Chapitre 10
Note :
Au moment où je poste ce chapitre, la saison 2 est en cours de diffusion. Pour rappel, JE NE VEUX PAS ETRE SPOILEE.
Ces derniers jours je suis spoilée quotidiennement via des commentaires et je commence sérieusement à en avoir marre. J'ai beaucoup hésité avant de poster ce chapitre. J'ai envie de partir de Wattpad le temps de la diffusion de la saison 2 mais j'estime que ça serait injuste vis-à-vis de ceux qui attendent la suite de cette fic.
JE NE VEUX PAS DE SPOILS.
Ce qui veut dire que je ne veux voir AUCUN élément concernant les épisodes non diffusés dans les commentaires. Pas de noms, pas d'évènement de grande ou moindre importance, RIEN. Et faites aussi attention pour les épisodes déjà diffusés, il est possible que je ne sois pas à jour alors au besoin demandez-moi où j'en suis avant de parler d'un des nouveaux épisodes.
J'estime que ce n'est pas trop demander, alors s'il vous plait faites attention.
J'espère que ce chapitre vous plaira. Je ne le saurai probablement pas tout de suite parce qu'honnêtement, je ne suis pas d'humeur à lire les commentaires en ce moment.
Bonne lecture.
A peine Félix eut-il envoyé son message que son téléphone vibra de nouveau entre ses doigts.
L : Pleine de surprises ?
L : Comment ça ?
Le jeune homme laissa échapper un lourd soupir. Ce n'était pas une conversation qu'il était sûr de vouloir avoir avec qui que ce soit, et surtout pas à cette heure-ci.
Pour l'instant, l'épuisement physique et émotionnel qu'il ressentait était tel qu'il ne souhaitait qu'une chose : dormir. Oublier cette journée pour quelques merveilleuses heures et offrir enfin à son corps et son cerveau le repos qu'ils lui réclamaient tant.
C : Rien, oublie.
C : Désolé, la journée a été longue.
C : Je vais dormir.
Un long silence lui répondit, lui faisait un instant craindre que sa correspondante ne cherche à approfondir le sujet de sa surprenante journée. Que cela lui plaise ou non, sa meilleure amie avait toujours été étonnamment perceptive à son sujet. Déjà à l'époque de leur duo héroïque, elle avait prouvé à maintes reprises qu'elle était capable de déceler ses changements d'humeur avec une facilité déconcertante.
Félix était pourtant loin d'être le garçon le plus expressif au monde, loin de là. D'ordinaire, les gens le qualifiaient même de stoïque. De réservé. D'horriblement impassible. Cela n'avait pourtant jamais paru poser problème à son ancienne partenaire et les milliers de kilomètres qui les séparaient désormais semblaient ne rien y avoir changé.
Mais finalement, au bout de plusieurs dizaines de secondes encore, seule une brève ligne s'afficha sur son écran.
L : Ok, bonne nuit.
Félix lâcha son téléphone en poussant un nouveau soupir, de soulagement cette fois. A l'heure actuelle, il n'avait plus la force de faire quoi que ce soit. Tout ce qu'il voulait, c'était dormir enfin.
Il ne lui restait plus qu'à espérer qu'il réussirait à trouver le sommeil.
Le lendemain, Félix se réveilla avec l'impression d'être resté assoupi pendant des semaines entières. Un rapide coup d'œil sur son réveil lui indiqua qu'il avait dormi longtemps. Beaucoup, beaucoup, beaucoup trop longtemps.
Et beaucoup plus longtemps qu'il n'en avait jamais eu l'occasion depuis qu'un petit être éternellement affamé était entré dans sa vie.
L'esprit encore engourdi, Félix se redressa sur un coude et écarta machinalement les mèches blondes qui lui tombaient devant les yeux. Ne pas être réveillé par les éternelles complaintes de Plagg avait quelque chose de certes très reposant, mais de surtout d'étrangement irréel. Pendant des années, il avait subi les jérémiades de son kwami dès l'aurore et le silence qui régnait aujourd'hui dans sa chambre ne lui rappelait que trop le violent virage que sa vie avait pris à peine plus d'une quinzaine d'heures auparavant.
