*Les cendres de la haine*
- Voici tes trois pièces d'or, comme promis. Mais dis-moi étrangère, qui es-tu ?
- Je me nomme Médée. Et vous qui êtes-vous ? Vous êtes remarquable aux échecs, et c'est très rare de nos jours.
- C'est bien vrai. Les mortels me connaissent sous le nom d'Hela, déesse de la mort et fille de Loki. Tu es donc Médée. Ce nom n'est pas d'ici, alors tu dois sans doute être la jeune promise de Baldr.
Médée fut surprise, mais acquiesça tout de même.
- Alors, ne m'en veux pas trop.
Puis elle disparut sans donner plus d'explications.
- Quel étrange personnage... Lança Grainné.
- Bon, dépêchons-nous, il faut rentrer. Leur rappela joyeusement Médée.
Sur le chemin du retour, les trois amies discutèrent des trois pièces d'or, particulièrement de ce qu'elles allaient en faire.
- Alors, à votre avis ? On en fait quoi ? Demanda Médée.
- C'est les tiennes, répondit Grainné, c'est à toi de choisir.
- Tu devrais d'abord demander à ta mère. Conseilla Atalante.
- Ah ça non ! Il y en a trois, alors on en prends une chacune !
- Médée...
- Allez !
Gênées, les deux jeunes filles se saisirent respectivement de leur pièce, et la rangèrent bien précieusement. Soudain, Atalante se stoppa.
- Eh, vous ne trouvez pas que ça sent le brûlé ?
- Qu'est-ce que... Si, tu as raison.
En effet, dans le ciel vagabondait une fumée d'un noir profond, venant du village de Fiore.
- Vite, allons voir !
Les trois enfants se mirent à courir aussi vite qu'elles le pouvaient, la peur au ventre. Elles finirent par arriver aux portes du village, mais elles n'y trouvèrent que des habitations en feu, et les cris de douleurs des villageois camouflaient le crépitement des flammes.
- Mais qu'est-ce que...
- Ah, te voilà, Médée, fille de la sorcière Isil, et fiancée de Baldr. Je t'attendais !
Médée releva la tête, et y retrouva Hela, la mystérieuse joueuse d'échecs.
- Qu'avez-vous fait...?
- Mon devoir. Ils m'ont confié une mission, et je l'ai exécutée. Une traîtresse complotant contre Asgard se trouvait dans ce village, il a donc fallu que je pulvérise le nid. Rien de plus normal.
Elle soupira.
- Ma chère Médée, je te plains, tu peux en être certaine : quelle pauvre enfant tu fais d'avoir eu une mère aussi peu fiable.
« Alors, ne m'en veux pas trop. »
- Maman...
Sans chercher à en comprendre d'avantage, Médée se précipita chez elle, suivit de ses deux amies. Atalante les quitta sur le chemin, partant retrouver sa propre génitrice.
Quand elles arrivèrent chez elles, il était déjà trop tard : Isil était morte, la nuque brisée.
- Maman... Maman... Maman... MAMAN !
Médée éclata en sanglot, et attrapa le corps inerte de sa mère. Elle le secoua de toute ses forces, dans l'espoir qu'elle se réveille. Elle aurait tout donné pour que ce ne soit qu'un mauvais rêve, pour que sa mère rouvre les yeux, lui sourit affectueusement et lui dise : « Alors ma chérie, tu as eu peur ? ». Mais elle ne le fera pas. Et c'est là qu'elle réalisa. Ses yeux ne s'ouvriront plus jamais. Elle ne sourira plus jamais. Et elle ne lui parlera plus jamais. Oui, tout ça n'arriverai plus. C'était fini, elle s'en était allé.
- Elle est morte... Elle pleurait... Elle voulait vivre... Elle est morte... ELLE VOULAIT VIVRE! AAAAAH !
- Médée s'il te plaît... Essaya Grainné, elle aussi en pleurs.
- TAIS-TOI ! ELLE VOULAIT VIVRE ! Mais elle ne pourra plus...
Sans plus aucune retenue, les deux amies s'abandonnèrent à leur tristesse et pleurèrent toutes les larmes de leurs corps.
~~~
- Elle s'appelait Hela, c'est ça ? Lança Atalante à ses deux amies.
Cela faisait environ quinze heures que le drame s'était produit. Les flammes qui envahissaient la ville plus tôt commençaient à s'éteindre, et le jour se levait tout juste sur les deux misérables tombes que les trois jeunes filles avaient improvisées pour Isil et Trecy.
- Oui... Lui répondit Grainné.
- Je vais la tuer... Enragea Atalante. Elle n'a pas eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait que ma mère s'est retrouvée encerclée par ces flammes divines, et elle est morte étouffée par la fumée... Je tuerai Hela de mes mains !
- Elle n'est pas la seule à blâmer. Intervint Médée, qui avait gardé le silence depuis qu'elle était sorti de chez elle avec le corps sans vie dans ses bras.
- Ah oui ? Et pourquoi ? L'interrogea Grainné.
- Tous les dieux sont coupables. « Ils m'ont confié une mission, et je l'ai exécuté ». Ils étaient tous dans le coup.
- Attends, même...
- Baldr. La coupa Médée.
Elle éclata de rire.
- Que j'ai été naïve ! J'ai cru qu'il m'aimait, et que tous ses semblables étaient bons, mais je me suis bien fourvoyée ! J'ai pris ma mère pour une folle, mais elle avait raison ! Les dieux sont mauvais et ne pensent qu'à eux !
- Je suis bien d'accord avec toi, s'exprima Grainné, mais que veux-tu qu'on y fasse ? On est que des gamines, on ne peut rien face à eux.
- Ça je le sais bien...
- On a qu'à se séparer. Lança soudain Atalante. Séparons nous et devenons plus fortes. Alors quand on se retrouvera, on pourra accomplir de grandes choses !
Médée se releva et lui fit face.
- Tu as raison, c'est la meilleure solution. Devenons invincibles, et anéantissons les dieux d'Asgard !
Elle se tournèrent ensuite vers Grainné, qui n'avait encore rien dit de cette proposition.
« J'ai un mauvais pressentiment. Elles ont pourtant bien vu de quoi était capable ne serait-ce que l'un d'entre eux : Hela a décimé tout notre village ! Et le même sort nous attends si on décide de se venger... Mais elles sont décidées, je ne pourrais rien y changer. »
Elle esquissa un sourire.
« Mon choix est fait. Je deviendrai plus forte... Non, la plus forte, je tuerai Hela et les autres dieux, et protégerai Médée et Atalante. Oui, à mes yeux, c'est tout ce qui compte ! »
- Oui, faisons ça. Leur répondit-elle.
« Retrouvons nous ici même, le jour de nos dix huit ans. Nous verrons qui sera devenue la plus forte ! »
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