Coupable

Yoahn

Olivia rentre dans la chambre, fraîchement sortie de la douche. Elle y a d'ailleurs passé un assez long moment. C'est vrai qu'elle y met toujours super long, mais là elle vient carrément de battre un record.

Elle passe devant moi sans dire un mot et va commencer à fouiller des vêtements dans la penderie.

— Tu as passé un bon moment ?, Demandé-je.

— oui, oui, s'empresse-t-elle de répondre, super.

— mais euh, attends... Tu as pris une douche avant de sortir, non? Ça ne fait même pas encore quatre heures.

— j'ai plus le droit de me laver quand je veux ?

— si mais euh... C'est quand même bizarre je trouve.

Elle se retourne pour me faire face, croise les bras sous sa poitrine et penche sa tête sur le côté.
Elle est tellement belle quand elle fait ça !

— Tu sais quoi ? Laisse tomber, me résigné-je en me dirigeant vers la sortie de la pièce.

— non attends...

Elle s'approche de moi et passe ses mains autour de mon cou avant de me sourire tendrement.

— J'étais au parc, je voulais m'aérer un peu les idées, j'ai fait l'aller-retour à pieds donc je transpirais beaucoup, c'est pour ça.

Elle soulève ses talons et arrive à une hauteur suffisante pour embrasser délicatement mes lèvres. Chose qui me surprend énormément. Ce matin encore, elle ne pouvait même pas me voir en peinture. Peut-être bien que cette balade au parc lui a vraiment fait du bien, finalement.

— Okay. Mais... T'es plus en colère ?

— non. Tu t'es excusé, non ? Et tu as promis de ne plus recommencer ? Alors tout va bien.

Son attitude n'est pas que peu surprenante, mais ça m'arrange. Et moi qui croyais devoir passer encore une bonne quinzaine de nuits sur le canapé...

Elle continue de sourire et m'offre un nouveau baiser.

J'attrape alors sa taille d'une main et envoie l'autre en exploration sous sa serviette. Ma copine se raidit sur le moment et rattrape avidement ma main baladeuse.

— Non chéri, je suis fatiguée, dit-elle simplement avant de s'éloigner.

Elle va tranquillement continuer à fouiller des vêtements à se mettre tandis que je reste debout là, totalement refroidi.
Bon, c'est pas grave. Pardon ne signifie pas forcément partie de jambes en l'air.

~~

Olivia

Je me sens étrangement mal pour Yoahn. Je n'ose même pas imaginer comment je me sentirais si j'apprenais qu'il me trompe. Je regrette.

J'aime Yoahn. C'est de lui que je suis amoureuse et personne d'autre.

Je n'ai pas couché avec Stéphane pour me venger. C'était juste un moment faiblesse pendant lequel je me suis laissée aller. Mais pour l'avoir fait, je me dois bien de pardonner à mon petit ami sa faute. On va donc dire qu'on est quitte.

Et juste pour que ce soit bien clair, je répète : Je ne l'ai pas fait pour me venger.

C'est vrai quoi, après une vengeance on est censé se sentir satisfait, fier et soulagé. Mais ce n'est pas mon cas. Moi je me sens juste... Salope.

***

Des jours sont passés. Rachel est de retour et son copain se fait de plus en plus voir dans les environs.
Entre Yoahn et moi, les choses semblent être reparties à zéro. Bien sûr, avec l'affection et la magie du début en moins, mais... C'est mieux qu'il y a deux semaines.

Stéphane ? Stéphane, euh... Je ne lui ai pas reparlé et je n'y compte même pas. Je ne sais pas si c'est de la honte ou juste la peur de l'affronter, mais une chose est sûre, je ne veux plus le voir, ni l'entendre, ni lui écrire.

Je sais, je suis une poule mouillée qui n'est pas cap' d'assumer ses actes. Ce n'est qu'un rappel.

«Chez Jerem'», c'est le nom du fast-food où je travaille en parallèle avec mes études. C'est un endroit sympa, pas un énorme truc au centre-ville certes, mais la plupart du temps les clients abondent quand même.
Ici je me suis fait de nouveaux potes, mes collègues Aylin et Marco. Aylin est étudiante comme moi et Marco lui, y travaille à plein temps. Il est plus âgé, aussi.

D'habitude je ne m'y fais pas trop chier, c'est vrai qu'il n'y a pas mal de travail mais les journées – ou les soirées – sont souvent supportables. Seulement, aujourd'hui, j'ai une horrible envie de ne rien faire. Je me sens mal. J'ai la tête qui tourne et pourtant ça ne fait même pas encore une heure que j'ai commencé mon service.
Déjà en cours, j'ai senti ma température monter et attrapé froid. J'ai pensé à rentrer mais... Mon patron, Ismaël, n'est pas très tolérant en ce qui concerne les absences non justifiées. Enfin, c'est comme ça qu'il les considère s'il ne s'agit pas d'un décès ou d'un accident grave.

Dans la cuisine, je m'assois sur une caisse parterre lorsque je sens la fatigue s'emparer de tous mes muscles et que je perds l'équilibre.

— Ça va?, me demande Marco.

Je secoue la tête en posant une main sur mon front.

— tu devrais prendre une pose.

— mais je viens à peine de commencer.

Il pose son plateau de hot-dogs qu'il s'apprêtait à aller servir et s'accroupit près de moi.
Il tâte la peau de mon cou avec le dos de sa main.

— Putain, Liv, tu es brûlante ! Il faut que tu rentres.

— mais... Et si jamais Ismaël remarque mon absence ?

— on s'en fiche. Ta santé c'est le plus important.

Je ricane ironiquement.

— Ça, tu le dis parce que tu ne sais pas le nombre de factures non payées que j'ai déjà accumulées.

— Olivia, je suis sérieux. Si t'es malade faut que tu penses à te faire soigner avant tout. Et puis si Ismaël demande, je lui dirai ce qu'il veut entendre.

— ah ouais ? Et qu'est-ce qu'il veut entendre, dis-moi ?

— que c'est un bel idiot maniaque.

Je me retiens de pouffer.

— allez, file.

Et sur ces mots on ne peut plus rassurants, je ramasse mes affaires et prends la route pour l'appartement.

Yoahn m'y retrouve un peu plus tard, l'air fatigué. Il a dû avoir une dure journée.

Il retire ses chaussures, sa veste, puis son t-shirt et vient me rejoindre dans le lit.
Il baise ma joue.

— Woahou ! Tout va bien ?, Demande mon copain, étonné. Tu as de la fièvre.

— je sais, miaulé-je.

— t'as pris quelque chose ?

— oui.

— vraiment ? Il demande, perplexe.

Je fuis son regard, sachant bien que j'ai raconté un bobard. Je n'ai pas pris de médicaments et ça n'est pas dans mes intentions. Je déteste ces trucs. Et Yoahn le sait.

— Petite menteuse, se moque-t-il.

Il se lève et va ouvrir le tiroir de soins médicaux. Il y ramène un cachet de Doliprane et prend une bouteille d'eau au passage.

— Tu as mangé j'espère.

Je secoue la tête.
Il soupire.

— Ah ! Une vraie gamine, celle-là !

Je fais une mine de chien battu et sniffe pour l'irriter encore plus, puis éclate doucement de rire.

Il me regarde amusé et secoue la tête.

— Je me demande vraiment ce que je te trouve, Gineth.

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