Ne vous affolez pas ! Ne vous affolez pas ! C'est une fausse alerte ! répétait sans discontinuer la voix électronique du robot aux commandes du musée de Versailles.

En effet, de puis quelques temps, on recevait des messages bizarre, un peu codés mais pas trop, un peu menaçant mais pas trop, un peu effrayant mais pas trop.

"B13NT0T V0U5 4LL3Z M0UR1R "

"4TT3T10N 4 V0US "

"53NT3Z V0US L'0D3UR D3 L4 F1N DU M0ND3 ? "

"V3R541LL35 53R4 C1BL3 "

Et autre.

Mais bien sûr, par qu'en français. Les Inconnus avaient trouvés d'autre moyens de faire intervenir les chiffres dans d'autres langues, comme, tenez, par exemple :

ע1חט8ב
מ4הץת0

( vous avez compris quelque chose ? Moi non. Mais bon, comme ils avaient raison en français, ils devaient avoir raison aussi dans cette autre langue étrange. )

Et cette fois, ils avaient ciblés très précisément Versailles, à 14h58.

Il était 14h57 et la presse venait tout juste de recevoir ce message que je ne reproduirait pas ici, par respect pour vos yeux.

Évidemment, un bon gros mouvement de panique avait soulevé la population, et les parents de famille nombreuses se maudissaient de ne pas être resté chez les beau-parents — absolument insupportables mais non mortellement dangereux.

Et pas que celle de Versailles ! Paris aussi, par anticipation ! Parce que si vous avez vu le moindre film d'anticipation, vous saurez que c'est toujours Paris ou Ney York qui est ciblé.  Et bizarrement, c'est jamais Saint-Jean-sur-Moulinette-les-bains en Creuse qui est victime d'une attaque d'extraterrestre.

Ah oui, les plus éminents scientifiques en étaient venus à cette conclusion, car les humains de la terre avaient le bon sens de faire des messages un peu plus codés pour avoir le temps de tuer tout le monde.

Mais, 14h58 : rien.

14h59 : idem

15h : nada.

Enfin, les humains commencèrent à respirer. C'était juste une farce, et de toute façon les extraterrestre n'existaient pas. Et tous tirent de bon cœur devant leur précédente stupidité.

Seuls les huit plus riches du monde s'étaient tout de même retirés dans leurs bunkers secret, au cas où. Ils y resteraient une semaine tout au plus puis feraient un grand retours triomphal ; ils en profiteraient pour discréditer les médias ; plus personne ne croirait à ces ridicules histoires de fraudes fiscale après ça.

Sur Mars, Xè-Log et Xa-Non se regardèrent. Ils sentaient qu'ils avaient fait une petite bêtise. Toute petite, hein. Ils avaient juste échangé leur réplique de la Terre qui provoquait chaque jour une fin du monde différente — à leur plus grand amusement — avec... heu... ben... la vraie.

Catastrophés, les parents prirent des mesures ; déménagement, et grosse punition.

Quand les enfants furent embarqués dans la voiture, le père demanda :

— On en fait quoi de ça ?

En désignant la vraie terre.

— Bah, de toute façon, c'est une catastrophe et ils vont tous mourir un jour ou l'autre, alors...

Et ils appuyèrent sur le bouton : retour des gros lézars géants puis grosse météorite boumboum.