Chapitre 17
Pendant des jours je n'avais connu que la misère et la marche à pied dans des souliers abîmés, et j'avais évidemment cet affreux sentiment qui était celui d'être un moins que rien car je n'avais pas un sou en poche alors que je partais, ces vêtements n'étaient même pas à moi. Alors, entre mes parcours je me retrouvais à mendier un morceau de pain, à me mettre à genoux devant qui voudrait bien être clément envers moi, et chaque fois qu'une pièce de métal touchait la paume de ma main je me mettais à pleurer la situation, mon amour, mon désespoir et je comprenais enfin l'envie de mourir qu'avait ressentie la servante. A chaque pas je me disais qu'il valait mieux que je meure, que je disparaisse et que je mette fin à la souffrance de tous. Or, sans trouver d'autre raison que vouloir protéger le Prince de toutes dénonciations j'avais avancé jusqu'aux côtes. J'avais du longtemps longes les plages fouettées par le vent salé. Cela m'attristait de me dire que la première fois que je voyais l'océan était dans de telles conditions... il était si magnifique et si agité, il était si tentant... je m'étais approché de cette eau glacée, passant le mélange de sable et de neige avant de m'accroupir face au sable humide qui se faisait occasionnellement lécher par une vague glacée qui rapidement était repoussée. J'avais trempé juste un doigt dans l'étendue salée et un sourire me vint, j'avais touché la mer alors que mes parents s'étaient déjà résignés à ne jamais l'approcher... j'avais longuement soupiré et j'étais remonté, quittant ce sable pour retrouver la berge.
Ainsi, m'avançant toujours plus, la nuit arrivée j'avais atteint un village qui s'ouvrait sur un port. Je sais qu'ici je trouverai mon ticket de sortie du territoire. Je m'étais avancé entre les maison, mes mains dans mes poches. Je sentais les rares pièces entre mes doigts et à présent j'hésitais. Je n'avais pas mangé depuis déjà la veille, et il me fallait de quoi payer le bateau. Au coin d'une rue, j'avais sorti mes économies issues de ma mendicité. J'avais à peine de quoi m'acheter de quoi manger un peu... étais-ce assez pour le passage en bateau ? le ventre hurlant j'avais marché jusqu'au port où était accosté un bateau qui me semble immense et qui pourtant ne devait pas payer de mine pour un vrai matelot. A côté, se tenait un homme soufflant entre ses doigts pour les réchauffer. Honteux, et surement ayant l'allure d'un vagabond, je m'étais approché de cet homme. Il leva ses yeux vitreux vers moi et un sourire malsain fit frémir sa moustache.
« Besoin d'aide p'tit ? »
« C-Combien cela me coûterait-il de monter avec vous et pour que vous me déposer en terre étrangère ? »
Il eut un rire gras. « Plus que ce que tu puisses donner en liquide c'est certain. Mais si on s'arrange ensemble, crois-moi je te trouverais une super place confortable. »
J'avais durement déglutis alors qu'il avait d'une manières suggestive posé sa main sur la boucle de son pantalon sale. J'avais fait un pas en arrière immédiatement et il se redressa, suivant mon mouvement. Il n'en était pas question, jamais je n'allais m'abaisser à cela ! j'avais peur froid et faim, mais jamais je ne perdrais mon exclusivité à l'amour du Prince. Sans savoir où aller j'avais couru dans la direction opposée, mes cheveux sales venant tomber sur mon front. Je ne sentais qu'à peine le froid de la nuit tant la panique faisait chauffer mon front.
Les yeux fermés je courrais aussi vite que possible et je fus stoppé net dans ma course par un bras venant prendre le mien. Je m'étais débattu, et lorsque je vis la personne qui me tenais je me sentis défaillir. Un autre inconnu qui surement ne me demanderait pas mon avis cette fois. Mon souffle était court alors qu'il me regardait de dessous son chapeau tissé. Il avait l'allure d'un noble, ses yeux étaient des amandes parfaites, sa bouche était pulpeuse alors que sa peau rappelait celle du prince. Un grand noble je n'en doutais plus.
