<< Cherche personne, de préférence dont le nom commence par croque, qui n'aime pas trop les enfants, qui est un brin sadique mais qui peut se faire soudoyer. Bonus si aimé les orteils. >>

M.Croque-monsieur referma le journal, ravi. Ce métier était fait pour lui !

Il se pouvait qu'il aimait bien les enfants, cependant. Il était droit comme du beurre - dans son esprit, un pot-de-vin était une pure ignominie - et il adorait les enfants.
Le sadisme ? Ce n'était pas pour lui !
Quand au orteils... bah, il pouvait faire un petit effort.

Il se pompona un bon coup, puis s'en alla sonner chez l'étrange personne qui avait passé cette annonce dans le journal.

Une boule noire avec des ailes et un air méchant et méfiant plaqué sur le visage vint lui ouvrir la porte. Quand elle vit l'allure de l'importuneur, elle hésita entre hurler de rire et lui crier dessus pour lui indiquer de dégager. Un étrange mélange de ces deux émotions contraires se peignit alors sur sa face ; et si le croque-monsieur n'avait pas su désespérément besoin de travail, il serait parti s'enterrer dans un trou à des kilomètres sous terre à l'autre bout du monde pour éviter ce monsieur.

Puis, finalement, il réussit à prononcer ces mots :

- Bonjour, je viens pour l'annonce... dit-il, d'une toute petite voix.

Et comme l'étrange personne en face de lui ne semblait pas vouloir lui répondre et le considérait, interdit, il continua :

- Vous savez, l'annonce dans le journal... vous cherchez un...

- Remplaçant, je sais, c'est moi qui l'ai rédigée, le coupa le monsieur ailé d'un ton sec.

Et de continuer, toujours avec ce ton si horripilant :

- Remplissez vous toutes les conditions que j'attends ?

M.croque-monsieur avait pour habitude de ne pas mentir, alors il ne mentit point.

- Je ne pense pas. Mais je veux faire de mon mieux.

L'étrange personnage passa une main sur son visage, lassé d'avance, puis le fit entrer. Il s'élança dans un couloir puis énonça, nasillard :

- Mon boulot est de punir les enfants qui se relèvent après s'être couchés. Les petits garnements, ça me connaît ! Leurs orteils aussi, d'ailleurs.

À ces mots, il ricana d'un air sinistre.

- J'ai une très belle collection...

M.croque monsieur frémit. Il n'osait même pas imaginer ladite collection sans trembler d'horreur.

- Au fait, mon nom est le croque-mitaine. Au cas où.

Bien, M.croque-monsieur l'appellerait donc ainsi au lieu de l'étrange personnage à présent.

- Néanmoins, poursuivit le croque mitaine, j'accepte les pots de vins de certains bambins... membres humains, saucisses, hydromel...

Ils deboucherent sur une luxueuse bibliothèque. Le croque mitaine ouvrit de nombreux panneaux de bois qui protégeaient les livres - non, les bocaux d'orteils, réalisa M.croque-monsieur avec horreur.

Quand il vit la face grimaçante de l'affreux corqie-mitaine se tourner vers lui, il prit peur. Très peur.

Saisissant ce qui lui tomba sous la main, il assoma - tua ? le croque-mitaine et s'enfuit de la sinistre maison.

Maintenant, vous, enfants, pouvez vous levez au milieu de la nuit sans craindre pour vos orteils. ( d'ailleurs, le chocolat est caché derrière le sel et la farine dans le placard de gauche étagère droite. )

Mais attention ! Il pourrait un jour se réveiller, et, sait-on peut-être, reprendre du service...