Chapitre 9

Note : S'il vous plait, ne mettez pas de spoils sur la/les saisons à venir dans les commentaires. Merci :)







« Tu...tu QUOI ? », s'exclama Adrien, abasourdi.

« Je suis Chat Noir », répéta Félix d'une voix tendue.

Adrien resta un instant paralysé de stupéfaction. Il avait du mal à en croire ses oreilles, et même du mal à y croire tout court. Si n'importe qui d'autre lui avait fait une pareille annonce, il se serait déjà fendu d'un joyeux "Bien sûr, et moi je suis Ladybug". D'un "Voilà une nouvelle chat-virante". Ou bien encore d'un "Je suis ho-noir-é que tu confies à moi". Voire même des trois à la fois.

Mais là, il était face à quelqu'un qu'il connaissait suffisamment bien pour savoir qu'il n'était absolument pas en train de plaisanter.

Félix était Chat Noir.

Son propre frère était le héros de Paris.

Des dizaines de questions surgirent aussitôt dans l'esprit d'Adrien, s'entremêlant et s'entrechoquant dans la confusion la plus totale. Incapable de maîtriser cette violente tempête qui faisait rage sous son crâne, l'adolescent resta muet de stupeur, n'arrivant pas à formuler ne serait-ce qu'une seule phrase cohérente.

Mais la surprise qui paralysait son cerveau disparut rapidement, chassée par une vive excitation comme le vent disperserait des nuages.

Félix était Chat Noir, et c'était de loin la nouvelle la plus exaltante qu'il ait jamais entendu de toute sa vie.

Un large sourire se dessina sur le visage d'Adrien, faisant irradier le jeune homme d'une telle fierté que Félix ne put s'empêcher de sentir son amertume s'adoucir quelque peu. Il était toujours frustré par cette situation intenable, toujours en colère contre Maître Fu et ses décisions absurdes. Mais voir son jeune frère si heureux, si impressionné, si fier de lui ne pouvait manquer de l'émouvoir.

« C'est GENIAL ! », s'exclama soudain Adrien, incapable de contenir plus longtemps sa joie. « J'ai encore du mal à y croire ! Et pourquoi est-ce que tu m'en parles maintenant ? Si tu ne m'as jamais rien dit, je suppose que c'est parce que c'était un secret ? Comme dans toutes les histoires de super-héros ? »

Mais avant même que Félix n'ait le temps d'ouvrir la bouche pour répondre, Adrien fronça soudain les sourcils. Visiblement en proie à une brusque révélation, il se pencha légèrement vers son aîné.

« Est-ce que c'est parce que tu as besoin d'aide ? », demanda-t-il abruptement. « Si oui, tu sais que tu peux compter sur moi, quoi qu'il arrive », ajouta-t-il avec conviction, ses yeux verts brillant d'une détermination farouche. « Je serai toujours là pour toi ! »

Songeur, Félix jaugea brièvement Adrien du regard. Il aurait menti s'il avait affirmé que la déclaration spontanée de son frère ne le touchait pas.

Mais il n'avait pas besoin d'aide. Il avait besoin de quelqu'un pour prendre sa suite, et le sort avait hélas désigné celui auquel il tenait le plus au monde.

Nul ne connaissait Adrien aussi bien que Félix. Et n'en déplaise à l'actuel Chat Noir en titre, Maître Fu ne se trompait malheureusement pas en affirmant que son jeune frère avait l'étoffe d'un héros. Sous ses dehors de mannequin prodige, Adrien dissimulait des trésors de compassion et un courage plus grand encore. Félix en avait cruellement conscience, aujourd'hui plus que jamais. Depuis leur plus tendre enfance, jamais il n'avait vu Adrien assister à une injustice sans s'élever aussitôt contre elle, et il ne savait que trop bien combien que son frère n'hésitait guère à faire passer les intérêts d'autrui avant les siens.

Mâchoires serrées, Félix baissa les yeux sur l'anneau qu'il portait toujours à son doigt.

Adrien était intelligent, déterminé, prompt à venir en aide à son prochain. Mais il était aussi téméraire, têtu, impulsif. Sa bravoure pouvait se transformer en imprudence, sa sensibilité le pousserait peut-être à se mettre en danger de façon inconsidérée au lieu d'analyser calmement la situation. L'idée de le voir jouer les héros déplaisait à Félix au plus haut point.

