Chapitre vingt-et-un

Deux semaines se sont écoulées depuis la découverte déchirante du fait que Nate a été envoyé loin de moi et que je ne le verrais plus. Mon ventre ne cesse de grossir et dans une semaine cela fera quatre mois que je suis enceinte.

Les jours passent si lentement, et je les passe à ne rien faire. Aujourd'hui, Nathan m'a proposé d'aller nous promener, le temps est plutôt clair, mais une douce brise souffle. J'enfile donc un gros pull gris simple et un jean noir avant de m'attacher les cheveux en une queue-de-cheval. J'ai décidé de lui avouer que je suis enceinte. Oui, je ne lui ai pas dit, car je ne vois pas ce que ça viendrait faire ici, mais il se rapproche beaucoup de moi ces temps-ci et je tiens à lui dire. La sonnette de mon appartement retient mon attention. Ça doit être lui, je vais donc ouvrir la porte et mon intuition ne me trompe pas, c'est effectivement ce beau brun qui se tient devant moi.

-Comment vas-tu ?

Je l'invite à entrer avant de lui répondre.

-Plutôt bien, je suppose et vous ?

Il rit comme à son habitude avant de me prendre par les épaules ;

-Je t'en prie, tutoie-moi, je te l'ai déjà demandé, je ne sais combien de fois.

Je me sens gênée tout à coup, c'est vrai qu'il me l'a déjà demandé, mais je n'y pense jamais.

-Excuse-moi.

-Tu es excusée ne t'en fait pas.

Je lui souris avant de prendre mon sac à main.

-J'espère qu'il ne fera pas trop froid sur les bords de mer.

Je ne lui réponds pas, je laisse mes pensées se diriger sur le magnifique paysage de Seattle qui s'offre à nous, je ne m'en lasse jamais. Cette ville est formidable et j'adore y habiter. Du classique se dégage des enceintes du véhicule et ça me détend très rapidement, car oui, je suis stressée, je ne sais pas comment il va réagir suite à la nouvelle que je vais lui annoncer, et puis il va me demander de qui je suis enceinte, je n'ai pas envie de lui dire que c'est Nate, non, il en prendrait plein la gueule et c'est tout ce que je veux lui éviter surtout qu'il n'est pas au courant étant donné qu'il a été envoyé, je ne sais où.

-À quoi penses-tu? Il me sort de ma réflexion si profonde avec sa voix grave qui en ferait craquer plus d'une.

-À tant de choses.

Il hoche la tête avant de froncer les sourcils, mais il ne me répond rien.

On arrive assez rapidement à destination grâce au peu de circulation qu'il y a en ce jour. Nathan se gare sur un parking en face de la mer et la plage est pratiquement vide à l'exception de quelques enfants qui jouent avec des cerfs-volants et leurs parents qui les regardent en rigolant. Je ne peux me dire que bientôt ça sera moi qui jouerais avec ma fille sur cette plage.

Seule, souffle ma déesse intérieure en baissant les yeux, triste.

Oui, c'est vrai, mais je saurais prendre soin d'elle. On commence donc une marche tranquille. Après quelques minutes de silence, je décide de le briser.

-Nathan ?

Il tourne sa tête vers moi sans pour autant arrêter de marcher, mais je ne peux pas le regarder dans les yeux.

-Il faut que je t'avoue quelque chose...

Il fronce les sourcils en me regardant, mais encore une fois, il ne me répond pas, me laissant continuer.

-Je... Eh bien, je suis enceinte.

Il s'arrête d'un coup, et je m'arrête à mon tour puis je lève les yeux pour voir son visage. Il semble étonné, très étonné même.

-De combien de mois ?

-Bientôt de 4 mois... Ma voix se fait toute petite, je me racle la gorge. Il s'apprête à me répondre, mais mon téléphone sonne.

Je m'excuse avant de décrocher, de m'éloigner et de me mettre dos à Nathan, je suis assez gênée comme ça.

-Bonjour ma puce. La douce voix rassurante de mon père se fait entendre à travers le téléphone.

-Bonjour papa ! Comment vas-tu ? Je demande, heureuse de l'avoir de nouveau à l'autre bout du fil.

-Très bien merci trésor ! Je tenais à te téléphoner pour te dire que je viens la semaine prochaine, est-ce que tu seras disponible ? J'aimerais passer un peu de temps avec toi, tu me manques beaucoup.

-Oh papa, bien sûr que je serais disponible ! Je dois m'arrêter de parler quelques instants, car des enfants passent à côté de moi en criant puis je reprend quand ils sont à quelques mètres. Je demanderais à Ethan de m'amener à l'aéroport pour venir te chercher, d'accord ?

-Oui, merci ma puce, on se voit bientôt alors ! Je t'embrasse très fort.

-Je t'embrasse fort aussi papou.

Puis il raccroche. Ça me fait du bien de parler à mon père, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue, ça va être génial.

Ma joie s'évanouit quand je me rend compte que Nathan n'est plus là. Il est parti pendant que j'étais au téléphone, pourquoi a-t-il fait ça ? Je ne peux m'empêcher d'être en colère mais aussi triste, qu'est-ce qu'il lui prend ?Je décide de l'appeler, mais je tombe sur sa messagerie presque instantanément, et ça se reproduit toutes les fois que je réessaye de lui téléphoner. Il ne veut pas me répondre, très bien. Je m'assois sur le sable, encore une fois seule, puis je ne peux empêcher les larmes de couler. Pourquoi est-ce que les personnes me fuient ? Je pose mes mains sur mon ventre avant de chuchoter à ma fille.

