Chapitre 36: L'échange

Je tambourinai nerveusement mes doigts sur le volant de la voiture. Le 4x4 de Maria, malgré le rodéo qu'elle avait subi à cause du Faucheur, est bel et bien sur ses quatre roues grâce à Cookie. Ce dernier comme promis s'en était chargé. J'étais pourtant loin d'imaginer qu'il le réparerait, je pensais tout simplement qu'il le conduirait à la casse. À défaut de cela, le voici neuf comme au premier jour.

Cookie... Aux dernieres nouvelles, il est encore au monde surnaturel. Depuis qu'il m'avait raccompagné à la maison, je ne l'ai plus revu. Mais bizarrement je ne m'inquiète pas pour lui, j'ai toujours la sensation qu'il va bien. Ce doit être le fameux lien qui existe entre un maître et son familier. Il m'avait appris que lorsque j'étais en situation "critique", il le ressentait mais ne pouvait pas toujours venir immédiatement.

Je conduisis à vitesse constante le long de la route prise de part et d'autre par la forêt. Un frisson me prit en repensant à mon affrontement avec le Faucheur. J'espère que je n'aurais plus à le croiser.

Que c'est beau de rêver... soupire tout en chantonnant ma conscience.

Je sais.

Dans à peu près cinq minutes je serais garé devant la maison d'Érica et il me restera cinq minutes pour donner le parchemin à la garce.

Après que Kasey m'ait expliqué son "plan", qu'il qualifie de plan pour débutant. Je dois bien avouer que si je n'avais pas été aussi stressée et angoissée, j'aurais eu la même idée.

Enfin bref, après l'explication de son plan, je me suis toute suite mis en route. Rectification, j'ai été retardé à cause d'Eden qui s'en est pris à Kasey parce que ce dernier m'avait fait un baise-main pour m'encourager. Par suite, j'ai perdu une demi dizaine de minutes à les séparer.

Je dois bien avouer que je jubile lorsque Eden se montre jaloux. Je ne lui suis donc pas indifférente. Mais je suis loin d'avoir oublié l'affront qu'il m'a fait.

-Coprolithe! Concentre-toi Alyssa.

Ce n'est pas le moment de penser à ça. Je me garai en travers en face du peron de la maison d'Érica après avoir fait crisser les pneus. Le sol était recouvert de l'averse de neige qu'il y a eu hier soir. J'inspirai et expirai longuement. En regardant mon téléphone, je constatai qu'il me restait trois minutes. Je sortis alors de la voiture et claquai la portière fortement. 

Je gravis les quelques marches et sonnai acharnement sur la sonnette pour leur faire bien comprendre que je suis arrivé. J'essayai d'ouvrir la porte mais celle-ci était fermer. Je fis donc le tour de la maison et constatai que sur la fenêtre de la maison, un mot qui m'était adressé.

<<Rentre par ici, gamine>>

Mine de rien elle commence doucement à me gonfler à m'appeler gamine. Je soufflai bruyamment... J'ai l'impression que je passe ma vie à faire ça ces temps-ci.

La minute effort débute, c'est dans ces moments-là que je remercie ma souplesse. En un rien de temps je m'agrippe à la rambarde, saute et me retrouve dans la cuisine. Je jette un coup d'oeil rapide en direction de la forêt. Kasey m'envoie un signal que je devine morse avec une lumière bleue. J'ai omis de lui préciser que je ne comprenais pas le morse tout à l'heure.

En même temps, j'étais tellement pressé d'aller sauver Érica, et Kasey était tellement obnubilé par ce qu'il disait que je n'ai pas trouvé le courage de lui dire.

De toute façon la mission vient de commencer, il n'a sans doute pas voulu me dire quelque chose d'important.
Je quittai la cuisine et longeai le couloir en direction de l'escalier qui mène au grenier, après avoir remarqué un bout de papier.

<<Je ne t'indique pas le chemin du grenier, gamine>>

Mes pas gravirent les marches de l'escalier au rythme des battements de mon coeur. J'accélère sur les dernières marches en prenant confiance en moi. Sans préambule, je poussai la porte fortement trouvant au milieu de la pièce, Érica bâillonnée par un torchon sur la fameuse chaise en bois, qui doit lui faire mal aux fesses si je tiens compte qu'elle tente de trouver une bonne position alors qu'elle est attachée. Derrière elle, se trouvait Octriana dans toute sa splendeur, me souriant hypocritement. À gauche, je remarquai Bernard contre le mur qui me fit un bisou volant.

