Chapitre 9
Je suis épuisée et pourtant, dieu sait que nos emplois du temps sont loin d'être chargés. Nous avons deux cours par jour, ce qui est peu mais généralement le cours en question dure trois heures.
Au bout d'une semaine, mon rythme de lecture a été divisé par deux, ce qui était prévisible certes, mais néanmoins désagréable. Sora s'éloigne de jour en jour et Wren ne m'adresse même plus un regard. Le seul point positif dans ma vie en ce moment, c'est Karla. Je me suis même mise à espérer que le vampire auquel j'étais promise était en réalité une fille et que c'était elle. Je pense que ça aurait été la meilleure nouvelle de ma vie. Mais non, elle m'a donné son nom de famille et mes espoirs sont morts en une seconde.
— Enfin le week-end, j'en peux plus, se plaint Karla quand on passe les portes du réfectoire.
J'acquiesce, trop fatiguée pour parler. Comme d'habitude, depuis une semaine, la petite table à l'entrée est devenue notre QG et comme d'habitude, personne ne s'est habitué à cette alliance, avouons-le peu probable. Marianne a essayé de me pousser à bout plusieurs fois en me poussant volontairement mais je n'ai pas craqué, je sais qu'elle fait ça uniquement dans le but de m'attirer des ennuis. Leur table entière nous fusille du regard, sauf deux vampires, les toutous de Marianne comme j'aime les appeler.
— Je peux te poser une question Karla ?
Ayant la bouche pleine, elle brandi son pouce en l'air.
— Marianne est toujours accompagnée de ses deux sbires, c'est qui ?
— Oh non, attention ne dit pas ça. Comme ça on pourrait croire qu'ils sont sous Marianne mais je t'assure que tu n'as pas idée de la vérité.
Elle se remet à manger comme si elle ne m'avait pas teaser un truc important et croustillant de ragot.
— Karla ! je peste alors qu'elle s'excuse en prétextant avoir faim.
Menteuse.
— Ils se connaissent depuis le berceau, leurs familles sont très affluentes. Le garçon aux cheveux cendrés qui n'arrête pas de parler la bouche pleine, c'est Heron. Un séducteur hors pair.
C'est le garçon qui reluquait les fesses de la naïade, lors de l'intégration. Je m'en souviens, un vrai porc.
— Et le garçon plus calme, c'est Ciaran. Il ne participe jamais de trop près à nos fêtes, à nos esclandres et tout ce qui va avec. Il est à l'Institut parce qu'il n'a pas le choix mais ça s'arrête là. Tout le contraire de son meilleur ami, Heron, en quelques sortes.
— Je vois.
Je l'observe à la dérobée mais comme d'habitude, puisque ce n'est pas la première fois, il fronce des sourcils et lève son regard sur moi. Il me fixe, passablement comme si je l'ennuyais. Drôle de spécimen ce suceur de sang.
— Il a l'air encore plus froid que Marianne, je pouffe avant de me remettre à manger.
Si au départ, son regard me mettait mal à l'aise, je m'y suis habituée. Je l'ai encore surpris deux fois sur son balcon cette semaine et à chaque fois, c'est pareil. On se fixe et je m'enfuis.
— Qui ça ? Ciaran ? Tu m'étonnes... C'est lui qui a formaté Marianne à l'allure sans émotion. Pour être honnête, je ne l'ai encore jamais vu sourire, ni même faire un compliment.
— Tu déconnes ?
Je n'arrive pas à y croire et c'est comme si quelque chose d'invisible me défiait d'essayer. Non merci, je passe mon tour. Karla est la seule vampire que je peux supporter. Aucun vampire masculin ne me donne envie de me sociabiliser, encore moins quand on sait qu'on est promis à l'un d'entre eux.