« Avez-vous besoin d'aide ? Quelqu'un vous importune ? »
Courbé jusqu'au plus bas pour me cacher j'avais répondu. « Non, ne vous faites aucun soucis pour moi, j'ai été pris d'une folie. »
Il me fit me redresser et je vis un large sourire sur ses lèvres. « Je suis Jung Jinyoung. Et vous êtes ? »
« M-Min Yoongi... »
« Eh bien, Cher Yoongi, que faites-vous dehors par un froid pareil ? »
« Je cherchais un bateau qui pourrait me faire quitter le pays. » soudainement il sembla se figer.
« Un fugitif ? »
Je secouais la tête. « La femme de mon maître m'a ordonné de disparaître et que jamais mon maître ne me retrouve. »
Il se tut longuement alors de se tourner vers un garde qui était derrière lui et assurait sa sécurité, il jaugea s'il était sur ses gardes pour qu'il discute avec moi avant de le congédier d'un geste lent. « Je vais traverser la mer dès demain matin à l'aube. Avez-vous une destination qui vous plairait ? »
« Non... je dois juste disparaître. » les larmes me montèrent soudainement aux yeux alors que le jeune homme m'avait tiré par la main et mené dans un restaurant où la chaleur vint fouetter mon visage. Il prit l'une des plus belles places, l'une des plus prisées car elle était dans une salle à part et me fit asseoir face à lui.
« J'ai déjà diné, mais il faut vous nourrir. »
« Seigneur, je ne mérite pas tant. »
Il soupira et un sourire large vint prendre sa bouche. « Cessez cette humilité, cela ne vous mènera pas outre-mer. Prenez juste ce qui vous ferait le plus plaisir. »
« U-Un bouillon rien de plus, Seigneur... »
Il se tourna vers la jeune femme qui attendait une commande. « Ramenez-nous plutôt un plat de nouilles dans une soupe chaude, avec de la viande... du poulet bouillit ! »
La jeune femme se courba et disparu non sans me regarder durement. « Merci à vous Seigneur... »
« Ne me remerciez pas, je fais cela par intuition, je sais que vous valez tout cela. »
« Je ne vaux rien, je suis un paysan à présent en exil. »
« Vous étiez forcément bien plus, je le ressens. »
Il se contenta d'un sourire et de sortir une étrange pièce de bois avec laquelle il se mis à jouer. Il la tourna en tous sens pendant que timidement j'avais dévoré le repas. Cela faisait plusieurs jours que je n'avais mangé que des morceaux rassis ou un peu d'orge, je savais que si cela continuait j'allais mourir de faim. Ce repas était une aubaine avant de me retrouver dans un pays où je ne parlais pas un mot, où je n'avais pas d'argent et où surement j'allais vivre en Hermite.
Mais, je pensais qu'il ne payait plus aucune attention à moi, or, lorsqu'à peine j'avais posé ma cuillère il se redressa et son regard vint à nouveau capturer le mien.
« Nous allons en terre Japonaise, nous avons un bateau non loin d'ici, avec des provisions, et de la place pour vous emmener. Il ne s'agit pas de mon bateau, mais d'un bateau marchant que j'ai décidé d'emprunter pour me déplacer, mais vous serez en ma compagnie, vous ne devez-vous faire aucun souci. »
« Je... je peux peut-être payer moi-même le voyage ? » Je lui avais tendu d'une main tremblante mes pauvres pièces de monnaie alors que je le vis rapidement observer mes mains abîmées. Il prit la monnaie et passa un fil ne leur centre pour les lier (à l'époque les pièces étaient pas des disques, elles étaient trouées) et ne pas les perdre. Enfin, il les reposa dans ma main.
« Non, cet argent vous en aurez bien besoin plus tard, une fortune commence toujours par un petit quelque chose. Gardez cela, ce n'est pas assez pour le voyage de toutes façons. Mais je suis là, pour me soucier de ce détail. Avez-vous encore faim ? »
J'avais rapidement secoué la tête et rangé les pièces dans ma poche, honteux de ne pas même pouvoir faire cela seul.
