Jayden,

Un silence pesant plane entre nous depuis que je lui ai raconté ma nuit de cauchemar qui avait foutu ma vie en l'air, car oui, cette nuit là a été l'élément déclencheur de tout, la fin d'une vie mais une nouvelle vie.

J'ai toujours dit que cette tranche de ma vie resterait enfoui en moi, la seule personne au courant de tout ça et cette femme qui m'a mis au monde et qui essaye de revenir hanter et retourner mon présent avant de repartir dans le passé, je le sais, c'est ce qu'elle a toujours fait même avant que Sany nous quitte. Elle a fait ça quand j'étais petit, à la naissance de mon frère, elle m'a laissé tomber comme un mal propre, limite renié, et quand Sany a été hospitalisé à l'âge de 4 ans pour une grosse déshydratation, la j'étais son petit Jayni chéri... Après cela, j'étais important à ses yeux quand mon frangin ne voulais plus lui parler, quand elle se disputait avec mon père ou même quand elle devait chourer de la bouffe en magasin. Ouais, j'étais là, Jayden à votre service quand vous le souhaitez. J'étais la roue de secours.

Sauf que le jour ou j'ai su que mon père l'a trompé avec une meuf de vingt piges, putain j'ai fais mon enfoiré et bon dieu pardonnez moi car j'ai péché mais j'ai adoré. Ce n'est pas un secret je n'ai jamais aimé ma mère et elle n'a rien fait pour arranger les choses entre nous non plus, alors moi aussi j'ai joué au con avec elle. J'ai attendu un soir après le boulot de mon père et je l'ai suivi à BMX jusqu'à cet hôtel. Je l'ai laissé rentré et un quart d'heure plus tard quand je savais que la situation était propice, je suis arrivé bien gentiment à l'accueil j'ai demandé à ce gentil bonhomme de m'indiquer la chambre de Monsieur MOORE. Pour bien appuyer sur le fait que c'était mon paternel, j'ai sorti ma carte d'identité et deux minutes plus tard j'étais au troisième étage devant la porte 307.

J'ai hésité sans mentir, un millième de seconde, puis je suis rentré sans frapper. Ils étaient en pleine partie de jambes en l'air torride et cette meuf jouissait si fort qu'ils ne m'ont même pas entendu. J'ai pris deux photos à l'aide de mon téléphone, et je me suis barré comme j'étais arrivé. Mon père n'a jamais su que les photos venaient de moi car je les avais fait développer et mis sous enveloppe dans la boîte aux lettres au nom de ma mère. Je vous laisse imaginer la scène lorsqu'elle l'a découverte. Bref, le week-end suivant, y quittait ma mère, et nous au passage. Plus aucun signe de vie. Pendant toutes ses années, il n'a jamais été présent pour nous, ni même lors de l'enterrement de Sany. Est-il au courant de sa mort ? Moi-même je ne saurais vous dire.

Tout ça pour en revenir au fait que je n'avais jamais raconté ça personne, dû moins, je n'ai jamais raconté la vérité. Alors que mon regard est toujours fixé sur le carrelage de la salle de bain, la main d'Aby glisse dans mon dos, et sa tête s'enfouit dans le creux de mon cou.

-« Tu es plus seul maintenant bébé, je suis là, avec toi. »

Putain, cette phrase je rêve de l'entendre depuis tellement longtemps qu'elle m'en fou des frissons. Jamais, non pas une seule fois dans ma foutue existence, je n'ai reçu de soutien moral, bien fait pour ma gueule, j'ai voulu jouer la taupe à tout garder pour moi, ça m'a bouffé. Pour reprendre un peu de contenance je me redresse et prend son visage en coupe entre mes mains.

-« Tu viens de m'appeler bébé, ou j'ai rêvé ? »

Sa peau si pâle, vire au rouge et je retrouve enfin le sourire, jusqu'à ce qu'une nouvelle fois elle vienne gâcher le moment. J'attrape mon téléphone qui vibre dans ma poche à cet instant et le jette de toutes mes forces contre le mur face a nous. Mon iPhone dernière génération repose maintenant au sol en mille morceaux.

-« Bon dieu Jayden ! Tu aurais pu l'éteindre ou...ou, je ne sais pas, mais le fracasser ! Tu es fou... »

-« Comme ça, elle ne pourra plus me casser les couilles. »

***

Deux semaines plus tard, ce n'est que pure bonheur aux cotés de Aby, câlins, bisous, tendresse et une complicité du tonnerre, aucun nuages à l'horizon, du moins je l'espère, je touche du bois, que notre relation continue d'avancer dans le bon sens. Côté passé, ma mère n'a pas refait surface non plus et je ne m'en porte pas plus mal. J'ai changé de numéro et me suis racheté un nouveau mobile. Je bosse encore plus dur pour me vider la tête, ce qui à permis à Flo de prendre quelques jours de congés bien mérité aussi.

