Chapitre 14: Un gardien

Aaron vient aussitôt me soulever m'éloignant de l'enchanteur gisant au sol. Je balance mes pieds dans tous les sens en lui disant de me lâcher. Ce qu'il fait une fois que nous sommes au fond de la classe. Je reprends mon souffle grandement en m'accroupissant. 

Je jette un coup d'oeil à ma victime qui se redresse après avoir bu une potion que ses amis lui ont fait ingurgiter. Mes petites mains me démangent. J'ai juste envie de tous les tuer. Je fais un pas dans leur direction mais Aaron me retient.

-Lâche-moi, ils vont me dire où est leur chef. Tu devrais m'aider, je te rappelle qu'ils ont tués ta mère et tes semblables!

-Je sais, me dit-il en prenant mon visage en coupe. Mais ça, ce n'est pas toi...

Il avait raison... Je n'ai jamais pensé à tuer quelqu'un, je n'ai jamais frappé quelqu'un comme je viens de le faire, je n'ai jamais été aussi en colère. Je me détends et reste tout de même sur mes gardes.

J'observe alors M. Donsom qui en fait tout autant. Qui est-il en réalité? Tout ce que je peux dire, c'est qu'il n'a pas volé son surnom de Monsieur Ramollo. Son pouvoir est tout de même stupéfiant, mes mouvements étaient tellement lents que je ne me pensais plus être maître de mon corps.

-Qui êtes-vous? Lui demandais-je en m'approchant.

-Quelqu'un qui ne fait partie pas parti de votre quête. 

-Comment ça, demande l'enchanteur que j'ai amoché sans manquer de me lancer un regard plus que noir.

-Je vous pris à tous de régler vos problèmes en dehors de mon cours où je serais dans l'obligation de tous vous punir.

Même si son ton était autoritaire, l'intonation de sa voix n'en restait que plus lente et somnolente.

-Je vois que nous avons à faire à un gardien, rit Eden avant de bailler.

-Allez donc faire vos sautises ailleurs. Mon cours n'est pas terminé, dit M. Donsom en ouvrant la porte en grand.

Les enchanteurs ne se donnent même pas la peine de la franchir et disparaissent comme ils sont arrivé. Eden en fait de même après m'avoir lancer un dernier regard... noir. Je ne le comprendrai jamais. L'enchantement s'est dissous. Je suis Aaron jusqu'à la porte mais le professeur me retient.

-Alyssa, j'ai dit que le cours n'était pas terminé.

Aaron s'en va en m'offrant un petit sourire. 

-Vous n'êtes donc pas humain, concluais-je en l'aidant à déposer mes camarades qui étaient par terre à leur place.

Il opine d'un hochement de tête en s'affairant. C'est un gardien... On dirait que tout le monde le redoute, ils sont tous parti sans broncher...
 
-Qui êtes-vous? Redemandais-je en m'installant à côté d'Erica qui est toujours endormi comme tous les autres.

-Je suis un gardien qui veille sur l'équilibre du monde humain, répond-t-il avant d'attraper un mouchoir qu'il trempe dans sa bouteille d'eau pour nettoyer les graffitis que j'ai accomplis sur son visage.

-Qui veut dire, dis-je en me concentrant pour ne pas rigoler.

-Que vous en savez déjà trop.

Une fois son visage complètement propre, il claque des doigts trois fois et tout le monde se réveille comme par magie. Erica semble même avoir oublié notre petite dispute. C'est comme si nous avions remontés le temps. Et le professeur reprend son cours comme si tout était normal.

La Lune Rouge... Je me promets de détruire cette organisation à la racine.

***
-Samedi, il y a une fête chez Vic, tu as intérêt de t'y pointer, m'ordonne Erica alors que je claque la portière de sa mini Cooper.

J'opine brièvement avant de gravir les marches du perron dans le froid jusqu'à entrer dans la maison. Je retire ma veste que je mets sur la porte manteau mais elle glisse, je la laisse et monte dans ma chambre avec une lenteur égale à celle de M. Donsom. En pénétrant dans mon espace privé, j'ai la surprise de voir coucher sur mon lit Eden, affalé sur mon bureau Aaron et assis sur ma table de chevet Cookie. C'est une blague?

Je referme la porte et l'ouvre à nouveau. Non je n'hallucine pas. Clairement où se sont-ils cru?

-Je ne vous dérange pas j'espère.

Je jette mon sac de cours sur Eden qui l'arrête de son index, puis je balance chacune de mes converses sur Aaron et Cookie qui l'évitent sans vraiment bouger.

Je soupire bruyamment avant d'attacher mes cheveux en un chignon sans forme.

-Qu'est-ce que vous faites tous dans ma chambre, demandais-je en me laissant tomber sur le tapis en fourrure.

-Nous t'attendions, réponds simplement Cookie.

-Et pour quoi faire?

-Planifier le voyage, dit Aaron en se redressant.

-Vous pouviez aller dans la cuisine où m'attendre tout simplement à l'entrée,rétorquais-je en m'adressant plus à Eden et Aaron.

-Tu laisses tes invités dans l'entrée, dis Eden en commençant à dérouler mon plaid pour s'enrouler dedans.

-Non, mais arrêtez de prendre vos aises!

-T'inquiète, je sens bon, tu ne quitteras plus ton plaid d'une seconde tellement tu seras envoûtée, dit Eden avec un sourire en coin.

Je me relève non sans rougir en lui arrachant des mains ma petite couverture sous son rire roque. Je retourne à ma place, c'est-à-dire le sol en plaçant le plaid sous mes fesses.

