Awkward and coward
Olivia
« Putain, j'ai un de ces mal de tête! J'ai comme l'impression qu'elle va exploser. »
« Quelle heure peut-il bien être? »
Et comme d'habitude, j'appuyai à deux reprises sur l'écran de mon smartphone pour en avoir la réponse.
Midi seize, c'était ce qu'affichait mon écran allumé.
Woahou, j'avais vraiment eu un hangover de malade !
Mais qu'est-ce qui m'avait pris de boire autant la veille !?
J'essuyai mon visage d'une main, comme pour me rafraîchir les idées, après m'être mise sur le dos. Puis, sans prêter attention aux notifications, j'entrai directement dans ma boîte de réception: le dernier message était un de Yoahn, à cinq heures, il m'a envoyé un « en tout cas, toi, tu me manques, Olivia. »
Awwww ! J'aurais très certainement serré mon téléphone fort contre ma poitrine après avoir lu ce message, crié une bonne dizaine de fois, et souri tout au long de la journée, si seulement les deux discussions précédentes ne m'avaient pas enlevé le sourire et l'enthousiasme de répondre à Yoahn: j'avais trois messages de Stéphane non ouverts dont le dernier disait « C'est tout ce que j'espère. », et un d'Andie : « C'était quoi, cette scène avec Stéphane ? ».
J'hésitai vraiment à ouvrir la discussion avec Steph, je savais que quoi qu'il en soit, ça ne pouvait forcément être rien de bon. Surtout pas avec le message d'Andie qui ne faisait que multiplier mes appréhensions.
Mais le cœur battant à deux milles à l'heure, et les paumes de main frigorifiées, je cliquai dessus:
Steph: Je ne sais même pas par où commencer... hem... en fait... je suis heureux, c'est tout.
Steph: J'espère juste que ce n'était pas totalement à cause de l'alcool qui te tenait toute entière, et que tu pensais au moins un seul mot de tous ceux que tu m'as dits... parce que moi, j'étais très sincère, et tu dois certainement le savoir.
Steph: C'est tout ce que j'espère.
« Oh, merde ! Ça sent vraiment pas bon, ça.»
Je me souvenais un peu de la soirée. Je me souvenais aussi de moi dans les bras d'un Stéphane désemparé par mes pleurs. Mais à part ça, rien. Je ne me rappelle même plus de la raison pour laquelle je pleurais.
Andie: C'était quoi, cette scène avec Stéphane ?
Moi: meuf... je me souviens de presque rien.
Andie: même pas de votre baiser ?
Mes intestins se retournèrent en même temps que ce message s'afficha à l'écran.
Moi: Notre quoi !? 😳😳😨
Andie: eh ouais, ma belle.
Andie: et pas qu'un petit bisou sur la bouche hein... une sacrée pelle, vachement bien roulée, en plus !
« Et bien sûr, je pouvais toujours compter sur le soutien de la meilleure des amies du monde, pour me remonter le moral, en me disant à quel point le baiser valait la peine du spectacle. »
Moi: tu pourrais en rajouter s'il te plaît ? Genre... en faire même un livre ?
Andie: tu sais bien que tes désirs sont des ordres, ma belle 😘
Moi: 🖕🏽🖕🏽🖕🏽
Andie: ouh ! J'te connais plus polie que ça, Olivia Gineth.
Moi: 😞
Moi: sérieusement, Andie, je ne sais pas quoi faire. Surtout qu'on dirait que Steph, lui, l'a prise très au sérieux, cette histoire de baiser.
Andie: aouch ! À t'entendre, enfin... à te lire, tu n'as pas l'air très enchantée, toi, à cette idée.
Moi: mais bien sûr que non !
Moi: je suis amoureuse de Yoahn, je te signale.
Andie: ah ! Enfin, tu l'admets.
Moi: 🙄
Andie: ok, bon, j'arrête 😹
Andie: dis lui.
Moi: à Yoahn, ou à Steph?
Andie: bah... aux deux, alors.
Andie: mais à la base je parlais de Stéphane. C'est vrai quoi, il ne faut pas qu'il se fasse des idées alors que c'est perdu d'avance pour lui.
Moi: ouais. T'as raison.
Andie: comme toujours 😌
Moi: franchement... je te déteste.
Andie: et moi encore plus. 😘
Je redéposai mon téléphone sur ma table de chevet avec une seule envie : dormir jusqu'à ce que Stéphane ait oublié toute cette histoire, et que le monde, même, ait oublié mon existence — même si en vrai il n'en est même pas au courant.
Mais... ce serait trop facile. Et on le sait tous, RIEN n'est jamais trop facile dans ce genre de situation. Alors je repris mon portable, et écris à Stéphane :
Moi: Hem, Stéphane... il faut qu'on parle.
