Matin bonheur

Olivia

Une table de chevet, des draps, un lit... pas de doute : J'étais bien dans une chambre, mais pas la mienne.

« Oh merde ! »

Comment je me suis retrouvée là ? Je n'étais pas censée dormir là...
Si ?

Je me levai en catastrophe.

« Merde merde merde ! »

J'avais le cerveau en bouillie. Et oui, il faut toujours que ce soit dans les moments pareils qu'on ne se rappelle pas exactement de tout ce qui s'est passé avant qu'on ne s'endorme. Ne me demandez pas pourquoi, ça doit sûrement être une autre règle à chier de la nature.

Je vis une salle dont la porte entrouverte laissait échapper les rayons du soleil réfléchissant sur un miroir: sans doute une salle de bain, alors je m'y ruai sans crier garde. Et ce n'est qu'après m'être rincé le visage que je réalisai vraiment que je venais de passer la nuit chez Yoahn.

« Wait... what ??? J'AI PASSÉ LA NUIT CHEZ YOAHN !? »

— oh non, oh non, oh non, oh non !!!

En sortant de la salle de bain je n'avais qu'une envie: rentrer chez moi en vitesse, le plus vite possible même. Et j'allais le faire, sauf qu'en traversant le salon...

— déjà réveillée ?

« Et merde ! »

Mon voisin sortît de la pièce d'à côté avec un petit plateau de viennoiseries qu'il vînt poser sur la table à quelques centimètres de moi.

— ça va ? Fit-il.

— oui, et toi alors ? Ça va ?

Il hocha la tête en esquissant une mine perplexe.

— dis, tu ne comptais quand même pas rentrer sans me faire savoir.

— quoi ??? Nooonnn, pas du tout ! Et laisser tous ces trucs super appétissants ?

Je pris un croissant dont je m'en fourrai presque la moitié avant de continuer la bouche toute pleine :

— tu penses que j'allais te laisser dévorer ce délicieux petit déjeuner tout seul ? Hmm hmm... alors là tu me connais vraiment mal.

— peut-être mal, mais assez pour savoir que tu avais plus l'air d'une personne en fuite qu'affamée.

Je continuais de mâcher disgracieusement le bout de croissant interminable dans ma bouche, jusqu'à réussir à l'avaler avec difficulté avant de soupirer exténuée.

— bon... je reconnais que je ne suis pas très à l'aise à l'idée d'avoir passé la nuit ici.

Il sourît légèrement.

— je sais, c'est normal t'inquiète, mais pas une raison pour te faire passer pour une fugitive.

J'émis un rire hébété.

« Bon, c'est très marrant tout ça, mais il reste un truc qu'il faut que je sache de toute urgence quand même. »

— hem... dis-moi Yoahn, est-ce que... hem... excuse-moi de te demander ça, mais en fait je voudrais savoir si... enfin tu vois quoi, si toi et moi...

— tu veux savoir si on a couché ensemble ?

Je déglutis difficilement avant de répondre :

— oui.

— évidemment.

« QUOI ??? »

Mes yeux se firent aussi gros et ronds que des beignets.

— évidemment que non, patate ! Je suis peut-être un salaud, mais pas un porc, rassure-toi.

Il éclata de rire.

— mdr t'aurais vu ta tête, on dirait un fantôme. Continua t'il de plus belle.

« C'est quand même étrange... comment est-ce qu'il fait pour être autant de bonne humeur alors qu'il a perdu sa mère il n'y a même pas encore vingt-quatre heures !? Où est-ce qu'il trouve toute cette joie de vivre ? »

— t'es sûre que ça va ? Demanda t'il.

— euh... oui.

— tu as l'air ailleurs.

— nan c'est juste que... enfin... rien laisse tomber.

— si tu as envie de rentrer tu en es totalement libre tu sais, te sens pas obligée de rester plus longtemps.

— non, c'est loin d'être ça. Je me disais juste que... Que j'étais contente de manger avec toi. Voilà, c'est ça.

— Olivia... surtout ne te force pas si tu n'en as pas envie, tu sais.