Je gare ma Triumph en bas de l'immeuble et comme à chaque fois scrute l'obscurité, aucun signe. Je sors, et en rentrant dans l'immeuble, ferme le double verrou que j'ai fait installer la semaine dernière. Depuis ses appels insistants et répétitifs, je suis devenu complètement parano, comme l'impression d'être suivi à chaque fois que je mets un pied dehors. Quand j'arrive, mon petit elfe n'est pas encore arrivé, j'ai vu de la lumière au salon mais je ne m'y suis pas arrêté, trop crevé, puis je l'a retrouve d'ici quelques minutes. Je pose mes clefs, enlève mes godasses, et fonce direct à la salle de bain. Je fais couler l'eau le temps de me désaper, puis me cale sous le jet. La tête en arrière, je laisse l'eau glisser sur mon visage et comme chaque soir depuis ses derniers jours, je m'octroie un petit moment de plaisir intime.

Les moments avec Aby sont merveilleux mais chargés de tensions. Chacun de nos gestes, chacune de nos caresses, deviennent un peu plus poussés à chaque fois, plus chaudes, plus taquines... et putain, je sais que je lui ai dit que je ne voulais pas la brusquer et prendre mon temps avec elle, mais je suis chaud comme la braise. J'ai les couilles tendu, comme du maïs prêt à exploser dans son paquet de pop-corn, à chaque fois que je la vois si je ne me soulage pas un petit coup dans la journée, je vous jure que je pourrais faire dans mon froc. J'attrape ma queue, et commence mes va et vient d'abord lent, ouais, j'imagine ma petit blonde en face de moi, son sourire aux lèvres, en train de se mordiller le bout du doigt comme elle le fait si bien, puis, elle commence à se déshabiller pour finir en sous-vêtement devant moi, j'accélère la cadence. La tête reposée contre la paroi de douche, je suis en train d'arriver au point culminant, j'accélère encore, mes couilles claquant derrière mon rythme, l'eau y ajoutant une touche musical, et là, je sens que ça arrive...

-« Jayden ? Ça va ?! »

Le rideau de douche s'ouvre en même temps que mon éjaculation décide de se faire la malle. Aby.

-« OH MON DIEU !! s'écrit-elle. Je suis désolé, je... la porte était ouverte et je ne voulais pas, je... je pensais que tu te sentais pas bien quand je t'ai vu appuyé contre la paroi... je... te laisse terminer. » elle referme le rideau aussi sec, et s'en va.

J'ai pas l'air con putain ! D'habitude, je pense toujours à fermer la porte à clé quand je fais ça et comme par hasard le seul soir où je zappe, Aby, qui d'habitude frappe avant d'entrer, entre sans prévenir ! Merde, merde, merde ! Comme va-t-elle le prendre maintenant ? Je me savonne vite fait, et me rince avant de sortir. Les cheveux dégoulinants et la serviette autour de la taille, je la retrouve sur le canapé. Quand elle me voit, sa peau vire dans une telle teinte, qu'à elle seule, elle pourrait éclairer la pièce.

-« Aby... »

-« T'en fais pas, c'est pas grave, j'aurais dû frapper c'est de ma faute ! »

Je passe une main dans mes cheveux puis m'avance encore pour aller finalement m'asseoir à côté d'elle. Elle tressaute quand mon bras la frôle.

-« Chérie... je ne veux pas que tu crois que.. »

-« Jayden, tu pourras me dire ce que tu veux, mais je le sais très bien et je le vois aussi, tu en as envie, et je ne te cache pas que moi aussi mais... »

-« Tu ne me fais pas confiance ? » je demande.

-« Si, seulement avec toi, c'est particuliers et je veux que ça le reste... »

J'acquiesce. Je vois ou elle veut en venir, pour moi aussi ça l'est, c'est même hyper important pour moi, je veux que ça soit parfait.

-« Je vous promets Mademoiselle Jones, que notre première fois restera inscrit dans les annales. » je dépose un bisou sur le bout de son nez et file m'habiller histoire d'effacer ce malaise.

Lorsque je reviens, Aby est toujours assise sur le canapé en train de griffonner sur son calepin à dessin, je m'agenouille devant elle, déposant mes mains sur les siennes.

-« Ma puce, elle lève son regard vers moi, que dirais tu si on invitait Liam, Mike et Sacha pour dîner ce soir ? Il faut que je parle à Liam je n'ai pas était très correct la dernière fois, lorsque vous m'avez dit qu'il était.... »

-« Gay ! »

-« Oui.. »

-« Excellente idée chéri, je les appelle si tu veux. »

-« Oui, parfois j'ai de bonnes idées non ? Enfin ça m'arrive ! »

-« Jayden, depuis deux mois que tu as refait ton apparition dans ma vie, tu n'as que des bonnes idées ! »

Elle se lève m'offrant une caresse sur la joue puis elle va enfiler ses baskets, moi, je me dirige vers la cuisine et m'affaire à la préparation du repas, je jette un œil dans le frigo mais il n'y a plus grand chose, donc se sera rapide car ses morfales ne vont pas attendre qu'un bon petit plat mijote à 21h, un gratin de pâtes et en dessert un crumble aux pommes -un de mes desserts préférés-, se sera parfait.

