Liv be dumb
Olivia
— Tu ne m'avais pas prévenue que tu sortirais hier.
Rachel n'arrêtait pas de répéter cette phrase depuis qu'on s'était retrouvées dans la cuisine pour prendre le petit déjeuner. Phrase que j'avais très bien réussi à ignorer jusque là; mais son petit jeu commença sérieusement à me saouler.
— ce n'était pas important.
— qu'est-ce qui n'était pas important ?
— mais que tu le saches !
— vraiment ! Et depuis quand tu penses que je ne suis pas censée m'inquiéter quand je rentre le soir et que je ne te trouve pas alors que tu ne m'as informée d'aucune sortie ?
— depuis que j'estime que je n'ai plus douze ans.
— et moi je pense que c'est depuis que tu sors avec Yoahn.
Je manquai de m'étouffer avec mes céréales et fus prise d'une toux déstabilisante.
Une fois calmée, je dévisageai ma cousine et lui répondis :
— je ne sors pas avec Yoahn.
— ça ne sert à rien de mentir, je t'ai vu revenir de chez lui hier par la fenêtre. Tu y étais.
— p't-être bien.
— c'est depuis quand ?
— je ne sors pas avec lui.
— MAIS C'EST MON EX PUTAIN !
— ET JE M'EN TAPE !
Je sortis de la cuisine furax, et allai me réfugier dans ma chambre.
***
— Liv ? Émît doucement Rachel de l'autre côté de la porte en toquant.
Je restai silencieuse; je n'avais aucune envie de la voir, et encore moins de lui parler.
— je vais entrer, continua t'elle.
Elle ouvrit la porte et avança vers moi.
— barre-toi, grommelai-je.
Mais elle n'en fît rien et vint s'asseoir sur le lit.
On resta quelques minutes sans rien se dire, puis ma sœur entama:
— tu aurais au moins dû m'en parler.
— il n'y a rien à dire.
— bien sûr que si.
— et quoi donc ? Que quand je le vois j'ai le cœur qui bat à toute allure, des picotements dans le ventre et tous mes membres qui se mettent à trembler ? Mais ça, tu t'en doutais déjà, pas vrai?
— ouais... mais j'étais loin de penser que ça irait aussi loin.
Je baissai les yeux, savoir qu'elle avait déjà deviné que j'étais éprise de Yoahn me faisait honte.
— rien ! Rien n'est allé loin, rassure-toi. Nous sommes juste amis.
— Olivia, le cœur qui bat à toute allure, les picotements et tout le reste... on ne ressent pas ça pour un ami voyons !
— je sais !
— tout ce que je veux c'est te protéger tu sais, je ne veux pas qu'il te fasse du mal... comme à moi.
— il ne le fera pas j'te dis... ma voix se cassa. Nous sommes juste amis... c'est lui-même qui l'a dit.
Rachel me prit dans ses bras comme si je venais de lui annoncer une rupture.
— ôôôh, ma pauvre ! C'est tant pis pour lui, et tant mieux pour toi. Je n'ai jamais voulu que vous vous fréquentiez de toute façon.
— mais... ce sera toujours le cas.
Elle me lâcha brusquement.
— qu'est-ce que tu veux dire ?
— ben... on est amis !
— oh mais non Olivia, ne me dis pas que tu vas avaler ces sottises et tomber dans son piège! Il faut que tu cesses de le voir.
— je ne peux pas.
Elle se leva strictement, mais calmement, et me pointa du doigt en disant :
— très bien... je t'aurais prévenue. Après faudra pas compter sur moi pour essuyer tes larmes, puisque tu n'en fais qu'à ta tête.
Puis sortît de la pièce.
Elle ne comprend pas, elle ne comprend rien. Rachel croit peut-être que ce n'est que du béguin que j'éprouve pour Yoahn, mais elle se trompe complètement. Au point où j'en suis, je ne peux plus me passer de lui. Je veux être avec lui, peu importe si ce n'est qu'en tant qu'amie. Je ne peux pas l'abandonner, c'est trop tard. Surtout pas maintenant qu'il m'a révélé la situation de sa mère. Il n'a peut-être pas besoin de moi, mais moi j'ai besoin d'être là pour lui. Voilà.
***
Deux jours s'étaient écoulés depuis mon passage chez Yoahn — deux jours sans qu'on ne se soit parlés, deux jours sans que nos regards ne se soient croisés. Deux jours de calvaire et de torture à essayer de ne pas envoyer le premier message. Seulement deux jours et je réalise à quel point je suis stupide de tenir autant à quelqu'un avec qui je n'ai eu de conversations par sms que pendant une journée et demi.
Avec les filles on avait décidé d'aller se prendre des glaces pendant la permanence, histoire de se dégourdir les jambes et d'en profiter pour papoter un peu. Enfin, je dis "un peu" mais quand Andie commençait à parler de son Cédric, on était parties pour un aller-retour à écouter les innombrables phases de leur tumultueuse histoire d'amour.
— franchement... des fois j'avais vraiment envie qu'il disparaisse de ma vie, mais depuis que nous sommes à distance je me rends compte que je l'aime beaucoup plus que je ne l'imaginais. C'est l'homme de ma vie en fait !
— oui Andie, c'est la quatrième fois que tu le dis, on sait, répliqua Mavis. Et si notre chère copine Olivia nous racontait plutôt comment ça se passe avec son chéri ?
Je fis de gros yeux ronds.
— Liv !? T'as un chéri, toi ? Et je ne suis pas au courant !?
— je ne sais pas du tout de quoi elle parle.
— mais si ! Fais pas l'ignorante, tu sais que je sais, Liv. Reprît Mavis en me flattant du regard.
— ah mais j'y crois pas ! Et tu comptais m'en parler un jour ? Ou ton projet c'était que je le découvre le jour du mariage ?
— mais je te dis qu'elle raconte n'importe quoi !
— ah oui ? Alors tu préfères peut-être que je lui dise moi-même ce que Yoahn m'a raconté au sujet de la soirée de lundi ?
— c'est qui Yoahn ?
— son frère. Marmonnai-je.
— mais aussi son voisin super canon sur qui elle a craqué.
— WHAT THE FUCK ! Sérieusement ? Et il s'est passé quoi lundi soir ?
— rien...
— ce n'est pas ce que m'a dit mon frère...
Mais elle m'énerve celle-là ! Et ce qui m'énerve encore plus c'est le ton charmeur qu'elle prend pour parler de lui, comme si c'était censé me pousser à avouer.
Et puis il n'y a rien à avouer d'ailleurs...
— allez, Liv !
— mais laissez-moi ! C'était juste "une soirée banale entre amis", d'accord ?
— ce n'est toujours pas ce qu'il m'a dit.
— en tout cas c'est ce qu'il m'a dit à moi.
Je levai les yeux au ciel en soupirant.
— et moi je te dis qu'il tient à toi plus qu'il ne te le fait peut-être croire.
Elle ne pouvait que me dire ça, du bien de lui, c'est sa sœur. Mais j'avais du mal à m'y fier, car je tenais compte du fait qu'elle ne m'avait toujours pas dit que Léa et lui étaient sortis ensemble. Si elle sait vraiment ce que je ressens pour Yoahn comme elle le prétend, pourquoi me cacher ça ?
— je suis complètement paumée, râla Andie.
— je vais tout t'expliquer par texto, pour l'instant je ne veux plus qu'on en parle, terminai-je.
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