Enfin, il se leva. Il paya le repas pour moi et m'emmena à l'intérieur. Instantanément mon nez se glaça mais sans me plaindre j'avais suivi le jeune homme. Il traversa la nuit et c'est en chemin que son garde nous rejoignit. Il lui donna la charge de m'acheter un billet, il parti donc en avant, et lorsque nous fûmes face à l'immense bâtiment, il nous attendait avec un morceau de bois qui indiquait que je pouvais traverser. Je l'avais attrapé et à nouveau les larmes me vinrent. Cet homme devait être comme Le Prince, un ange qui tombait du ciel pour m'aider. Je m'étais courbé face à lui et reniflant j'avais osé parler.
« Jamais je n'aurai assez pour vous remercier, mais je me promets de tout vous donner dès que j'aurai... merci Seigneur... merci d'être si bon avec moi... »
Je sentis sa main se poser rapidement sur le haut de ma tête. « Ne te fais pas de soucis, montons juste sur ce bateau, ainsi tu auras déjà un endroit où dormir. »
Ne voulant pas le contredire après toute sa gentillesse j'étais monté dans le bateau, le suivait de près alors que j'analysais sa marche. Elle était si différente de celle de mon Prince, il avait l'air de se tenir bien plus droit et cela me semblait étrange, après tout il était moins bien qu'un fils de roi dans la hiérarchie. Mais, sa démarche était plus fluide, je dirais presque chaloupée, comme s'il n'était inquiété que par peu de chose et qu'il marchait là où le vent le menait. Mon prince était ainsi avant également, lorsqu'il me peignait, mais il avait tant changé...
Il me fit monter sur le pont du bateau et s'avança lentement vers la proue. Il regardait le ciel étoilé alors que je m'étais approche en tremblant. Je le sentis alors déposer son manteau par-dessus mes épaules et je sentis toute la chaleur prendre mon corps. Je savais que je ne devais pas l'accepter mais j'étais frigorifié. J'avais alors enfoncé mon nez sous la fourrure alors que je sentais cette douce odeur d'huile de sésame que ma mère m'avait donné une fois... mère... ma chère mère que je n'imaginais plus jamais revoir, comme Grand-mère. Les larmes ne purent être retenues cette fois et silencieusement elles roulèrent le long de mes joues abimées. Je savais que Jinyoung l'avait vu mais j'avais bien vu qu'il ne commenterait pas, il se contentait de me laisser mon moment alors qu'appuyé sur le bastingage il fixait l'eau d'encre ou le ciel constellé. Mon regard alors vint couvrir son profil et je me surpris à vouloir y voir Mon ancien amant, et un instant c'était comme si je l'avais retrouvé. J'avais revu son nez, se bouche, son sourire malicieux et ses yeux qui venaient vers moi tendrement. Or, ces yeux n'étaient pas à celui que j'aimais, et ils me regardaient d'un air bien plus réservé. Il n'était que gentil, rien de plus, et il n'était pas Mon Prince.
Je me détournais alors et je fixais face à moi. D'ici on ne voyait rien à par les plages de notre pays, mais bientôt je savais que j'allais en voir bien plus, avant de mourir comme un chien sur d'autres terres. Or, il n'était plus temps à de telles réflexions et mon sauveur nous mena à des couches pour dormir. Ainsi, à peine allongé contre le tissu rêche j'étais tombé de fatigue, le visage plus marqué que jamais.
A mon réveil j'avais été surpris de voir qu'un immense soleil filtré par les planches au-dessus de ma tête et que je semblais constamment balancé dans un rythme lent et régulier. Un étrange bruit de coup sonnait sur la coque, le bruit des vagues surement... nous étions parti. La couche de Jinyoung était vide il avait déjà dû se lever. Je m'étais alors dirigé vers l'extérieur et le soleil vint agresser mes yeux qui se plissèrent immédiatement. C'est alors qu'une main vint se poser sur mon épaule et un sourire radieux m'accueillit.
« Bonjour Jeune Yoongi ! Tu as vraiment bien et beaucoup dormi... Alors nous y voilà, ton aventure a commencé. »
Lentement je m'étais tourné et autour de nous nous n'y voyions plus que de l'eau, une eau à présent d'un bleu profond. J'avais rapidement regardé par-dessus le bastingage avant que je ne vois une larme solitaire se noyer dans cet océan.
« Adieu, Mon prince. A présent, vivez et devenez le papillon que vous méritez d'être... »
La suite pour bientôt je l'espère fortement, plein de bisous !
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