-« Veux-tu un coup de main ? » Cri Aby du salon avant d'ouvrir la porte.

-« A vrai dire je voudrais éviter que tu ne fasses tout cramer... j'explose de rire à la vu de sa réaction, bouche grande ouverte et bras croisé sur sa poitrine, une tête de gosse à qui on refuse un jouet. Aller je te taquine vient par là ! »

-« Tu peux rêver Moore, j'ai changé d'avis je vais descendre voir les autres et en profiter pour leur dire de venir manger ! »

Elle sort de l'appart sans même me faire un bisou, madame est vexée, je me ferais pardonner ce soir... Quand elle remonte, seul Liam est avec elle.

-« Et les autres ? » je demande en m'avançant pour lui taper un check.

-« Oh ils arrivent d'ici un quart d'heure ! Sacha voulait absolument rentrer prendre un douche, son dernier rendez-vous était un type avec un furoncle énorme qui est venu se faire tatouer le dos, sauf que, quand Sacha à passée le dermo dessus, il lui à éclater à la poire ! Le furoncle ! Putain mec, je n'ai pas vu la scène mais je t'assure rien que de l'entendre hurler et me demander de lui jeter un seau de javel dans la tronche c'était juste hilarant ! »

A écouter Liam, j'en reste muet. C'est comme-ci rien ne s'était passée, aucun malaise, non, il délire comme à son habitude.

-« Et ça va mec ? » me demande t-il.

-« Je... Ouais, ouais ! Enfaîte non. Mec, je m'en veux pour l'autre soir tu sais, on a pas vraiment eu le temps de se voir ni d'en parler mais je rumine depuis... »

-« Je t'arrête laisse tomber Jay ! J'ai l'habitude tu sais de ses réactions alors je m'y fais, sauf que je suis toujours blessé au début, mais maintenant ça va ! »

-« Ouais sauf que je n'aurais pas du réagir comme ça.. »

-« Oooh allez mec, tu vas pas t'arrêter à ça ! Je suis ton premier pote gay, et alors ?! Le monde ne s'est pas arrêté de tourner ! »

-« C'est faux. »

-« De ? »

-« Mon frère était gay lui aussi... alors, j'aurais vraiment pas du réagir comme ça. »

-« Oh.. dit-il en fronçant les sourcils... il était... »

-« Dites les mecs j'vais à la douche en attendant les autres, ben... ça va ? On dirait que vous avez vu un mort ! »

Non ce n'est pas vraiment ça, mais on y est presque...

-« Noooon ! Jay essaie de s'excuser pour la dernière fois mais je lui ai dit que j'acceptais en l'échange d'une pipe ! »

Mon dieu que Liam est horrible, mais pour le coup, il a réussi à remonter le niveau d'ambiance, et à tous nous faire rire. Aby me frotte doucement avec un petit sourire, son sourire qui à chaque fois, me réchauffe, même quand mon monde semble froid, puis elle part se doucher.

-« Désolé pour la pipe... pouffe Liam, la gueule que tu as tiré c'était énorme ! Non, mais sérieusement.. dit-il en reprenant un peu de contenance, je pense que tu n'avais pas envie d'en parler, elle est courant ? Je secoue la tête. D'ac, alors ça reste entre nous. »

Je ne trouve pas de mot alors j'ouvre le frigo et lui propose une bière qu'il prend sans rien siffler, nous nous adossons au plan de travail et buvons notre première gorgée ensemble.

-« Il avait quel âge... quand il a su ? » me demande t-il.

-« Quinze ans, et j'en avais dix-sept. »

-« Vu ta réaction, je comprends que tu n'as pas du avoir la bonne réaction avec lui. »

-« J'ai complètement merdé tu veux dire. »

Il m'offre une tape dans le dos, et j'ose le regarder droit dans les yeux et à cet instant, je nous revois Sany et moi, dans ma chambre quand il me l'a annoncé. Voilà comment j'aurais du réagir, quel con, mais on ne peut effacer le passé, comme on ne peut revenir en arrière. J'apprécie, j'apprécie ce geste de Liam et le déteste en même temps car, c'est cet attitude là que j'aurais du avoir avec Sany, rester droit et fier à côté de lui, j'aurais du être son pilier, comme un vrai grand frère l'aurait fait.

Trois coups se font entendre à la porte et coupe Aby dans son élan qui venait de nous rejoindre.

-« Oh j'y vais ! » dit-elle en se retournant mais je la retiens.

-« Non laisse j'y vais, sert toi une bière ladie. »

Je lui dépose un baiser au passage et file à la porte.

-« Putain vous en avez mis du te... » je dis en ouvrant.

Je croyais avoir verrouillé en bas, mais quelqu'un à dû repasser par là, moi qui me sentais observé, ça n'a pas loupé.

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@ChouStiik et sandrineC24