Chapitre 10

Bonjour! Je suis heureuse de revenir sur l'écriture. Je vais me lancer dans l'écriture (dès ce soir je pense) du tome II de la cité engloutie. woohoo xD allez bonne lecture 

Le lendemain, le réveil au sein de la chambre du Prince, fut d'un délice qui m'étais encore inconnu. Le vent frais, encore légèrement chaud, glissa sous les volets de papiers, pour venir lentement agiter les draps. Le soleil était venu lécher la pièce d'une couleur orangée, violacée presque, tachetée par l'ombre des arbres qui entouraient le palais. Le patchwork de couleur changea devant mes yeux, je n'avais pas envie de quitter ce lit qui sentait bon la lessive, le musc, et l'huile de sésame. Malheureusement, il me fallut bien sortir, m'extirper de force de cette chaleur apaisante, pour aller rejoindre la cuisine. Comme toujours j'avais suivi le protocole du petit déjeuner pour le Prince, et j'avais apporté le tout dans son atelier. A mon entrée, mon cœur se déchira, il s'était endormi sur le voile de tulle, sa tête brune appuyée sur son bras, alors que le vent venir légèrement glacer la pièce.

Dévoré, par le remord, j'avais alors glissé une couverture plus épaisse sur son corps, frictionnant légèrement ses épaules pour le réconforter. Il dormit longtemps ainsi, son souffle léger venant glisser le long de mes doigts lorsque je dégageais son visage de ses cheveux. Je ne souhaitais pas le réveiller, ou trop abuser de ton sommeil pour le toucher, mais c'était comme si mes doigts étaient systématiquement attirés par cette peau pâle, ces yeux fatigués, ce nez légèrement arrondi. Je ne pouvais plus qu'accepter cette attirance puissante qui ne faisait que croître en moi, et je ne pouvais plus ignorer que j'avais besoin d'être auprès du prince. Je savais qu'il était heureux à mes côtés, je l'étais aussi, mais je ne devais pas me méprendre, sa gentillesse n'était qu'amitié, politesse, et gentillesse. Il était rempli de bonté, et je ne pouvais le nier, il était magnifique avec tout le monde, pas seulement moi. La seule chose qui changeait, était que je passais ma journée à ses côtés, et que donc j'étais le premier à apprécier chacun de ses mots, de ses gestes, de sa douceur.

Alors que je soupirais, espérant que jamais plus je ne chercherai à tourner ses sentiments en ma faveur, il ouvrit lentement ses yeux. Il m'offrit un doux sourire, celui qui ferait fondre tous les cœurs sensibles, avant de s'asseoir sur le viole de tulle. Nous nous courbâmes donc en même temps, nous souhaitant une douce journée, avant qu'il n'aille prendre son petit déjeuner. Il mangea peu, la bonne moitié de son plateau fut renvoyé en cuisine, et je voyais bien qu'il semblait soucieux. C'était d'ailleurs bien la première fois qu'il me renvoyait pour pouvoir écrire et peindre. Peut-être avait-il déjà été lassé de mes courbes ? Peut-être que ma présence l'inspirait bien moins ? Cela était bien plausible. Je pris alors le chemin de la cour pour profiter des rayons chauds, et du vent frais. J'avais rejoint la bassecour, où caquetaient des dizaines de poulets en liberté, alors que Taehyung était debout dans une carrière, faisant trottiner le magnifique cheval noir du prince. J'avais voulu lui parler mais il semblait si occupé. Je m'étais donc juste accoudé à la barrière, les yeux perdus dans le vide, avant qu'une voix vieillie, un accent Japonais à en trancher les tympans, viennent perturber ma quiétude.

