Chapitre 2

Huit mois plus tard - Territoire Magus


Je n'arrive toujours à croire que dans moins de deux semaines, je m'installerai à l'Institut avec Sora et Wren. C'est un nouveau tournant dans ma vie et je ne peux qu'être contente mais j'appréhende quand même la suite des événements. Ma mère m'a toujours conseillé de suivre mon instinct et celui-ci est troublé sans aucune raison valable.

Je relève les yeux sur le paysage où je suis. Depuis nos douze ans, le saule pleureur est notre repère à Sora et moi. Celui-ci n'est pas doté de magie comme ceux présents en territoire Arnad. Arnad est le territoire des Faes, voisins du nôtre. Je me souviens encore de ce jour où mon père est rentré d'un déplacement en Arnad, il m'a partagé l'un de ses souvenirs et j'ai été émerveillée en découvrant que les saules pleureur des Faes étaient d'un violet bleuté. Je n'avais jamais vu quelque chose d'aussi  beau et le lendemain, lorsque je me suis rendu au mien, sa couleur verte me paraissait fade et sans vie. Ce jour-là, je me suis promis qu'à mes vingt cinq ans, lorsque je recevrai mes dons, je changerai la couleur de notre saule pleureur en quelque chose de majestueux. 

— Parfois, je me demande pourquoi on est amies Lily, rumine une voix lointaine que je connais bien.

Je sors de mes pensées et découvre mon amie, assise dans l'herbe devant moi. Celle-ci n'est visiblement pas dans un bon jour. La couleur habituellement rosie de ses joues tire sur un blanc laiteux. 

— Sora, je dis simplement comme pour la saluer.

Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis et ce, depuis toujours. Je préfère la lecture et le calme aux fêtes des sorciers et à leurs lubies. Parfois, je doute d'être une sorcière pure sang mais je ne doute jamais longtemps.

— Je trouve ça dingue que tu as toujours la tête dans les nuages ma pauvre Lily, je t'ai quand même saluer deux fois avant que tu ne réagisses, me taquine mon amie.

Je lui souris sincèrement. Sora est le genre d'amie que je n'aurai jamais espéré avoir. Elle est célèbre ici à Magus de part sa bienveillance, sa générosité et surtout grâce à sa lumière. J'ai toujours été persuadée qu'elle pourrait éclairer une pièce sombre juste à l'aide de son sourire. En tout cas, cette fille éclaire mon coeur de milles feus.

— Où est Wren ? demande-t-elle en regardant par dessus son épaule et en fouettant mon visage de ses long cheveux oranges. 

Je grimace et frotte mon visage avant de hausser les épaules.

— Aucune idée, je ne l'ai pas vu depuis trois jours. Je suis sûre que sa mère est stressée par notre départ proche.

Sora rit.

— Tu as raison. Elle a dû l'obliger à refaire sa valise trois ou quatre fois facile. Sa mère est tellement maternelle, je trouve ça étrange qu'elle ne l'ai pas obligé à rester à Magus. 

Je hoche la tête. 

— Si la première année à l'Institut n'était pas obligatoire, il n'aurait jamais quitté le territoire, ça c'est certain, je confirme en essayant de ne pas rire.

Si Sora était plus que ravie d'aller à l'Institut, Wren lui était très attaché à sa famille et partir un an étudier alors que ce n'était pas son fort, le rendait malade. Malheureusement, personne n'échappe à l'Institut. Lorsque la puissance Humaine régnait encore sur Terre, ils avaient une sorte de journée obligatoire pour apprendre à se battre et à défendre leur territoire, anciennement appelés pays ou continent je ne sais plus. Celle-ci était obligatoire à leur seize ans je crois. Pour nous, cette année à l'Institut est un peu la même chose. Ils nous envoyait sur le territoire Ere, dépourvu de quoique ce soit en dehors de l'Institut. Une terre remplie de forêts à perte de vue ainsi que d'un bâtiment tellement grand que toutes les créatures pourraient y vivre. 

Lors de nos vingt trois ans, nous étions envoyés là-bas pour un an. La seconde année étant facultative. Seul ceux qui aspirent à de grandes choses restent la deuxième année. La plupart d'entre nous rentrant à la maison pour profiter de notre dernière année en compagnie de nos parents. A nos vingt cinq ans, nous sommes affectés dans une nouvelle maison avec notre promis. Celui-ci est déterminé à nos vingt ans mais beaucoup d'entre nous connaissons notre promis avant l'heure. 

L'année de nos vingt cinq ans est riche en émotions. Elle marque le début de notre nouvelle vie. C'est également l'année où nous recevons nos dons, notre magie. L'essence même de notre nature.

— Tiens tiens, en parlant de notre fils à maman préféré... lance Sora en regardant au loin.

