Chapitre 11
Note :
S'il vous plait, ne mettez pas de spoils concernant la/les saisons à venir dans les commentaires. Je ne veux pas être spoilée.
Ce qui veut dire que je ne veux voir AUCUN élément concernant les épisodes non diffusés dans les commentaires. Pas de noms, pas d'évènement de grande ou moindre importance, RIEN. Et faites aussi attention pour les épisodes déjà diffusés, il est possible que je ne sois pas à jour alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant de parler d'un des nouveaux épisodes.
Merci d'avance et bonne lecture.
Le lendemain, Adrien se présenta devant les portes de son lycée avec une boule au ventre et l'impression que son cœur allait s'échapper de sa poitrine à force de battre à tout rompre.
Les rentrées des classes n'avaient jusque-là jamais été une source de pression particulière pour lui. Après tout, difficile de s'inquiéter de la nouveauté quand on est prisonnier d'une routine aussi immuable que rébarbative. A chaque nouvelle année scolaire, il retrouvait d'ordinaire le même emploi du temps, les mêmes professeurs particuliers, la même sensation de passer à côté d'un pan entier de son existence.
Mais là, les choses étaient différentes.
Là, pour la première fois, il intégrait un lycée public.
Joie, appréhension et impatience s'entremêlaient au creux de la poitrine d'Adrien pour le rendre plus fébrile qu'il ne l'avait jamais été. Il n'arrivait désormais plus à contenir l'excitation qui le faisait bouillir de l'intérieur et qui trouvait désormais une échappatoire physique, manifestée par des réflexes nerveux dont le jeune homme se serait volontiers passé. Passant pour la centième fois sa main sur sa nuque, Adrien traversa la cour de son nouveau lycée avec la sensation de franchir un lac de lave debout sur une fine passerelle.
Jamais il n'avait été aussi tendu, mais jamais il n'avait été aussi pressé de voir une chose s'accomplir.
Alors qu'il approchait de la porte de sa salle de classe, Adrien sentit un sourire joyeux se dessiner sur ses traits. Après tout ce temps, le grand jour était arrivé.
Il allait pouvoir aller en cours comme quelqu'un de normal. Rencontrer de nouvelles personnes. Se faire des amis.
Enfin.
A peine quelques heures plus tard, le garde du corps d'Adrien ramenait le jeune homme chez lui le temps de la pause de midi. Gabriel Agreste avait certes autorisé son fils à suivre une scolarité classique, mais ses largesses s'arrêtaient là. Hors de question pour le célèbre styliste de laisser sa précieuse progéniture passer plus de temps que nécessaire hors du cocon familial, et Adrien avait dû renoncer à l'idée de manger avec ses nouveaux camarades de classe au profit de repas dûment supervisés par Nathalie.
Assis à l'arrière de la voiture, le regard perdu dans le vague, Adrien laissa échapper un lourd soupir.
Il était arrivé en cours particulièrement optimiste, mais force était de reconnaître que le bilan de sa matinée était plus que mitigé.
Certes, il était désormais un lycéen comme les autres – enfin, presque comme les autres, mais ceci était un autre sujet.
Certes, à l'exception de Chloé, tous ses camarades de classe étaient pour lui de nouvelles connaissances.
Mais quant à se faire des amis...
Ce dernier point s'avérait bien plus épineux qu'il ne l'avait escompté.
Adrien était quelqu'un de poli. De bien élevé. Depuis sa plus tendre enfance, on lui avait inculqué tout le savoir nécessaire pour qu'il soit capable de se tenir en société, et d'ordinaire il y arrivait brillamment.
Mais cette belle éducation ne l'avait hélas guère préparé à interagir avec des gens de son âge.
Adrien ignorait tout des us et coutumes en vogue au lycée et dans un premier temps, il avait été soulagé d'apprendre que Chloé serait dans sa classe. Son amie d'enfance avait certes un caractère que l'on pouvait poliment qualifier de « particulier », mais elle pourrait sans nul doute le soutenir dans ses tentatives de s'intégrer au reste des élèves. Après tout, elle n'avait jamais suivi de cours particuliers et saurait sûrement bien mieux que lui comment se comporter en classe.
Mais Adrien avait ensuite vite déchanté en constatant que son amitié avec Chloé semblait au contraire plus le desservir qu'autre chose.