Je pourrais d'ailleurs demander à Karla qui est le fils de Grayson Vixen mais non, d'une part parce que je ne suis pas prête à le savoir et aussi parce qu'il est hors de question de partager ce lourd secret. J'ai finalement pensé que Grayson Vixen n'avait pas prévenu son fils que sa promise serait Lily Blake puisqu'aucun vampire n'a essayé de communiquer avec moi, d'une quelconque manière et c'est très bien comme ça.
— Il y a une sortie de prévue dans le village demain, tu comptes y aller ?
— J'aurai bien aimé mais...
Karla émet un rire nasal tout sauf mignon.
— Laisse tomber, j'ai compris. Madame sera occupée à lire.
Ma fourchette m'en tombe des mains.
— Ne fait pas la choquée, je ne suis pas débile. Le premier jour qu'on s'est rencontrés, tu étais « perdue » et étonnement proche de notre bibliothèque. Et tu passes tes moments libres à lire comme si c'était la seule chose qui pouvait te nourrir. Les mots.
— Tu m'en veux ?
La vérité c'est qu'elle pourrait venir avec moi à la bibliothèque mais si c'est pour qu'elle me distrait, non merci.
— Bah non, pourquoi je t'en voudrais ? Chacun ses hobbies. Moi c'est de faire des cocktails de sang et toi de lire, ce n'est pas la fin du monde.
— Pardon ?
Karla se fige, consciente de son erreur.
— C'est donc pour ça que tu passes ta vie dans la chambre froide vampirique ? Tu fais des mélanges ? C'est légal ?
En une semaine, j'ai énormément progressé sur ma vision d'horreur du sang. Même si ça me dégoûte toujours, je n'ai plus de haut le cœur quand elle boit à côté de moi et c'est un réel progrès.
— Moins fort, Marianne va me tuer si elle apprend que je gâche du sang de cette manière.
— Ida aussi, je dis en enfonçant le pieu.
Karla me fusille du regard et je pense à Ida. Pour une raison que j'ignore, elle me fuit comme la peste depuis le début des cours. Quand j'ai appris qu'elle déléguait la balade dans le village à un de nos professeurs, j'ai perdu l'occasion d'en profiter et j'ai perdu l'envie d'y aller. La bibliothèque sera bien plus agréable que de voir des humains exercer du vaudou sur toi.
Nos différents cours m'ont appris que la plupart des humains restants sur le territoire Ere n'étaient pas des bénévoles, mais des gens qui veulent faire tomber le système, surtout auprès des vampires et de leur contrôle. Ils ont assassiné plusieurs vampires depuis la création de l'Institut malgré une haute surveillance.
— Et ce soir ?
— Quoi ?
— Tu fais quoi ce soir ?
— Rien, je pense que je vais rester dans ma chambre. Sora et Enid vont squatter la chambre des amies d'Enid.
Karla tique deux fois.
— Squatter ? C'est quelle langue ? De l'elfique ?
— C'est un terme utilisé par les jeunes humains à l'époque de l'ancien monde.
— D'où tu sais ça ?
— Peu importe...
Karla plisse des yeux, peu convaincue et lance un autre sujet tout aussi sensible.
— Et concernant Sora ? Cela ne te fait pas bizarre qu'elle t'a remplacé en une semaine ?
La question fait mal, j'entends des fragments de mon cœur se briser. Pas littéralement puisque je connais la réelle douleur ou surtout l'absence de douleur mais ça fait quand même mal.
— Désolée, je ne voulais pas te vexer, grimace la vampire à côté de moi en sirotant son jus épais.
— Non non, aucun souci. Sora est heureuse, elle flirte, découvre les autres créatures, elle fait tout ce qu'elle a toujours rêvé de faire quand on était « coincés » à Magus. Si elle pouvait rester à l'Institut toute sa vie, elle le ferait sans hésiter.
— Ouais mais toutes ses choses, elle voulait les faire avec toi non ?