Je regarde dans sa direction et sourit de toutes mes dents. Wren est toujours plus beau. Ses cheveux mouillés retombent naturellement sur son front et son air décontracté est plus sexy que  jamais. Il avance d'un pas déterminé dans notre direction. 

— Mesdemoiselles, nous salue mon meilleur ami mais aussi promis en restant debout. 

Sora le salut en retour alors que je suis incapable de faire autre chose que de glousser. Sora se moque de moi et incite Wren à s'asseoir. Celui-ci se colle presque à moi, je peux sentir la chaleur de sa peau à travers mes vêtements. 

— Confirme nous ta version. Est-ce que ta môman t'as fait refaire ta valise un million de fois ? je demande en souriant de toutes mes dents.

Wren entoure ses genoux de ses bras en souriant doucement.

— Si vous saviez... Elle ne m'a pas lâché. Cela me brise le coeur de la voir dans cet état. Elle n'a que moi et je m'en vais un an. Je ne sais pas comment elle va survivre sans moi. 

Mon sourire s'évanoui légèrement. Je ne sais pas qui va le plus mal vivre cette séparation. Sa mère est forte, beaucoup plus que ne veux l'admettre Wren. Il a juste peur de ne pas servir à grand chose. 

— Un an, ça passe très vite Wren. Tout ira bien. 

Je pose ma main sur son épaule et il hoche la tête avant de poser son regard sur mon poignet. Il pâlit légèrement et sentant la gêne monter en moi, je retire rapidement ma main tout en tirant sur ma manche pour qu'on ne puisse pas voir ma cicatrice. 

Huit mois. Huit mois que j'ai cette marque et qu'elle ne part toujours pas. Je n'ai jamais réussi à me souvenir, ce même en étant envoyé chez une puissante sorcière de la mémoire. Je me souviendrai toujours de son regard noir sur moi. Lorsqu'elle a touché la marque, ses yeux se sont révulsés et elle m'a pointé du doigt en reculant. 

Ne reviens jamais ici. La mort te cernes Lily Blake, elle ta même touchée.

La vieille sorcière a marqué une pause avant de me regarder d'un air plus désolé que méchant.

La mort revient toujours récupérer ce qui lui revient de droit. Reste sur tes gardes jeune fille. 

Ce jour-là, je n'ai jamais autant pleuré. Ma mère elle, a froncé les sourcils pendant tout le trajet du retour. Cela fait également huit mois qu'on a un couvre-feu. Apparemment, une autre créature qu'un sorcier est entrée à Magus sans autorisation avec l'aide d'un charme volé à un Fae. 

Ma mère était persuadé qu'il y avait un lien seulement je ne me souvenais de rien et je n'étais pas morte. Elle a fini par enterrer cette possibilité. Huit mois se sont écoulés et la mort n'est jamais revenu me chercher comme l'avait dit la vieille folle. De plus, elle a perdu son statut de sorcière de la mémoire suite à des troubles. Cette sorcière n'avait plus l'âge de travailler et mes parents ont été rassurés de savoir que ses mots n'avaient plus d'importance.

Alors pourquoi continuaient-ils de tourner dans ma tête comme un avertissement ?

— Pour être honnête, j'appréhende un peu de revoir ma soeur, grimace Sora.

Les sorciers ne sont pas autorisés à avoir plusieurs enfants. Sora était une surprise. Ils avaient déjà une fille, Roma d'un an de plus que ma meilleure amie. Lorsque ça s'est su, les parents de Sora ont été convoqués au bas conseil. Le bas conseil est propre à chaque territoire. Ils ont ordonnés l'exécution de Sora mais décidés à ne pas abandonner, ses parents ont contactés le Haut Conseil, a.k.a Le Conseil afin de plaider leur cause. 

Jacinth Silverthorn, la représente de notre territoire et plus grande sorcière de la Terre est venue en personne à Magus. Les représentants ne se déplacent jamais. C'était apparemment un véritable honneur. Elle a personnellement annulé l'exécution de Sora alors que celle-ci n'était qu'un bébé. C'était si exceptionnel que même aujourd'hui, les gens continuent d'en parler.

La loi de l'enfant unique vise à ce que les dons ne soient pas défectueux. En mettant au monde un enfant sorcier, les parents donnent de leur magie et afin que rien ne soit altéré, le Conseil l'a décidé pour toutes les créatures vivantes. 

Sora est la seule exception en vingt ans, c'est d'ailleurs peut-être pour ça qu'elle est aussi aimée.

— Je suis sur qu'elle sera ravie de te revoir. Tu es sa soeur Sora, je lui intime gentiment.

