21 octobre
Les terres désolées s'étendaient à perte de vue. Un néant gris perdait le regard dans ses dunes sablonneuses. Des chimères flottaient ça et là, poussées par le vent sec en mirages aussitôt consumés par des éclairs foudroyants. Rien ne survivait bien longtemps dans ces lieux vides.
La seule constante de ces volutes de fumée avançait, vague forme humaine au milieu des silhouettes décharnées d'anciennes pensées oubliées, effilochées par un courant d'air glacial. Elle cherchait.
Quoi ?
Un bout d'elle-même, enlevé depuis longtemps qu'elle ne retrouvait pas. Cette partie de l'âme qui donne de la consistance au cœur et de la couleur à son temps. Celle qui rend les odeurs aux moments et les sons à la joie. Celle qui disparait quand on la perd et qui un jour revient miraculeusement quand on a cessé de la chercher.
Elle n'avait jamais cessé. Elle errait sans fin, portant autour d'elle un regard dénué de vie et d'espoir, tenue, tenace, par une certitude qui s'effaçait de jour en jour.
De temps à autre, elle croisait une immense ombre noire qui avançait sans prendre garde à elle. Elle l'ignorait, elles s'ignoraient. Elles se déplaçaient sans s'apercevoir qu'elles se tournaient autour et que petit à petit, elles se rapprochaient jusqu'à se fondre. Leurs objectifs respectifs se perdirent dans ce mélange de gris et de noir.
Qu'est-ce qu'un objectif sans espoir ? Qu'est-ce que désespoir sans la possibilité d'évoluer ?
Un tourbillon de gris foncé, une obscure idée de vivre sans avoir la possibilité d'exister. Exister pour quoi ? Pour qui ? Pour les autres ou pour un soi vide et désert, balayé par un vent sans force, avec le froid comme compagnon et la chaleur comme ardente ennemie ? Comment retrouver ?
Impossible. Impossible sans quelqu'un d'autre. Impossible sans croire à quelqu'un d'autre qui existe, fut-ce à l'extérieur de cet enfer. Si c'est à l'intérieur, on prend le risque que ce soit déjà pourri, moisi, rongé par le chagrin du passage du temps.
Il faut un regard extérieur pour différencier son gris de son noir. Si tant est qu'il y ait du blanc, il faut quelqu'un pour allumer la lumière et le dire.
Ou se taire... Comprendre soi-même qu'on est sa propre lumière et devenir chair dans un pays de fantômes.
Thème : Un pays de fantômes.
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