— Oui, peut-être... je n'en sais rien finalement. Elle me dit bonjour le matin, me complimente sur ma tenue puis disparaît et j'ai le droit à un bonne nuit même quand elle pense que je dors. Sora reste ma meilleure amie mais je pense qu'elle a besoin de vivre ses choses sans que l'étouffe.
Karla s'étouffe presque.
— Ne crois pas que tu étouffes les autres Lily, au contraire. Je trouve que tu leurs laisse beaucoup d'espace et de liberté. La preuve, quand je rentre dans notre aile le soir, j'ai toujours des piques comme quoi je suis une abomination de trainer avec une sorcière. Que je devrais avoir honte. Alors qu'au final, c'est eux qui m'étouffent à vouloir choisir qui je dois fréquenter. Toi, tu me laisses choisir.
Depuis que je suis arrivée à l'Institut, Karla est vraiment la meilleure chose qui me soit arrivée. Parfois, j'ai envie de me frapper quand j'espère qu'elle est une autre créature qu'un vampire, alors qu'au contraire, elle m'aide à voir au-delà de leurs stéréotypes. Karla est plus humaine que n'importe qui réunit ici.
— Sora ne sait pas ce qu'elle perd. Tu es la sorcière la plus cool, Raoul.
— Moins fort, je la tanne alors qu'elle ressort les expressions humaines que j'apprends depuis toute petite.
Karla ne m'a pas non plus jugée quand je lui ai parlé de mon obsession pour les humains. Elle a légèrement paniqué mais elle m'a écoutée et elle a finalement trouvé ça cool.
— Il y a une fête ce soir, lance Karla de but en blanc.
— Pourquoi tu chuchotes ?
Elle me pointe du doigt Ludovik, notre professeur d'Histoire des Six Royaumes. Un lycan avec un balai dans le cul qui pense m'en apprendre plus que je n'en sais déjà. Il est si strict qu'il a refusé à un vampire de se nourrir en cours hier. Le vampire a essayé de l'attaquer, mort de faim. Être bête à failli le tuer.
Il nous guette comme si nous allions faire une bataille de nourriture dans le réfectoire.
— C'est une fête mixte. La première de l'histoire, genre, littéralement. Tout le monde est invité, je pense même que Enid et Sora t'ont menti pour y aller aussi.
— Mais Ida va le savoir, elle ne loupe jamais rien de ce qui se passe chez elle.
— Justement, tout est prévu. J'ai beau détester Abigail, elle a réorganisé un ancien appartement lycan prévu pour les pleines lunes, insonorisée. Elle peut se montrer intelligente parfois.
Je glousse. L'épisode Abigail Nightingale, n'est apparemment toujours pas digéré. Cependant, elle a raison. Abigail a fait fort sur le coup. En espérant simplement que l'appartement soit assez grand pour accueillir tous les invités.
— A vrai dire, tout le monde n'est pas invité, continue Karla comme si elle avait lu dans mes pensées.
— Développe, je dis simplement en plissant le nez.
— En l'occurrence, tu n'es pas la bienvenue. Mais, vu que je suis invitée pour je ne sais quelle raison, j'ai le droit à un +1 et ils sont vraiment bêtes s'ils pensaient que je ne te choisirai pas toi, débite la vampire d'une traite.
Je suis contre. Je vais dire non. « Tu n'es pas la bienvenue ». « Ne te laisse pas faire Karla ». « Ne les laisse pas prendre le pouvoir sur toi ». Comme ma mère dit si bien « Fait ce que je dis, pas ce que je fais. Apprends à appliquer tes propres conseils sur toi ma chérie ».
— Je savais que tu dirais non, sinon je peux venir en douce dans votre chambre et on traine à se raconter des potins ? soupire Karla.
Elle me propose une solution de repli qui n'inclut pas la solitude et ça me gonfle de bonheur mais je vais prendre sur moi et participer à la première soirée mixte de tous les temps.
— C'est d'accord, je dis simplement.
