Chapitre 18

Incapable de détacher ses yeux de son ancienne coéquipière, Félix fit machinalement demi-tour pour se rapprocher de la balustrade qui surplombait le hall d'entrée. Il avançait sans même s'en rendre réellement compte, comme dans un état second, bouleversé par l'apparition de cette fille qu'il ne se serait jamais attendu à retrouver ainsi chez lui.

C'était impossible. Absurde. Ridicule, même.

Et pourtant...

Le jeune homme s'arrêta à deux pas à peine de la rambarde, le regard toujours rivé au visage de Ladybug, mais prenant garde à rester hors de vue du groupe d'adolescents en contrebas. Car en dépit de l'étonnement indescriptible qu'il ressentait toujours, Félix n'en restait pas moins un ancien héros aux réflexes affûtés et à l'esprit plus vif encore. Peu importe la situation, son instinct de conservation prenait le pas sur sa stupeur et le forçait à prendre inconsciemment les décisions les plus adaptées qu'il soit.

Et en cet instant précis, son cerveau lui intimait de rester prudemment dissimulé dans les ombres.

S'exposer maintenant à ses visiteurs serait trop dangereux. Trop imprudent.

Il ne pouvait pas se permettre de se montrer, pas quand la fille du Ladyblog rôdait à quelques mètres de lui seulement, pas quand cette gamine aux côtés de laquelle il avait combattu se trouvait plus proche de lui qu'elle ne l'avait jamais été ces derniers mois. Si une seule d'entre elles l'apercevait et faisait le lien avec son ancienne identité, la réaction en chaîne qui en résulterait risquait d'être cataclysmique.

Si Adrien n'avait pas été l'actuel Chat Noir en titre, Félix n'aurait certainement pas fait preuve d'autant de manières. Avec son propre passé de héros derrière lui, il n'avait personnellement guère à craindre. Au pire, les deux adolescentes auraient découvert le secret de son autre vie, son ancienne coéquipière lui aurait fait subir l'une de ces embarrassantes démonstration d'affection dont elle était hélas coutumière et cette blogueuse qui se prenait pour une grande journaliste n'aurait guère été plus que la nuisance qu'elle était déjà pour lui autrefois.

Mais là, les choses étaient différentes.

Adrien avait pris sa succession, et Félix ne pouvait pas se permettre que quiconque fasse le lien entre le célèbre héros de Paris et son frère.

Heureusement, les adolescents semblaient trop absorbés par leur conversation pour songer à lever la tête vers la balustrade. Nathalie fournissait par ailleurs une diversion fort opportune en faisant part à au petit groupe des nombreuses règles en vigueur dans la demeure des Agreste et en les enjoignant fortement à les suivre s'ils espéraient pouvoir être de nouveau invités un jour.

Tandis que l'assistante de son père poursuivait son laïus, Félix continuait de fixer son ancienne partenaire avec une telle intensité qu'il était surprenant qu'elle ne sente pas son regard peser sur elle.

Cette fille était Ladybug.

Et elle se trouvait ici, sous son propre toit, à bavarder avec Adrien.

La situation était surréaliste.

Mais à présent que le choc était passé, Félix sentait sa surprise se dissoudre lentement, se désagrégeant dans son esprit jusqu'à disparaître enfin. Le jeune homme se redressa en laissant échapper une profonde inspiration, puis fit machinalement rouler ses épaules pour se forcer à décontracter ses muscles jusque-là crispés par la stupeur. Il desserra ses poings qu'il avait inconsciemment serrés, faisant jouer ses longs doigts dans les airs comme s'ils parcouraient les touches d'un piano invisible.

Félix jeta un nouveau regard en contrebas alors que son cerveau se remettait pleinement en marche, analysant les faits de façon froide, méthodique.

Ladybug était dans la classe d'Adrien, et Adrien n'en avait visiblement pas la moindre idée.

Voyant soudain le petit groupe amorcer un mouvement vers l'escalier, Félix se hâta de battre en retraite vers sa propre chambre. L'esprit toujours en ébullition, il referma doucement la porte derrière lui et s'adossa contre le mur en soupirant.

Ladybug.

Adrien.

Sans compter cette Alya Césaire dont ils semblaient tous deux être très proches.

Voilà qui promettait bien des rebondissements à l'avenir.





Marinette était aux anges.

La jeune fille se sentait envahie par l'une de ces douces euphories qui lui réchauffaient la poitrine, accéléraient ses battements de cœur et lui donnaient l'impression de vivre un véritable rêve éveillé. Elle allait passer l'après-midi avec Adrien. Chez lui, qui plus est.

