*L'entrave du cœur*
[Environ deux ans plus tard]
- Ah, quelle belle journée ! S'écria Atalante en se jetant dans l'herbe.
- Oui, tu as bien raison. Répondit la tueuse en se posant à ses côtés.
Atalante fixait le ciel avec nostalgie, le cœur lourd de souvenirs.
« Ça fait deux ans maintenant. Je vais bientôt les revoir... Je me demande comment elles sont devenues... Ah, le sourire de Médée me manque ! Et la douceur de Grainné, j'ai hâte de la retrouver... Oui, j'ai vraiment hâte... »
- Tu vas bientôt partir, pas vrai ?
Atalante parut surprise.
- Marine ? Tu es triste ?
- Ce n'est pas de la tristesse, je suis plutôt... Inquiète.
- Ahaha ! Il faut pas ! Grâce à toi, je suis devenue tellement forte que personne ne pourra m'arrêter !
- Je ne parlais pas de ça... Mais de ton rêve d'anéantir les Asgardiens...
- Ah ça... Pourquoi ça te tracasse autant ?
- Tuer c'est une chose... Mais s'en prendre aux dieux en est une autre. Les humains ne peuvent pas les tuer, c'est d'une logique implacable.
- Mouais... Ça reste à voir... Moi, je suis sûre qu'on peux y arriver.
Marine restait perplexe. Pour elle, s'attaquer à eux signifiait courir vers une mort certaine, et surtout vaine. Il fallait qu'elle l'en dissuade, pour le bien de son élève.
- Comme tu voudras. Lança Marine. Mais si tu veux mon avis, tu n'arriveras à rien avec ton niveau actuel.
- Tu pense qu je ne suis pas assez forte ?
- Évidemment !
Atalante se mit à réfléchir.
« Que ma manque-t-il ? Je me suis pourtant entraînée pendant deux années sans relâche, sans jamais me reposer ! »
- Alors comment je pourrais...
- En supprimant ton humanité.
Atalante sursauta.
- Que veux-tu dire par là ?
- Il faut que tu supprime tous tes sentiments, que tu ne deviennent qu'une machine à tuer, c'est le seul moyen de parvenir à ton but.
- Je ne sais pas...
- Suis-moi.
Sans lui laisser le temps de répondre, Marine l'attrapa par la main et l'entraîna à travers la montagne. Elle marchèrent le reste de l'après-midi. À la tombée de la nuit, elles arrivèrent enfin aux frontières du village dans lequel Atalante avait pris connaissance de l'existence du tueur fantôme.
- Pourquoi sommes-nous ici, Marine ?
- Tu vas rapidement comprendre.
Bientôt tous les villageois rentrèrent chez eux, et toutes les lumières s'éteignirent.
- À ton avis, comment peut-on supprimer tous nos sentiments ?
- À toi de me le dire ?
- C'est très simple : en commettant un massacre. Si tu tue un par un, tous les habitants de ce village, que ce soit hommes, femmes et enfants, alors tu seras capable de réprimer la moindre de tes émotions, et tu obtiendras la puissance absolue.
« Faisons-le. »
Cette voix, toujours cette voix. Elle ne s'arrêtait jamais, elle était toujours là, pour lui souffler ce qu'elle devait faire. Et jusqu'à présent, elle avait toujours eu raison.
- J'ai bien compris ce que tu essayais de faire, Marine. Tu veux m'en dissuader, en me forçant à faire des choses horribles. Mais tu devrais partir, rentrer chez toi, car quand j'aurai fini, tu auras tellement peur du monstre que je serai devenue, que tu pourrais bien perdre la vie en essayant de m'éliminer. Tu as voulue me protéger, et je t'en remercie. Mais il faut que tu comprenne que je suis prête à tout pour obtenir cette puissance qui viendra à bout des dieux.
- Atalante, qu'est-ce que tu raconte...
- Adieu, Marine.
~~~
La première porte. Atalante tremblait, suait et pleurait. Elle avait peur, peur de faire le mauvais choix, peur d'y laisser la vie, peur de décevoir. Tout se bousculait dans sa tête, tous ses souvenirs et ses sentiments remontaient et se mélangeaient, provoquant chez elle de violents sanglots.
« Vas-y. »
- Elle a raison, il est temps d'y aller.
Atalante sécha ses larmes et défonça la porte. Elle avait pris soin d'agir au milieu de la nuit, pour faciliter son assassinat, et comme elle l'avait prévu, toute la famille dormait profondément.
- Désolée, c'est pas contre vous.
Elle les égorgea un à un, dans un silence de mort. Elle reproduisit ce schéma à l'identique dans les habitations suivantes, ses gestes devenant de moins en moins hésitants, comme un automatisme.
Puis la dernière porte arriva. Le regard vide, ses vêtements couverts de sang et ses lames souillées fermement empoignées, elle ouvrit délicatement et s'introduisit silencieusement dans le logis. Comme précédemment, tout le monde dormait. Elle s'occupa d'abord des deux parents, emplissant la chambre d'une marre de sang.
- Papa... ? Maman... ?
Atalante se retourna et découvrit un petit garçon en pleurs. Elle hésita.
« Fais-le. »
- Mais...
« Fais-le. Je veux devenir... Plus forte. »
Atalante resserra sa poigne sur le poignard, et se lança furtivement sur l'enfant, le plantant directement dans le cœur.
- Meurs.
Elle laissa tomber le corps désormais sans vie à terre, comme s'il n'avait jamais existé, et sortit de la petite bâtisse.
C'était fini. Ils étaient tous morts. Elle avait commis un véritable massacre, mais elle ne ressentait absolument rien. Ni satisfaction, ni tristesse, ni douleur, ni puissance. Elle était juste... Vide.
Elle leva les yeux vers le ciel étoilé, y cherchant un quelconque réconfort.
- Tiens, c'est la pleine lune. Quelle magnifique coïncidence.
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