien aidé à bâtir la Lune Rouge.

-Attends, tu veux dire que tu avais déjà des projets pour ton entreprise malsaine bien avant d'avoir commis un meurtre?

-C'est cela, dit-elle après avoir bu.

-Et tu t'étonnes que ta mère ne t'ait pas élu héritière? La grosse blague, elle a dû sentir la merde arrivée à des kilomètres.

Son verre se brise sous la forte emprise qu'elle y mettait. Je crois bien que je l'ai énervé. Le champagne a taché sa robe et du sang ruissela sur ses doigts et bientôt ses coupures se refermèrent.

-Revenons-en à ton père, dit-elle les dents serrées.

Elle ne prend même pas la peine de nettoyer sa robe.

-Est-il aussi diabolique que toi?

-Je pense que nos esprits ont été inversé puisque même s'il était un démon ton père était beaucoup trop doux, rit-elle.

-Était? répétais-je en espérant que ce ne soit pas ce que je pense.

-J'ai tué Enrique en l'attirant dans mon lit lorsqu'il est venue pour te réclamer, baille-t-elle.

S'en est trop. Mes ongles se plantent dans les accoudoirs en cuir du fauteuil, me rappelant la douleur de mon poignet. J'essaie de contrôler toute la rage qui m'habite.

-Quel type de démon était-ce?

-Alors comme ça tu connais ta partie pure mais pas démoniaque?

-Ne m'oblige pas à répéter, dis-je plus que tendu.

-Un cacodemon. Une des espèces de démon les plus puissantes à forme humaine. Je ne sais pas dans ton cas, mais la plupart possèdent des ailes aiguisées avec des lueurs rouges à l'intérieur. Leurs yeux sont de couleur translucide pour pouvoirs voir à travers la matière et leurs pouvoirs sont à base d'ombre et de ténèbres. Un detail que tu devrais savoir, ils adorent tuer. Tout cela pour te dire que ton père était une vraie exception.

La description du spectre que j'ai vu...

Je connais enfin la dernière partie de mon être. Je suis une fée et une cacodemon. Je ferme un instant les yeux et sens un vague éphémère de puissance. Le spectre de terreur apparaît le temps d'un instant dans mon esprit.

-Pourquoi as-tu créé la Lune Rouge? Quel est le but?

-Eh bien, j'ai toujours été avide d'ambition. J'ai toujours voulu faire des recherches sur toutes les créatures qui peuplent le monde surnaturel. Un jour, je me suis dit, pourquoi ne pas les étudier?

-Par étudier, tu veux dire torturer?

-Si ce terme te convient, dit-elle avec tellement de nonchalance que l'envie de me jeter sur elle est à son paroxysme.

Cependant avec elle, j'apprends tellement plus de choses qu'en plusieurs semaines. Je n'ai pas d'autres choix que de l'écouter.

-Nos méthodes sont productives, puisques nous pouvons tester la résistance de nos patients, leurs capacités et d'autres choses innombrables qui n'ont jamais été découvertes.

Je ris mentalement au mot "patient".

-Quel est ton but? demandais-je brusquement. À ce que je sache, vous êtes planqués dans le monde surnaturel.

Je doute que vous fassiez vos "recherches" pour en informer le monde!

-En effet, ça va beaucoup plus loin que cela.

-C'est-à-dire?

-Outre la boîte de Pandore qui est une grande menace...

-J'avais presque oublié que tu avais tenté de me tuer...marmonnais-je. Continue.

Franchement avec tout ce que je viens de découvrir, cela me passe bien au-dessus de la tête.

-Je disais donc que si la boîte de Pandore venait à tomber entre de mauvaises mains, nous serions tous en danger mais pour le moment ceci ne me préoccupe pas tant que cela. Mais suite à la potentielle decouverte de cette boîte, une grande guerre se prépare depuis de nombreuses années et elle va bientôt éclatée. Les anciens, Hadès et encore d'autres organisations que tu ne connais pas se feront face.

-Je ne vois pas le rapport avec le but de la Lune Rouge.

-J'y viens. Pour avoir la moindre chance de gagner cette guerre, je dois avoir dans mon camp une arme infaillible qui regroupe toutes les capacités fondamentales pour n'avoir aucun défaut.

J'ai peur de comprendre...

-À partir de nos recherches, nous cherchons à créer un être au-delà de l'imaginable, un être totalement invincible.

-Mais vous ne réussissez pas, conclus-je.

-J'ai alors pris récemment conscience que je devais avoir une base solide pour y aboutir. Un être unique qui a toujours été sous mon nez sans que je m'en rende compte.

-Putain, ne me dit pas que...

-Olympia, ce sera toi ma chère arme, dit-elle avec un sourire glacial.

Je me mets aussitôt sur mes jambes et la regarde avec tout le mépris que j'éprouve vis-à-vis d'elle.

-Il en est hors de question!

-Ce n'est pas comme si tu avais le choix, surgit une nouvelle voix masculine.

Je tourne la tête en direction de l'ascenseur où un homme venait d'en ressortir. Il était grand avec des cheveux mi-longs châtains aux reflets blond doré. Pas plus âgé que moi, il portait un costume trois pièces très chics. Ce n'était pas un homme à la cape rouge.

-Olympia, débute Cassiopéa. Je te présente Ophion.

Le fameux Ophion s'approche en me donnant le même sourire glacial que ma génitrice.

-Ton demi-frère, termine cette dernière.

~~~

Salut, tout le monde! J'espère que vous avez aimés ce chapitre. Cassiopea est... comment dire... une salope :) Mais grâce à elle on connait la totalité de la nature d'Alyssa!

🌟Qu'avez-vous pensés des révélations?

🌟Qu'arrivera-t-il à Aly?

À bientôt pour le savoir!

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