14 octobre

Après concertation avec moi-même, j'ai décidé de ne plus mettre le thème en tête de chapitre pour que je puisse écrire en sachant que vous ne vous souvenez pas forcément du thème, question de liberté. Si vous voulez néanmoins le connaître avant, la liste est toujours dans le résumé et dans le Prequel. Sauf pour les préparations Nano où je sors des thèmes de nulle part, comme aujourd'hui. Bonne lecture !

Le ciel s'assombrissait petit-à-petit à mesure que le soleil disparaissait derrière l'horizon. Le nez tourné vers le ciel, Micka attendait patiemment l'apparition des premiers diamants. Assis sur un coussin dans la veranda, il observait à travers les baies vitrées le vaste jardin où la vie perdait peu à peu de son aspect exubérant pour devenir plus feutrée. Il le sentait tout autour de lui, à peine atténué par la fine paroi de verre, ce fouillis d'êtres et de plantes, cet air frais du soir. Toujours trop sensible, remarquait-on à son sujet. Il n'avait cure des commentaires des adultes, ils ne comprenaient pas la beauté d'une fleur, le chuchotement du vent, la malice d'un chat. Ils s'apitoyaient sur le sort d'un appareil, d'un robot, d'une machine sans vie.

Pfff.

Enfin, la nuit tomba complètement, le bleu clair s'effaça pour le noir sombre du manteau nocturne. Peu à peu, le sourire du petit garçon se fana. Pourquoi la toile du ciel restait-elle vide ? Pourquoi ce soir-là, aucune étoile ne répondait à son appel ?

Même Vénus cachait sa lumière rouge alors qu'aucun nuage n'obscurcissait la voûte céleste.

Micka se leva d'un bon, fixa le ciel de ses grands yeux noirs où surnageaient des pépites dorées. Son air décidé semblait persuader les étoiles de retrouver leur place, de s'allumer tout là haut et de ne pas le priver de leur lumière. Comment se diriger ? Comment être éclairé ? Sans étoiles... plus de mondes.

En pyjama, le petit garçon fit coulisser la baie vitrée et foula de ses pieds nus l'herbe humide. Il se rendit dans l'abri du jardin où son père laissait traîner les outils de bricolage. Il se dirigea vers son coin à lui, attrapa l'échelle et l'appuya contre le mur extérieur. Escalader le cabanon n'était qu'un jeu d'enfant. Il était devenu minuscule, et les herbes gigantesques lui servaient d'appui.

Bientôt, l'obscurité l'entoura de toutes parts, mais l'enfant n'avait pas peur. En marchant sur les planches de bois, il savait où il se rendait. Au bout du bout, à l'extrémité du cabanon se trouvait l'immensité du ciel, la contemplation d'un champ d'astres endormis. Enfin d'ordinaire.

Aujourd'hui, en parvenant au bout de la planche de bois, il s'arrêta net. Au lieu des astres endormis, qu'il devait parfois réveiller pour qu'ils acceptent de monter dans son ciel, il ne restait dans cette plaine que des orbes vides et éteints qui ne diffusaient plus de lumière. Micka sut aussitôt ce qu'il avait à faire : il sauta dans le vide et nagea vers l'étoile la plus proche. En quelques minutes, il l'eut enveloppée d'un drap. Toute la nuit, il répéta l'opération encore et encore, ne s'arrêtant que pour aller chercher son matériel dans le cabanon devenu tout petit.

Il en revint avec son bocal à lucioles et parcourut tout le jardin à la chasse aux vers fluorescents. Il les amadouait avec des chansons qui les attiraient dans sa main. Une fois dans le bocal, elles-mêmes appelaient leurs consœurs pour la tâche qui leur était assignée. Bientôt, il eut rassemblé autant de lucioles qu'il y avait d'étoiles dans le champ. Il les ramena à toute vitesse et déposa une luciole sur chaque étoile et bientôt, ce fut comme si les astres brillaient à nouveau.

Micka se mit à chanter face à ce cimetière d'étoiles et petit à petit, chacune d'elle décolla paisiblement avec sa luciole. Le drap les maintenait au chaud dans la vertigineuse froideur du ciel et leur permettaient de flotter sur les courants. Ces étranges astres ressemblaient à des fantômes portant des minuscules lanternes. Et Micka chantait toujours, élevant toujours plus haut ces lueurs, arrosant ses joues de larmes salées.

Hélas, il ne rendait pas la vie aux étoiles, il leur offrait simplement leur beauté et leur grandeur passée en dernier hommage, pour le plus magnifique enterrement que les étoiles aient jamais connu.

Bientôt, les lucioles grandiraient, à mesure que les rêves de l'enfant deviendraient des réalités.


Thème : L'enterrement des étoiles.

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