4 octobre : Comme une odeur de fin du monde
La plaine dévastée s'offre au regard du voyageur égaré qui traverse le continent du Nord au Sud. Celui qui la traverse d'Est en Ouest peut suivre péniblement la rivière transformée en ruisseau où quelques bêtes sauvages viennent encore s'abreuver. Plus pour longtemps : la source se tarit peu à peu. Il peut aussi renoncer à son voyage, comme s'il allait être sauvé ainsi.
Dans cette ancienne forêt grouillante qui s'étendait années après années, tout n'est désormais que désastre sans vie de troncs calcinés, de sol cendreux et de braise cauchemardesque qu'on sent sous la semelle à chaque pas, qui pique les yeux et le nez, irrite la gorge. L'eau ne suffit pas. Le désert plat qu'est devenu cet espace, ravagé par les flammes ardentes du gigantesque incendie d'autrefois semble s'étirer à l'infini au fil des jours qui marchent inexorablement vers un futur sombre.
Au centre de cet univers saccagé, si le promeneur y parvient entier et vivant, il entre dans les ruines d'une ville tentaculaire. Les ponts aériens n'ont plus rien de leur élégance passée et offrent aux ciel des lambeaux métalliques en guise de guenilles. De la poussière grise fuit devant l'importun visiteur qui tente de fouler les pavés défoncés sans s'y rompre le cou. Elle s'immisce insidieusement entre les briques noires de crasse des bâtiments branlants et dans les poumons de ceux qui les inhalent. Les respirations rauquent résonnent dans ces lieux grinçants que la vie a désertée par peur ou par le hasard de la mort.
Bientôt, tout ressemblera à cette ville fantôme qui offrait autrefois en abri ses bâtiments flamboyants à une peuplade commerçante. Hélas, les fontaines du village de l'eau deviendront des puits vides, les lacs des marécages, les mers des déserts de sel, les ruisseaux des sentiers piégeux. De la ville végétale, il ne restera plus que de la pourriture, des charognards en quête de nourriture disparue et une odeur de mort. La cité des tempêtes s'effondrera en même temps que l'orage la frappera. La foudre tuera aussi sûrement que les armes et la citadelle électrique s'éteindra avec les dernières gouttes d'énergie gisantes. Il n'y aura plus de monde, rien qu'un vaste pays silencieux où flotterait comme une odeur de fin du monde. Un monde bientôt noir et obscur.
Enfin, c'est ce à quoi j'essaie de penser pour oblitérer le masque qu'on me pose sur le visage. Le lit de l'hôpital est inconfortable, la couverture ne tient pas chaud. J'ai froid, j'entre au bloc, je tremble. Le gaz que je respire soudain a vraiment, lui, comme une odeur de fin du monde. Ce traître devient soudain noir et obscur.
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