Il ne lui avait pas fallu longtemps pour s'apercevoir qu'en dépit de ce qu'elle aimait affirmer, la fille du maire était tout sauf populaire. Et ce à juste titre, hélas. Elle prenait visiblement un malin plaisir à se montrer hautaine et capricieuse avec les autres élèves, attisant l'animosité de son entourage avec une aisance déconcertante.
Chloé était clairement le fléau de la classe, et Adrien était son ami.
Rien de mieux pour attirer la suspicion d'autrui.
Ainsi, à l'exception de son voisin de table – un sympathique garçon prénommé Nino -, les nouveaux camarades d'Adrien l'avaient considéré avec une certaine méfiance en découvrant ses liens avec Chloé. Ils l'avaient accueilli avec une prudente réserve, attendant de voir s'il allait s'avérer être une version masculine de la peste de la classe.
Bien que compréhensible, cette méfiance avait porté un léger coup au moral d'Adrien.
Et pire encore, il s'était disputé avec la jolie fille assise derrière lui à l'instant même où il l'avait rencontrée.
La faute à Chloé, une fois de plus.
Son amie d'enfance avait profité de l'absence de Marinette pour coller un chewing-gum sur son banc, espérant ainsi l'humilier devant toute la classe. Révolté par cette attitude, Adrien s'était aussitôt précipité pour tenter d'ôter ledit chewing-gum. Mais hélas pour lui, Marinette était revenue à cet instant précis et s'était aussitôt convaincue qu'il était l'auteur de cette mauvaise blague.
Elle refusait de lui parler depuis, et Adrien ignorait comment dissiper ce malentendu.
Certes, il aurait pu dénoncer immédiatement Chloé et ses actions malveillantes. Mais Adrien était un jeune homme fidèle en amitié, et il s'était sentit tenu au silence par une sorte de code d'honneur – code d'honneur auquel son amie d'enfance n'aurait quant à elle certainement jamais adhéré, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, le résultat était là. Il avait été dans l'incapacité de se justifier auprès de Marinette et devait désormais trouver un moyen de se racheter.
Alors que le véhicule dans lequel il se trouvait s'arrêtait devant les escaliers de sa maison, Adrien s'empara de son sac en secouant tristement la tête.
L'année était loin d'avoir commencé aussi bien qu'il l'avait escompté, et il fallait impérativement qu'il trouve un moyen d'améliorer les choses.
L'après-midi, Adrien revint en classe avec un projet en tête. Tout d'abord, il devait tenter de se réconcilier avec Marinette. Et ensuite, une fois cette périlleuse étape passée, il aurait tout le loisir de prouver à tous ses camarades qu'il n'était pas du même acabit que Chloé. Il pourrait alors essayer de se lier d'amitié avec eux, et peut-être même y parvenir.
« Bonjour, Marinette », lança-t-il joyeusement à sa voisine de derrière, déjà installée à son bureau.
En réponse, la jeune fille se contenta de froncer les sourcils et de lui jeter un regard soupçonneux. Puis, décidant manifestement qu'elle avait accordé assez d'attention à ce nouveau venu, elle détourna brusquement les yeux et elle se plongea dans la lecture du livre posé devant elle comme si ce dernier contenait les secrets de l'univers.
Adrien se laissa tomber sur son siège en poussant un lourd soupir.
Il allait manifestement falloir plus que des saluts cordiaux pour se racheter auprès de Marinette.
Alors qu'Adrien ruminait encore sa déception, le professeur entra à son tour dans la salle en réclamant le calme parmi ses élèves, puis commença le cours sans plus tarder. Une heure s'écoula sans le moindre incident à signaler, quand un premier hurlement de terreur s'éleva soudain depuis l'extérieur. Puis un second, puis un troisième.
De telles manifestations de panique étaient devenues coutumières dans les rues de Paris depuis l'arrivée du Papillon entre les murs de la capitale et étaient généralement symptomatiques d'une nouvelle attaque de super-vilain.
Une brusque déferlante d'adrénaline surgit aussitôt dans les veines d'Adrien, se répandant jusqu'au plus infimes recoins de son corps.
Le moment était venu pour lui de se battre.
De prendre la relève de son frère.
Adrien s'en sentait parfaitement capable. Jamais il n'avait eu le moindre doute, jamais il n'avait hésité ne serait-ce qu'une fraction de seconde en apprenant qu'il serait désormais le nouveau héros de Paris.
Il était prêt.
Enfin, à l'exception d'un infime petit détail...