Moi: Quand tu veux, où tu veux. Fais-moi juste signe, et je serai là.
Steph: Je sens déjà que ça ne sera rien de réjouissant, mais bon...
Steph: Quatorze heures, sainte Épiphanie.
Moi: d'accord.
« D'accord ? J'ai dit d'accord !? Mais non, PAS d'accord ! Il est presque treize heures et je suis encore dans mon lit ! »
Je bondis littéralement de celui-ci pour faire un tour à la douche — il était absolument hors de question que je mange d'abord, avec ma bouche toute pâteuse —. J'ai toujours détesté l'odeur de l'alcool, et encore plus son goût. Hier était visiblement un jour où je voulais oublier quelque chose, sans pour autant en être consciente.
Une fois toute propre, je passai dans la cuisine pour me servir à manger — et il faut que je le précise —, j'avais atrocement faim.
La maison me semblait toute vide, Rachel était sûrement déjà partie. Maintenant je ne maîtrisais même plus son emploi de temps, elle sortait à tort et à travers. Et comme on ne se disait plus rien, je n'étais forcément pas au courant de la, ou des destinations qui l'accueillaient hors d'ici. C'est vrai que moi aussi, je faisais la même chose, et jusque là, j'arrivais à m'en sortir sans trop de remords. Mais je dois reconnaître que cette situation commençait à affecter mon bien-être apparent. Elle commençait à me manquer, ma sœur.
En refermant la porte derrière moi après être sortie de l'appart', je jetai un coup d'œil en direction de celui de Yoahn. C'est fou, ce qu'il pouvait vraiment me manquer. J'avais besoin de le voir, lui parler, l'entendre... et même si ce que je m'apprêtais à faire n'allait pas me permettre de le sentir, je sortis quand même mon portable de mon sac à main, et cliquai sur l'icône qui désignait l'appel vidéo, dans notre discussion.
Après plusieurs bips sonores d'attente, alors que je commençais à me demander si c'était une bonne idée, mon écran s'éclaircît brusquement et laissa apparaître le visage — qui ne m'a que trop manqué — de mon fameux voisin. Les battements de mon cœur s'accélérèrent, et mes mains devinrent aussitôt moites.
— Salut.
— salut.
— ça va ?
— ouais, et toi?
— uhun...
...
Oh my god, je n'arrive pas à croire que j'étais entrain de laisser un blanc alors que c'est moi-même qui avait lancé l'appel.
« Plus gênant, tu meurs. »
— hem... en fait j'étais entrain de sortir...
— eh bah dis donc, tu sors de plus en plus ces derniers temps.
— c'est très ironique que tu dises ça, parce qu'en vrai c'est juste que j'y suis un peu obligée, là. Sinon la plupart du temps, je le passe à m'ennuyer à la maison.
— ah, ça doit être important alors, si tu te sens obligée d'y aller.
— mmh... plus ou moins.
— mmh... d'accord, je vois. Je suppose que je ne devrais pas chercher à en savoir plus ?
— ça vaudrait mieux.
Il plissa les yeux, esquissant un air intrigué, avec un sourire au coin des lèvres.
« Seigneur, je fonds à chaque fois! »
Je baissai ma tête pour cacher un rire stupide, puis repris avec plus de contenance:
— donc, comme je disais... j'étais entrain de sortir... et hem... je regardais chez toi... et... je me suis dit que j'allais t'appeler.
— ouais, et ?
— rhaaa, mais qu'est-ce que tu m'énerves !
— mais quoi !? S'exclama t'il en retenant de tout son possible un rire moqueur. Je t'écoute !
— et qu'est-ce qui te fait croire que j'ai quelque chose à ajouter, monsieur ?
Il se contenta de me dévisager, avec son même sourire aux lèvres. Et moi, je ne pouvais cacher mon émoi plus longtemps. Je n'arrivais même plus à contrôler mes lèvres qui ne cessaient de s'étendre en un sourire presque idiot.
Alors dans un élan de lâcheté, et les pommettes en feu, j'appuyai sur la touche rouge au milieu de l'écran, craignant d'imploser devant mon interlocuteur, sinon. Et l'appel se coupa.
« Mais what - the - fuck !!!? Meuf, t'as dix ans, ou quoi !??? »
Je serrai mon visage dans mes mains, en étouffant un cri de rage. J'étais énervée par ma propre bêtise. Ça ne pouvait pas être aussi dur, pourtant, merde !
Et oui, j'aurais pu continuer à me lamenter et m'autoflageller à cause de cet appel pitoyable éternellement, seulement je me rappelai que j'avais quelque chose de plus urgent à faire, là...
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