— Ok, tu préfères que je prenne mon pyjama rouge ou le noir ?
— Pour la soirée ? Je t'aurai conseillé une robe personnellement.
Silence. Elle cligne des yeux plusieurs fois, notons-le, très exagérément.
— Tu as dit quoi là ?
— C'est oui pour la soirée.
Elle essaie de contenir sa joie pour éviter d'attirer les foudres des autres mais elle me fait quand même un câlin, par surprise. Si on m'avait dit il y a quelques semaines, qu'une vampire me ferait un câlin, jamais je n'y aurai cru.
— Lâche-moi, je vais croire que tu es amoureuse, je me moque en la serrant quand même dans mes bras.
Quand je réouvre les yeux, trois paires d'yeux nous fixe étrangement. Heron, Marianne et Ciaran. Je les ignore alors que Karla montre les crocs. Quelle idiote.
*
Karla avait raison, lorsque Sora et Enid sortent de la chambre en vitesse, je suis sûre d'une chose c'est que leur soirée ne ressemblera jamais à une pyjama party. Enid porte une robe bleu électrique et elle a obligé Sora à s'habiller de la même façon. Ma meilleure amie, ou du moins juste mon amie maintenant, n'était pas d'accord. Enid lui a simplement dit qu'elle pouvait rester avec moi ce soir sinon. Quel chantage ridicule. Le pire c'est quand Sora s'est empressée de ne pas vouloir en prétextant que ça serait ennuyant. Depuis quand me trouve-t-elle ennuyante ?
— Bonne nuit Lily, dit simplement Sora en suivant Enid dehors comme si elle ne m'avait pas brisé le cœur avec sa vacherie.
Une fois sorties, je sors de mon lit et ajuste la robe que j'ai enfilé en cachette. Une robe portefeuille banche, toute simple qui m'arrive aux mollets. Une tenue qui n'attirera pas l'attention.
Quelqu'un frappe à la porte, je détache mon chignon mal fait et passe une main dans mes cheveux en bataille avant d'ouvrir à Karla. La vampire porte une robe rouge sang plutôt moulante mais totalement correcte. Elle a plaqué ses cheveux blonds sur son crâne et gesticule comme si elle allait commettre un meurtre.
— T'en as mis du temps à ouvrir, gronde mon amie en me tirant par le bras.
Heureusement que j'ai enfilé des chaussures, elle m'aurait embarqué pieds nus s'il le fallait. Karla est nerveuse, je le sens jusque dans ma moelle épinière.
— Tout va bien ?
— Ouais... C'est juste qu'Ida doit se méfier de quelque chose puisque les professeurs font des tours de gardes dans les couloirs, si on se fait coincer, on est mortes.
On augmente la cadence et c'est presque un miracle quand on se retrouve devant la porte de la soirée. Je suis surprise de constater que ça fonctionne vraiment, on n'entend même pas une mouche voler. Karla se redresse sur ses pieds et frappe cinq coups.
La porte s'ouvre à la volée et on se dépêche de rentrer pour étouffer au maximum le bruit de la fête. Une peur panique me prend à la gorge quand je découvre le genre de fête. Une musique tout sauf magique résonne dans mes oreilles, et je vois un vestige de l'ancien monde, une sorte de radio si mes souvenirs sont bons. Ça appartient aux humains. J'espère que personne ne l'a volé.
Mon vieux cliché sur les vampires n'était pas si infondé. Je constate des corps emmêlés très peu vêtues, qui se mordent par plaisir.
— Cette soirée doit rester secrète, si Ida apprend que des élèves se sont mordus entre eux, on se fera tous bannir des six royaumes, hurle Karla dans mon oreille.
Mon sang se fige et ma première pensée fuse dans mon esprit. Je ne veux pas me faire mordre.
— Détends-toi, personne ne va te mordre si tu n'es pas consentante.