Non, plus que ça.

La simple pensée qu'Adrien soit un jour Chat Noir le terrifiait. Elle l'effrayait tellement qu'il avait envie de hurler à s'en briser les cordes vocales, d'arracher le miraculous de son doigt pour le faire disparaître de la surface de la Terre, de remuer ciel et terre pour défaire lui-même le Papillon avant qu'il n'ose porter la main sur son frère.

Félix referma instinctivement le poing autour de sa bague.

Son être entier lui hurlait de ne pas donner ce bijou à Adrien.

C'était trop dangereux. Trop de risques, trop de coups, trop de combats.

Serrant ses doigts un peu plus encore, Félix baissa les yeux sur son poing fermé. Il était toujours temps pour lui de faire marche arrière. Certes, Adrien connaissait désormais son secret. Mais il ignorait encore qu'il était celui destiné à hériter de son miraculous, et rien n'obligeait Félix à le lui avouer. Il pouvait parfaitement garder sa bague, retourner voir Maître Fu pour le convaincre de le laisser conserver son rôle de héros, et protéger Paris à la place de son frère.

Oui.

C'était tout à fait possible.

Il avait encore l'occasion de réarranger le cours des choses à sa guise, en dépit de son sens prononcé du devoir, en dépit de la confiance que Maître Fu avait placé en lui.

Mais Félix était un homme de parole.

Et s'il avait eu le moindre doute, la phrase prononcée un peu auparavant par le Grand Gardien aurait eu tôt fait de le ramener à la raison. Les mots du vieil homme étaient restés gravés dans son cerveau comme une douloureuse marque au fer rouge, ne lui rappelant que trop bien à quel point son comportement avait failli égaler celui de son illustre géniteur.

La comparaison avec son père laissait encore un goût amer dans la bouche de Félix. Il n'était pas Gabriel, à isoler ses proches du reste du monde, à les priver de tout ce à quoi ils aspiraient pour satisfaire le besoin maladif de les garder comme des oiseaux en cage.

Il n'était pas son père.

Il valait mieux que ça.

Dommage que le fait de savoir cela ne lui rende pas la tâche plus facile.

« Je vais prendre ma retraite », articula-t-il aussi péniblement que s'il venait d'avaler une poignée de gravier.

Chaque mot paraissait aussi lourd que du plomb, se coinçant dans sa gorge pour ne franchir ses lèvres qu'au prix d'efforts surhumains. Il voulait partir. Il voulait se taire.

Mais il se devait de continuer et de faire face aux inévitables conséquences qu'entraineraient ses prochaines paroles.

« Quelqu'un doit prendre ma place », poursuivit Félix d'une voix sombre. « Et ce successeur, c'est toi. »

Un instant de silence passa entre les deux jeunes hommes.

« Tu... Tu veux que je devienne le nouveau Chat Noir ? », balbutia enfin Adrien, incrédule.

Félix éclata d'un rire amer.

Non, c'était la dernière chose qu'il voulait.

« Tu as été choisi pour ce rôle », éluda-t-il soigneusement, tout en levant sa main devant ses yeux.

Luttant une fois de plus contre l'envie de partir immédiatement et d'arrêter là ce qui n'était pour lui qu'une lente et douloureuse séance de torture, il se força à ouvrir la main. Lentement, muscle après muscle, phalange après phalange, jusqu'à déplier enfin tous ses doigts.

Il ôta son anneau de son majeur avec mille précautions tout en tentant d'ignorer la désagréable sensation de poids qui lui pesait sur l'estomac, puis, avec un ultime serrement de cœur, le déposa dans la paume tendue d'Adrien.

A voir ainsi cette maudite bague reposer dans la main de son frère, Félix se sentit envahit par un implacable sentiment de fatalisme.

C'était fait. Il avait accompli sa mission, et placé volontairement Adrien dans la plus périlleuse situation qu'il soit. L'épuisement émotionnel qu'il ressentait était tel qu'il avait n'avait plus qu'une envie : dormir, dormir et dormir encore, passer des semaines entières dans le royaume des songes et n'en réémerger que lorsqu'il aurait enfin digéré l'idée qu'il avait fait de son propre frère le nouveau Chat Noir.