« Bonjour, jeune homme... »
Je m'étais tourné et courbé rapidement face à la nouvelle arrivante. « Bonjour, que vôtre journée soit agréable. »
« Merci, cher enfant. Je suis bien désolée pour vôtre Grand-mère, le Prince Kim m'a parlé de son décès. Il me dévaste également. »
« Elle m'a parlé de vous, mais bien superficiellement. »
« Notre histoire était un vrai secret. Notre secret. »
Elle pencha la tête en avant, faisant rouler les perles dans ses cheveux noirs, parsemés de rares cheveux blancs, avant de soupirer. « Le Prince pense que vous devriez savoir, je suis assez... réticente à cette idée. Mais il a su me convaincre. »
« Comment ? »
« Le Prince Kim manie bien les mots. »
elle rit lentement, et sa voix sembla moins chevrotante.
« C'est vrai, mais, qu'a-t-il dit ? »
« S'il juge que vous pouvez savoir, il vous le dira. Moi, je vais vous parler de la jeunesse de votre cher Grand-mère. Mais faisons cela en intérieur. »

J'avais accepté, à vrai dire, j'attendais son récit depuis déjà la veille, même si je devais avouer qu'imaginer ma Grand-mère jeune, me blessait, me faisait peur. Cela faisait un trop gros écart entre ce que j'avais connu avec elle, ce physique ratatiné qui la caractérisait, et le physique d'une jeune femme, les cheveux brun ébène, les yeux malicieux et la bouche encore croquante. J'avais peur. Malheureusement, j'avais suivi la vieille dame jusqu'au salon des invités, où avaient été déposés de quoi nous restaurer. Elle s'était assise face à la table et avait remercié les jeunes femmes qui déposaient encore quelques mets succulents. Pour ma part j'avais attendu qu'elle en m'invite à m'installer, et même à manger. J'avais donc attrapé mes baguettes, plus par politesse, et j'avais mangé très lentement, pour qu'elle ne se sente pas seule à le faire, mais surtout pour ne pas lui manquer de respect.

« Votre Grand-mère, était comme vous, un compagnon. Tout commence lorsque j'étais très jeune. Le roi de Corée avait perdu bien de l'autorité à l'époque, suite à de nombreux scandales familiaux. Mon père avait eu peur de cette insécurité, et avait décidé de quitter Séoul, pour aller au Sud su pays. Nous étions nobles, très nobles même, mon père était le fils d'un Prince, et donc par son statut nous avions bien des avantages dans la société. Enfin, cela ne concerne pas encore ta famille. Ce n'est qu'en arrivant dans une petite ville du Sud du pays, que nous avons décidé qu'il nous fallait des domestiques. Nous n'avions pas emmené avec nous ceux qui travaillaient pour nous dans la capitale, et donc mon père a organisé des rencontres, pour jauger qui pourrait bien prendre tel ou tel rôle. Nous avions rencontré tant de pauvres gens, et pourtant mon père était impitoyable, il n'offrait du travail qu'aux meilleurs. Et puis ta Grand-mère est venue. Elle était très jeune, frêle, mais pourtant très belle. Sa peau était de sucre, ses cheveux de charbon, ses yeux en amande et son nez si droit. Mon père la trouva bien à son goût, et son jeune âge ne semblait aucunement le gêner. Elle s'était présentée pour un rôle de lavandière, et il lui refusa d'abîmer ses magnifiques mains avec le savon, l'eau et les détergents. Il lui proposa donc un rôle de concubine, et je voyais dans son regard un air prédateur qui me donna pendant des années des haut-le-cœur. Mais, de toutes manières, elle refusa la proposition, elle n'avait certes pas d'argent, pas de moyens, ni de parents, mais elle avait toujours son intégrité, et elle refusait de la perdre. Mon père insista et insista, tellement qu'il commença à se mettre en colère face aux refus de la jeune femme. 'Tu n'es qu'une petite sotte', lui hurla-t-il alors qu'elle s'était mise à le supplier de la laisser retourner chez elle. Il refusa évidemment de la laisser partir, et l'amena dans notre cour. Ma mère connaissait le courroux de mon cher père, et elle n'osa se mettre en travers de son chemin, j'avais été la seule assez stupide pour le faire. Je m'étais donc placée en en travers du chemin de son fouet. Il me blessé alors à sa place. Cela sembla le calmer soudainement, voyant mon épaule brulée et sanguinolente. La jeune fille fut relâchée. Elle a fui sans un mot. Je fus soignée dans la minute, et au soir, je l'ai revue. Elle était venue sous mon volet, me remerciant. Dès lors, nous sommes devenues très bonnes amies, dès que possible je quittais ma maison pour la rejoindre dans les rues. Ma mère n'était pas dupe, elle travailla alors au corps mon père, et lui demanda de la prendre comme compagnon. Il ne voulait pas, il ne regrettait pas de l'avoir injustement punie, il refusait juste de revoir son visage déterminé, il savait qu'il voudrait la punir à nouveau. Mais il accepta, car cela me poussait à rester chez nous, loin des hommes, loin des problèmes. Elle coucha donc dans ma chambre, elle mangeait à mes côtés, et ce toute mon enfance. Lorsque mon adolescence se fit connaître, elle m'aida à m'assumer. Elle continua tout de même à vivre à mes côtés, à être à mes côtés pour la toilette, l'apprentissage, ou la couture. Mais... tout changea rapidement. Nos sentiments... étaient devenus plus fort qu'un lien amical, voire filial. Elle était entrée dans mon cœur, et chaque fois que je découvrais sa beauté lunaire, je tombais encore plus sous son charme. Je ne savais pas si ses sentiments étaient réciproques, mais elle me le fit comprendre, par un baiser volé une nuit. Les années suivantes, tout continua, elle m'aimait, je l'aimais, et même s'il s'agissait d'une relation malsaine aux yeux de tous, cela m'allait. Tout semblait être parfait, jusqu'à ce que mon père ne surprenne un de nos contacts physiques. Il me fit donc quitter le pays, me maria à un jeune prince japonais, et il nous fut interdit de nous contacter. Nous nous étions presque oubliés, et jamais je n'eu d'enfants, car je l'aimais encore. Je sais qu'elle t'a eu, après tout, une fille seule, sans travail, avec une réputation si malsaine, ne pouvait que chercher à se repentir dans un mariage. Elle a eu ton père, rien que lui, par arrangement avec son mari. De ce que je sais, il s'agissait d'un mariage qui leur était profitable, il aimait son amant, et elle avait son fils pour qu'on oublie les rumeurs. Apparemment, toutes ces histoires ne l'ont pas suivies jusqu'à la fin, tout comme ton grand-père. J'aurai voulu la revoir à présent, en fait je le voulais depuis la mort de mon père, mais j'avais peur qu'elle ne me rejette, que je ne sois plus assez belle, d'avoir vieillit. Mais à présent, je vais assister à son enterrement, j'ai tant tardé. »