-Ne pète pas dessus, dit Aaron, j'ai l'odorat très sensible.

-Vous avez fini, dis-je en roulant des yeux.

-Donc je propose que Monsieur Black, dis d'un ton sérieux Aaron, nous emmène à notre escale et reparte gentiment.

-Qui te dit que je t'emmènerais, réplique Eden.

-Peut-être mon petit doigt.

Je lève les yeux au ciel en même temps que Cookie. Comme moi, il doit se dire que ce sont de vrai gamins.

-Et moi, je propose que ce loup sauvage retourne gentiment dans sa niche. Et que j'accompagne Alyssa en petit tête-à-tête, ajoute Eden.

En tête-à-tête avec moi? Alyssa réveilles-toi, c'est pour sa mission et sa rivalité avec Aaron.

-Cookie, que proposes-tu? L'interrogeais-je.

-Vous devriez y aller tous les trois. Avec le temps que nous avons perdu, Hadès a peut-être réussi à décrypter l'indice. Ce qui veut dire que chaque seconde compte désormais. 

-Tu as raison. Nous n'avons plus le temps pour des broutilles, nous ferions mieux de partir maintenant. Dis-je en me relevant.

La vérité est que je ne veux pas laisser traîner cette quête. Plus vite elle sera finie, plus vite ma vie sera... comme avant. Non, elle ne pourra plus être la même. C'est sûr... Trop de choses ont changées en si peu de temps. Quand j'aurais vengée Maria et mis la boîte en sécurité , qu'est-ce que je ferais? 

-Ok, on se retrouve à l'entrée dans trente minutes, nous informe Eden avant de se téléporter.

Aaron saute par la fenêtre et Cookie disparaît à travers un mur. On dirait bien que personne ne connaît une porte.

Je me lève et prend un sac à dos en me dirigeant vers mon armoire. On ne devrait pas mettre beaucoup de temps. Je prends tout de même deux tenues de rechange que je roule en boule avec des sous-vêtements. Je chausse mes air force 1 noir, revêts une veste en jean plutôt chaude avant de me diriger vers la salle de bain. Je prends le nécessaire et descends dans la cuisine sans oublier mes écouteurs et mon chargeur. Je flanque des gâteaux dans mon sac, on ne sait jamais si je n'aime pas la nourriture là-bas. Et pose mon sac que j'ai bouclée en quinze minutes, à l'entrée. Qui a dit que les filles prenaient trop de temps?

J'attends donc. La porte imposante du salon semble me narguer. Après une inspiration des plus difficiles, je m'en approche et pose ma main tremblante sur la poignée. J'ouvre finalement la porte qui grince et pénètre dans cette pièce qui me paraît tout à coup étouffante. Sans que je ne me rende compte mes larmes coulent d'elle-même. 

Je visualise, le sang qui trainait sur la moquette, la bibliothèque toute cassée avec les livres éparpillés et la main de Maria... Ce qui restait d'elle. Tout ça par ma faute... Mon existence est un fleau en lui-même. Je devrais être heureuse d'être en bonne santé alors que d'autres se battent tous les jours contre une maladie. Mais hélas, je ne le suis pas. Peut-être qu'après avoir accompli mon objectif je devrais rejoindre Maria...

Ce ne serait que justice, de toute façon plus rien ne me retiendrait à cette vie qui n'en ait plus une.

Est-ce que Maria voudrait que je la rejoigne? Je ne crois pas. Mais est-ce que c'est la chose à faire? Je crois bien. Je m'assois sur le canapé où nous avions l'habitude de faire nos petites soirés série-Pop-Corn quand elle était en congé. Elle se battant pour regarder Grey anatomy et moi pour Prison Break.

Je ris à nouveau en songeant à sa façon de critiquer chaque personnage quand elle le pouvait.

-Regarde-moi ce Michael Scofield! Tous ces tatouages sur un corps si peu musclé! S'indigne-t-elle.

-Arrête, il n'a pas un corps de lâche et puis regarde ses yeux! Et un homme peut très bien être tatoué sur tout le torse sans avoir la carure d'Arnold Schwarzenegger.

Tous une histoire... Je sens une boule de poils s'asseoir sur mes genoux.

-Tu t'es enfin décidée à affronter cette épreuve, me dit Cookie.

-Oui et j'en ressors que plus forte, répondis-je en séchant mes larmes avant de laisser mes cheveux retomber sur mes épaules.

-Ils t'attendent.

Cookie me souhaite bonne chance et s'en va. J'arrive dans le hall et constate que Aaron a carrément pris deux grosses valises et Eden n'a rien prit du tout. Ces deux-là sont vraiment le jour et la nuit.

-Tu penses que nous partons combien de temps, dis-je à l'attention d'Aaron en portant mon sac à mon dos.

-Suffisamment longtemps pour que j'ai besoin de tout ça.

Je pouffe légèrement en voyant Eden qui regarde Aaron comme s'il était dégénéré.

-Si tu perds une valise durant le trajet, je ne m'engage pas à la retrouver, lui dit sèchement Eden.

-Bon, on y va? M'impatientais-je.

-Ouai.

Eden me tend sa grande main chaude que je ne tarde pas à envelopper de la mienne. Quand Aaron vient poser sa main sur l'épaule d'Eden, ce dernier le repousse vivement.

-Pas touche, tu tiens du bout des doigts l'index d'Alyssa tout en tenant tes valises.

Je prends la main d'Aaron dans la mienne en ignorant le regard noir d'Eden. En un clignement de paupières, nous nous retrouvons dans un tout autre environnement.

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