Chapitre 38: Peurs exacerbées


Seule, sous cette étendue d'eau pure, j'observe mes doigts de pieds qui caressent le doux sable fin à chacun de mes pas. Une sensation qui rivaliserait presque avec le meilleur massage des pieds du monde.

Je continue ma marche jusqu'à ce que mes oreilles perçoivent un son mélodieux, un son que je reconnaîtrais entre mille. 

La voix chantante de la plus puissante nymphe des eaux.

-To Koutí tis Pandóras, To Koutí tis Pandóras.

À mesure que j'avançai, je ne dépassai guère le petit caillou qui se trouvait à ma gauche. Je me rendis alors compte que je ne faisais que du surplace.

-Approches...

J'entrouvris mes lèvres pour parler mais l'eau s'infiltra dans celle-ci me faisant basculer en arrière pour m'écrouler au sol de tout mon court long. Mes yeux se ferment sous la force de cette noyade. La souffrance n'est bientôt plus qu'un lointain souvenir...

Quand j'étire à nouveau mes paupières, je sens que quelque chose me chatouille la cheville et c'est très désagréable. Je me redresse et manque un temps d'arrêt. Je me crispe en découvrant une araignée de mer qui tente de me grimper dessus.

Et par le plus grand des malheurs phobiques, je suis arachnophobe.
Sérieusement au risque de me faire détesté par les personnes qui ont une passion pour ces créatures. Comment peut-on apprécier ces "choses"? Un corps aux dimensions bizarres qui tient sur huit pattes fines, en bonus deux pattes munis de pinces. 

Je tremble de peur, lorsque l'araignée approche sa pince de mon genou. Je recule à l'aide de mes mains en lâchant de petits cris réguliers, très aiguës. Ce qui n'empêche malheureusement pas l'araignée de se rapprocher en me regardant droit dans les yeux. Je ne peux alors m'empêcher de crier sans m'arrêter. 

Je me lève donc dans l'optique de courir mais je me retrouve tétanisé lorsque je découvre qu'une armée composée de milliers d'araignées de mer m'entoure.

Je me mets à pleurer en me demandant ce que j'ai bien pu faire pour en arriver là. Clairement, je vais me faire tuer par des araignées!

Invraisemblablement malgré mes larmes, j'arrive à créer une sorte de bouclier d'une lueur orange en forme de dôme. Mais cela ne les démotive pas puisqu'elles montent dessus. Le bruit de pas qu'elles font m'horripile et me donne envie de vomir. Je ferme les yeux en reniflant abondamment. Dans quel pétrin suis-je?

Je me réveille en sueur dans mon lit en respirant abondamment. Ce n'était qu'un cauchemar...

Il me faut tout de même quelques secondes pour prendre conscience que mes yeux ne fixent pas le plafond blanc ou jonchent des figures géométriques aux couleurs de l'arc-en-ciel mais un inconnu qui se tient au-dessus de moi.

-Bou, sourit-il tel un psychopathe.

En réaction je hurle bêtement sans bouger. L'individu se met à sourire de toutes ses dents en me priant de crier plus fort. Ce qui a pour effet l'inverse, puisque la fréquence de mon cri diminue jusqu'à être nul.

-Tu t'arrêtes déjà, dit-il en faisant la moue. C'est que je ne dois pas assez te faire peur...

Au contraire, si je ne crie plus, c'est d'une part car je sens que ma gorge est sèche. D'autre part, je n'en ai pas la motivation. Il doit être dans les alentours de 4h du matin puisque je ne perçois pas de lumière passer à travers les stores signifiant le jour. Comme seule lumière pour éclairer ma chambre, une veilleuse allumée.

Oui, une veilleuse. J'en suis au point d'avoir peur de dormir dans le noir complet. J'ai pris cette résolution hier soir, pour me rassurer. De quoi? Eh bien avec tout ce qui s'est passé ces derniers temps, j'ai peur de tout ce qu'il pourrait arriver. Et cette veilleuse m'a toujours aidé quand plus petite je faisais des cauchemars, mais pas aujourd'hui on dirait...

-Je devrais penser à me faire coudre les lèvres... Ce serait pas mal. Tu penses que ça m'irait bien me demande-t-il comme si de rien était.

Je plisse les yeux en essayant de me m'enfoncer dans le matela. Je crois halluciner... Qu'est-ce que ce psychopathe fait dans ma chambre? Peut-être que je suis en train de vivre la suite de mon cauchemar? Après tout quoi de plus normal que de rêver de fou? Je cligne des yeux, puis me les frotte et finis par me pincer les joues.

Il est toujours là et c'est bien réel.

-Qui es-tu, lui demandais-je enfin en le repoussant.

Il effectue ainsi un salto arrière et se trouve en face de mon lit, les deux index sur les tempes. Quant à moi, je me tiens debout en garde sur mon lit. Je lutte pour ne pas tomber et me rendormir. C'est d'ailleurs bizarre, puisque si c'est mon rêve bleu qui me réveille, je n'arrive plus à dormir. Le sommeil me tente sûrement parce que c'est un cauchemar. C'est très ironique tout cela.