Ma bouche n'arrivait plus à se refermer, alors que la vieille dame épongeait ses yeux dans un coin de son mouchoir de soie. Mon cœur tambourinait si fort alors que je cherchais à comprendre pourquoi le Prince désirait tant que je sache tout cela. Mon cœur me hurlait qu'il aimerait vivre la même idylle avec moi, mais ma raison me disait que le Prince voulait simplement que je sache tout sur elle. Après tout, il avait juste dit que je lui ressemblais, surement car j'étais rebelle comme elle, revêche et pourtant douce. Non, je ne savais pas. Je ne savais plus quoi penser. Et pourtant j'espérais tant. Je savais également qu'elle ne me dirait rien, qu'elle n'éclairerait pas ma chandelle. Alors j'étais à me demander, s'il voulait que comme Grand-Mère je confirme ses sentiments, avec un baiser. Mais comment les lui confirmer alors que je voulais qu'il confirme les miens ? Trop de poids venait de s'abattre sur mes épaules, et je me sentais m'affaisser sur mon coussin.

« Oh, vous avez commencé le déjeuner sans moi Madame Yôn... »
« Oh pardonnez-moi, Prince Kim »
« Ne vous faites pas de soucis. »

Son rire, sa voix, il était là. Il m'avait fallu plus d'une minute pour mettre bout à bout tous les mouvements et toutes les paroles qui s'en suivirent, comme si j'étais si ailleurs que même la présence du Prince me semblait flou. Et pourtant, il mangeait son riz, sa viande et son Kimchi, juste à mes côtés, son bras frôlant le mien, et son rire emplissant mes oreilles. J'avais alors tourné mon regard vers son profil, alors que ses muscles maxillaires se contractaient lentement. Je sentais soudain une pression sur mes tempes, une chaleur dans la poitrine, et ma gorge était sèche. Je ne savais plus quoi penser, alors qu'il semblait à l'aise et heureux. J'avais alors difficilement avalé ma salive, et réfléchissant aussi fort que possible j'avais prononcé une simple phrase.