Mais sa tâche était loin d'être finie.

Lui-même avait été parachuté dans son rôle de héros sans d'autres explications que celles que Plagg avait daigné lui fournir. Pour Adrien les choses seraient différentes, il y veillerait personnellement.

« C'est mon miraculous », lui confia-t-il d'une voix sourde. « L'objet qui te permettra de te transformer. »

« Et bien, il t'en aura fallu du temps », s'éleva soudain une voix geignarde.







S'extrayant péniblement de la poche de celui qui était désormais l'ancien porteur de son miraculous, Plagg se mit à flotter paresseusement dans les airs, dévisageant tour à tour les deux frères d'un air narquois.

« Et voici Plagg », soupira Félix en désignant le kwami d'un geste las.

Les yeux ronds comme des soucoupes, Adrien fixa la minuscule créature sans rien dire, trop stupéfait pour pouvoir articuler le moindre mot.

« Woaw, c'est comme le génie de la lampe... », murmura-t-il enfin en se penchant vers Plagg, fasciné.

« Je ne suis pas un génie, je suis un kwami », le corrigea aussitôt le petit être. « Je suis celui qui donne ses pouvoirs à Chat Noir. Le pouvoir de la destruction, pour être précis, mais ça ne doit pas être une surprise vu que ton frère se balade dans tout Paris depuis déjà des années. »

« 'Balader' n'est pas tout à fait le terme que j'aurai utilisé », intervint Félix en soupirant lourdement.

« Oui, oui, si tu le dis », répliqua Plagg d'un ton désinvolte, tout en commençant à voleter dans la pièce.

Alors qu'Adrien passait machinalement sa nouvelle bague à son doigt, toujours abasourdi par l'étrange tournure des évènements, Plagg commença à faire le tour de la pièce.

« Je ne suis quasiment jamais venu ici, ça a l'air vraiment sympa », commenta le kwami. « Plus que la chambre de ton frère, en tout cas », poursuivit-il en ignorant le regard noir que lui jeta Félix. « Elle est d'un sinistre ! Toutes ces briques de papier qui trainent partout, franchement, quelle idée... »

« Ce sont des livres, Plagg », siffla-t-il entre ses dents.

« C'est ce que je dis, rien d'intéressant », rétorqua dédaigneusement le kwami. « Si au moins c'était du fromage... Quand je pense à toute cette place perdue... »

Tandis que Plagg continuait de geindre, Félix se pencha discrètement vers son frère.

« Tu vas vite découvrir que le fromage est le grand amour de sa vie », lui glissa-t-il en aparté.

Alors qu'Adrien hochait brièvement la tête pour indiquer à son aîné que cette information avait été dument enregistrée, Plagg jeta un bref coup d'œil à Félix.

« Le camembert, s'il te plait », le corrigea-t-il vivement. « Rien ne vaut un bon camembert coulant et odorant... Mmmm... »

Ignorant royalement la grimace dégoutée qui se dessina sur le visage des deux héritiers de la famille Agreste, Plagg poursuivit ses explorations. Avisant soudain un baby-foot qui trônant dans l'angle de la pièce, il laissa échapper un cri de ravissement.

« Oh, c'est quoi ça ? », s'exclama-t-il. « ça brille ! ça se mange ? »

« Plagg, non ! », s'écria Adrien alors que le kwami se jetait sur l'une des figurines constituant le jeu pour lui mordre avidement la tête.

Mais l'objet était manifestement bien trop dur pour les petites dents de Plagg, qui ne put retenir un petit cri de douleur quand il referma ses mâchoires. Hélas, il en fallait manifestement plus que cela pour décourager le kwami. Après cette représentation miniature d'un joueur de football, il s'attaqua successivement à la manette d'un des jeux d'arcade d'Adrien, à l'une de ses coupes durement remportées lors d'un tournoi d'escrime, à une poignée de porte, avant de se mettre à jongler avec des stylos et de dévider un rouleau entier de papier de toilette à travers la chambre.

