Chapitre 19
Le prince, comme promit nous guida jusqu'au palais, où à peine arrivé il demanda à ce que l'on nous dresse la table dans la réception. Venir ici me serra fortement le cœur, bien peu de choses avaient changées depuis tant de temps, les toits avaient pour certains été repeints, tandis que quelques nouveaux cerisiers avaient été plantés dans un nouveau jardin d'intérieur. Les membres de la cour également n'avaient pas changé, toutes les jeunes femmes que j'avais pu connaître m'avaient regardé passer comme un fantôme, tandis qu'au loin j'avais pu apercevoir Taehyung qui fournissait toujours plus d'efforts dans son labeur. Il creusait la terre non loin d'un des box, là où se trouvait ma jument, et il continuait ainsi pour créer une longue tranchée. J'avais voulu le saluer, mais je savais que m'éloigner du prince pour parcourir le palais comme s'il s'agissait d'une terre conquise était d'une stupidité sans noms. En effet, pour la première fois j'étais venu ici en tant que visiteur, et non comme habitant du palais ou prétendant à un travail. J'étais comme ceux qui venaient faire affaire et qui éloignaient Namjoon de moi, comme ceux que j'avais su détester parfois.
Mon estomac se tourna dans mon ventre alors que j'avais osé regarder Jinyoung qui n'avait pas prononcé un mot depuis que nous avions quitté la rivière. Il s'était contenté de caresser l'encolure de son cheval ou de trifouiller dans son sac de cuir à la recherche de petits objets qui l'occupèrent sur le chemin. En fait, nous avions tous très peu parlé, Namjoon avait surtout discuté avec ses gardes pour leur donner des ordres qui à présent m'étaient étrangers, je ne les comprenais plus, me prouvant que j'avais finalement définitivement quitté ce monde où j'avais su autrefois m'épanouir. Ma Grand-mère aurait été si déçue de moi si elle m'avait vu partir, fuir la queue entre les jambes. J'étais moi-même rongé par la honte, et ce fut bien pire lorsque nous entrâmes dans la salle du repas.
La table n'était pas encore dressée mais le prince nous avait prié de nous asseoir devant la table, face à lui, tandis qu'enfin il avait retiré son grand chapeau à larges bords. Il avait retrouvé le sourire sur ses lèvres abimées tandis qu'une jeune femme c'était empressée de nous servir à boire. Le silence était pesant, et pendant longtemps on entendit que l'eau couler dans nos coupes, puis les déglutitions lentes du maître des lieux. Mais enfin, un petit rire brisa tout ce silence glaçant, et la porte s'ouvrit en grand sur un petit être court sur pattes, le regard joyeux et habillé comme un petit roi. Il portait un hanbok coloré, déjà brodé de dragons et de fleurs, tandis que ses cheveux d'un noir intense savaient se montrer de dessous son chapeau de tissu. Le petit homme se précipita à l'intérieur de la salle pour grimper dans les bras du Prince et s'asseoir joyeusement sur ses cuisses. Une jeune femme suivit bientôt, essoufflée.
« Oh... pardonnez-moi mon Prince, lorsqu'il a vu votre cheval être ramené aux écuries il me fut impossible de le retenir. »
« Ce n'est rien, je suis heureux qu'il soit là, il partagera le déjeuner avec nous. Vous pouvez disposer, merci encore. »
La jeune nourrice qui m'était inconnue s'en alla en se recoiffant autant que possible tandis que le petit prince c'était tourné vers nous joyeusement.
« Tu te présentes ? » Lui demanda son père tandis qu'il s'était redressé et courbé.
« Je m'appelle Kim Hyunsu*. J'ai grand honneur à vous rencontrer en ce magnifique jour ! » Namjoon eut un rire tendre avant de le reprendre dans ses bras.
« Je te présente deux marchants Japonais, l'un d'eux est un de mes vieux amis. »
Jinyoung se redressa en premier et se présenta succinctement. Ce fut donc à mon tour alors j'avais ravalé ma salive avec difficulté avant de me redresser et de sourire au petit prince.
« Je m'appelle Min Yoongi, je suis comme le disait votre père un de ses vieux amis. Il m'est arrivé de vivre au palais. »
Hyunsu hocha de la tête. « Oui, votre visage me rappelle la peinture dans l'atelier de mon père. Il l'a peinte lui-même. »
J'avais sourit tendrement au jeune garçon tandis que le repas commençait à être servit.
