6 octobre : Un éclat de givre
Je sais, j'avais dit préparation Nano, mais je vais réduire le nombre ,je pense, et le travailler plutôt dans mon coin pour être sûre de bien avancer et de ne rien omettre. Donc voici d'autres thèmes.
Treize ? Quatorze ? Elle ne savait plus. Longtemps en tout cas. Enfin, longtemps à l'échelle d'une vie, de la sienne.
D'abord, elle n'avait été qu'une jungle, mais luxuriante. Les lianes, les plantes grimpantes et carnivores, les arbres resserrés pour rendre l'accès malaisé conféraient à cette forêt un aspect hostile et sauvage. Les bêtes qui la parcouraient en tous sens, fugaces, silencieuses, parfois sombres et inquiétantes comme des ombres, parfois lumineuses et claires comme des lucioles éveillaient la méfiance du voyageur aventureux. Pourtant certains tentaient l'expédition, munis de hachettes, de provisions et d'eau, au cas où. La jungle en repoussait la plupart, mais quelques uns, à force de douceur, de bienveillance et d'acceptation purent franchir les murailles et accéder à une clairière paisible où seul un léger torrent marquait le temps de son doux clapotis. Il y avait là une nappe, un pique-nique, des papillons, une silhouette sombre, un pégase lumineux qui l'éclipsait presque et qui caracolait au milieu, en grand roi.
Un jour cependant, un raz-de-marée surgit du torrent et emporta clairière, papillons, pique-nique, silhouette et pégase. La température chuta drastiquement, l'eau gela en plein mouvement et il ne resta de cette immense jungle qu'une vague glacée dont parfois, lors d'un regain de chaleur, une perle salée dégoulinait. Le gel, lors des périodes les plus glaciales, gagnait les abysses de cet océan privé de vie au point qu'il ne restait parfois qu'un mince filet de liquide furieux au fond de cette carapace. Un liquide qui ignorait si cette protection lui plaisait ou s'il voulait la détruire de l'intérieur.
On ne lui laissa pas le choix. Un beau jour - ou plutôt une belle nuit - la lumière d'un immense feu s'immisça jusque dans les abysses où elle se croyait perdue pour toujours. Ce feu brûlait d'une douce chaleur qui faisait fondre la glace à grande vitesse, mais la température restait si froide que l'eau dans l'air devenait cristaux de glace qui attaquaient parfois le feu et tentaient de défendre le moindre centimètre de surface. S'ensuivaient des batailles ardues pour récupérer le terrain. Néanmoins, petit à petit, la glace perdait la guerre et l'eau se mit elle aussi à lutter contre elle, s'emparant de sa masse pour fissurer la carapace.
Il ne resta bientôt plus qu'une mince éclat de givre et l'eau s'apprêta à se jeter dessus pour le détruire, mais le feu l'arrêta et lui conseilla plutôt de l'emmener dans les tréfonds de l'abîme, là où le froid régnait encore. L'eau fit ce qu'on lui dit et tailla l'éclat de givre, en fit une lame acérée, aussi solide que le diamant et aussi claire que du cristal. Seule la flamme avait le pouvoir de la faire fondre, mais elle ne s'y risqua jamais, laissant à son amie une arme pour détruire ses ennemis, même si elle prenait un risque.
L'eau et le feu créèrent des volcans qui avec les années devinrent des terres fertiles et propices à accueillir la vie, à accueillir ceux qui voudraient y habiter. Mais sans le feu réputé si destructeur, jamais cette vie n'aurait pu se développer. Et sans l'éclat de givre... il n'y aurait déjà plus d'eau pour en parler.
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