Adrien assista avec impuissance à la ruine presque méthodique du bel ordre qui régnait jusque-là dans la pièce, peinant à croire qu'une aussi petite créature puisse cacher un tel potentiel de destruction. En plus d'être incontrôlable, Plagg s'avérait également particulièrement fuyant, esquivant sans la moindre peine son nouveau partenaire chaque fois que ce dernier tentait de l'attraper.

Au bout de trois minutes à peine, la chambre avait pris des allures de champ de bataille et tout l'enthousiasme d'Adrien avait disparu pour laisser place à une profonde exaspération. Le jeune homme se tourna vers son frère, quêtant son secours.

Félix avait été Chat Noir pendant des années.

Il saurait bien comment arrêter cette chose infernale.

« Je pense que tu pourrais essayer de te transformer », lui conseilla Félix avec un sourire sardonique.

« Et comment je fais ? », lui demanda Adrien en haussant un sourcil circonspect.

« Tu n'as qu'à dire 'Plagg, transforme-moi' », répliqua immédiatement son ainé. « Pour ton information, tu as impérativement besoin de trois choses si tu veux pouvoir te changer en Chat Noir », poursuivit-il en levant trois doigts devant lui. « Ta bague, Plagg, et cette formule. Sans ça, tu ne pourras rien faire. »

« Ok », approuva vivement Adrien, avant de se tourner vers son kwami, poing théâtralement tendu en avant. « PLAGG, TRANSFORME-MOI ! »

« Non ! », s'exclama Plagg avec horreur. « Attend, je n'ai pas fini deeeee... »

Mais avant qu'il n'ait le temps de prononcer la moindre parole de plus, le kwami fut aspiré dans la bague qui brillait au doigt d'Adrien. Une fraction de seconde plus tard, une nuée d'étincelles d'un vert électrique entourait le jeune homme, puis se dissipait pour laisser place à un Chat Noir trépignant d'excitation.

« Trop cool ! », s'exclama Chat Noir en tendant ses mains gantées devant lui, pliant et dépliant les doigts pour mieux admirer les reflets lumineux dansant sur ses griffes.

« Et au moins, on est au calme... », soupira Félix en se pinçant l'arête du nez.







Alors que les dernières étincelles vertes achevaient de s'évanouir dans les airs, Félix releva la tête et dévisagea son frère avec une certaine curiosité.

Il avait suffisamment vu sa propre image dans les médias pour savoir à quoi il ressemblait dans son costume et les quelques différences que présentait la tenue de ce nouveau Chat Noir lui sautèrent immédiatement aux yeux. Le col d'Adrien était plus sévère que le sien, lui couvrant tout le cou là où son ancien costume possédait une échancrure dévoilant sa pomme d'Adam. Le rebord de ses bottes était plus bas, sa clochette plus petite, même la forme de ses gants n'était désormais plus la même.

Mais ce qui frappa le plus Félix fut l'expression qui se dessina lentement sur les traits de son frère, visible en dépit du masque qui lui recouvrait désormais le visage.

L'incrédulité, d'abord. Puis une joie pure, presque enfantine, mêlée à une excitation presque palpable.

« C'est tellement, tellement cool », répéta Chat Noir avec un immense sourire.

Sans perdre une seconde de plus, le jeune héros se ramassa sur lui-même pour s'élancer ensuite dans les airs, atteignant une hauteur que même les meilleurs athlètes professionnels ne pouvaient espérer approcher un jour.

Il ne toucha le sol que pour bondir de nouveau, visant cette fois-ci la rambarde de sa mezzanine. Il atterrit gracieusement, se redressa de toute sa hauteur et se tourna vers Félix, une lueur de fierté brillant au fond de yeux verts. Après avoir adressé un petit salut effronté à son frère, Chat Noir se mit à marcher sur la balustrade, avançant avec un équilibre digne du plus expérimenté des acrobates.

Un sourire de plus en plus large sur le visage, il poursuivit sa progression jusqu'à atteindre le mur. Puis, un saut périlleux plus tard, il était de retour au sol, atterrissant souplement à un mètre à peine de son frère.