-Je suis l'Angoisseur.

-Euh... Ok.

-C'est quoi cette réaction nul à chier, s'étonne-t-il en se tirant les cheveux. Tu devrais dire :"oh non, qu'est-ce que l'Angoisseur fait dans ma chambre à cette heure terrestre tardive. Je vais mourir de souffrance aussi jeune". Dit-il en imitant la voix d'une petite fille. Et ensuite tu devrais te coller au mur et me supplier de ne pas te faire vivre tes pires cauchemars.

-Franchement, je suis tellement fatigué que je n'en ai rien à faire, dis-je en me frottant les yeux.

Angoisseur, répétais-je un nombre incalculable de fois dans ma boîte crânienne. J'écarquille les yeux quand je prends conscience de la potentielle "personne" qui se trouve en face de moi.

Faites que je me trompe...

-Travailles-tu pour Hadès?

-Affirmatif.

Merdouille...

-Es-tu un de ses braves?

-Affirmatif.

Double merdouille...

-Que fais-tu ici?

-J'observe la petite chose fragile que le Faucheur ne se décide pas à attaquer. Ce flemmard dort au Pandemonium au lieu d'être là pour te tuer et par la même occasion te prendre quelque chose.

-Comme mes pouvoirs, demandais-je avant de bailler.

-Donc tu es au courant, qui te l'a dit. La faux ou cette baltringue de vampire?

-Le Prêcheur. C'est quoi le Pandemonium?

Je m'assois , les pieds sous mes jambes repliées, sur mon matela qui m'envoie des appels que seule moi peut comprendre. Il m'incite à me laisser aller sur mes coussins qui me paraîtront 
bien moelleux alors qu'ils sont aussi durs que le roc.

L'Angoisseur n'est décidément pas venu pour me tuer, dans le cas contraire il serait déjà entrain de me faire souffrir. Néanmoins, il est vrai que je ne peux pas écarter la possibilité qu'il puisse s'en prendre à moi, après tout si Hadès ne veut plus attendre que le Faucheur dérobe mes pouvoirs. Un brave pourrait se charger de mon exécution.

L'Angoisseur rit à gorge déployée, contrairement à son allure de psychopathe, son rire est très doux, s'en est d'autant plus flippant.

-Tu penses vraiment que je vais te dévoiler que c'est le lieu où nous habitons, se moque-t-il en triturant ses boucles d'oreilles sombres.

-Tu viens de le faire, souris-je difficilement.

Mes paupières commencent vraiment à peser plus lourd que le béton. La dernière fois que j'étais aussi fatiguée, c'était lors de la première apparition de mon rêve bleu. N'ayant plus reussi à dormir après celui-ci, je ne tenais plus sur mes jambes pour aller en cours. J'avais donc dormi toute la journée, sous les soins de Maria.

-Mince, de toute façon tu ne sais pas où il se trouve, me tire-t-il la langue.

-Tu n'as pas l'air si méchant, lâchais-je inconsciemment.

Le visage de l'Angoisseur devient tout à coup sombre. 

Alyssa, la première règle lorsque tu es face à un méchant, c'est de ne jamais lui dire qu'il n'a pas l'air méchant, me réprimande ma conscience.

J'ai un mouvement de recul lorsqu'il laisse tomber sa tête en arrière tout en fermant les yeux, les bras tendus.

Alors que je me demande ce qu'il fabrique, je cligne les paupières puis je me mets à hurler les larmes aux yeux en m'accrochant à la tête du lit.
Des clowns tueurs envahissent ma chambre un à un et se rapprochent de moi alors que j'entends le rire de l'Angoisseur, qui cette fois, est grave. 

-Je t'en supplie, arrête, hurlais-je.

Un clown dont le rouge à lèvres déborde jusqu'à son coup s'approche de moi avec un couteau. Son sourire sinistre donne l'assaut à mes larmes.

-Ai-je toujours l'air de ne pas être méchant?

Je saute du lit et esquive tous les clowns pour arriver jusqu'à ma fenêtre puisque deux sont posté devant ma porte. Pourquoi ai-je baissé les stores?

Peut-être parce c'est la fonction d'un store, non? Me rappelle ma voix intérieure.

Je t'en collerais bien une si je n'étais pas dans un état aussi critique.

-Où comptes-tu aller?

Pourquoi a-t-il fallu que je sois aussi coulrophobe?

Lorsque mon regard croise un regard entre jaune et vert, mes jambes ne me soutiennent plus. Il s'agit de Ça ou Grippe-sou, mon pire cauchemard! C'est ce clown qui a déclenché ma coulrophobie durant mon enfance.

Ma tête heurte le mur et mes yeux se ferment sous le choc. Je ne sais pas si je dois me réjouir lorsque mon esprit se déconnecte m'offrant le paysage du trou noir...

***

Toc toc.

Je gémis de douleur lorsque j'ouvre les yeux. Un immense mal se fait ressentir sur le côté droit de ma tête. Pour ne pas arranger les choses de petits rayons de lumière me brûle la rétine. Je me redresse brusquement lorsque les événements me reviennent comme un boomerang.