En cet instant précis, Plagg était sans nul doute avec Adrien.
Le nouveau Chat Noir.
Félix écarta ses draps d'un geste brusque et sortit de son lit. Toujours perdu dans ses pensées, il se dirigea lentement vers sa salle de bain.
Adrien. Chat Noir.
L'idée que son frère soit désormais le nouveau porteur de son miraculous était toujours douloureuse pour Félix, mais malgré tout, il commençait curieusement à se sentir plus serein qu'il ne l'avait été la veille. Pas beaucoup plus serein, certes. Le simple fait de songer aux épreuves qui attendaient Adrien lui donnait l'impression que son ventre se nouait d'angoisse, que sa gorge se faisait douloureusement sèche, que sa poitrine se serrait un peu trop fort pour qu'il puisse respirer convenablement.
Jamais Félix ne cesserait totalement de s'inquiéter pour son frère, c'était une certitude.
Cependant, il acceptait déjà mieux les choses.
Pas bien. Mais mieux. Ce qui était déjà une excellente amélioration au vu de la situation.
Peut-être cette trop longue nuit avait-elle été mise à profit par son cerveau l'aider à mieux s'imprégner du futur rôle d'Adrien. Peut-être la conviction profonde de Maître Fu et la réaction enthousiaste de son frère l'avaient marqué plus qu'il ne l'aurait cru. Peut-être avait-il toujours su au fond de lui que son cadet avait tout ce qu'il fallait pour être un grand héros et que son miraculous serait bien mieux à son doigt qu'au sien.
Quoi qu'il en soit, même s'il savait qu'il lui faudrait encore du temps pour se faire à l'idée qu'Adrien soit désormais Chat Noir, Félix se sentait désormais dans de bien meilleures dispositions qu'il ne l'était encore la veille.
Et c'était déjà un progrès inespéré.
Après s'être lavé et habillé, Félix récupéra le téléphone qu'il avait abandonné sur sa table de chevet. A peine eut-il posé les yeux sur l'écran qu'il y aperçut quelques lignes de texte, envoyées à peine une minute auparavant.
L : Hey, ça va ?
L : Bien dormi ?
L'appareil toujours en main, le jeune homme se dirigea vers le canapé qui ornait l'un des angles de sa chambre et s'y installa confortablement avant de répondre. Il avait ses soupçons quant à la raison pour laquelle son ancienne coéquipière le contactait ainsi et s'ils s'avéraient fondés, nul doute que leur conversation risquait de s'éterniser.
C : ça va.
C : Merci.
Il s'écoula plusieurs dizaines de secondes, avant qu'une nouvelle série de message ne commence à s'égrener lentement sur l'écran de son portable.
L : Je me demandais...
L : Tu te souviens de ce qu'on s'était dit quand on a décidé de rendre nos miraculous ?
L : Est-ce que tu es toujours partant ?
Félix considéra longuement l'appareil sans esquisser le moindre geste.
La discussion qu'ils avaient eue quand ils avaient tous deux choisi de quitter leurs rôles de héros.
C'était bien ça.
Alors que le silence du jeune homme commençait à s'éterniser, de nouvelles lignes de texte apparurent sous ses yeux.
L : Tu sais que tu n'es pas obligé ?
L : Si tu ne te sens pas prêt.
L : Ou si tu as changé d'avis.
L : Bon, si c'est le cas je serai extrêmement déçue, naturellement.
L : Terriblement, horriblement déçue.
Un léger sourire aux lèvres, Félix se décida enfin à répondre.
C : Sans vouloir me mettre la pression ?
L : Sans vouloir te mettre la pression.
Son amie marqua une légère pause, avant de poursuivre.