« Tu as vu tout ce que j'ai pu faire ? », s'exclama-t-il en désignant la mezzanine d'un large geste, le regard pétillant d'enthousiasme. « Les sauts, les acrobaties ? C'est incroyable ! Je savais que les super-héros étaient censés être plus forts que les humains normaux, mais le fait de pouvoir le vivre... C'est... Je n'ai même pas les mots pour dire à quel point c'est génial ! », conclut-il en écartant les bras.

L'euphorie de Chat Noir était contagieuse et malgré lui, Félix sentit les commissures de ses lèvres s'incurver vers le haut. Lorsqu'Adrien souriait ainsi, il irradiait d'un tel bonheur qu'il en devenait un véritable rayon de soleil, capable de faire fondre les plus sombres humeurs de son frère.

Et présence ou non de masque, cela ne semblait rien y changer.

Bien sûr, cela n'effaçait guère l'inquiétude qui nouait toujours les entrailles de Félix. Mais la joie d'Adrien avait au moins le mérite d'atténuer sa rage impuissante qu'il avait ressenti en apprenant que son frère allait devoir prendre sa relève.

Au vu de la situation, Félix ne pouvait guère espérer mieux.







Au-delà de ses légitimes mouvements d'humeur, Félix ne pouvait s'empêcher d'être surpris par la réaction d'Adrien devant le nouveau rôle qu'il aurait désormais à jouer. Son frère acceptait étonnamment bien la nouvelle, bien mieux que lui-même ne l'avait fait à l'époque.

Félix secoua machinalement la tête, comme pour chasser physiquement ces réflexions importunes.

Il aurait tout le temps de réfléchir à tout cela plus tard, mais pour l'heure, il avait lui aussi une tâche à accomplir.

Il avait un héros à former.

« Bon, assez joué », lança-t-il brusquement à Chat Noir. « J'ai encore plusieurs choses importantes à te dire. Des choses que tu dois impérativement savoir maintenant que tu es devenu le porteur d'un miraculous. »

Alerté par le sérieux de la voix de Félix, Chat Noir focalisa aussitôt toute son attention sur lui.

Si la situation n'avait pas été aussi dramatique, l'ainé des fils Agreste n'aurait certainement pas manqué de sourire en voyant son frère réagir ainsi. Avec son calme soudain, son expression concentrée et son regard attentif, le nouveau héros de Paris avait l'attitude d'un élève assidu, ne rappelant que trop bien à Félix de longues soirées qu'il avait passé à aider son frère à travailler ses cours.

Mais là, il ne s'agissait guère de révisions. Il s'agissait d'apprendre tout ce qu'impliquait le fait de porter la bague du Chat Noir.

« Je vais te résumer l'essentiel », commença-t-il Félix d'une voix posée. « Premièrement », annonça-t-il en levant un doigt, « ton miraculous te permet de te transformer. Tu ne dois jamais l'enlever. Absolument jamais », insista-t-il fermement. « Surtout pas quand tu es sous la forme de Chat Noir, tu redeviendrais aussitôt Adrien. »

Alors que Chat Noir hochait la tête en signe d'approbation, Félix poursuivit son discours.

« Deuxièmement », poursuivit-il en dressant un second doigt, continuant ainsi le décompte des différents points qu'il comptait aborder. « A part moi, personne ne doit savoir que tu es Chat Noir. Une identité secrète est faite pour rester secrète. Il en va de ta sécurité et de celle de tes proches. Troisièmement, en plus de tes super-capacités, tu as également un super-pouvoir appelé Cataclysme, capable de détruire tout ce que tu touches. Quand tu voudras le déclencher, tu n'aurais qu'à dire 'Cataclysme'. Mais attention, tu ne pourras l'utiliser qu'une fois par transformation, il demande beaucoup d'énergie à Plagg. Une fois que tu l'auras déclenché, tu n'auras plus que cinq minutes devant toi avant que ta transformation ne disparaisse. D'ailleurs, point quatre : pense à toujours avoir du fromage avec toi pour redonner des forces à Plagg, il en aura besoin. Cinquièmement, ton arme.... »

« Un bâton », compléta Chat Noir en passant son bras derrière son dos pour s'emparer de l'objet en question.