« Hyunsu, lorsque tu auras fini ton repas, je te prierai d'aller jouer dehors, je dois parler à ces messieurs c'est très important. »
Évidemment le petit garçon eut bien du mal à accepter, mais il avait fini par le faire lorsqu'il vit l'air mécontent qui était né sur le visage de son géniteur. Il accepta donc sans commenter et mangea avec nous. Malgré son petit estomac il mangea bien plus que moi, après tout cette situation avait durement noué ma gorge, et je devais avouer que voir cet enfant avait su briser les restes de mon cœur blessé. Il ressemblait tellement à son père, il ressemblait tellement à toutes les choses qui m'avaient échappées. Après tout, sa venue était tout ce qui avait détruit mon univers, et sa beauté, sa gentillesse ainsi que sa politesse ne savait que trop me rappeler que Namjoon était bel et bien son père. Cela venait aussi me ramener à la mémoire avec amertume à quel point tout avait basculé lorsque sa mère était entréé dans nos vies, et égoïstement j'avais senti la colère monter en moi, et cette moitié apportée par cette femme et qui vivait en lui, je m'étais mise à la détester. C'était comme si au travers de cet enfant Namjoon aimait cette femme, comme si au final j'avais été trahi.
Lentement j'avais détourné le regard vers une des fenêtres dont le volet de papier était ouvert. J'avais observé les allées et venues desjeunes femmes dans la cour, toutes murmuraient aux oreilles des autres et je savais que bientôt toutes savaient pour mon retour dans l'enceinte du palais. Mais que pensaient-elles ? Que j'étais à présent résident ? Que je revenais définitivement auprès du prince et son fils ? Et sa femme ? Qu'en était-il ?
J'avais mordu ma langue avec violence pour empêcher mes larmes de couler plus tandis qu'enfin le jeune prince fut prié de quitter la pièce. Il parti donc joyeusement et passa sous ma fenêtre pour aller rejoindre une autre petite fille qui jouait au milieu de la cour, traînant ses jupons dans le sable. Il ne prit pas plus d'attentions pour ses vêtements lorsqu'il s'agenouilla dans du sable mouillé pour commencer des constructions avec la petite. Mon regard se détourna bien vite de lui alors que le prince reprenait un peu de radis à la saumure.
« Je suis heureux que vous ayez accepté de déjeuner avec moi. » affirma-t-il alors tandis que Jinyoung avait revêtu un masque impassible.
« Je vous en prie, dites-nous ce que vous vouliez dire. »
Le prince s'essuya lentement la bouche avant de hocher de la tête. « Je considérerai que vous connaissez notre histoire, Jinyoung, car je ne reprendrais guère tout depuis le début. » il se tourna vers moi et soupira. « Je dois simplement vous expliquer tout ce qui s'est passé ces deux dernières années. Comme vous pouvez le voir, mon fils est né quelques mois après ta disparition. Sa mère a ensuite rapidement été confrontée à la mort de sa servante car nous avions des preuves qu'elle l'avait empoisonnée et jetée dans le lac. Les lois de mon palais sont simples, personne n'a droit de mort sur un autre. Cela la protégea de la peine de mort que mon père m'avait pourtant conseillé d'appliquer lorsqu'il apprit la nouvelle, après tout à ses yeux elle n'avait plus d'intérêt comme j'avais des concubines et un fils. Mais j'étais incapable de tuer une femme, surtout la mère de mon fils. Ce ne fut pas sous mes ordres qu'elle perdit la vie. Son fils était depuis longtemps placé dans les bras d'une nourrice, car l'éducation ne devait être fait par elle suite à son crime, elle ne put donc quitter le palais sans lui. Le lendemain, lorsque j'envoyais des gardes à sa recherche, des hommes avaient ramené le corps de mon épouse au palais, elle avait été tuée d'un coup de dague dans le dos. Après enquête, son frère fut inculpé pour le meurtre. Elle n'était plus qu'une menace pour lui, il avait peur qu'elle ne dise tout vis-à-vis de votre disparition, surtout que chaque disparition ou meurtre était prémédité par lui. Il a été mené devant le roi et il fut empoisonné devant plusieurs gardes royaux et moi-même. Jusqu'à la fin de ses jours il refusa de me dire où vous étiez, et il essaya avec force de dire à mon père que j'avais des relations inappropriées avec mon compagnon. Mon père, le pensant fou et désespéré n'y cru pas un seul mot, Hyunsu était après tout une preuve du contraire. Pendant ce temps, j'avais continué à vous rechercher, vous sachant en vie. Je savais parfaitement que vous ne pourriez jamais mourir si facilement, pas vous... »
Il eut un sourire tendre alors que Jinyoung avait plissé les yeux en pleine réflexion, reliant les bouts, car après tout il n'avait rien su de ma vie précédente.