L : Non.
L : Blagues à part, je ne veux pas te forcer la main.
L : En ce qui me concerne, je suis toujours d'accord.
L : Mais si tu préfères que les choses restent comme ça, ça me va très bien aussi.
A son tour, Félix hésita un instant.
Si les circonstances avaient été différentes, sans doute aurait-il fait preuve de moins de réserve. Il aurait approuvé immédiatement l'offre de son amie, n'aurait pas perdu la moindre seconde avant de lui répondre. Peut-être même l'aurait-il contactée le premier pour lui rappeler cette promesse qu'ils s'étaient faite presque un an auparavant.
Félix s'était préparé à ce que ce moment arrive depuis déjà de nombreux mois, et jusque-là, jamais il n'avait eu le moindre doute.
Mais aujourd'hui, les choses étaient différentes.
Jamais sa vie n'avait été aussi chaotique que depuis ces dernières vingt-quatre heures. Le jeune homme était passé par de véritables montagnes russes émotionnelles qui avaient manqué de faire exploser son cœur en morceaux et l'avaient laissées au bord de l'épuisement.
Félix n'était pas certain qu'un surcroît de nouveauté soit la chose dont il ait le plus besoin en cet instant présent.
Peut-être serait-il plus sage de prendre d'abord du recul. De se reposer, de reprendre des forces, de remettre de l'ordre dans son existence au lieu de la bouleverser un peu plus encore.
Mais d'autre part, peut-être que cette conversation était exactement ce qu'il lui fallait pour se distraire de l'inextricable situation dans laquelle il se trouvait.
La décision du jeune homme fut prise en une fraction de seconde et à peine un instant après, il répondait enfin à sa meilleure amie.
C : Non, ça va.
C : Si j'étais contre, je te le ferai savoir.
L : Je n'en doute pas un instant.
L : Je t'aime beaucoup, mais tu n'es pas vraiment un modèle de délicatesse.
L : Surtout pas quand on essaye de te faire faire quelque chose qui te contrarie.
C : Normal.
C : Tu m'imagines accepter un truc qui ne me plait pas sans le dire ?
L : Pas une seconde.
C : Tout ça pour dire que c'est ok pour moi.
L : Sûr ?
C : Sûr.
A peine une poignée de minutes plus tard, Félix recevait la photo d'une jeune femme au regard pétillant de joie, assortie d'une longue et émouvante déclaration d'amitié. La gorge serrée, il parcourut rapidement le texte avant de reporter son attention sur la photographie.
Ces cheveux sombres, ces yeux bleus, cet immense sourire, ce visage à la fois si familier et si différent que celui qu'il avait toujours connu...
Sa meilleure amie.
Sans le masque.
Pour la toute première fois.
L'impression d'étranglement qui comprimait la gorge de Félix se fit plus forte encore, obligeant le jeune homme à desserrer machinalement sa cravate.
Il n'aurait pas pu dire ce qu'il ressentait en ce moment précis. Les mots étaient trop faibles pour décrire l'intensité et la complexité des émotions qui le traversaient à l'instant où il découvrait les traits de la personne la plus proche de lui au monde à l'exception d'Adrien. A la seconde où il apprenait enfin le nom de celle aux côtés de qui il avait combattu durant des années et à qui il pouvait confier sa vie sans hésiter, même encore aujourd'hui.
Les mots étaient trop faibles, mais toujours était-il que Félix se sentait à présent au bord de l'asphyxie. Il avait l'impression que son cœur battait dans ses tempes, que sa poitrine allait exploser, que son corps tremblait tellement qu'il n'était pas sûr de pouvoir se lever sans que ses jambes ne le trahisse.
Félix secoua vivement la tête pour tenter de reprendre ses esprits.
Il avait eu sa dose d'émotions ces derniers jours. Suffisamment pour toute une vie, même. Il fallait qu'il retrouve son calme. Le jeune homme prit une profonde inspiration et d'un doigt légèrement tremblant, se mit à taper une réponse.
