*Un amour lointain*
Allongée dans l'herbe, Médée observait la course lente et reposante des nuages. Cela faisait plusieurs jours maintenant qu'elle avait quitté ses amies, et elles lui manquaient déjà. Elle s'ennuyait à mourir, mais n'avait pour autant pas le choix de se reposer, la dernière bataille l'ayant complètement vidée de son énergie.
- Bon sang, j'ai pourtant d'autres choses à faire que d'attendre ici !
Elle pensa alors à Grainné et Atalante. Que pouvaient-elles bien faire en ce moment ? Connaissant Atalante, elle devait être dans un bar, entrain de boire à n'en plus pouvoir. Grainné, quant à elle, devait normalement avoir retrouvé son père.
« Tiens, en parlant de lui, je me demande à quoi il ressemble. »
C'est vrai, Grainné était tout de même restée très discrète à ce sujet. Sûrement pour lui éviter quelconque ennuis que pourrait lui coûter la fréquentation d'une Inhumaine.
- Bah, ça n'a pas beaucoup d'importance, compte tenu que je ne le rencontrerai sûrement jamais.
- Médée ?
La jeune femme sursauta, car cette voix lui était familière. Une voix masculine, bien qu'ayant énormément perdu de son aplomb d’antan. Elle se releva pour faire face à son nouvel interlocuteur, qui paraissait tout aussi surpris qu'elle.
- Baldr...
Elle ne savait pas quoi faire, elle était paralysée. Que devait-elle faire ? Devait-elle lui sauter à la gorge ? Devait-elle le tuer ? Ou au contraire, devait-elle opter pour une mort plus lente et plus douloureuse ? Tout ce qu'elle savait, c'est qu'il devait mourir.
Elle n'eut pas le temps de prendre une décision que Baldr se jeta sur elle, et la serra tendrement dans ses bras.
- J'ai eu si peur... J'ai bien cru ne jamais vous revoir !
Médée bouillonnait de l'intérieur, pleine de dégoût face à cette soudaine proximité. Malgré son ressentiment, elle ne su comment réagir. En temps normal, elle aurai du le repousser violemment en le maudissant et l'insultant de tous les noms d'oiseaux, mais elle n'en fit rien. À la place, elle le caressa gentiment.
- Je le sais bien, si vous saviez à quel point je fus paniquée de ne point savoir où vous trouver, et j'ai donc erré pendant deux années dans l'espoir de vous rencontrer, et me voilà comblée !
Le dieu parut rassuré en entendant ces quelques mots, sans se douter un seul instant que cette femme qu'il chérissait tant complotait secrètement dans son dos.
- Qu'allons-nous faire à présent ? Questionna innocemment Médée.
- Je loge actuellement dans un petit chalet non loin d'ici, je vous propose de nous y rendre.
- Mettons-nous en route, car la nuit va bientôt tomber.
- Oui, vous avez tout à fait raison.
C'est ainsi que tous deux se mirent en route, main dans la main.
Assise devant la cheminée, Médée se réchauffait tout en s’abreuvant d'un potage fumant. Baldr la regardait avec les yeux d'un homme amoureux, ayant depuis longtemps oublié le crime dont il a été complice. Pendant ces deux dernières années, il n'avait pensé qu'à elle, il n'avait désiré qu'une seule chose : la retrouver. Et son vœux fut merveilleusement exaucé, car elle lui semblait aussi attachée à lui qu'avant, bien qu'en vérité ce ne fut pas le cas.
Médée, quant à elle, était songeuse. Elle ne l'aimait plus, c'était certain, et depuis ce fameux jour, elle avait eu le temps de le maudire des milliers de fois. Mais ce qu'elle se demandait, c'était à quel moment elle avait cessé de l'aimer. Juste après la mort de sa mère ? Non, il ne lui semble pas. Elle se souvient même l'avoir imploré d'apparaître pour s'expliquer à elle. C'était bien plus tard. Ou peut-être ne l'avait-elle jamais réellement aimé ? Elle n'en savait rien. Tout s'embrouillait dans sa tête, et les événements précédents n'arrangeaient en rien la situation.