-Bonjour, Pink, dit-il en chantonnant en français.

-Tu es en retard, gamine.

-Tu m'as laissé une heure pour venir et je suis arrivé avec exactement trois minutes d'avance. Aux dernières nouvelles, c'est toi qui fais traîner les choses en m'indiquant de passer par la fenêtre .

La démone grogne en saisissant les cheveux d'Érica qui gémit de douleur.

-On dirait que tu ne tiens pas à la vie de ton amie.

Oh crois-moi que si... J'aimerais le lui dire mais je pense que nous tervergiserions pour un rien.

-Libère Érica.

-D'abord le parchemin et j'espère que tu l'as apporté, dit-elle en me scrutant.

Je serrai mes mains gantées en observant le regard de peur d'Érica. C'est quand on voit les choses qu'on se rend compte de ce qui se passe. Et nous y revoilà... Érica en danger de mort à cause de qui... De moi évidemment. J'ai le sentiment d'être maudite.

Je sors le parchemin de mon pull et le tien fermement dans ma main droite.

-Détache-là.

-D'abord le parchemin.

-Je pense que tes synapses ne fonctionnent pas assez, pour que tu puisses me croire assez conne pour te le donner alors qu'Érica est toujours à côté de toi et en plus attaché.

-Eh bien commence par entrer et fermer la porte, fulmine-t-elle.

Je m'executai, puis j'eu à peine le temps de cligner des yeux que Bernard balance Érica qui est toujours ligoté en ma direction. Invraisemblablement, je parviens à la rattraper et remettre la chaise sur ses quatre pieds.

-Le parchemin gamine. Maintenant!

Tout en regardant Octriana avec hargne, je reussis à défaire les liens d'Érica qui me saute aussitôt dans les bras.

-Tu prends ça et tu t'enfuis très loin d'ici, dis-je à Érica en lui remettant les clés du 4x4. Et tu ne te la joues pas film d'action. Tu fonces.

Elle hoche la tête et sort du grenier en courant sans s'arrêter. Kasey doit la ramener en lieu sûr. Quant à moi je balance le parchemin à Octriana qui sourit de toutes ses dents. 

-Bien, passons aux choses sérieuses, dit la démone d'un air haineux. Tu ne penses tout de même pas que je t'aurais laissé partir sans te donner une petite leçon.

-Je m'en doutais un peu.

Ne leur laissant pas le temps de réagir, je ne sais par quel moyen mais je fus face à Bernard. Ce dernier n'eût même pas le temps de réaliser, que mon poing s'abattit sur sa figure l'envoyant valdinguer contre la seule fenêtre présente au sein du grenier. Sous l'impact, elle se brisa emportant Bernard avec elle dans une chute de trois étages.

Il faudra que je trouve une bonne excuse auprès de Monsieur et Madame Mcgarden pour les dégâts. Enfin... Si je suis toujours en vie...

Je n'ai pas à me préoccuper de Bernard  puisque Éden va s'en charger. Je le vois d'ailleurs déjà qui se rapproche de lui tout en enlevant sa veste en cuir, laissant le champ libre à un t-shirt pétrole qui moule ses muscles en action. Eden est la tentation suprême dans n'importe quelle situation. Si bien que j'en oublie Octriana qui m'attrapa par les cheveux pour me pousser par terre.

-Non seulement tu n'as pas écouté mes consignes. Et en plus je vois que tu t'es améliorée. Gamine, tu vas passer un sal quart d'heure.

-C'est marrant, dis-je en m'epoustant le pantalon après m'être relevé. Je pense plutôt que c'est toi qui vas passer un sal quart d'heure et peut-être plus.

Il est clair que je ne peux pas battre Octriana. En étant réaliste, je me rends bien compte que je ne suis pas assez entraîné. Mais je sais me montrer maligne. 

Comme à son habitude, les mains d'Octriana se chargent en feu ardent. À croire qu'elle ne sait faire que cela.

-J'espère que tu aimes la haute température.

-Et si ce n'est pas le cas, la défiais-je en parant son premier coup.

-Le feu te consumera, un peu comme...

-Ton ego, terminais-je en lui administrant un coup au niveau de la tempe.

Elle chancella sous la puissance de mon attaque. Pour neutraliser son adversaire, quoi à mieux que viser les points vitaux. Elle est tellement sonnée qu'elle tombe à genoux en se tenant la tête.

