16 octobre
Il y a dix ans, si quelqu'un m'avait affirmé qu'un jour, je détesterais l'été et les plages de sable blanc, la mer turquoise et les cocotiers, j'aurais ri au nez de cette personne. J'adorais la chaleur, le sable, bronzer, manger des glaces et boire des rafraîchissants, jouer dans les vagues ou nager dans les piscines. L'été, c'était synonyme de liberté, à la fois vestimentaire, scolaire et parentale. Ils me laissaient tranquille au moins, je m'habillais comme je voulais et rien ne pouvait me détourner de mon objectif de la journée : tester un nouveau parfum de sorbet.
Un beau jour cependant, mes parents décidèrent que les congés d'été au soleil, c'était terminé. Ils avaient des amis qui possédaient un chalet dans les montagnes et désormais, tout le budget vacances passerait dans les sports d'hiver, le ski et le snow, les balades en raquettes, la neige, le froid, le mouillé, la grêle, les nuages, l'altitude... Bref, rien de bon.
J'avais rechigné. Beaucoup. Moi, fille unique, perdre ma distraction annuelle, les après-midi à la plage ou les soirées à fréquenter les jeunes du camping ? Hors de question. Pourtant, rien n'y fit, il fallut se résigner. J'avais seize ans et je débutais en ski. L'horreur.
Passer la journée les fesses mouillées par la neige, les mains glacées par les gants à peine assez chauds, dans des chaussures beaucoup trop serrées... Décidément peu pour moi. Le jour où je décidai que ç'en était assez, j'avais fait une chute particulièrement rude sur la bleue que nous faisions tout le temps. Frustrée, je décidai de rentrer au chalet.
Je marchai donc droit devant moi, lorsqu'une voix féminine m'apostropha derrière moi.
— Hey ! Tu as fait tomber un gant !
Des pas précipités se firent entendre et une fille en snowboard, le visage entièrement recouvert de son masque et de sa cagoule m'attrapa par l'épaule pour me tendre l'horreur violette qui avait ralenti ma course vers mon refuge.
— Merci, grommelai-je en m'emparant du fautif.
Je tentai de reprendre mes skis avec un minimum de dignité, mais cet exercice devait nécessiter des années de pratique parce que j'échouai lamentablement et ils se croisèrent avant de tout simplement m'échapper des mains. Je les laissai tomber avec désespoir.
— Tu as besoin d'aide on dirait, reprit la voix avec un ton amusé.
— Je sais pas skier, soufflai-je par lassitude. Et encore moins porter mes skis.
— Tu veux que je t'apprenne ?
— Je veux surtout rentrer.
— Si j'arrive pas à te faire apprécier une descente, je te laisse tranquille, proposa-t-elle.
Je me demandai ce qui lui prenait, à vouloir prendre sous son aile une débutante sans volonté, mais je me laissai tenter. Peut-être que mes parents n'avaient pas tout-à-fait tort ? Et puis en rentrant, je serai seule alors qu'elle, c'était de la compagnie.
Je l'accompagnai pour une descente, puis pour une autre. Enfin, elle m'accompagna, me montra les mouvements, me fit progresser, m'emmena visiter la station, le village, les bars. Elle me conseilla les meilleures balades de la région et me donna rendez-vous l'année d'après.
Deux ans plus tard, je lui disais mon premier "je t'aime" en haut de la piste panorama avant de partir en schuss pour éviter qu'elle ne voie ma rougeur. Cinq ans plus tard, elle m'embrassait en public dans un des cafés bondés sur une musique de Justin Bieber. Sept ans plus tard, nous emménagions ensemble.
Cependant, je n'attendis pas tout ce temps pour changer d'avis : dès cette première année, j'aimai l'hiver car c'était la seule saison où nous pouvions être ensemble.
Thème : L'hiver était la seule saison où nous pouvions être ensemble.
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