Bien sûr, la présence de Nino et d'Alya ôtait à cette rencontre toute apparence de rendez-vous amoureux, mais peu importe. Quelques heures passées en compagnie d'Adrien, quelles que soient les circonstances, c'était déjà plus que suffisant pour suffire au bonheur de Marinette.

Alors qu'elle montait les escaliers aux côtés de ses amis, la jeune fille prit une profonde inspiration pour essayer de garder le contrôle de ses nerfs.

Il ne fallait pas qu'elle panique. Elle devait rester calme, distinguée, parfaitement maîtresse d'elle-même. Elle avait une opportunité extraordinaire de côtoyer Adrien en dehors de leurs heures de cours, hors de question de gâcher une telle chance en se ridiculisant – encore – alors qu'il était à proximité.

« Hey, ça va aller ? », murmura Alya en lui donnant un discret coup de coude dans les côtes. « On dirait presque que tu hyperventiles. »

« Quoi ? », glapit Marinette en tournant brusquement la tête vers son amie. « Non, pas du tout ! Je... »

La fin de sa phrase se perdit dans une exclamation affolée lorsque son pied glissa traîtreusement sur l'une des nombreuses marches en marbre de l'escalier. Déséquilibrée, Marinette battit vigoureusement des bras dans une tentative désespérée d'éviter la chute. Durant un bref mais merveilleux instant, elle eut la sensation de rester suspendue dans les airs, mais ses efforts s'avérèrent hélas rapidement vains. Implacablement rattrapée par les dures lois de la gravité, elle tangua une première fois, puis une seconde, et commença à basculer lentement en arrière.

La jeune fille ferma instinctivement les yeux dans l'attente du choc, alors que son corps poursuivait inexorablement sa chute.

Encore.

Et encore.

Quand soudain, une poigne ferme la retint brusquement.

Surprise, Marinette resta un instant immobile, avant d'ouvrir timidement les yeux.

Et aussitôt, elle se perdit dans un regard d'un vert impossiblement clair.

« Est-ce que ça va ? », lui demanda Adrien dans un souffle.

Réalisant tout à coup que le jeune homme l'avait saisie par le bras pour lui éviter un accident aux conséquences potentiellement désastreuses, Marinette se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux.

« Oui, oui, ce... ça va », balbutia-t-elle en se redressant, le cœur battant à tout rompre et les joues brûlantes. « Merci, Adrien », conclut-elle en s'empourprant de plus belle.

« Tant mieux », s'exclama son camarade avec un sourire soulagé. « Je te demande pardon », poursuivit-il en lui jetant un regard contrit. « Ces marches sont horriblement glissantes. C'est de ma faute, j'aurais dû te prévenir. »

« Oh, non, tu n'y es pour rien ! », le contredit précipitamment Marinette. « C-C'est moi ! Je suis... Je suis maladroite ! Je suis désolée... », poursuivit-elle honteusement. « Je suis tellement maladroite... »

Un sourire indulgent aux lèvres, Adrien secoua doucement la tête en signe de dénégation.

« Tu n'as pas à être désolée », répliqua-t-il d'une voix amicale, mais ferme. « Tu n'as rien, c'est le principal. »

Manifestement rassuré par la tournure de la situation, Adrien adressa un dernier sourire à sa camarade de classe avant de tourner les talons et de reprendre la montée des escaliers. Alors que le jeune homme s'éloignait, Alya se pencha vivement vers Marinette.

« Hey, ça va ? », lui souffla-t-elle à l'oreille.

Mais son amie ne préta pas la moindre attention à ses propos. Ses joues de plus en plus roses et son regard dans le vague indiquaient sans équivoque qu'elle s'était déconnectée de la réalité et ignorait à présent tout ce qui pouvait se passer autour d'elle. Perdue dans un monde qui n'appartenait qu'à elle et où régnait un mannequin blond au sourire solaire, Marinette laissa échapper un soupir énamouré.

« Je ne me laverai plus jamais le coude... », murmura-t-elle d'une voix rêveuse.





Adrien était aux anges.

Pour lui, rares étaient les occasions de passer un bon moment avec ses amis en dehors des cours. Son emploi du temps surchargé le privait de la majorité des sorties qu'organisaient ses camarades et à l'exception de Chloé, personne ne venait habituellement lui rendre visite. Nino avait certes bien eu l'occasion de venir deux ou trois fois chez lui, après d'âpres négociations de la part d'Adrien auprès de son illustre géniteur. Mais hélas pour le jeune mannequin, son père était d'ordinaire plus attaché au prestige des personnes entourant son fils qu'aux véritables liens affectifs qu'il pouvait avoir tissé avec eux.