Roma et Sora ne sont pas tellement proche. Sora a fait beaucoup d'ombre à Roma durant notre enfance. Sora était vue comme une bénédiction alors que Roma elle était vue comme le brouillon qui a servi à créer mon amie. Lorsque Roma, l'année dernière, à rejoint l'Institut, Sora était beaucoup plus calme et moins angoissée. Je n'imagine pas son état sachant qu'elle va la revoir dans moins de deux semaines. 

— D'ailleurs, je trouve ça super qu'elle continue en deuxième année. Elle est tellement ambitieuse, se réjouit mon promis.

J'ai toujours été un peu jalouse de comment Wren parlait de Roma. Il admirait la soeur de Sora depuis qu'on était gosse, avant même d'être amis avec elle. 

Sora grimace, visiblement mal à l'aise.

— Roma se battrait pour Magus si c'était nécéssaire. Elle va approfondir ses connaissances dans la protection de notre territoire et de notre voile. Maman m'a dit qu'elles s'étaient parlés il y a quelques mois et apparemment Roma était dans tout ses états en apprenant qu'une créature inconnue s'étaient aventurée sur notre territoire en toute impunité. Cela a confirmé sa volonté de rester une seconde et dernière année. 

Magus vivait dans la paranoïa depuis que la créature nous avait visité. Le bas conseil n'a pas abandonné ses recherches mais sans succès. Impossible de savoir qui et surtout pourquoi. C'est très frustrant quand on y pense. 

— Bon, et si on arrêtait de parler de ma soeur préférée ? 

Wren n'était pas du même avis et je pouvais sentir mon sang bouillir.

— Non mais attend c'est quand même dingue, depuis combien d'année ce n'était pas arrivé ? Pas depuis l'ère de nos parents, c'est sûr. Tu ne te rends vraiment pas compte de la chance que tu as. Et puis, elle va pouvoir t'aider dans tes quêtes. Tu vas devenir la meilleure sorcière après elle. 

Sa dernière phrase était de trop. Une ombre passe sur le visage de ma meilleure amie et se lève en prenant ses affaires avec elle. Elle fixe Wren amèrement, les lèvres pincés. Je sais qu'elle se retient de pleurer.

— Pourquoi tout le monde nous compare tout le temps ? Nous sommes deux sorcières différentes Wren. Réfléchis à deux fois la prochaine fois. 

Elle se tourne vers moi avec une mine adoucie.

— On se voit bientôt Lily, prépare bien tes bagages. 

Sur ce, elle ne nous laisse pas le temps de répondre qu'elle s'en va. Wren hausse des épaules comme s'il ne comprenait pas sa boulette.

— Bravo Wren, je murmure en soupirant.

— Ce n'est pas ma faute si les soeurs Riddle sont aussi susceptibles, se défend mon promis.

Il m'a énervé. Fort. Je prend également mes affaires et me redresse en lissant mes vêtements. Wren tente de me retenir par le poignet mais se ravise en touchant ma peau flétrie de ma cicatrice. Je vois que ça le dégoûte et que me déteste à cause de ça. 

— Je vais être très occupée ces prochains jours pour rassembler mes bagages. On se voit au portail de liaison. 

Ma voix se veux ferme mais mon timbre vibre d'émotions. Je tire à nouveau sur ma manche pour cacher mon poignet. Cette cicatrice ne m'a jamais vraiment fait défaut, sauf dans les yeux de mon promis.

— Lily... Reste s'il te plaît. Cela fait une éternité qu'on ne s'est pas vu sans Sora. Une après-midi seuls, toi et moi, tu n'en rêves pas ?

Il y a quelques minutes, j'aurai pu répondre oui mais parfois, son comportement et ses paroles sont déroutantes. 

— Non Wren, pas quand tu ouvres ta bouche, je répond amèrement. 

Je commence à m'éloigner mais il ne lâche pas l'affaire et se lève à son tour. Il me barre le chemin.

— Allez Lily... On se voit au portail de liaison ? C'est dans six jours ! Tu vas pas bouder parce que ta copine a mal pris ce que j'a dis ? C'est immature franchement...

Mon père m'a toujours dit que je serai sa petite fille, que je serai une enfant tant que je n'aurai pas acquis mes dons. Sans notre essence, nous ne réfléchissons pas en profondeur, tout est de surface, y compris ce que l'on ressens et comment on perçoit les choses. Alors oui, j'accepte cette réflexion. J'ai encore beaucoup à apprendre mais je ne me laisserai pas traiter comme ça. Wren sera mon promis, mon partenaire pour la vie, cette relation doit être donnant-donnant et je refuse qu'il interfère avec mes propres visions du monde.

— Je t'aime bien Wren mais quand je veux rentrer, je rentre. Si je te dis que je ne te verrai pas pendant six jours, je ne le ferai pas. 

