- J'ai pas d'idées... soupire la gamine.

Elle est attablée devant son bureau, la tête dans ses mains, montrant clairement à un quelconque observateur que ce devoir la saoule.

Elle qui est une sorcière, elle doit pourtant se laisser dicter sa conduite par un humain ! Son professeur de maintien, qui plus est !

Afin de maintenir le secret sur sa magie, elle doit continuer à suivre des cours comme toutes les jeunes demoiselles de la haute société.

Elle doit écrire une rédaction sur l'intérêt du savoir vivre pour les jeunes demoiselles, ce qui la barbe profondément.

De la pointe du doigt, elle fait naître un message lumineux qui repousse la nuit autour d'elle. Elle souffle dessus puis celui-ci s'envole vers une destination choisie par elle avec soin.

Quelques minutes plus tard, elle entend frapper à sa porte. C'est la destinataire de sa lettre, qui n'a pas perdu de temps pour la rejoindre.

Émilie entre. Elle aussi est une sorcière. Elle aussi à été punie. Elle aussi, cette punition la barbe au plus haut point.

Elle caresse pensivement le bureau de sa baguette. Soudain elle se redresse, excitée comme une puce.

- Je sais ! s'exclame-t-elle.

Elle se tourne vers son amie.

- Cette punition est injuste. Nous sommes des sorcières et personne n'a le droit de nous dicter notre conduite !

Elle ajoute tout bas :

- C'est ce que dit tout le temps ma maman... alors pourquoi ça ne marcherait pas avec nous ?

Émilie lui chuchote un plan à l'oreille, ce qui les fait rire dans leur barbe.

Elles se font des clins d'oeil conspirateurs tout au long de la rédaction de leur punition, ( il faut tout de même la finir, au cas ou les sort ne marcheraient pas ) puis ce joyeux foutra finit en un interminable fou rire.

[...]

Le lendemain, lorsque l'instituteur entre dans l'école, il est accueilli par des hauts cris. Craignant pour la vie de ses deux élèves ( enfin, c'est la version qu'il sert eux parents ; c'est qu'elles sont infernales, ces gamines ! ) il se précipite à l'intérieur de sa salle.

Il est porté en triomphe par une armée de chats noirs. Ils le font asseoir sur un trône, puis se livrent à une danse satanique devant ses yeux abasourdis.

Puis, le plus menaçant des chats s'approche et lui dépose sur les genoux un rat sans tête, qui tient un crucifix brisé et qui bouge encore.

C'en est trop pour le pauvre maître, qui s'évanouit de frayeur.

Les deux jeunes filles, hors de sa vue, laissent alors éclater un fou rire si grand qu'il fait trembler les fondations.

Elles se mettent à danser, riant toujours, parvenant quelques instant à crier :

- C'est la révolte des sorcières, la révolte des sorcières !

Aussitôt, les chats se transforment sous leurs yeux qui devient aussitôt apeurés.

Devant elles se trouvent leurs mères, des poingts sur les hanches, le regard moqueur.

Elles se font immédiatement toutes petites, craignant le pire.

Et elles n'ont pas tort. Elles se souviendront longtemps de cette punition...

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