-Ce n'est pas grave, nous n'avons pas besoin d'eux, je t'aime si fort. Je renifle et j'essuie mes larmes, je n'ai pas à être triste pour ça. Il faut que je sois forte.

****

L'après-midi passe à une allure folle, je n'ai fait que regarder ces enfants s'amuser entre eux. Il est dix-sept heures trente quand je décide de partir. Il faut que je marche jusqu'au centre-ville, car aucun taxi ne prend ici. C'est donc fatigué que j'entame cette longue marche vers le centre-ville qui se trouve à trente minutes environ.

Quelques voitures me klaxonnent, mais je n'y prête pas attention. C'est seulement après vingt minutes que j'aperçois une affiche qui décrète la grève des taxis cette semaine. Je m'arrête d'un coup en sentant la colère monter une nouvelle fois en moi. Putain de...

-Merde ! Je m'écrie en finissant ma pensée à haute voix.

Je tape du pied en prenant ma tête entre mes mains. J'essaie de joindre Ethan, mais il ne répond pas, ce qui est normal, il est chez sa sœur, il doit être occupé avec ses neveux.

J'appelle aussi mes amis, mais aucun d'eux ne peuvent venir me chercher. Je reprends donc ma marche dans l'espoir de trouver une solution, mes jambes commencent à me lâcher et le ciel s'assombrit. Il va pleuvoir, je le sens, tout pour me porter bonheur. Et quelques minutes après la pluie tombe, d'abord doucement puis de plus en plus fort et vite. Je suis exténuée, pourquoi est-ce que tout ça m'arrive ?

Je marche sous les quelques auvents étendus qui protègent les devants de certains magasins. Les rues ne sont pas vides, mais elles ne sont pas pleines non plus. Au bout d'un moment, je décide de faire de l'auto-stop en espérant de ne pas tomber sur un vieux pervers. Beaucoup de voitures me passent devant, mais après cette lutte acharnée de dix minutes, un véhicule noir se range sur le côté de la route, devant moi et la vitre tintée se baisse laissant apparaître le visage d'un homme qui doit avoir la quarantaine et qui est tout à fait craquant. Ses yeux bruns profonds me captivent. Il finit par me sourire et à prendre la parole.

-Je vous amène ? Il demande, un demi-sourire sur le visage.

-Oh s'il vous plaît. Il m'ouvre la portière du siège passager et je rentre dans l'habitacle.

-Je suis désolée, je vais tremper votre siège... je m'excuse en levant les mains.

Il rit tout en regardant dans le rétroviseur pour repartir.

-Ce n'est pas grave, ne vous inquiétez pas, c'est le cadet de mes soucis.

Je souris et il arrive à repasser sur la route.

-Qu'est-ce que vous faites seule à cette heure-ci sous cette pluie ?

-Oh eh bien, j'ai dit à l'homme qui m'accompagnait aujourd'hui que j'étais enceinte, mon téléphone a sonné et il en a profité pour s'enfuir me laissant donc seule. J'ai dû marcher jusqu'au centre-ville depuis la plage, puis j'ai remarqué grâce à une affiche que les taxis font la grève, donc j'ai dû reprendre ma marche jusqu'ici, mais entre-temps cette pluie de merde s'est abattue sur moi et finalement, je me retrouve dans votre voiture à vous étaler tous mes problèmes alors que vous pourriez être un tueur en série qui ne veut que me tuer et qui en a strictement rien à foutre de ma vie merdique. Je prend ma respiration avant de m'excuser de mon comportement.

-Ce n'est pas grave ne vous en faites pas, je ne m'en fous pas au contraire, c'est plutôt intéressant, dit-il en se frottant le menton essayant de prendre un air concentré ce qui me fait rire aux éclats.

Puis il éclate de rire à son tour et les rires remplissent la voiture. Nous nous calmons quelques minutes après.

-Où est-ce que je vous dépose ? Demande-t-il en reprenant son sérieux, mais toujours le sourire aux lèvres.

Je lui donne mon adresse et en quelques minutes, nous y sommes. Il se gare en bas de chez-moi et il coupe le moteur de la voiture avant de poser son regard sur moi. Je m'apprête à parler, mais lui aussi donc nous parlons en même temps.

-Vous êtes très belle.

-Merci de m'avoir ramené chez moi.

Et nos rires se refont entendre, jusqu'à ce que je me rende compte du compliment qu'il m'a fait, et à ce moment-là, mes joues deviennent rouges, je le sens.

-Merci...

Il me sourit une énième fois, je fais de même. Et on reste là à se regarder comme des idiots.

-Bon, je... Hum... Je vais y aller, il commence à se faire tard, merci beaucoup, dis-je pour couper notre jeu de regard.

-C'est avec plaisir. Est-ce que je peux vous demandez quelque chose mh...

-Annabella, dis-je pour finir sa phrase.

-Annabella, accepteriez-vous de dîner avec moi ? Son sourire en coin est craquant.

-Eh bien...

-Elijah.

-Elijah, c'est quand vous voulez.

-Demain soir ? Il me demande, toujours souriant.

Je réfléchis pour voir si je n'ai rien de prévu et je hoche la tête.

-C'est okay, dis-je le sourire aux lèvres.

-Super, à demain alors, je passe vous chercher à, disons, dix-neuf heures ?

Je ne lui répond pas mais je laisse mon sourire s'en charger. Et sur ce, je sors de la voiture et je cours jusqu'à l'entrée de mon immeuble pour éviter de me mouiller encore plus.

Ma soirée se déroule le plus normalement du monde, une seule chose, plutôt une seule personne hante mes pensées cette nuit, Elijah. Ce qui me change de mes habitudes dans lesquelles la seule personne qui me hantait était Nate...

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