Le cœur du jeune homme se mit à battre la chamade, tandis qu'un filet de sueur glacée descendait lentement entre ses omoplates. Félix lui avait donné mille et un conseils sur comment de se battre, comment se servir de ses pouvoirs, comment gérer les éternelles fringales de Plagg... Mais aucun sur la manière de s'éclipser discrètement d'une salle de classe en cas d'attaque.
La gorge soudain sèche, Adrien tourna brusquement la tête sur les côtés. A droite, à gauche, à la recherche d'une échappatoire. Que devait-il faire ? Sauter par la fenêtre ? Simuler un malaise ? Déclencher une alarme et ensuite...
« Il faut que j'aille aux toilettes ! », s'écria brusquement Alya en bondissant de son siège, interrompant sans le vouloir les pensées affolées d'Adrien. « C'est une urgence ! »
« C'est surtout le Ladyblog », glissa Nino à l'oreille de son voisin, un sourire amusé aux lèvres. « Je ne sais pas si tu es au courant mais c'est elle qui s'en occupe. Elle ne rate jamais un combat. »
Alors qu'Alya se précipitait hors de la salle, Marinette se leva à son tour.
« Moi aussi », s'exclama-t-elle d'une voix claire. « J'ai une urgence... urgente ! »
Sans perdre un instant de plus, la jeune fille jaillit du banc sur lequel elle était jusque-là assise et se mit à courir en direction de la porte.
« Bon... », soupira le professeur en refermant son livre d'un geste las. « Avant que les choses ne deviennent encore plus ridicules, est-ce que d'autres personnes ici ont des... urgences ? »
Il ne fallut qu'une fraction de seconde à Adrien pour lever la main au ciel.
Ladybug était nerveuse.
Non.
Inquiète.
Ou plutôt les deux à la fois, si elle devait être parfaitement honnête avec elle-même.
Alors qu'elle s'élançait de toit en toit, enroulant son yo-yo autour des cheminées environnantes pour se balancer dans les airs, la jeune fille songeait à l'affrontement à venir. Elle était une héroïne expérimentée, rompue au combat depuis déjà de nombreux mois. L'imprévu faisait partie de son quotidien, la forçant à s'adapter à toutes sortes de situations et à repousser sans cesses ses limites.
Les supers-vilains étaient toujours synonymes de surprise. Pouvoirs, apparence, degré de dangerosité... La seule constante notable chez eux était leur obsession pour ces miraculous sur lesquels le Papillon voulait tant mettre la main.
Ladybug savait faire face à l'imprévisible.
Mieux que le plus expérimenté des gardiens de l'ordre, mieux que quiconque.
Mais aujourd'hui, les choses étaient sensiblement différentes.
L'inconnu ne venait pas seulement de l'adversaire qu'elle aurait à affronter, mais aussi de la personne aux côtés de laquelle elle aurait à se battre.
Ladybug ignorait complètement à quoi s'attendre en ce qui concernait son nouveau partenaire. Elle ne savait même pas si ce dernier allait venir la seconder dès aujourd'hui, ou si elle devrait au contraire se battre en solitaire en attendant qu'il ne prenne son rôle en charge.
Et s'il venait bel et bien, comment serait-il ? Réservé, comme l'ancien Chat Noir ? Ou au contraire, plutôt expansif ? Réfléchi ? Impulsif ? Efficace ? Aurait-il besoin d'être strictement encadré pour leurs premiers combats ? Saurait-il s'en sortir seul ? Il y avait tant de paramètres possibles que Ladybug en avait le tournis rien que d'y penser. D'ailleurs, à présent qu'elle y songeait, elle n'aurait pas non plus su dire si elle allait devoir faire équipe avec un garçon ou une fille. Son ancien coéquipier avait parlé d'un remplaçant, mais il ne s'agissait peut-être que qu'un abus de langage.
En quelques mots, Ladybug était dans le brouillard le plus complet.
Mais au-delà de ces interrogations légitimes, sa principale crainte concernait la dynamique qu'elle aurait à mettre en place avec ce ou cette nouvelle venue.
Pour l'heure, elle ignorait tout du caractère de la personne aux côtés de laquelle elle devrait se battre. Est-ce qu'ils s'entendraient bien ? Si ce n'était pas le cas, passe encore. Comme le lui avait maintes fois répété son ancien partenaire, ils n'étaient pas là pour être amis, mais pour mener leur mission à bien.
Cependant, s'ils n'arrivaient pas à travailler ensemble, à combattre en parfaite harmonie, les choses seraient autrement plus problématiques. Qui qu'ils soient derrière leurs masques, Chat Noir et Ladybug devaient impérativement former un duo indivisible s'ils voulaient pouvoir tenir tête au Papillon.
