Les jours passaient et Médée voyageait sans se retourner vers le premier crime qu'elle avait commis. Elle ne ressentait ni tristesse pour Nérine, ni dégoût pour ce qu'elle lui avait fait subir. En fait, tout ceci ne traversait déjà plus son esprit : c'était un passé lointain.
- Il commence à se faire tard, ce village fera l'affaire.
Le soleil commençait tout juste à se coucher, et Médée réussi à trouver une auberge dans laquelle loger pour cette nuit. Une fois dans sa chambre, elle se dirigea automatiquement vers l'unique fenêtre, et l'ouvrit. Elle observa longuement le paysage.
« C'est bien tranquille ici. Ça me rappelle Fiore... Tout ces événements... ça ne fait même pas un an, et pourtant il s'est passé tant de choses, j'ai tant changé... Et les autres ? Que sont-ils devenus ? Grainné ? Atalante ? Et même Baldr ? Je me demande ce qu'il fait actuellement... M'a-t-il cherché ? S'en est-il voulu ? Était-il même au courant ? Je n vois pas pourquoi il ne l'aurai pas été... Tout de même, s'il m'aimait vraiment, il aurait dû me le dire... »
- Bref, ça n'a plus aucune importance ! Je ne l'aime plus, je ne vis plus pour l'amour ! Je ne souhaite qu'une chose : me venger. C'est tout ce qui m'importe...
Une question lui vint soudain à l'esprit.
« Que vais-je faire maintenant ? Nérine est morte, elle ne m'apprendra plus rien. Et il reste tellement de temps avant de les retrouver... Si je cherchais les dieux ? Non, je devrais attendre les filles... Et si je cherchais Baldr ? De toute façon, celui-ci je ne leur laisserai pas... Je lui ferai la peau moi-même ! Oui, je devrais faire ça... Mais une fois qu'il sera devant moi, est-ce que je le tuerai? Ce serai une bonne chose. Mais après, je n'aurai de nouveau plus rien à faire... C'est vraiment embêtant... »
- Vite dépêche-toi idiot ! La grande fête est bientôt, alors ne traîne pas !
- Oui, oui....
Médée baissa les yeux nez et tomba sur un vieux couple décorant le devant de leur habitation. Elle remarqua alors qu'ils n'étaient pas les seuls à le faire, mais que tous les habitants s'y attelaient. Par curiosité, elle descendit dans la rue et en admira les nombreuses décorations, bien qu'elle n'en comprenait l'utilité.
- Excusez-moi madame, interpella-t-elle, mais que se passe-t-il ici ?
- Oh, vous n'êtes pas du coin vous ! C'est simple : pour nous porter chance pour les récoltes, nous organisons chaque année cette fête en l'honneur des dieux !
- En leur honneur ? Pourquoi ? Vous les aimez tant que ça ?
La vieille femme parut étonnée.
- Bien sûr que nous les aimons, sans eux, nous serions incapables de survivre ! Les humains ne sont absolument rien sans les dieux, ils dépendent d'eux !
- Oh, je vois... Merci du renseignement...
Sans lui laisser le temps de répondre, Médée se retourna et commença à marcher, s'éloignant le plus possible de son interlocutrice.
« Je comprends mieux... Je sais pourquoi je suis ici... Je sais pourquoi j'existe... Je sais pourquoi les Inhumains existent... C'est pour purifier ce monde... Pour libérer l'humanité des dieux et de leur emprise écrasante, étouffante... Oui... J'ai trouvé ma nouvelle raison de vivre... Je purifierai ce monde... »
- JE LIBERERAI L'HUMANITE !

                              ~~~

Il faisait nuit noire, et les rues étaient désormais désertes. Médée observait les lumières du village s'éteindre une à une, depuis une petite colline aux abords du hameau.
- Humains, vous vous êtes égarés, aveuglés par la lueur trompeuse des dieux. Cela fait maintenant trop longtemps que vous vivez emprisonnés dans votre ignorance, tenus en laisse par ces fausses divinités. Mais soyez rassurés, car j'ai été envoyée pour vous libérer de leur joug, et pour vous offrir une nouvelle vie. Malheureusement, j'ai eu le regret de constater que certains d'entre vous ne peuvent être sauvé que dans la mort, car l'influence d'Asgard est devenue trop grande. Patientez encore un peu, car votre heure est arrivée et je suis venue vous purifier.
Elle prit une profonde inspiration et débuta.
- Air, Feu, Eau et Terre, éléments de la naissance astrale, j'invoque votre présence dans ce cercle sacré, protégé de toutes négativités, j'invoque votre présence ici en ces lieux, des vents, des volcans, de la mer et de la terre, sortez et venez, j'invoque votre présence, entendez mon appel, et faites de ces âmes souillées des anges immaculés, et que par delà les cieux leurs sourires et leurs rires illuminent nos vies !
Soudain, un immense cercle magique se déploya sur la totalité du village, et brilla d'un éclat aveuglant. Quelques cris lui parvinrent au loin, mais lorsque que le cercle disparu, les hurlements cessèrent : tous les villageois étaient morts. Médée versa une larme, puis sourit avec tristesse.
- Vous voilà libres...
Elle fixait le village avec nostalgie, comme s'il allait lui manquer. Toutefois, elle était satisfaite, car elle considérait sa mission comme accomplie. Elle avait commis son deuxième crime, et ne s'était jamais sentie aussi apaisée de toute sa vie, et ce soir là, elle oublia le visage souriant de sa tendre mère.