Elle le sentait qui la fixait, et elle en avait des frissons d'horreur. Elle ne voulait pas rester ici plus longtemps, elle voulait partir, le plus vite et le plus loin possible, mais elle ne pouvait pas passer à côté d'une occasion comme celle-ci. C'était le moment idéal, il lui suffisait d'attendre qu'il soit endormi, et elle pourrait le tuer comme bon lui semblait. Oui, il lui fallait être patiente.
Il se rapprocha lentement, avec tant de discrétion qu'elle ne l'entendit pas arriver. Il allait la prendre dans ses bras lorsque quelqu'un frappa violemment à la porte.
- Baldr ! Baldr ! Ouvres, c'est urgent !
Il se dirigea en hâte vers la porte, et l'ouvrit avec une puissance démesurée. Sur le seuil se trouvait un grand brun aux yeux vairons, trempé de sueur.
- Mani ?! Que se passe-t-il ?
- Il faut que tu viennes voir, c'est vraiment horrible !
- C'est que...
Son regard se posa sur Médée, qui ne comprenait absolument rien. Le jeune inconnu posa ses yeux sur la jeune femme, puis les en détourna pour revenir à Baldr.
- Elle peut venir aussi. Mais faites vite !
Sans trop comprendre pourquoi, elle se releva et suivit en courant les deux hommes un petit sentier escarpé. Mais plus elle avançait, plus le chemin lui semblait familier.
« Ne me dites pas que... »
Elle n'eut même pas le temps d'arriver au bout de ses réflexions qu'ils débouchèrent sur une énorme vallée jonchée de cadavres. Baldr n'en croyait pas ses yeux.
- Ce sont...
- Les Valkyries. Confirma Mani, l'homme aux yeux vairons.
- Comment est-ce possible ?! Qui a bien pu faire ça ?!
- On ne sait pas. Mais...
Il se rapprocha du grand blond et continua à voix basse.
- C'est comme dans la prophétie. De plus, Hnoss et Gersimi ont été retrouvées mortes à Sigure, ainsi que deux autres cadavres humains.
- Tu veux dire que ce serai les Inhumains ?
- J'en suis intimement convaincu.
Baldr plongea alors dans de longues réflexions. Médée, elle, avait tout entendu, malgré leur discrétion à toute épreuve. Son cœur battait la chamade, tant la peur d'être découverte était grande.
Soudain Baldr se rapprocha de l'un des corps, et versa une larme.
- Même Brynhildr... C'était pourtant la plus forte d'entre elles...
Il paru perplexe.
- Son cœur, il n'est plus là...
- Oui, ils l'ont emporté.
Il était vrai qu'en observant plus attentivement, Médée reconnu la guerrière dont elle avait dévoré l'organe vital.
- Quelle barbarie...
En voyant Baldr si attristé, Médée ne pu réprimer un petit rire de satisfaction, qui ne passa malheureusement pas inaperçu. Les deux hommes se retournèrent, et la fixèrent avec étonnement.
La jeune femme était coincée, il fallait qu'elle trouve une solution. Après une demi-seconde où le temps paru s'arrêter, elle releva doucement la tête, et fixa le dieu de la lumière, en pleurs.
- C'est... C'est tellement triste... Pardon, je n'ai pas pu m'en empêcher...
Baldr fut tout attendri, et la prit dans ses bras.
- Je le sais, et je vous promets de retrouver les responsables.
Il la serra plus fort, et elle sourit de satisfaction.
« C'est ça Baldr, c'est ainsi que j'aime vous voir. Souffrez, souffrez davantage ! Je vous torturerai de cette manière aussi longtemps que cela me plaira, et je vous achèverai ensuite avec la plus grande des cruautés ! Sur l'emblème qui fait de moi une Inhumaine, je vous en fait la sainte promesse ! »
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