24 octobre

L'île et ses montagnes n'abritait qu'un tout petit village où tous vivaient heureux et en harmonie. Personne ne haussait le ton, personne ne levait la main sur les autres. Les villageois ne manquaient jamais de rien, la pêche était bonne, la cueillette aussi, la chasse maintenait à merveille la petite communauté en bonne santé. Tout allait pour le mieux.

Tito, la grenouille, sautait le long des pierres du torrent depuis des années. Elle en avait entendu des histoires, mais celle-ci, jamais ! Comment avait-on pu retrouver le corps du lapin au milieu d'une clairière, si sauvagement attaqué ? Qui avait osé ? Comment oser ? Personne n'avait d'ennemi, tout le monde vivait en harmonie !

Tito s'installa plus confortablement au soleil sur la pierre. Tant de bouleversements ! Beaucoup trop pour son vieux coeur. Lorsqu'on avait trouvé le lapin, étendu dans l'herbe, on avait aussitôt cherché des traces alentours. Les loups avaient été missionnés pour les odeurs, les aigles pour les traces. Pourquoi pas ? Le criminel se cachait peut-être non loin de là.

Ils n'avaient jamais été confrontés à pareille tragédie ! On avait d'abord accusé les renards, mais les renards avaient dit qu'ils n'aimaient pas les lapins. Les serpents juraient qu'ils n'auraient pas laissé le corps ainsi et que de toutes façons, ils n'avaient pas de griffes, les poules disaient qu'elles n'étaient pas jalouses puisqu'elles ne mangeaint pas pareil et pouvaient voler. Un véritable casse-tête !

Bien sûr, heureusement, personne n'avait accusé les grenouilles. Qu'auraient fait les grenouilles d'un lapin ? En plus, Gus ! Le plus gentil des lapins ! Qui aurait pu lui en vouloir ? Qui avait pu commettre une telle atrocité ? Il n'en pouvait plus de ne pas savoir ! Qui suarait, à part le coupable ? Qui voyait tout, entendait tout, sans se faire voir ?

On avait d'abord pensé aux fourmis, mais si elles avaient entendu un grand bruit, elles n'avaient rien vu. Les mouches ? Elles arrivaient trop tard sur les lieux du crime. Les éléphants ? Ils ne se souvenaient pas d'avoir écrasé quelqu'un. Et puis on n'aurait pas retrouvé Gus dans cet état. Et les oiseaux alors ? Rien non plus. La canopée empêchait l'oeil perçant des rapaces de pénétrer en dessous. Comment faire alors ?

— Tito ! Tito !

La grenouille sursauta haut et se tourna vers un petit insecte qu'on oubliait souvent : le vers.

— Oui, Lulu ?

— Vous avez oublié de demander à quelqu'un ! Pour Gus !

— A qui ? Comment ça ? A qui ?

— On ne les voit pas le jour, elles se cachent, mais la nuit, elles voient tout, elles entendent tout. Elles sont là pour éclairer les chemins, elles veillaient sur Gus et elles se sentent vraiment coupable. Elles veulent me dire, mais elles pensent que je ne saurai pas convaincre. Toi, Tito, tu pourras !

— Mais comment je saurai ? Elles ne parlent pas !

— Non, mais le soir, la nuit, dans l'obscurité, viens ! Les lucioles chuchotent.



Thème : Les lucioles chuchotent.

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