Il fait la moue, lève les mains en l'air en signe de paix et se décale sur le côté. Je continue mon chemin et crois entendre un "désolé" de sa part. Wren fait parti de ma vie depuis mes six ou sept ans. Je me souviendrai toujours de la première remarque que je me suis faite à son propos. Déjà à cet âge, il avait la langue bien pendue. Il avouait son amour à une fille dans le parc et la fille a vomis sur ses chaussures. J'ai ri tellement fort qu'il s'est retourné et il m'a remarqué pour la première fois. En voyant ses yeux, je me suis arrêté de rire d'un seul coup. J'étais estomaqué par ce que je voyais. Wren a hérité d'un regard d'or. Deux billes jaunes, similaire à de l'or scintillant au soleil. 

J'espère que nos enfants hériteront de ses yeux, j'ai alors pensé alors que je n'étais qu'une enfant. 

Les jours qui ont suivis, nous ne nous sommes pas lâchés et il m'a promis que je serai celle qui partagera sa vie pour l'éternité. Mon premier amour.

En marchant pour rentrer chez moi, les clochent sonnèrent tout en faisant légèrement vibrer le sol. C'est l'heure du couvre-feu. Le soleil décline et sa chaleur avec. J'active le pas, pour ne pas me faire reprendre d'être encore dehors après la sonnerie des cloches. Le changement de saison arrive, je le vois aux feuilles mortes des arbres qui tombent et qui disparaissent en touchant le sol. La lumière au dessus des portes des maisonnettes s'allume progressivement comme si de petites fées se réveillaient. J'aime tout particulièrement ce moment. Le moment où la journée se couche et où la nuit se réveille lentement d'un profond sommeil. 

— Je suis rentrée, je dis las en retirant mes sandales dans l'entrée.

En entendant mes parents parler, je sens qu'ils ne m'ont pas entendu rentrer. Sur la pointe des pieds, je me rapproche d'eux et écoute leur débat qui me semble houleux. 

— C'est impossible Hyck. Le Conseil n'a pas fait d'annonce officielle depuis plus de vingt ans, peste ma mère dans le salon

Papa est visiblement rentré du travail et plus remonté que jamais.

— Je sais Kréa. Je sais. Lorsque j'ai entendu ça dans les bureaux du bas conseil,  j'ai d'abord pensé que j'avais mal entendu mais non. Quelque chose se prépare, quelque chose que le Conseil ne veut pas nous révéler. Ils nous dissimulent quelque chose.

J'entends maman soupirer et mon coeur commence à battre de façon anormale dans ma poitrine. J'ai comme un déjà-vu. Je reste silencieuse et continue d'écouter quelque chose que je ne devrais sûrement pas.

— Jacinth va venir faire une annonce ici à Magus donc ? Pendant que Effie le fera à Arnad ? demande ma mère, résolue à croire mon père.

Mon père répond positivement et récapitule. Si je comprends bien, chaque représentant du Haut Conseil va se déplacer sur son territoire pour faire une annonce. Une annonce qui ne semble pas être réjouissance, du moins, selon mon père. 

En lisant des livres sur la constitution du Haut Conseil, j'ai appris que Effie Evergalde était la Fae la plus puissante de son royaume. Une sorte de reine là-bas. Aiden Barrows le lycan le plus respectés de son territoire Pernox. Le territoire des vampires, Gehenna avait Crescent Vixen comme élu, un être apparemment plus sombre que son ombre. Ekweh, le peuple de l'eau était représenté par Fawn Draguar, des naïades apparemment très puissantes. Et Ida Mistle, directrice et propriétaire des Terres de Ere où se trouve l'Institut ferait l'annonce aux étudiants. Les six royaumes, c'est comme ça qu'on les appelait. 

Je recule sans faire de bruit et réouvre la porte d'entrée doucement avant de la fermer violemment pour annoncer mon arrivée. Je hurle bonjour à mes parents qui sortent précipitamment du salon avec un sourire forcé.

— Lily, tu es rentrée, constate ma mère dont le visage est crispé.

Mon père lui me fait un petit sourire et regarde maman comme pour lui inciter de faire meilleure impression. Je tente alors ma chance, vont-ils être honnête avec moi ?

— Tout va bien ? je demande innocemment.

Ils me répondent d'une seule voix "OUI". Pourquoi me mentir ? Si Jacinth va venir à Magus pour nous annoncer quelque chose, je le saurai dans tous les cas. La question est quand. Vais-je enfin rencontrer Jacinth ou alors Ida Mistle me l'annoncera lorsque je serai à l'Institut ?

Tellement de questions, tellement de mystère et surtout, pourquoi j'ai cette petite voix dans ma tête qui me tonne que d'horribles choses vont arriver ?



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