— eh, Yoahn, j'en ai envie. Alors maintenant tu la fermes, et tu passes à table.

— d'accord madame, mais il faudrait au moins qu'elle soit déjà complètement dressée.

— alors qu'est-ce que tu attends ? Magne toi.

— ferme la, lança t'il en retournant dans la cuisine sur un ton blagueur, ce qui ne manqua pas de m'arracher un sourire.

À table l'ambiance était plus que bonne, jamais je n'aurais imaginé que Yoahn puisse être aussi jovial; surtout avec ce qu'il était entrain de vivre. Il parlait, souriait, riait... et faisait même des blagues. Ça me laissait totalement abasourdie.
J'allais peut-être gâcher l'ambiance, mais il fallait que je lui dise.

— em... Yoahn ?

— ouais ?

— hem... tu te rappelles que je t'ai dit que mes parents sont morts dans un accident de voiture n'est-ce pas ?

— oui.

— en fait c'est faux.

— ça alors !

— ouais, j't'ai menti. Ce qui s'est réellement passé c'est que ma mère a été empoisonnée et... et c'est mon père qui en est tenu pour suspect principal, en gros il est en prison.

— je... comment dire... je m'en doutais bien.

— quoi, tu le savais ça ?

— non, je savais juste que tu mentais. En fait j'en avais même la ferme conviction.

— comment ? Pourquoi ?

— eh ben... il faut dire que je commence à bien te connaître.

Comme ils m'ont fait chaud au cœur, ces mots !
Tellement que j'ai malgré moi laissé s'échapper un sourire en coin de mes lèvres.

— seulement ce n'est pas tout. Où  je veux véritablement en venir c'est que moi, je ne l'ai pas aussi bien vécu que toi.

« Oh merde qu'est-ce que je suis entrain de dire, là ? »

— désolée je ne veux pas dire que tu vis bien la mort de ta mère hein... non, loin de là. Oups, et merde, je suis désolée.

— ça va, arrête de balbutier. Vas droit au but.

— en fait j'ai été dépressive, voilà. Et pas qu'une crise de quelques semaines. J'ai eu envie de me faire du mal pendant près d'une année. C'est... ça a été dur. Très dur. Je pensais ne pas pouvoir m'en sortir. Alors je me demandais juste, en te voyant aussi rayonnant... comment tu fais ? Enfin bref laisse tomber, je suis contente de te voir ainsi, c'est le plus important. C'est juste que comme j'ai vécu ça, j'avais peur que tu le vives aussi... que tu fasses une dépression. Parce qu'en vrai, c'est horrible.

— Hey Pinky, ne t'en fais pas pour moi, je crois être immunisé contre ce genre de trucs: J'ai le meilleur antidépresseur du monde.

Je soupirai exaspérée.

— tes cigarettes ?

— non, idiote ! Toi.

Je ne pus retenir un rire timide en entendant ça.

— tu les as dans un bloc-notes, toutes ces répliques ?

— P't-être bien.

— dans ce cas brûle le, parce qu'elles sont nulles.

— je t'emmerde.

J'affichai un sourire radieux, satisfaite de ma blague.

— sinon sérieusement Olivia, je peux comprendre ce que tu as enduré. Et à part tes parents, je crois que tu ne devrais plus penser à rien de tout cela aujourd'hui, c'est ton passé, et le passé, c'est fait pour rester derrière.

— ce que tu dis n'a aucun sens.

— mais ta gueule toi.

Excusez-moi mais j'ai du mal à retenir mes larmes quand ça devient trop sérieux, alors je suis obligée de lâcher une ou deux blagues de temps en temps pour détendre l'atmosphère.

— sinon sérieusement Yoahn, merci.

— c'est moi qui te remercie Pinky.

— ça ne te donne toujours pas le droit de m'appeler comme ça.

— comme si depuis que je le fais je demande ton avis, mdr.

— vas te faire foutre.

...

« Wouah ! C'est dingue ! Yoahn, c'est vraiment ce dont j'ai besoin pour me sentir constamment bien. Comment dire... Eh ben en fin de compte je crois bien que je suis amoureuse de lui. C'est réel. »

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