« Mais je ne trouvais toujours rien. Je me sentais redevable de votre famille, vos deux sœurs devaient grandir dans de meilleures conditions, vous n'apportiez plus de revenus, et votre père avait fini par se briser la jambe d'épuisement. Je leur avais alors proposé de laisse les deux enfants venir à la cour, avec ma nourrice, et votre mère n'hésita pas un instant. L'enfant fut donc éduquée par la nourrice, et votre mère vient tous les jours pour participer à son éducation, et la plus jeune suit des cours avec un instructeur que j'ai décidé de payer. Tandis que votre père a été soigné par notre médecin et a repris ses activités. »
Immédiatement j'avais regardé l'enfant qui était à peine plus âgée que le jeune prince et mon cœur sauta. C'était alors... ma sœur ? je m'étais redressé et m'étais penché à la fenêtre. Mon cœur battait la chamade lorsque j'avais crié un faible : « Umin ! ». La petite se redressa alors et s'approcha en essuyant ses mains sur ses jupes. Elle se posta doucement sous la fenêtre et me regarda de ses grands yeux noirs.
« Oui Monsieur ? »
« Tu es bien, Min Umin ? »
La petite fit la moue. « Oui... et vous êtes ? »
Le petit prince s'approcha et eut un sourire. « Il s'appelle Min Yoongi, il a le même nom que toi. »
Cela importa peu la petite fille qui retourna jouer avec la boue sablonneuse pour faire une grande tour, comparable à celle de papier du prince. Je m'étais alors tourné vers le maître des lieux qui souriait tendrement.
« Elle grandit heureuse, mais elle ne vous connaît pas encore. Mais je suis sûr que votre petite sœur saura vous reconnaître malgré votre accoutrement et votre nouveau teint. »
« Je pourrais aller la voir ? »
« Votre chambre ici vous est toujours ouverte. »
Il me regardait avec détresse et je savais qu'il attende que j'accepte de revenir. Je m'étais pourtant juste accroupit devant lui pour boire un peu. Mon cerveau surchauffait et je mordais ma lèvre, je n'aurai jamais cru qu'en si peu de temps, tant de choses changeraient. Mes sœurs étaient éduquées comme des nobles depuis mon départ et mes parents vivaient surement bien mieux, mais peut-être aussi bien tristes loin de leurs filles... je ne savais plus quoi penser. J'avais alors posé ma coupe d'une main tremblante avant de me cacher derrière mes mains. Mon cœur semblait battre la chamade au creux de ma poitrine tandis que les grandes mains fraîches de Namjoon étaient venues décoller mes paumes de mes yeux humides pour lentement les embrasser. Jinyoung détourna timidement le regard en le voyant me faire approcher de lui et agenouiller près de lui.
« Cessez de penser, j'en entendrais presque les rouages de votre esprit surchauffer. Mon Amour, revenez ici, à votre place..."
« J'ai mené à bien tant de projets, j'ai tant commercé, vu tant de monde, apprit tant de choses, j'ai aussi appris à oublier, sans jamais vraiment appliquer mes leçons. Et à présent, lorsque je reviens tout semble parfaitement en ordre, même bien mieux que lorsque je suis là pour vous embêter. »
Le prince sembla s'offusquer et posa ses grandes mains sur mes joues, le forçant à le regarder dans les yeux. « Trouvez-vous donc que moi, Yoongi, je suis en ordre ? je n'ai jamais été aussi brisé que depuis votre disparition, je n'avais jamais autant peint, oublié de diner, et abandonné la joie que depuis que je ne peux plus toucher votre peau. Vous étiez si loin, et mon cœur jour après jour semblait dépérir. Je ne vivais qu'au travers de la joie des autres, tout était devenu soudainement terne... ici tous ont voulu rendre sa beauté au palais pour me voir aller mieux, mais on ne pouvait remplacer un rayon de soleil disparu... »
J'avais entrouvert la bouche lorsqu'il posa son pouce sur ma lèvre inférieure pour la caresser lentement.
« Je vous en prie, restez. »
Le soir-même, j'avais retrouvé des vêtements coréens, plus larges, mais bien moins taillés. Mon vieux chapeau de tissu maillé avait retrouvé sa place sur ma tête, se plaçant au-dessus de mon chignon noir. Et c'est alors que j'avais eu le droit de parcourir à nouveau le palais aux côtés de Jinyoung qui lui avait voulu garder son kimono de soie.