Et aujourd'hui, non seulement Gabriel Agreste avait miraculeusement consenti à ce qu'Adrien consacre son temps libre à cette vie sociale qu'il jugeait pourtant complètement dispensable pour ses fils, mais mieux encore, il l'avait autorisé à inviter ses camarades de classe chez lui.

Ses camarades.

Pas une, ni deux, mais bien trois personnes. Y compris Nino, dont son père désapprouvait habituellement la présence.

Entre la compagnie de son meilleur ami et cette indication évidente que son cercle social s'élargissait de plus en plus, Adrien avait le cœur en fête. Le jeune homme était d'autant plus heureux que bien qu'il les considère désormais comme ses amies, il était pourtant loin d'être aussi proche d'Alya et de Marinette qu'il l'était de Nino. Les occasions de passer du temps avec elles étaient rares et cet après-midi était l'occasion parfaite pour renforcer leur amitié encore balbutiante.

Fermement décidé à profiter au mieux de cette journée exceptionnelle, Adrien invita ses amis à le suivre dans une vaste pièce.

« Et voilà ma chambre ! », lança-t-il théâtralement, incapable de contenir complètement son excitation.

« Woaw... », murmura Alya en jetant un regard effaré autour d'elle. « Cet endroit est... »

« Immense », compléta Nino dans un éclat rire. « J'ai eu exactement la même réaction quand je suis venu ici la première fois. »

« Comme vous pouvez le voir, mon père a la folie des grandeurs », approuva Adrien avec une grimace gênée.

« Ne dit pas ça, cette chambre est la plus COOL que j'ai jamais vu ! », répliqua Alya avec un immense sourire, écartant les bras avec emphase pour mieux souligner le gigantisme des lieux. « C'est extraordinaire ! »

« Oui », approuva Marinette, le regard rêveusement posé sur Adrien. « Extraordinaire... »

Ne réalisant pas que les derniers propos de sa camarade s'appliquaient clairement plus à sa personne qu'à sa chambre, Adrien se fendit d'un sourire rassuré. Soulagé par la réaction de ses amis, il les encouragea à continuer à avancer la pièce.

« Donc voilà, bienvenue », poursuivit-il en désignant les alentours d'un large geste de la main. « Faites comme chez vous.

Alors que Nino se laissait tomber sur un canapé avec autant de familiarité que s'il était lui-même propriétaire des lieux, Marinette et Alya continuaient d'observer la pièce avec une curiosité non dissimulée.

Bien que ses amis l'ignorent, Marinette avait déjà eu l'occasion de venir dans la chambre d'Adrien – deux fois, même. Mais cela avait toujours été sous les traits de son alter-ego héroïque, et ce afin sauver son camarade d'un quelconque vilain qui menaçait de le mettre en danger. Prise dans le feu de l'action, jamais la jeune fille n'avait réellement eu le temps de s'attarder sur l'endroit.

A présent qu'elle avait à la fois l'opportunité et l'autorisation tacite d'observer les lieux, Marinette ne se privait pas de regarder autour d'elle, ravie de pouvoir en apprendre plus sur son cher Adrien. Ses yeux couraient tour à tour sur le mur d'escalade qui ornait l'un des côtés de sa chambre, sur la télévision à la taille indécemment grande, sur le babyfoot, sur les jeux d'arcade...

« Hey, sympa ton poster ! », lança soudain Alya, attirant l'attention de tous ses amis.

Suivant le regard de la blogueuse, les autres adolescents se tournèrent vers le mur jouxtant le lit de leur camarade pour y découvrir une gigantesque affiche représentant l'héroïne de Paris.

Adrien expérimenta aussitôt l'étrange impression de sentir littéralement son sang refluer en partie de son visage, tandis que le peu qui y restait encore se hâtait de se concentrer sur ses pommettes. Il était tellement habitué à la vue de ce poster de sa partenaire qu'il n'avait pas songé un instant à le décrocher en prévision de la visite de ses amis. A présent, il espérait de tout son cœur que cet oubli n'aurait pas de fâcheuse conséquence et qu'il parviendrait à donner l'image d'un simple admirateur plutôt que celle du coéquipier de la célèbre héroïne.

« L-Ladybug ? Tu... Tu es fan de Ladybug ? », balbutia Marinette en rougissant violement.