C : Tu t'es coupé les cheveux ?
L : Chat.
L : Après des années d'amitié, des années à se battre côté à côte sans savoir qui on est...
L : Le jour où tu découvres enfin mon nom, mon visage et je ne sais combien de détails sur ma vie, tout ce que tu trouves à dire c'est que je me suis coupé les cheveux ?
L : Je savais que tu n'étais pas un grand sentimental.
L : Mais à ce point...
C : Je sais.
C : Mais à titre informatif, cette coupe te va très bien.
L : Un compliment ?
L : Tu es malade ?
C : Je deviens sentimental ?
C : Je suppose ?
L : ...
L : C'est beau...
L : Je suis émue.
L : Mais ne te force pas trop, je ne voudrais pas que tu fasses un malaise.
Félix ne put s'empêcher de sourire. Avec ou sans le masque, son ancienne coéquipière ne manquait décidément jamais de le taquiner dès que l'occasion se présentait.
C : Ne t'inquiète pas pour ça.
Le regard rivé sur son écran, Félix prit une profonde inspiration. Il n'aimait guère faire étalage de ses sentiments, mais force était de reconnaître que la situation était on ne peut plus particulière. Mâchoires serrées, il tapa rapidement quelques courtes lignes de texte.
C : Plus sérieusement.
C : Ce n'est pas parce que je ne montre pas grand-chose que je ne ressens rien.
L : Je sais.
C : Je suis content de découvrir enfin qui tu es.
L : Content seulement ?
L : Pas même ému ? Touché ? Bouleversé ?
L : Non, mieux.
L : Épaté.
L : Époustouflé.
C : Tu préfères que je me mette à faire de grands discours ?
L : Mmm...
L : Après réflexion, non.
L : Venant de ta part, ça serait un peu effrayant.
L : Comme un signe annonciateur de l'apocalypse, ce genre de choses.
C : Merci.
L : Pour la comparaison avec l'apocalypse ?
C : Non.
C : Pour ne pas vouloir de grands discours.
Félix s'enfonça un peu plus confortablement dans son canapé. Il se sentait à présent étrangement calme, comme déconnecté de la réalité. Passée cette soudaine vague d'émotions qui s'était écrasée sur lui, il avait désormais la sensation délicieuse d'être dans une bulle douillette, à l'abri du monde extérieur et de ses tourments.
D'un geste presque nonchalant, il tapa deux mots sur son écran.
Deux mots qui allaient achever de sceller la promesse que Ladybug et lui s'étaient faite d'échanger leurs identités.
C : Félix Agreste.
L : ?
L : C'est ton nom ?
C : Oui.
L : Chaaaaat.
L : Félix.
L : Peu importe.
L : Je pense que tu dois remporter le prix de la pire annonce d'identité de toute l'histoire des Chat Noir et Ladybug.
L : Et de tous les autres héros possibles et imaginables.
C : Je préférerais dire la plus sobre.
L : C'est bien ce que je disais.
L : La pire.
L : Est-ce qu'au moins je peux avoir droit à une photo de toi pour me consoler ?
C : Je suis à peu près certain que tu n'as pas besoin d'être consolée.
L : Exact.
L : Mais je suis aussi à peu près certaine que j'aimerai beaucoup savoir à quoi tu ressemble sans ton masque.
C : Regarde sur Internet, tu ne devrais pas avoir de mal à me trouver.
L : Ah ?
L : Pourquoi, tu es célèbre ?
C : Un peu.
C : J'ai surtout des célébrités dans ma famille.
L : Ah oui.
L : Je vois ça.
L : Père styliste, frère mannequin...
L : Hey, tu as été mannequin toi aussi ?
Félix laissa échapper un grognement contrarié. Il aurait dû se douter que son amie ne mettrait pas longtemps à découvrir ce sombre épisode de son passé, mais il n'aurait pas refusé quelques jours de répit supplémentaires. Voire quelques années.