« Vous avez donc prit votre décision ? »
« Oui... les menaces étant loin à présent, je pense vouloir retrouver ma famille. De si longues années doivent être rattrapées. »
Le Noble hocha de la tête et marcha lentement à mes côtés, remontant vers la grande cour principale.
« Je vous revaudrais toute votre hospitalité, bonté, et je ferai en sorte que votre marcher florisse ici. »
Jinyoung eut un rire faible. « Vous ne me devez rien, vous m'avez surtout appris bien plus de choses. J'ai appris sur moi-même, sur les autres, et j'ai aussi su augmenter grandement les revenus de mon marché grâce à vos précieux conseils. Je pense à présent faire un long voyage vers l'Italie, là-bas, les yeux sont si verts qu'on penserait observer des forêts dans les regards. »
« Vous m'enverrez une lettre ? »
« Pour sûr, maintenant que vous êtes aussi érudit que moi, vous pourrez tout lire ! »
J'avais ris doucement et m'étais placé sous le grand cerisier au centre de la cour. Il était déjà en fleur. « Vous avez fait de moi quelqu'un de bien. »
« Mais vous aussi Yoongi, vous ne vous en rendez simplement pas encore compte. Et votre histoire d'amour a ouvert bien des choses dans mon cœur. » Jinyoung croisa ses mains dans son dos et soupira. « Je vais vous laisser à présent, je vais aller à ma chambre. Bonne nuit, associé. »
« Bonne nuit mon ami ».
Il m'offrit un sourire rayonnant avant de disparaître plus loin dans le palais. Pour ma part j'avais bien vitre retrouvé mes marques tandis que j'étais passé au-dessus du minuscule palais en sable des enfants. Puis, j'avais remonté une longue route qui me mena vers la rivière où je nettoyais les linges auparavant, et plus loin, Taehyung nettoyait les box des chevaux en sifflotant. Comme ce palefrenier au sourire carré m'avait manqué... j'avais accéléré le pas et rapidement j'avais donné une grande tape dans son dos frêle. Il se redressa immédiatement et me regarda d'un air étrange. Son nez était faiblement froncé tandis qu'il avait croisé les bras sur son torse. Immédiatement mon sourire retomba et il leva le nez d'un air courroucé.
« Ce n'est que maintenant que vous venez me voir ! Alors que vous êtes là depuis ce matin ! et vous vous dites mon ami ?! »
J'avais ris doucement avant de le serrer longuement dans mes bras. « Vos idioties m'avaient manqué, Terrible Taehyung. »
Il me serra en échange et je ne pus plus le retenir, il était lancé et c'était mis à réciter des milliers d'événements qui avaient touché le château en mon absence, passant par une tempête de neige, en allant jusqu'à une constipation de mon ancienne jument. D'ailleurs la demoiselle était toujours dans son box et lorsque je l'avais choyée et caressée, elle pardonna mon absence. Mais ce n'était pas là que je devais agir, je savais que je devais avant tout retrouver ma famille. Ainsi, plus tôt dans la soirée j'avais demandé à ce que l'on convoque mes sœurs et j'avais pu les rejoindre dans une petite salle non loin de leur dortoir. Dès mon entrée, la plus grande des deux se précipita vers moi et se jeta dans mes bras joyeusement.
« Le prince Kim avait alors raison ! vous n'êtes plus perdu ! »
« Non, je suis revenu du Japon, un grand pays, un peu comme le nôtre. »
La plus petite des filles me regarda en souriant. « Vous êtes Monsieur Min. »
Immédiatement sa grande sœur s'approcha d'elle et prit ses petites mains dans les siennes. « Tu ne te souviens surement pas de lui, mais en fait Yoongi, c'est notre grand frère. Quand tu étais toute petite, il a disparu dans un autre pays, et maintenant il est revenu. »
« On a un frère ? »
« Oui, maman t'a répété mille fois ça. »
Umin hocha de la tête et s'approcha de moi poliment. Elle se courba devant moi avant de me serrer dans ses minuscules petits bras. « Je suis heureuse de savoir que j'ai un grand frère ! »