-Espèce... de...

Je la place difficilement sur la chaise en bois qu'occupée Érica un peu plus tôt. Il faut dire qu'elle n'est pas très légère malgré sa taille de guêpe. Ou peut-être est-ce mes petits bras qui ne sont pas assez robustes. Je l'attache soigneusement avec les cordes. Elle secoue vivement la tête en reprenant ses esprits.

-Sal gamine, détache-moi!

-Hum, hum... Tu ferais mieux de t'abstenir si tu ne veux pas que ton visage devienne... Le jumeau d'un avatar.

-Et ça c'est pour Erica, dis-je avant de lui faire un crochet du droit en plein visage.

Elle se débat alors que je pars en direction de la porte.

-Et oh fait, dis-je en franchissant la porte. Le parchemin... C'est un faux.

Elle lance des cris de hargne.

-Bon, à la prochaine, dis-je en lui faisant mon plus beau doigt d'honneur avant de m'éclipser.

J'ose espérer qu'Eden en a fini avec Bernard. J'aimerais partir le plus vite possible.

Je m'arrête au milieu de l'escalier lorsqu'une silhouette que je ne connais pas se manifeste.

Un homme charismatique aux yeux bleu terriblement envoûtant. Je dois dire que son sourire en coin est extrêmement charmant.

-C'est donc toi...

Euh... Que devrais-je répondre à ça? 

-Qui êtes-vous, osais-je demander en fronçant les sourcils.

-Le Prêcheur.

Le Prêcheur? Ça ne me dit rien du tout.

-Vous pouvez être plus explicite?

-Je suis aux ordres d'Hadès.

-Ah...

Je prends immédiatement une position de garde, en ajustant discrètement le vrai parchemin qui se trouve sous mon pull.

-On t'a déjà dit que tu sens magnifiquement bon, me dit-il en me reniflant.

Je ne l'avais même pas vu arriver sous mon nez. Une chose est sûre, il est rapide.

-Surtout ton sang, je peux sentir qu'il est sucré. Tout ce que j'aime.

Il me regarde dans les yeux et je ne me sens plus capable de bouger. Comme si je n'etais plus maitre de mon corps. Heureusement les cris stridants d'Octriana me ramènent à la réalité puisque je gravis une marche pour m'éloigner de lui. 

-Maintenant, ma petite Alyssa...

Et ça recommence, mes muscles se retrouvent subitement
tétanisés comme s'ils attendaient ne serait-ce qu'un ordre du Prêcheur. Et on peut ajouter qu'Octriana est particulièrement utile aujourd'hui.

-Gamine! Viens tout de suite me détacher!

Je ne le laisse pas terminer sa phrase que je lui balance fortement mon pied dans la zone anatomique sensible de son corps le faisant dévaler les escaliers en râlant. Je lui passe devant, mais rapide comme il est, il me rattrape et me plaque contre le mur avec sa main autour de mon cou, qui me semble soudainement trop petit.

-Alyssa... Franchement... Tu as cru que j'étais aussi con que cette petasse d'Octriana?

On peut dire qu'Octriana ne sait pas utilisé son cerveau. À l'heure qu'il est, elle aurait pu se libérer en brulant ses liens. Mais je doute qu'il parle que de cet acte. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que le Prêcheur  est aussi dangereux que le Faucheur.

-Donne-moi le parchemin, ordonne-t-il alors que ses pupilles se dilatent.

-Non, soufflais-je difficilement.

Puis mes paupières s'étirent d'étonnement. Puisque lorsqu'il ouvre à nouveau la bouche, je remarque des canines très pointus, et des veines bleutées qui longent ses pommettes.

-J'ai dit: donne-moi le parchemin.

Contre mon gré, je sors le vrai parchemin de sous mon pull et lui tend lentement puisque je lutte intérieurement contre l'effet qu'il provoque en moi. Il n'y a aucun doute, il m'envoute. Sûrement un de ses pouvoirs.

Il me l'arrache des mains et sourit malicieusement.

-Bien, maintenant tu vas me laisser goûter ton sang. Penche la tête sur le côté.

~~~

Salut! J'espère que ce chapitre vous a plu. Le Prêcheur est entré en scène^^

🌟Que pensez-vous du Prêcheur?

🌟Jusqu'où ira-t-il avec Alyssa?

À très vite, pour la suite!🙊

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