Je hoche la tête et me fais bousculer par les corps dénudés qui dansent en rythme avec la musique. La chaleur est insoutenable, si j'avais su, j'aurais enfilé une robe avec un tissus moins épais. Je préviens Karla que je vais chercher à boire, si je trouve un endroit pour. Je m'excuse auprès des gens que je pousse mais personne ne se soucie de moi.
Je trouve enfin un endroit moins bondé et découvre un énorme saladier rempli d'un liquide étrange et bleu. C'est quoi cette chose ?
— De l'hydromel, sorcière ?
La voix pateuse d'un fae arrive jusqu'à mes oreilles et je hoche la tête. Négativement. Je veux juste de l'eau.
— Y'a que de l'hydromel ce soir, ça serait dommage de mourir de soif ?
Le garçon aux cheveux argentés n'est même pas capable de tenir debout, l'hydromel est une potion enivrante. Si les faes sont sensé mieux le gérer, je n'imagine pas une pauvre sorcière de mon gabarit.
A contrecœur, je prends une louche du liquide étrange pour le mettre dans un gobelet, si je n'aime pas, je le donnerai à Karla. Je sens alors une présence dans mon dos, et mes sens se mettent en alerte.
— Qu'est-ce que tu fous ici toi ?
Je reconnais cette voix, une voix féminine et grave à la fois. Marianne se crispe à ma vue.
— Je vais tuer Karla, je l'avais interdit de te ramener ici. Les gens comme toi ne sont pas les bienvenus, crache -t-elle en se rapprochant dangereusement de moi.
Une réplique bien pimentée traverse mon esprit mais je me ravise en découvrant ses canines sorties. Je recule d'un pas, apeurée.
— Dégage avant que je ne t'arrache la carotide.
Je pourrais me défendre si j'avais accès à ma magie mais je n'ai pas encore vingt-cinq ans. J'utilise ma seule défense, mes jambes et prend la fuite. Arrivée devant la porte pour sortir, je reprends mon souffle. Le gobelet d'hydromel est encore dans ma main et ne s'est renversé qu'à moitié. Foutu pour foutu, j'avale d'une traite le liquide et la sensation de chaud me détend presque immédiatement. En quelques secondes à peine, j'oublie pourquoi je veux partir.
Au diable Marianne, au diable les suceurs de sang, je suis ici de droit. Surtout quand je repère enfin Sora dansant avec le lycan au loin. Elle a l'air complètement enivrée d'hydromel et finalement qui ne l'est pas ?
Je décide de me faire petite et d'aller explorer les lieux tout en reprenant un verre d'hydromel, le monde est concentré dans la pièce principale alors autant trouver un peu de calme. C'est alors qu'en longeant un couloir étroit je tombe sur l'ancienne chambre du lycan qui devait habiter ici et le spectacle me cloue sur place. Je n'ai jamais vu une scène aussi érotique et déroutante que celle-ci. Un vampire est entouré de quatre femmes nues, je le vois de dos, celui-ci plante doucereusement les crocs dans l'épaule d'une naïade qui semble gémir de plaisir, une autre naïade lèche sans gêne le corps musclé du vampire et les deux autres filles que je ne connais pas s'embrassent en se frottant au suceur de sang. Je déglutie, partagée entre l'envie de prendre mes jambes à mon coup et les rejoindre. L'hydromel me donne très chaud d'un coup et je presse mes cuisses entre elles dans un excès de chaleur.
C'est alors que la naïade mordue pousse le torse du vampire pour s'asseoir sur ses hanches. Dieu merci je n'ai pas de visu sur ses parties génitales. La naïade se frotte vulgairement contre lui, qui les yeux fermés et la mâchoire ensanglantée, soupire de plaisir. Ciaran. Merde, j'aurai plutôt imaginé Heron à sa place.