Nous passâmes bien du temps à discuter et à rire. Je leur avais même laissé prendre tout ce qu'elles voulaient dans mon pochon de cuire, si bien que l'un se retrouva avec une pierre à encre toute neuve pour continuer à apprendre l'écriture, tandis que l'autre avait préféré prendre mes gâteaux enroulés dans un mouchoir de tissu. Et enfin, j'avais pu envisager d'aller voir le Prince, qui depuis le repas de midi, avait disparu pour préparer je ne savais quoi. J'avais alors longuement soupiré lorsqu'à nouveau j'avais posé mon pied dans la poussière du palais, le bas de mon hanbok râclant le sable et les minuscules pierres. Je ne savais guère que penser, ou simplement où aller pour le retrouver alors que je marchais au hasard entre les multiples bâtiments. Puis, enfin, j'arrivais au pied d'une grande tour de bois, dont les murs étaient tapissés de papier. À l'intérieur, une flamme encore vacillante illuminait ce ciel de printemps. Je me revoyais alors allongé sur ce voile de tulle, regardant avec tendresse mon amant qui traçait tout mon corps, qui le détaillait et le ramenait sur le papier encore plus beau que je ne l'aurai cru. C'était comme si d'ici je pouvais voir mon ombre onduler sur le papier, tout comme la sienne qui était courbée sur une table m'apparaissait à et instant. Je l'avais retrouvé, et c'est donc lentement que j'avais pénétré le grand bâtiment. Une fois arrivé face aux grandes marches de bois, je m'étais arrêté un instant pour l'entendre chantonner doucement. Sa voix grave flottait dans l'air, aussi légère qu'une plume, tandis que le bruit de ses pinceaux agités dans l'eau, cliquetant doucement, me parvenaient jusqu'ici. Je ne tenais plus d'attendre. Relevant les pans de mon hanbok j'avais grimpé les marches quatre à quatre avant d'ouvrir en grand la porte de l'atelier. Je vis immédiatement le prince se relever et refermer la porte dans mon dos. Celui-ci fut rapidement plaqué contre cette même porte de bois, tandis qu'une main posée sur mon menton, il prit en otage mes lèvres.
Son souffle était précipité, alors que le mien était encore plus. Ses doigts libres s'étaient noués autour de ma taille, me poussant fortement contre son corps. Dans ce baiser je sentais le poids de ses sentiments, de son corps, de sa force tandis que j'avais enroulé mes bras autour de son cou. Je n'osais croire que j'avais un jour quitté ses lèvres lorsque j'avais retrouvé ces mêmes sensations inchangées dans mon ventre, comme si tout avait été pareil. Mais pourtant, je sentais l'empressement dans notre étreinte, qui prouvait bien à quel point nous nous étions manqués. Ses lèvres s'étaient mises à picorer les miennes, tandis que j'avais caressé lentement sa nuque où quelques cheveux tombaient délicatement. Le baiser dura longtemps, comme si jamais nous ne voulions laisser partir cet instant. Mais c'est alors qu'avec douceur on entendit des petits coups à la porte. Nos corps durent alors se quitter et dans l'ouverture de la porte de bois sculpté apparu le petit garçon accompagné de sa nourrice.
« Oui, Hyunsu ? »
« Je viens te dire bonne nuit papa. »
Le prince s'occupa alors de câliner son enfant, de le choyer tandis que lentement j'avais redécouvert l'atelier. Il avait changé depuis mon départ, et les peintures de fleurs de cerisier avaient disparues pour laisser place à des peintures sombres, des choses si noires qui ne ressemblaient guère au Prince. Son cœur c'était donc tant assombrit lors de ma disparition ? tristement, j'avais regardé mon portrait qu'il avait gardé, il était neutre, et il ne l'avait pas fait alors que j'étais son model. J'avais donc compris qu'après mon départ il avait tracé mes traits à nouveau, comme pour ne pas les oublier. J'avais immédiatement essuyé mes yeux humides avant de voir une grande feuille de papier qui me rappela grandement quelque chose. Il s'agissait d'une chose que j'avais écrite il y a longtemps, un soir alors qu'il avait voulu partager sa passion avec moi. À cette époque je ne savais lire, mais à présent, j'avais été érudit. Je m'étais lentement approché et j'avais lu à voix basse.
« Une promesse, par Min Yoongi,
A jamais, je vous aimerais, jamais je ne vous quitterai...
Une promesse, Par Kim Namjoon
Je vous aimerais, protègerais, garderai et retrouverais toujours. »
J'entendis doucement les pas du Prince s'approcher tandis qu'il avait noué ses bras autour de mon corps pour l'amener contre son torse.
« Je vous avez dit, que nous avions écrit une promesse. Enfin... vous la lisez. »
J'avais tourné mon regard vers le sien et il m'offrit un sourire. « Vous aviez promis de toujours me retrouver, et me voilà... Mon prince, vous m'avez tant manqué... »
Il eut un sourire délicat et il passa sa main le long de mon torse pour le caresser. « Vous aussi... »
« Je vous aime, Mon Prince. »
« Moi aussi, Amour. »
* Hyunsu a pour signification Longévité :)
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