Sentant la peau de ses joues se réchauffer doucement, Adrien dû lutter de toutes ses forces contre l'envie de détourner le visage le temps de retrouver contenance.

« Oh, heu, oui ? », répondit-il en se grattant nerveusement la nuque. « Après, il n'y a rien d'extraordinaire à ça, avec tout ce qu'elle fait pour Paris », ajouta-t-il avec un rire faussement décontracté.

« Oui, n'est-ce pas ? », s'exclama aussitôt Alya, son regard brillant de cette lueur enthousiaste qui s'y allumait chaque fois que le sujet des héros de Paris était abordé en sa présence. « Ladybug et Chat Noir sont absolument GE-NIAUX ! Autant les anciens que les nouveaux, d'ailleurs », ajouta-t-elle joyeusement. « Même si je suis encore plus impressionnée par ceux qu'on a actuellement parce qu'ils ont l'air d'avoir notre âge. Tu imagines ça ? Lycéen le jour et héros la nuit ? C'est TELLEMENT COOL ! »

Soulagé, Adrien hocha timidement la tête. Dans son malheur, il pouvait remercier sa chance. Alya pensait super-héros, respirait super-héros, vivait super-héros. A côté de son enthousiasme débordant, n'importe quelle manifestation d'admiration faisait pâle figure, aussi excessive soit-elle.

Un simple poster accroché à un mur, c'était bien peu en comparaison des élans lyriques d'Alya.

Restait juste à espérer qu'elle ne se mette pas à le soupçonner d'être Chat Noir et tout irait bien.

« Techniquement, ils sont héros le jour aussi », intervint Marinette en adressant un sourire indulgent à sa meilleure amie.

« Tu chipotes », éluda Alya en écartant l'argument d'un geste de la main. « Jour, nuit, peu importe. Chat Noir et Ladybug sont géniaux et c'est tout ce qui compte. »

« J'en déduis que tu es contente de ce qu'ils font ? », lui demanda Adrien avec un intérêt non dissimulé. « Par rapport aux anciens Chat Noir et Ladybug, je veux dire ? »

Bien qu'il n'ait aucun doute quant à ses propres capacités, le jeune homme était toujours curieux de connaître l'opinion des autres sur le travail qu'il effectuait depuis qu'il avait pris la relève de son frère.

Non pas qu'il ait d'ailleurs beaucoup de questions à se poser en ce qui concernait l'opinion d'Alya. Son amie ne cessait de clamer son admiration pour les héros de Paris via le Ladyblog et ne perdait jamais une occasion de vanter leurs exploits.

« Bien sûr que oui », répliqua immédiatement Alya. « C'est même encore mieux, parce que non seulement ils sauvent Paris – comme le faisaient déjà leurs prédécesseurs -, mais en plus je suis absolument certaine qu'il y a quelque chose entre eux ! »

« QUOI ? », glapirent Adrien et Marinette avec une superbe synchronisation.

Surpris, les deux adolescents échangèrent un regard embarrassé, rougirent légèrement, puis reportèrent leur attention sur Alya.

« Oui, j'en suis convaincue », confirma leur amie en se penchant vers eux avec une expression conspiratrice. « Autant pour les précédents je suis sûre qu'ils n'étaient qu'amis, autant là, je suis convaincue qu'il se passe quelque chose. Vous ne trouvez pas ça fascinant ? », reprit-elle avec enthousiasme. « Du danger, de la romance, des sentiments qui naissent sur le champ de bataille, un couple de héros... »

« Chat Noir et Ladybug ne sont pas en couple », protesta Marinette en s'empourprant de plus belle. « Ils sont tellement célèbres, ça se saurait si c'était le cas ! »

Les joues douloureusement rouges, la jeune fille secoua vigoureusement la tête pour tenter de chasser cette idée de ses pensées.

Certes, Chat Noir était quelqu'un d'incroyablement courageux, de gentil, d'altruiste. Et même d'assez beau garçon, lui soufflait perfidement son esprit. Mais elle était particulièrement bien placée pour savoir que rien ne se passerait jamais entre sa coéquipière et lui.

Le cœur de Ladybug – SON cœur – appartenait à Adrien, et à lui seul.

« Tu peux faire confiance à mon instinct de journaliste », riposta Alya en bombant fièrement torse, inconsciente des tourments qu'elle infligeait à son amie et de la roseur prononcée que ses paroles faisaient apparaître sur les joues d'Adrien. « Il y a une vraie tension entre eux, quelque chose de romantique. Je le sens ! »

« Je ne suis pas convaincue », marmonna obstinément Marinette.