« Attendez-vous une preuve ? »

Le prince cessa alors de mâcher et se tourna vers moi. La joue encore gonflée par la viande, il fit un léger sourire et avala sa bouchée. Il vint alors cacher ma mèche brune derrière mon oreille, la décollant de mon front collant de transpiration. Il reposa ensuite ses baguettes, et ses mains tombèrent sur ses genoux. Il se tourna vers moi, attrapa mes genoux et me fit tourner vers lui. Il semblait tenter de lire dans mon regard alors que je sentais mon souffle sortir à toute vitesse par ma bouche entrouverte, brûlée par le piment que j'avais ingéré quelques minutes auparavant. Sa pomme d'Adam glissa sous sa peau, ses lèvres s'ouvrirent, il allait parler. J'avais alors retenu mon souffle tandis qu'il semblait si amusé.

« Seulement si tu es capable d'en fournir une... sinon... je ne te forcerai aucunement la main. »

Je n'étais pas sûr de comprendre et un voile semblait tomber devant mes yeux. Je ne voulais pas d'un autre malaise, pas encore, pas maintenant c'était trop important, je jouais bien trop. Mes sentiments, en étais-je si sûr ? Oui ? Bien sûr que j'en étais sûr ! Alors quelle preuve ? la même que Grand-mère ? Un baiser ? N'étais-ce pas trop intime ? En plus devant cette vieille dame, j'étais sûr d'en être incapable ! pourtant le croquant de ses lèvres semblait évident. Et il attendait ! mon cœur semblait s'affoler et mes mains vinrent, tremblantes, se poser sur ses épaules. Je vis ses yeux se tourner vers elles, les regarder avec tendresse avant qu'il ne plonge son regard dans le mien. J'avais ensuite avancé mon tronc, le corps penché en avant, sur les genoux, et perché. J'attendais, j'étais incapable d'avancer plus, nous étions déjà séparés par seulement trente petits centimètres. Il se mit alors à rire et s'avança. Mon cœur se mis à s'emballer, et j'ignorais même le rire agaçant de la vieille dame. Tant pis si elle était là, il me touchait ses mains en effet s'étaient posés sur mes genoux, et il était auprès de moi. Je me sentais déjà défaillir, et lorsqu'il se pencha sur mon corps je senti mes yeux se voiler à nouveau. J'avais donc fermé les yeux pour me calmer et c'est alors que le souffle chaud du prince vint se déposer sur mon nez. Je sentis peu après la pulpe de ses lèvres s'y presser, alors que ses petits doigts étaient venus se poser sur mes joues. Il maintint ainsi mon visage dirigé vers le sien et ses lèvres semblèrent glisser peu à peu.

Soudain un faible souffle quitta mon nez tandis qu'une sensation chaude et humide s'était appliquée sur ma bouche. Je ne savais comment décrire cette sensation, mais c'était si doux, si agréable, et si incompréhensible que j'avais ouvert les yeux. Il était si proche, les yeux clos et ses lèvres contre les miennes. Je me sentais si à l'aise, le mouvement était si agréable. Malheureusement, il se recula et me fit un faible sourire. Il caressa du bout du pouce ma lèvre inférieure, et murmura.

« Finalement, c'es moi qui te donne encore une preuve. Déjeune... »

J'étais encore à moitié dans les nuages alors que j'avais repris le repas. Il avait toujours une main contre mon genou, alors que la vieille femme souriait d'un air compréhensif. Au moins, elle, elle semblait comprendre, là où j'étais juste empli de joie, de plaisir, et d'une hâte de pouvoir en discuter face à face avec lui. j'avais tant envie de savoir ce que j'étais à présent... non... ce que nous étions...


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top