« Exactement », approuva Félix, « Et il peut... »

Avant même qu'il n'ait le temps d'ajouter un mot de plus, Chat Noir appuya sur un bouton, faisant tripler l'arme de longueur.

« ...s'étendre à volonté », conclut Félix en secouant légèrement la tête. « Ne brûle pas les étapes, Adrien. »

« Désolé », s'excusa son frère avec un petit rire contrit. « C'est juste tellement... C'est extraordinaire ! », poursuivit-il en faisant tournoyer son bâton entre ses doigts. « ça fait des années que j'admire Chat Noir et Ladybug, et maintenant j'apprends que je vais être le nouveau Chat Noir ! J'ai encore du mal à le réaliser ! »

« Ce qui ne te dispense pas d'écouter mes conseils », répliqua Félix en lui jetant un regard réprobateur.

« Je sais... », répliqua Chat Noir en se passant machinalement les doigts derrière la nuque. « En tout cas, il est beaucoup plus léger qu'il en a l'air », s'exclama-t-il en le lançant habilement dans les airs et en le rattrapant par l'une de ses extrémités.

Jambes légèrement fléchies, il donna quelques coups devant lui, effectuant de gracieux moulinets avec son arme.

« C'est un bâton, Adrien », souligna Félix en le regardant faire. « Pas une rapière. »

« Mais pour se battre, ça revient au même, non ? », répliqua Chat Noir, les yeux pétillant de malice.

« Tu ne diras pas la même chose quand il fera cinq mètres de long », rétorqua Félix avec un sourire indulgent.

Faisant se rétracter brusquement son arme, Chat Noir éclata de rire.

« Tu as raison », s'esclaffa-t-il. « C'est sûr que si jamais j'essayai de- »

Le jeune héros se figea brusquement en entendant le bruit de quelques coups secs frappés contre la porte de sa chambre. Les deux frères échangèrent un bref regard affolé et en une fraction de seconde, Chat Noir bondit hors de vue d'un éventuel visiteur.

« Adrien ? Félix ? », s'éleva la voix de Nathalie depuis l'autre côté de la porte. « Venez, le repas est prêt. »

« Ok, on arrive », lui cria Félix en réponse.

Il attendit quelques prudentes secondes, puis, entendant le pas de Nathalie s'éloigner, il leva les yeux vers la mezzanine où son frère avait trouvé refuge.

« Bon, détransforme-toi », lui lança-t-il avec un petit geste de la main. « On reparlera de tout ça plus tard. »






Quand Félix regagna enfin sa propre chambre, presque deux heures plus tard, il referma la porte derrière lui en poussant un lourd soupir. La journée avait été particulièrement éprouvante et il se sentait tout aussi secoué que s'il avait été emprisonné des heures durant dans une machine à laver en marche. A présent, il n'avait plus qu'un seul souhait : s'écrouler sur son lit et dormir enfin.

Adossé à la porte, il se passa lentement les mains sur le visage. Son corps tout entier lui semblait fait de plomb et il lui fallut toute la volonté du monde pour se forcer à avancer.

Il avait à peine fait un pas dans la pièce qu'il sentit son téléphone vibrer légèrement dans sa poche. Les personnes cherchant à le contacter à une heure pareille étaient rarissimes et l'identité de celle qui cherchait à le joindre ainsi ne faisait guère de doutes pour Félix. Un bref coup d'œil à l'écran ne fit que confirmer les soupçons du jeune homme.

Un message de sa meilleure amie, quoi de mieux pour conclure cette folle journée.

L : Hello !

L : Alors, la retraite ?

Soupirant de nouveau, Félix secoua la tête avec une profonde lassitude. Il y aurait eu tant à dire. Son ultime combat. Ses adieux à Ladybug. Sa confrontation avec Maître Fu. L'abandon de son miraculous. Adrien.

Trop, trop, beaucoup trop de choses à raconter, et trop peu de neurones encore suffisamment vaillants pour s'atteler à une pareille tâche. Alors, incapable de réfléchir plus longtemps tant son cerveau lui semblait au bord de la surchauffe, Félix résuma les récents évènements de la seule façon qui lui vint à l'esprit.

C : Sincèrement ?

C : Pleine de surprises.

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