Personne ne semble me remarquer, tapis dans l'ombre et je me sens encore plus nulle de les épier comme une perverse. Il faut que j'arrête de fixer Ciaran comme ça. Au moment où je veux m'éclipser pour éviter de me faire prendre la main dans le sac, je remarque quelque chose d'étrange, la main droite du vampire est vêtue d'un gant noir. A vrai dire, en y repensant, il n'a jamais quitté son gant.
Pourtant, il me semble que les vampires sont dénués de défauts. Aucune cicatrice, ride ou autres petites démarcations de la vie alors que cache-t-il sous son gant ?
Un gémissement attire mon attention et je sursaute en remarquant Ciaran, les yeux ouverts. Il me regarde, me fixe plutôt et je suis à peu près certaine d'avoir arrêté de respirer. Je n'avais même pas vu que la naïade s'était baissée jusqu'à son entrejambe. Oh bordel de merde, je suis tellement novice en la matière que je rougis aussitôt. La naïade fait disparaître l'entrejambe de Ciaran dans sa bouche tandis qu'il gémit en me regardant moi. Je vais défaillir. Je recule d'un pas puis d'un autre et je fini par disparaître non sans entendre le cri jouissif ultime du vampire. De l'hydromel et vite, j'ai besoin d'oublier ça de suite.
De retour dans la pièce bondée, je me jette sur le premier hydromel que je trouve et je bois cul sec. C'est si doux et chaud et sucré, et... Ciaran hante toujours mes pensées.
— Tu es suicidaire ?
Voilà que Marianne à toute mon attention. Certaines créatures se retournent vers nous, le visage curieux. Marianne me pousse violemment contre le mur le plus proche et son haleine vient amèrement caresser mon visage. Elle est trop proche. Des flammes dansent dans ses yeux et je peine à soutenir son regard.
— C'est toi qui as un problème avec moi, pas l'inverse, je crache en la poussant à mon tour.
L'hydromel doit beaucoup y jouer pour que je sois téméraire. Cette fois-ci les autres arrêtent de danser, elle ne va quand même pas me frapper ?
— Oui j'ai un problème avec toi Blake, tu es qu'une garce, tu te crois différente ? Oui tu l'es parce que même ton propre peuple ne veut pas de toi.
Marianne appuie là où ça fait mal, ma gorge se serre et l'hydromel quitte mes veines en moins d'une seconde. Je ne réfléchis pas, je la gifle. Elle n'a aucun droit de me parler de cette façon.
La musique s'arrête alors et des murmures font échos au bourdonnement dans mes oreilles. La joue de Marianne habituellement pâle comme la mort est d'un rouge vif. Je n'ai pas lésiné sur ma force, elle est sonnée.
— Tu m'as giflé, grommelle la vampire en serrant les poings.
— Tu as été odieuse, je réponds simplement, la voix tremblante.
Contrairement à ce que j'aurai pu croire, elle ne me rend pas l'appareil, elle est d'un calme olympique.
— C'est la vérité Blake. Tu n'es qu'un agneau qui a perdu son troupeau. Ne t'égare pas trop où ton histoire risque de mal finir. Reste dans le rang, protège tes arrières parce que la prochaine fois que je te trouve seule, tu le regretteras.
Je frissonne. Elle a murmuré la menace si faiblement que je doute que quelqu'un d'autre ai entendu. Je hoche la tête, consciente qu'elle ne plaisante pas et quitte les lieux. En arrivant à la porte principale, je tente un dernier coup d'œil par-dessus mon épaule et mon regard accroche celui de Ciaran, habillé d'un chemise loose et d'un pantalon cette fois. Il a les bras croisés et semble simplement ennuyé par ma présence, encore. A croire que ce type n'éprouve vraiment aucune émotion. Marianne le rejoins et souffle quelque chose à son oreille. C'est léger mais je vois son corps se tendre puis pour la première fois, c'est lui qui fuit mon regard.
Je rêverai d'être une petite souris et de savoir ce qu'elle lui a dit...
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