C : Brièvement.
C : Étrangement, ça n'a pas très bien marché.
L : Laisse-moi deviner ce qui n'allait pas.
L : Ton côté souriant ? Coopératif ? Ta bonne humeur légendaire ?
Malgré lui, Félix sentit les commissures de ses lèvres s'incurver vers le haut. Son ancienne coéquipière ne le connaissait que trop bien.
C : Tout ça à la fois.
C : Je ne te cache pas que c'est une période de ma vie que je préférais oublier.
L : Hey, les chapeaux ça te va super bien !
C : VRAIMENT oublier.
L : Grâce à toi j'ai une nouvelle collection de fonds d'écran pour mon téléphone.
L : Merci Félix.
C : Je savais que je n'aurais jamais dû te dire qui je suis.
C : Je mets immédiatement fin à notre amitié.
L : Impossible.
L : Tu m'adores.
C : ...
C : Hélas pour moi, tu n'as pas tout à fait tort.
L : Ne t'inquiète pas.
L : Je t'adore aussi.
C : Hélas pour moi.
L : C'est mesquin.
C : Je suis mesquin.
L : Je sais.
L : Et surtout ne change pas.
Quand la conversation prit fin, Félix s'étira de tout son long et rangea son téléphone dans sa poche, satisfait. Il rechignait à l'admettre, mais cette petite discussion lui avait fait un bien fou. Elle ne lui avait pas tout à fait permit de se vider la tête, mais plutôt de la remplir avec d'autres nouvelles informations pendant quelques merveilleuses dizaines de minutes.
Pendant un bref instant, il avait écarté le fait que Chat Noir était désormais Adrien pour se concentrer uniquement sur un agréable bavardage avec son amie.
Mais même les meilleures choses avaient une fin, et il ne pouvait guère se permettre de perdre plus de temps.
Il s'était assez inquiété, il s'était assez apitoyé sur lui-même, il s'était assez changé les idées.
A présent, il avait un héros à former.
« Est-ce que c'est vraiment nécessaire ? », demanda Chat Noir en haussant un sourcil dubitatif.
« Tu dois être préparé au mieux », répliqua Félix en faisant négligemment tournoyer un bâton entre ses doigts. « Le Papillon n'hésitera pas à exploiter la moindre de tes faiblesses pour s'emparer de ton miraculous. Tu dois être prêt. »
« Je sais », soupira Chat Noir en déployant son arme. « Mais tu ne crois pas qu'il vaudrait mieux que je- Hey ! »
A l'instant même où Chat Noir tentait de finir sa phrase, Félix s'était fendu d'une attaque vicieuse, visant les genoux de son frère pour tenter de le faire tomber à terre. Le coup n'était pas assez fort pour entraîner le moindre dégât sérieux, mais suffisamment précis pour pouvoir déséquilibrer le jeune héros.
Mais Chat Noir esquiva avec habileté, bondissant dans les airs avant de ratterrir au sol avec la grâce de l'animal auquel il empruntait désormais le nom. Puis, se redressant d'un geste fluide, il fondit sur Félix pour lancer une contre-attaque. Il frappa une première fois, son arme métallique claquant avec un bruit sec contre celle en bois de son frère.
Encore un coup, deux coups, et le bâton de Félix s'envola soudain dans les airs.
Chat Noir rattrapa habilement l'arme, un sourire triomphant aux lèvres. Mais à peine eut-il le temps de se tourner de nouveau vers son frère que ce dernier se baissait d'un geste vif et pivotait sur lui-même, jambe tendue pour tenter de faucher celles du héros.
Heureusement, les réflexes surhumains de Chat Noir lui permirent d'esquiver cette nouvelle attaque sans le moindre mal et à peine un instant plus tard, il paradait hors de portée de son aîné.
