She's really fallin' !

Olivia

Qu'est-ce qu'il est beau !
J'aimerais vraiment me concentrer sur autre chose, sur Mavis par exemple, en l'honneur de qui nous sommes là, ou sur Andie qui me raconte une histoire depuis je ne sais plus combien de temps mais dont je ne suis absolument rien. Mais même la musique qui en entrant dans la salle me semblait trop forte, n'est plus qu'un bourdonnement à peine audible, tous les autres invités ne sont que des silhouettes, sans visages, sans physiques distincts, et tout semble marcher au ralenti... autour de lui. Les lumières tamisées éclairent sa peau de tons rose, bleu, rouge, violet, mauve et ne font qu'embellir l'œuvre d'art qu'il est déjà ! J'aimerais vraiment me concentrer sur autre chose, mais Yoahn est le seul sur qui mes yeux ont décidé d'accrocher ce soir.
Il est tellement beau !
Il tient un gobelet dans la main, comme la plupart des invités et discute avec un autre garçon. Il parle, il sourit, il rit, pour le plus grand plaisir de mes petits yeux noirs et marrons. Puis son interlocuteur tourne sa tête vers moi et me regarde, et lorsqu'il fait de même, je manque de sursauter. On dirait qu'ils parlent maintenant de moi. Ont-ils remarqué que je le dévorais quasiment du regard ? Je détourne mon regard timidement, puis lorsque je le repose sur eux, ils sont de nouveau entrain de discuter.

Quelques minutes après, le compagnon de Yoahn le lâcha et laissa place à une fille. Une fille ! Et putain, une vraie bombe! Une métisse aux cheveux si longs et si lisses qu'on jurerait que ses extensions viennent de la même boutique que celles d'Ariana Grande. Des jambes kilométriques et une silhouette tout droit sortie d'un magazine de mode, carrément. Elle portait une robe noire scintillante dont la coupe laissait ses épaules et son dos dénudés — la plus grande partie de ses jambes aussi; et je ravalerais ma fierté en avouant que le spectacle n'était pas désagréable pour autant, au contraire. Moi dans ma petite robe bleue bon marché en comparaison j'avais l'air vraiment minable.
Elle se tenait proche de Yoahn et lui parlait intimement, ils devaient bien se connaître, mais lui, n'avait pas l'air aussi adhérent à la discussion qu'elle, il semblait un peu comme gêné,  agacé, mais elle insistait, elle lui prenait la main et le gardait près d'elle. « La salope! »
Cependant plus je la regardais, plus j'avais l'impression de l'avoir déjà vue quelque part, cette fille. C'est alors que je me rappelai que c'est elle qui était assise à côté de Mavis la première fois qu'on s'est rencontrées, à l'université. Oui, c'est bien elle, la copine de Mavis qui n'avait d'yeux que pour son téléphone. Je ne me souvenais pas qu'elle était aussi jolie.
Elle finît par retenir Yoahn et ils s'eclipsèrent dans la foulée; probablement regagnant un coin plus calme pour mieux s'écouter... ou mieux se tripoter.
Ma gorge se noua et ma bouche s'assécha, je devins nerveuse. Je n'avais plus envie d'être là, je me sentais mal et je voulais hurler sur quelqu'un ou n'importe quoi, dans tous les cas j'étais en colère. Contre moi ? Yoahn ? La métisse taillée ou la terre entière ? Je ne sais pas. Ça me torturait de ne plus le voir, et de savoir que pendant ce temps il était avec cette... cette espèce de barbie caramel.
Mais sérieusement, comment peut-on ressentir autant de choses pour quelqu'un qu'on connaît à peine !

— Liv ?

— oui.

Mon amie me regarda redescendre brusquement sur terre. L'air inquiète, elle demanda:

— ça va ?

— oui, tout va bien. Pourquoi ?

— ça fait un moment que tu ne dis rien, tu as l'air un peu ailleurs.

J'esquissai un sourire.

— désolée de ne pas être une aussi bonne pipelette que toi.

Elle pencha la tête, comme pour me montrer son incrédulité.

— tu m'la fais pas à moi, Olivia.

— ça va j'te dis, t'inquiète pas. J'ai juste besoin de prendre un peu d'air, il commence à faire chaud je trouve. Et c'est pas la peine de me suivre, je vais pas mourir ce soir d'accord ?

Je lui souriais comme on le fait à un enfant pour le rassurer. Elle secoua la tête et croisa les bras. Elle est trop mignonne, ma Andie, sauf qu'elle se fait souvent trop de films.
Je sortis de la pièce qui grouillait de monde et allai m'assoir sur une moto garée à l'extérieur, mon gobelet de Coca à la main. Les premières étoiles commençaient à s'allumer dans le ciel, le vent frais de la nuit me collait de petits frissons, mais j'aimais cette sensation. Je pris une bouffée d'air puis avalai une gorgée de ma boisson avant d'observer autour de moi: il n'y avait presque personne dehors, juste un gars qui urinait dans un buisson et deux filles qui arrivaient en bavardant. Mine de rien, ça m'étonne un peu qu'il y ait tout ce monde à cette fête, je ne pensais pas que Mavis connaissait autant de gens, surtout que c'est aussi sa première année dans cette ville. Mais bon, tout le monde n'est pas aussi peu sociable que moi.

