*Nouvelle vie*
Le soleil commençait à se lever. Le printemps laissait déjà sa place à l'été, et les nuits se réchauffaient peu à peu.
Médée attendait depuis une heure environ, et perdait patience. Un bruit venant des buissons l'interpella, et une grande blonde lui apparu.
- Tu en as mis du temps. J'ai cru que tu ne viendrais jamais, Atalante.
- En même temps, j'ai bien galéré pour te trouver. T'étais vraiment obligée de me donner rendez-vous dans un endroit pareil ?
- Je n'avais pas vraiment le choix.
Elle sortit de l'une de ses poches une petite feuille jaunie par le temps, froissée et déchirée, qu'elle tendit à son amie.
- Un avis de recherche ? Elle prit un instant pour le lire. Ouah, j'ai jamais vu autant de zéros ! T'es devenue une vraie star !
- Épargne-moi ce ton sarcastique. Rétorqua-t-elle en soupirant.
- Sinon, de quoi voulais-tu me parler ? Questionna Atalante. J'ai pas l'air comme ça, mais je suis très occupée.
- Alors je ne vais pas te déranger très longtemps. En fait, je voulais surtout te donner des nouvelles.
- Des nouvelles ?
Médée marqua une pause, comme pour rassembler ses pensées, et trouver ses mots.
- Je... ne suis plus une Inhumaine.
Le corps d'Atalante se paralysa.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu raconte ?
- J'ai été exorcisée. À partir du moment où je n'ai plus de démon en moi, je n'ai plus rien d'une Inhumaine.
- Et... comment te sens-tu ?
- Puissante. Bien plus qu'avant. Comme si le démon que j'abritais se nourrissait de ma force pour survivre. À présent, j'ai l'impression d'être invincible.
Atalante assimilait comme elle le pouvait ce que son amie venait de lui révéler.
- Comment as-tu fait ?
Médée hésita. Elle connaissait le caractère de la grande blonde : plus elle en savait, pire c'était. D'un autre côté, elle était venue pour ça.
- En réalité... c'est Grainné qui s'en est chargée.
- Grainné ? Elle peut faire ça ?
- Je suppose...
Atalante réfléchi. Son seul et unique objectif, c'était de devenir toujours plus puissante, dans le but de pouvoir un jour exterminer les dieux.
- S'il suffit que Grainné m'arrache ce démon...
- Non.
- Hein ?
- Je suis aussi ici pour ça.
Elle plongea son regard dans le sien.
- Laisse-là tranquille. Ne cherche pas à la retrouver.
Atalante paru surprise.
- Et pourquoi donc ?
Médée soupira.
- Elle ne veut plus nous voir. Elle me l'a dit la dernière fois que l'on s'est vues. Je crois... qu'on l'a bien plus fait souffrir qu'on ne l'imaginait...
- Qu'est-ce que tu racontes ?!
- Tu sais ce jour-là... j'ai vu dans son regard qu'elle était épuisée. Elle ne veut pas se battre, ou du moins pas pour cette cause. Sans qu'on s'en rende compte, elle s'est privée du bonheur pour rester à nos côtés...
Atalante, elle, ne paraissait pas du même avis.
- Elle ne veut plus nous voir ?! Tu plaisante j'espère ?!
- Calme-t...
- ELLE A PAS LE DROIT DE NOUS FAIRE CA! ELLE CROIS QU'ELLE PEUT NOUS ABANDONNER COMME CA ?! JE VAIS LUI FAIRE PAYER SON EGOISME !
- Atalante ne dis pas n'importe quoi...
- Tais-toi ! Je vais lui apprendre à me jeter comme une moins que rien !
Elle s'apprêtait à partir, mais Médée lui saisi le bras.
- Que vas-tu faire ?
La grande blonde se dégagea furieusement.
- Je lui réserve un petite surprise, fais-moi confiance.
Sur ces mots, elle disparu à travers la brume matinale, laissant Médée seule, une seconde fois.
- C'est tout ce que je voulais éviter...
Il faisait nuit depuis plusieurs heures déjà. Un léger courant d'air traversa la tente, et Grainné se blottit davantage contre le corps nu et chaud de Diarmuid.
- Diarmuid dormez-vous ?
- Non.
Il la serra plus fortement.
- Quelque chose vous tracasse-t-il ? Questionna le jeune homme.
- Je me demandais... que ferons-nous après cette guerre ? Enfin, si elle se fini...
Son amant sembla réfléchir.
- Voyons voir... Il n'y a rien dont vous auriez envie ?
- Je ne sais pas... c'est la première fois que j'y pense. Et puis... ça fait plusieurs années que je ne désire plus rien...
Il lui caressa la joue.
- Alors quand vous étiez enfant ?
Elle se concentra un instant, puis lança subitement :
- La mer. Quand j'étais petite, je voulais aller voir la mer, elle me fascinait.
- Vraiment ? Il sourit. Bien, alors je vous emmènerai à la mer, c'est une promesse.
Il attrapa délicatement son menton, et l'embrassa tendrement.
Le jour s'était levé, et l'armée Fianna toute entière s'était réunie. Grainné n'avait jamais vu autant de soldats rassemblés au même endroit, et se sentait quelque peu intimidée. Diarmuid, quant à lui, semblait y être habitué.
Un homme d'un cinquantaine d'années, fort et imposant, se présenta sur la petite estrade improvisée à cet effet. Son regard balaya la foule, puis il se racla la gorge avant d'entamer son discours.
- Fiers soldats Fianna, aujourd'hui est un grand jour : la victoire est à portée de main ! Les forces Parthéviennes vont se réunir à l'orée de la plaine aux mille visages. C'est le moment idéal pour frapper, nous ne pouvons laisser passer cette chance ! Soldats, êtes-vous prêts à vous battre à mes côtés, pour le salut du royaume de Fianna ?!
Des applaudissements et des cris de détermination et d'encouragement s'élevèrent. Diarmuid se tourna vers sa bien-aimée.
- C'est le grand jour. Après ça, je tiendrais ma promesse.
Grainné rougit légèrement et sourit.
- Je compte sur vous.
Le silence régnait sur la plaine aux mille visages. Les deux camps attendaient, dans l'ombre. Ils ne se voyaient pas, mais chacun savait que l'autre guettait le moment opportun pour attaquer.
Le cœur de Grainné battait la chamade. Il s'agissait là d'une opération de grande envergure et elle en venait à se demander si Diarmuid et elle allaient s'en sortir. Sa détermination redoubla d'intensité.
« Je le protégerai, quoi qu'il m'en coûte ! »
Soudain une explosion ravagea la vallée, aveuglant l'entièreté de l'armée Fianna. Quand Grainné rouvrit les yeux, un soldat ennemi se tenait face à elle, arme à la main, prêt à l'empaler. Elle l'évita de justesse, et l'abattit sur le champ. Son premier réflexe fut de chercher Diarmuid du regard, et elle constata avec soulagement qu'il avait réagi avec autant de rapidité qu'elle. Malheureusement, ça n'avait pas été le cas de tout le monde : de nombreux soldats alliés avaient perdu la vie, et l'armée Fianna se trouvait désormais en sous-effectif par rapport à Parthévia. La situation n'était pas à leur avantage.
- Grainné, dépêchons-nous !
La jeune femme fut tirée de ses pensées par son amant, qui était déjà prêt à partir au combat.
« Il a raison. On peut encore gagner, tout n'est pas perdu. »
Suivis par les soldats survivants, ils s'élancèrent vers l'armée ennemie, qui les attendait de pieds fermes.
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