« Pas mal », lança Félix d'un ton approbateur.
Le jeune homme se releva en époussetant machinalement son pantalon.
« Hey, que veux-tu, je suis un héros », répliqua Chat Noir avec un clin d'œil malicieux. « J'ai une future réputation à défendre. »
Se faisant soudain plus sérieux, il rangea son arme dans son dos et s'avança vers son frère.
« Dis-moi », poursuivit-il, « ça fait deux jours que tu m'as donné ton miraculous, que tu m'expliques tout ce que j'ai à savoir sur mon futur rôle et que tu m'aides à m'entraîner mais... Tu ne crois pas qu'on commence à avoir fait le tour ? Tes conseils me sont très utiles », ajouta-t-il précipitamment devant l'expression réprobatrice qui se dessina sur les traits de Félix, « mais pour ce qui est de l'entraînement, je ne suis pas certain que ce qu'on fasse puisse encore me servir. Tu es fort, mais se battre contre des supers-vilain n'aura certainement pas grand-chose à voir. »
Félix jaugea un instant Chat Noir du regard, puis secoua légèrement la tête.
« Effectivement », approuva-t-il finalement. « Les vilains seront plus puissants, plus rapides... Et n'oublies pas tout ce que je t'ai expliqué sur le fait de devoir coopérer avec quelqu'un en combat. Il faudra que tu apprennes à te battre en duo avec Ladybug. »
« Ladybug ? », répéta machinalement Chat Noir en s'empourprant légèrement sous son masque.
« Ladybug », reprit Félix d'une voix sentencieuse. « Se battre seul, ce n'est pas la même chose que se battre à deux. Vous allez devoir vous entraider et surtout, faire en sorte de ne pas vous gêner. Votre duo doit être une force, pas une arme supplémentaire pour votre adversaire. »
« Je sais, je sais... », répondit le jeune héros en hochant mécaniquement la tête. « Tu me l'as déjà dit. Plusieurs fois. »
Alors que Félix haussait un sourcil circonspect, Chat Noir reprit le fil de son discours.
« Je ne suis pas certain que rester à m'entraîner dans ma chambre soit très utile », commença-t-il en plongeant ses yeux dans ceux de son frère. « S'il te plait... », l'implora-t-il en joignant les mains en un geste de prière. « J'aimerai tester mes pouvoirs à l'extérieur. Juste un petit tour du quartier, rien de méchant. »
Félix marqua un temps d'hésitation. Il n'était guère à l'aise avec l'idée de voir son frère se balader sur les toits de Paris. La violence de la réaction du Papillon à l'arrivée d'une Ladybug inexpérimentée restait encore gravée dans sa mémoire, et il préférait reculer d'autant que possible la rumeur d'un nouveau Chat Noir.
Plus le Papillon tarderait à apprendre qu'un nouveau héros était en ville, plus Adrien aurait de temps pour s'entraîner à maîtriser ses pouvoirs.
Mais d'autre part, son frère était loin d'avoir tort.
L'entraînement auquel il le soumettait chez eux avait ses limites et rien ne remplacerait la réalité du terrain.
« Je peux ? », insista Chat Noir en levant vers son aîné un regard de chaton battu.
Félix jeta un bref regard vers la fenêtre. La nuit était déjà tombée sur Paris, rendant la distinction entre l'ancien et le nouveau Chat Noir presque impossible à faire pour quiconque apercevrait malencontreusement son frère.
Poussant un soupir las, il se tourna vers le jeune héros et hocha lentement la tête.
« Tu peux », approuva-t-il avec une réticence évidente. « Mais ! », poursuivit-il aussitôt, levant la main pour prévenir un cri d'enthousiasme de la part de son frère. « Tu as exactement dix minutes. Pas une de plus. Et essaye de rester discret. »
« Promis ! », s'exclama joyeusement Chat Noir. « Merci, Félix ! »
Un sourire radieux aux lèvres, Chat Noir s'élançait entre les toits de Paris. Il bondissait d'immeuble en immeuble, savourant la caresse du vent visage et l'extraordinaire vue sur Paris depuis les hauteurs, s'extasiant devant les nouvelles possibilités que lui offrait à présent son corps.