Qui que soit son nouveau partenaire, il fallait qu'ils puissent se battre côte à côte et se vouer une confiance absolue. Sans la moindre réserve, sans le plus petit doute.
Dans le cas contraire, leur mission courrait à la catastrophe.
Toujours pensive, Ladybug se percha en haut d'un immeuble pour tenter de localiser son adversaire du jour. Elle secoua vivement la tête de droite à gauche, puis, yeux plissés de concentration, se pencha vers l'avant. Il fallait qu'elle mette de côté toutes ses préoccupations concernant son potentiel coéquipier et qu'elle se concentre sur son objectif.
Il ne lui fallut que quelques secondes pour apercevoir un homme à la peau bleue, dont le regard hostile était cerné d'un masque noir. Cette nouvelle victime à la silhouette massive déambulait dans les rues dans des vêtements d'un blanc immaculé, qui rappelaient sans la moindre équivoque les tenues traditionnellement portées par les cuisiniers.
« Pas assez assaisonnés ! », hurlait l'homme à qui voulait bien l'entendre. « Ils disent que mes plats ne sont pas assez assaisonnés ! Et bien, si c'est du sel qu'ils veulent, ils vont en avoir ! »
Joignant le geste à la parole, il tendit son bras droit vers un bâtiment.
Ou plus précisément, le canon à la pointe effilée qui avait visiblement remplacé cette partie de son corps. Là où auraient normalement dû se situer son avant-bras et sa main ne se trouvait désormais plus qu'un ensemble de tubes à l'aspect futuriste et striés de lignes bleu sombre, qui se rejoignaient là où auraient dû se retrouver ses doigts pour ne plus former qu'une fine ouverture.
Le vilain éclata d'un rire dément et une fraction de seconde plus tard, une ligne de sel jaillissait de l'extrémité conique de son canon pour venir frapper l'immeuble qui lui faisait face.
Et aussitôt, le bâtiment se transforma sous les yeux effarés de Ladybug. Murs de pierre, volets de bois, balustrades en fer forgé, tout se métamorphosa en une masse cristalline d'un blanc étincelant. L'instant d'après, l'homme s'attaquait successivement à un innocent passant et à une demi-douzaine d'arbres, les changeant à leur tour en une série de sculptures immaculées.
L'évidence apparut rapidement à l'héroïne. Que ce soient les constructions, les végétaux ou même encore les êtres humains, tout ce que touchait ce rayon d'une blancheur éclatante que projetait le vilain se transformait instantanément en une statue de sel. Il semait ainsi derrière lui un véritable champ de sculptures salines, menaçant de métamorphoser toute la capitale en un gigantesque amas de sel si personne ne l'arrêtait.
Mâchoires serrées, Ladybug se releva en dardant un regard résolu sur son ennemi.
Il fallait qu'elle intervienne.
Et vite.
Mais à l'instant même où Ladybug s'apprêtait à fondre sur son ennemi, une silhouette sombre surgit brusquement à ses côtés. Craignant un nouvel adversaire, l'héroïne recula d'un bond tout en se mettant instinctivement en garde. Muscles bandés, yo-yo tournoyant dans un sifflement strident, elle se tenait prête à réagir à la moindre attaque.
Mais le jeune homme qui venait d'apparaitre devant elle paraissait tout sauf hostile, au contraire.
Mains levées en signe de reddition, il s'avança lentement vers elle, un large sourire aux lèvres.
Ladybug le regarda faire sans mot dire, pupilles dilatées de surprise. Le garçon qui se tenait à présent à deux mètres d'elle à peine avait à peu près son âge, des cheveux blonds en bataille et des yeux verts pétillant de malice. Et surtout, surtout, il était vêtu d'un masque et d'un costume d'un noir d'encre, dont les moindres détails rappelaient le physique d'un félin.
Ces oreilles sur sa tête. Cette ceinture qui pendait derrière lui comme une queue. Ces gants ornés de griffes.
Aucun doute n'était possible.
Ce garçon était Chat Noir.
Son nouveau partenaire.
« Salut ! », s'exclama joyeusement le jeune homme, tout en se fendant d'une courbette théâtrale. « Tu dois être la partenaire dont m'a parlé mon fr... mon kwami », se reprit-il à la dernière seconde.
Puis, se redressant, il posa fièrement un poing sur ses hanches et posa son autre main sur sa poitrine.
« Je suis Chat Noir », conclut-il avec un immense sourire.
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