Toc toc.

Ce bruit provient de la porte de ma chambre. Je fronce les sourcils en signe de suspicion. Peut-être est-ce l'Angoisseur? Mais non, il ne prendrait pas la peine de frapper à la porte. Je m'approche donc de celle-ci à pas de loup jusqu'à ce qu'une voix retentisse.

-Hum... Alyssa, c'est moi, dit Eden en se raclant la gorge. Juste pour te prévenir qu'on t'attend en bas avec l'autre.

Je ne préfère pas rechigner sur le fait qu'il est entré chez moi sans mon autorisation. Je soupire de soulagement et ouvre la porte. Je tombe directement sur son regard qui est étonnamment glacial.

-J'arrive dans dix minutes.

-Ok, répondit-il en s'apprêtant à faire demi-tour.

-Eden, tu sais, je...

-C'est bon, tu as été clair et je pense que tu as pris la bonne décision. 

Et il se téléporte, sans doute en bas. Je n'aime pas la tension qu'il y a entre nous, j'ai un petit pincement au coeur. Vu son grand ego, je ne dois pas m'attendre à ce qu'il me traite comme son ami mais plutôt comme une fourmi.

C'est moi qui l'ai choisi et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

En me préparant, je découvre qu'il est 9h00. D'après mes brefs calculs, il doit être 17h00 au Sénégal, ce qui est parfait si nous voulons passer inaperçu.

Après ma toilette, j'enfile un pantalon couleur miel fluide avec ceinture à la taille, un simple polo blanc et mes converses de la même couleur. Je récupère la bague que j'ai découverte au Pha That Luang et la glisse à mon doigt. En réactivité, elle brille instantanément. 

Je ne prends pas la peine de me sécher les cheveux, je les laisse simplement tomber en cascade dans mon dos. Je sors de ma chambre en rangeant mon téléphone dans mon petit sac à dos en cuir noir. Je retrouve Kasey et Eden qui m'attendent devant ma porte d'entrée.

-Prête, me demande Kasey avec un sourire joyeux.

-Je sais pas vous mais moi j'ai faim et il est hors de question que je parte sans manger.

-C'est psychologique, entendis-je dire Eden alors que je franchis déjà la cuisine.

-Ah oui et pourquoi?

Je sors des gâteaux et une bouteille d'eau pour les ranger dans mon sac. Je m'installe ensuite sur un tabouret afin de manger mes Frosties. Il faut bien faire avec quand il n'y a plus de Lions.

-Tu ressentiras la douleur si tu ne manges pas mais tu ne mourras pas, m'apprend le demi-élémentaire en regardant par la fenêtre.

Je reçois un message du lycée me signalant que je suis absente. Sans blague... Il faudrait que je n'accumule quand même pas trop d'absences, ce ne serait absolument pas bon pour mon dossier, sachant que je prévois d'intégrer une grande école.

Kasey me rejoint avec un verre de jus d'orange.

-Au fait, un des braves d'Hadès est venu dans ma chambre hier soir, ou plutôt ce matin.

Kasey recrache ce qu'il boit en toussant abondamment, je lui tapote le dos. Je sais que ça ne fait qu'à peine vingt-quatre heures que je connais le connais, mais le feeling entre nous passe tellement bien, que j'ai l'impression de le connaître depuis plus longtemps. Il est sympa et mignon.

-Et pourquoi tu ne me l'as pas dit dès que je suis venue te voir, demande sèchement Eden.

Je l'ignore et leur raconte tout  ce qu'il s'est passé. J'ai à peine fini de raconter ma rencontre avec Ça que Eden part en claquant la porte derrière lui.

-Y en a un qui n'est pas content, on dirait, dit Kasey.

Je rejoins Eden dehors en regrettant de ne pas avoir mis de veste. J'enroule mes bras autour de mon corps en gravissant la brise glaciale.

-Eden, m'approchais-je alors qu'il me tourne le dos.

-Laisse tomber.

-Hey.

Je pose ma main froide sur son bras de température ambiante afin de de le tourner vers moi.

-Qu'est-ce que t'as?

-C'est si difficile à comprendre?

Je reste interdite, ne comprenant pas où il veut en venir. Eden est sans doute la personne la plus frustrante que je connaisse. Il ne sait pas doser ses mots, soit il en dit très peu, soit pas assez. Je ne sais donc pas ce que je dois penser de ce qu'il vient de me dire.

-Qu'est-ce que je dois comprendre?

-Rien, on n'y va, dit-il en passant tout en me bousculant légèrement.

~~~

Salut à tous! J'espère que vous avez aimé ce chapitre avec l'entrée en scène de l'Angoisseur😱.

-Que pensez-vous de lui à présent?

-Les phobies d'Alyssa? En avez-vous?

-Que doit comprendre Alyssa?

À la semaine prochaine pour la suite.

Insaisissable a franchi les plus de 7k! Merci d'être de plus en plus à me lire.

Désolée pour les fautes d'orthographe!

L.B.H💛

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