Le jeune homme s'émerveillait de cette impression de puissance que dégageait le moindre de ses gestes et de la myriade de sensations inédites qui déferlait sur lui. Sa transformation n'impliquait pas qu'une sensible amélioration de sa force physique et de son agilité, mais exacerbait aussi ses sens au point que Chat Noir ne savait plus sur quoi se concentrer.
Jamais il n'avait vu aussi loin ni aussi clair. Jamais il n'avait entendu d'aussi infimes sons. Jamais il n'avait été autant maître de ses gestes.
Ses réflexes surhumains lui offraient un contrôle prodigieux sur son corps, le faisant réagir en une fraction de seconde au moindre de ses désirs. L'adrénaline déferlait dans ses veines comme un torrent en furie, le rendant plus vif encore. Plus rapide, plus agile, plus précis.
C'était enivrant.
Grisant.
Chat Noir doutait de pouvoir se passer un jour de cette sensation merveilleuse.
Son cœur battait à coups lourds et réguliers, ses muscles répondaient au moindre de ses ordres, donnant à son corps des allures de mécanique merveilleusement huilée. Rapidement, Chat Noir se mit à tester les limites de ses pouvoirs, découvrant la sensation enivrante de se laisser chuter de plusieurs mètres depuis un bâtiment pour ne se rattraper qu'à la dernière seconde grâce à ses réflexes surhumains.
En cet instant précis, il se sentait invincible.
Et surtout, il se sentait libre.
Extraordinairement, merveilleusement libre.
Mais hélas, il ne pouvait profiter éternellement de ses fantastiques instants passés sur les hauteurs de la capitale. Fidèle à sa promesse, il fit demi-tour au bout d'une dizaine de minutes à peine et regagna sa chambre. Il se détransforma dès que ses pieds eurent touchés le sol et, ignorant les remarques plaintives de Plagg, se tourna aussitôt vers son frère.
« Alors ? », lui demanda immédiatement Félix.
« C'était GE-NI-AL ! », s'exclama Adrien, les yeux brillants de joie. « Je... Je n'ai même pas les mots pour dire à quel point c'était extraordinaire ! C'est le truc le plus incroyable qui me soit arrivé de toute ma vie ! », s'extasia-t-il sous le regard amusé de son frère. « J'ai pu sauter à des dizaines de mètres de hauteur, traverser le vide entre deux immeubles en marchant en équilibre sur mon bâton... Et ces sensations ! La vitesse, le son, et tout ce que je voyais... Je peux voir dans la nuit, tu te rends compte ? »
« Je me rend compte », répliqua Félix en souriant. « J'ai déjà eu l'occasion d'essayer. »
« Oui, c'est vrai », approuva Adrien avec un petit rire, avant de laisser échapper un soupir rêveur. « C'était tellement... Je ne me suis jamais senti aussi libre, tu vois... »
Surprenant l'ombre mélancolique qui traversa le visage de son frère, Félix tendit la main vers lui pour lui donner une petite tape affectueuse sur le sommet du crâne.
« J'imagine », murmura-t-il. « Allez, fini pour ce soir », poursuivit-il d'une voix encourageante. « Demain c'est la rentrée. »
Les traits d'Adrien s'illuminèrent aussitôt d'un sourire solaire. La rentrée. Le lycée. Après des années passées à supplier son père de le laisser aller en cours avec des élèves de son âge, le grand jour était enfin arrivé.
Il allait pouvoir mener une existence normale.
Enfin, aussi normale que peut l'être celle d'un célèbre mannequin doublé d'un héros en devenir, mais peu importe.
Pour Adrien, une nouvelle vie commençait.
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