Ce n'était pas du déni.

Absolument pas.

C'était une pure constatation.

Il fallait absolument qu'elle tente de ramener la conversation vers des terrains plus agréables. Moins ambigus. Comme l'admiration qu'Adrien portait à Ladybug par exemple. Peu importait que ces compliments s'adressent à elle ou à son alter-ego héroïque, entendre son camarade vanter ses mérites suffisait amplement au bonheur de Marinette.

« Si vous voulez, on peut se faire une partie d'Ultimate Mecha Strike III », intervint brusquement Adrien, coupant la parole à Alya alors que cette dernière s'apprêtait à contredire une fois de plus sa meilleure amie.

Non pas qu'il n'aimait pas entendre Alya affirmer à quel point Ladybug et lui étaient faits l'un pour l'autre, au contraire. Il était même un partisan plus que fervent – et plus qu'intéressé – de cette charmante théorie. Mais il ne pouvait pas courir le risque de se trahir en laissant échapper une parole malencontreuse.

Mieux valait laisser là cette conversation et s'attaquer à des activités moins susceptibles de mettre son secret en danger.

« Oui ! », s'exclama Marinette avec soulagement, ignorant le regard incisif que lui jeta Alya. « Tu es parfait ! Heu, C'EST parfait », se corrigea-t-elle en s'empourprant de plus belle. « Ton idée. De jouer à des jeux vidéos. C'est... C'est vraiment très bien. »

« Alors c'est parti ! », lança Nino en se levant pour s'emparer d'une manette. « Qui veut commencer contre moi ? »





La nuit tombait sur Paris, enveloppant les rues de la capitale d'un manteau sombre.

Les invités d'Adrien étaient partis depuis déjà une bonne heure et les deux héritiers de la famille Agreste se trouvaient à présent réunis pour le repas du soir. Félix dévisageait pensivement son frère alors que ce dernier lui racontait avec enthousiasme les moindres détails de cet après-midi qu'il venait de passer en compagnie de ses amis.

En temps normal, Félix aurait mis un point d'honneur à prêter une oreille attentive aux propos de son frère. Les interactions sociales avaient beau ne pas être son fort, il refusait catégoriquement de se montrer aussi distant avec Adrien que ne l'était leur père et faisait d'ordinaire de son mieux pour l'écouter quand il avait besoin de se confier.

Cependant, en dépit de tous ses efforts, Félix peinait actuellement à se concentrer sur la conversation.

Il avait pris grand soin de rester hors de vue d'Adrien et de ses invités pendant toute la journée, mais sa récente prise de conscience quant à l'identité de Ladybug refusait de le laisser en paix. Elle restait là, imprimée dans son esprit, aussi difficile à ignorer qu'une marque au fer rouge.

Félix savait désormais à quoi ressemblait son ancienne partenaire sous son masque. Et Adrien connaissait Ladybug sous son autre identité, même s'il n'en avait clairement pas conscience.

« ... battu mon record sans le moindre problème, alors que pourtant je me débrouille plutôt bien », poursuivait joyeusement Adrien, inconscient du peu d'attention que portait son frère à ses paroles. « Marinette est vraiment forte ! »

« Marinette comment ? », l'interrompit machinalement Félix, brusquement ramené à la réalité par ce prénom qui lui était inconnu.

En une fraction de seconde, son cerveau avait tiré une conclusion évidente à partir de ce simple mot.

La fille du Ladyblog s'appelait Alya.

Le meilleur ami d'Adrien se prénommait Nino.

Le nom que son frère venait de prononcer ne pouvait être que celui de la dernière personne de leur petit groupe.

Ladybug.

Marinette.

« Dupain-Cheng », répondit aussitôt Adrien. « Il est possible que ça te dise quelque chose », précisa-t-il en surprenant le hochement de tête presque imperceptible de son frère. « Ses parents tiennent une boulangerie pas très loin du lycée. Pourquoi ? »

« Simple curiosité », éluda nonchalamment Félix. « C'est la seule de tes amis dont je ne connaissais pas le nom. »

Sans ajouter un mot de plus, l'ainé des frères Agreste poursuivit son repas, en apparence plus intéressé par le contenu de son assiette que par celui de la conversation. Mais sous son crâne, son esprit tournait toujours à toute vitesse.

Marinette Dupain-Cheng. Ladybug.

Cette journée s'avérait définitivement riche en événements.

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