~~

Yoahn

— Léa est là.

— je sais, c'est évident.

— elle m'a dit qu'elle espérait te voir aujourd'hui, elle continue d'attendre tes excuses.

— arrête de me saouler avec cette histoire, Armand, s'il te plaît. C'est fini entre nous, c'est elle-même qui l'a dit. Je n'ai plus de comptes à lui rendre.

— fais pas chier, Yoahn. Tu lui dois bien ça.

Je soupirai, un silence plana, puis mon ami reprît :

— dis, c'est qui, elle là-bas ?

Son regard se dirigea quelques mètres plus loin, et lorsque je suivis celui-ci pour savoir de qui il parlait, je tombai sur Olivia. Toujours aussi énigmatique, toujours avec cette étrange douceur qui enveloppe la froideur au fond d'elle, et toujours avec son visage inexpressif. « Mais bordel ! C'est un cyborg cette meuf ou quoi ? »

— une nouvelle amie à Mavis, c'est aussi ma voisine.

— pas mal dis donc! D'où est-ce qu'elle connaît ta sœur ?

— Elle se seraient connues à l'université, puis elles se sont rapprochées quand Mavis est venue chez moi le week-end dernier, donc... bref.

— mouais... pas mal du tout, elle est mignonne.

Je lui lançai un regard menaçant, je le voyais venir.

— pas touche, formulai-Je.

— eh ! Tu défends les potes à ta cadette, maintenant ? Tu t'es pourtant bien tapé la mienne, toi.

— rien à voir.

— sérieusement ! Quoi alors ?

— T'avise juste pas à rôder autour d'elle, capté ?

Armand secoua désespérément la tête lorsqu'il comprît le fond de mes intentions, bien que je ne voulus les dévoiler.

— tu ne respectes vraiment aucun code, mec. Se plaignit-il.

— c'est à moi que tu parles de codes? Je ricanai. Je pensais que tu me connaissais mieux que ça.

— en tout cas, vu la manière dont elle te regarde depuis tout à l'heure, je crains que ce ne soit bien trop facile pour toi.

— tu peux parler ! Elle n'est pas comme tu le crois. Non, loin de là.

Il acquiesça stupidement, sans vraiment se donner la peine de comprendre pourquoi je le disais. Ensuite il me donna une tape à l'épaule avant de s'en aller, sans doute à l'affût d'autres conquêtes.

Même pas deux minutes après qu'Armand soit parti, Léa surgît de nulle part. Merde, je n'avais vraiment pas envie de la voir.

— Yoahn, il faut qu'on parle.

Et encore moins de lui parler.

— euh... Léa je...

— s'il te plaît, c'est sérieux.

— j'étais entrain d'aller aux toilettes là...

— tu mens.

Elle empoigna ma main et me fixa droit dans les yeux. Elle avait l'air en détresse. « Oula... c'est moi qui la rends comme ça ? »
Je commençais à culpabiliser un petit peu, alors je décidai de lui accorder un peu de temps quand-même.

— bon, de quoi tu veux qu'on parle ?

— pas ici.

Elle tira mon bras et m'entraîna dans le couloir près de la salle de bain, là-bas c'était plus calme.

— pourquoi est-ce que tu me fais ça, hein? Hurla t'elle.

— Léa, parle moins fort s'il te plaît. Et puis, je ne voudrais vraiment pas discuter de ça là, maintenant. Évite de faire un de tes scandales à l'anniversaire de ma petite sœur, tu veux ?

— et quand est-ce que tu seras prêt à en parler ? Quand? Je t'ai attendu durant plus d'un mois, en espérant que tu daignes au moins vouloir n'avoir que de mes nouvelles. Mais même pas un coup de fil, même pas un message. Alors tu t'en fiches à ce point ? C'est ça ? Quelle cruauté ! Je te croyais plus humain que ça, Yoahn.

— et moi je croyais que c'était fini entre toi et moi.

— idiot ! gronda t'elle en me collant simultanément une claque bien appliquée. Je l'ai dit pour te donner une leçon, pas pour que tu m'abandonnes !

« J'y crois pas ! Elle vient vraiment de me gifler là ? »

— tu sais quoi? Je vais y aller avant de faire quelque chose que je risque regretter. T'es qu'une pauvre folle.

Sur ces mots je tournai mes talons et m'éloignai d'elle. Je sortis le paquet de cigarettes de ma poche et en tirai une, puis à son tour, je sortis le briquet et m'apprêtais à allumer le bâton déjà dans ma bouche, quand je me rappelai que je ne pouvais pas fumer à l'intérieur. Alors je me ruai dehors.

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