*L'armée Fianna*

- Alors c'est décidé: tu t'en vas ?
Grainné réunissait ses dernière affaires, et se tourna vers Caïlte.
- Oui, le plus tôt sera le mieux. Je n'ai pas réussi à éliminer ce Irmin, et les dieux connaissent par conséquent mon identité et l'endroit où je vis. C'est bien trop dangereux pour toi.
- N'oublie pas que tu es censée être morte. Ils n'ont plus aucune raison de venir ici.
- On ne sait jamais. Et puis... ils sont au courant pour Médée, et elle traîne peut-être encore dans les parages. S'ils reviennent la chercher, il ne faut surtout pas qu'ils tombent sur moi. Alors surtout, sois prudent.
- Compte sur moi.
Elle attrapa son sac et le passa sur ses épaules.
- Bon, je vais y aller.
- D'accord.
Il l'accompagna jusque sur le perron, et la pris dans ses bras.
- Fais bien attention à toi : ça reste une guerre.
- C'est promis.
Il sortit une enveloppe de sa poche, et la lui tendit.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une lettre de recommandation. Tu risque d'en avoir besoin.
Elle l'accepta et la rangea.
- Je t'aime papa.
- Moi aussi.
Elle le salua une dernière fois, puis s'éloigna sans se retourner.
« - Tu es triste, Grainné ?
- Un peu. J'ai l'impression que je n'aurai plus jamais l'occasion de le revoir.
- Tu te fais sûrement des idées.
- Oui, ça doit être ça. »


- Désolé, mais c'est impossible.
Grainné fut surprise.
- Et pourquoi donc, mon général ?
- C'est simple : tu es une femme. On a besoin d'hommes forts, pas de femmes faibles.
- Que c'est désagréable... Souffla Grainné.
- Pardon ?
- Je disais seulement que j'avais une lettre de recommandation de Caïlte Fanalis.
- Quoi ?!
Grainné lui tendit la lettre en question, et il s'empressa de la lire.
- Eh bien, en effet, s'il vous recommande, je ne peux vous refuser...
Il lui rendit l'enveloppe, quelque peu gêné.
- Bienvenue dans l'armée du royaume de Fianna.
- Merci.
Grainné s'éloigna, à présent satisfaite.
- Eh gamine !
- Qu'y a-t-il, mon général ?
- d'où le connais-tu ?
Elle sourit.
- C'est mon père.

Ce soir-là le camp était en effervescence. Grainné se tenait à l'écart, très peu à l'aise lorsqu'il s'agissait de relations humaines. Elle n'avait croisé que quelques femmes, qui étaient sûrement rentrées, tout comme elle, sur recommandation. Le stress s'était emparé d'elle, et commençait sincèrement à regretter le petit cabanon dans lequel elle avait passé ses deux dernières années.
« Était-ce vraiment une bonne idée ? »
- On m'avait dit qu'une femme avait intégré nos rangs, mais j'étais à cent lieues de m'imaginer que ce serai vous !
Grainné sursauta et releva la tête.
- Diarmuid ?
Le jeune homme lui sourit. Il n'avait absolument pas changé, ce qui la rassura grandement.
- Je vous ai fait peur ? Plaisanta-t-il.
- C'est que... je ne m'attendais pas vraiment à vous voir ici...
- C'est vrai que la probabilité était plutôt mince... En tout cas, c'est une heureuse coïncidence !
Grainné rougit.
- Oui, vous avez raison...
- Il commence à se faire tard : que diriez-vous de manger avec moi ?
- Ça me va : c'est vrai que je commence à avoir faim !
Ils se rendirent à la cantine du camp et s'installèrent tout en discutant.
- Je vois ! S'exclama Grainné. Vous venez d'Ankram ! C'est vraiment pas loin de chez moi !
- Ah oui ? Et d'où venez-vous ?
- De Fiore. Mais désormais, ce village n'existe plus.
- Oui, j'en ai entendu parler. Je suis vraiment désolé...
- Ne vous en faites pas, ça ne me dérange pas d'en parler. Et puis... j'aimerai que ce patelin ne tombe pas dans l'oubli : il y faisait bon vivre avant...
- Avant sa destruction ?
Elle acquiesça.
- Je me demandais... Osa-t-il. Que s'est-il vraiment passé ce jour-là ? Je veux dire... personne ne sait véritablement ce qu'il est arrivé.
Grainné le fixa.
- Vous savez, la vérité n'est pas toujours bonne à savoir.
- Comment ça ?
- C'est que... cette histoire est plutôt dure à croire, alors j'évite en général de la raconter.
- Essayez quand même.
Elle hésita, mais le regard franc du jeune homme la décida.
- C'est une déesse qui a fait le coup. Je pourrais même vous donner son nom, mais je ne suis pas sûre que ça servirait à grand chose.
Diarmuid était abasourdi.
- Sérieusement ? Mais pourquoi ?
- Il y avait une sorcière dans notre village, qui complotait contre Asgard. Du moins, c'est ce qu'elle a dit, mais je n'en crois pas un mot.
- Et qui était cette sorcière ?
- Une femme absolument adorable. Elle n'aurait pas fait de mal à une mouche. C'est pour cette raison que cette tuerie me paraît grossière.
- C'est quand même un peu étrange. Tout ça pour une simple femme...
- Je suis bien d'accord.
Grainné bailla.
- Pardonnez-moi Diarmuid mais une dure journée nous attends demain et je suis épuisée de mon voyage, je vais donc aller me coucher.
- Oui vous avez raison, je ne vais pas tarder non plus. Bonne nuit Grainné.
- Bonne nuit.

Le lendemain à la première heure, tous les soldats furent réunis pour préparer le prochain assaut.
- Les forces Parthéviennes se sont rassemblées à l'ouest de Sartan. Ce village est au centre du commerce de Fianna, et nous ne pouvons par conséquent pas nous permettre de le perdre !
Grainné n'écoutait qu'à moitié le discours du général : en gros, ils allaient tous devoir se battre, tuer et encore tuer. Tout cela ne l'intéressait pas. Il lui revint alors à l'esprit une vieille discussion qu'elle avait eu avec Isil et Médée : la défunte leur avait à l'époque expliqué que les dieux adoraient s'immiscer dans les guerres humaines. Grainné se demandait si pour ce conflit, ils en avaient fait de même, ou s'ils étaient bien trop occupés à traquer les Inhumains pour cela.
Plongée dans ses pensées, elle ne réalisa pas immédiatement que l'armée s'était mise en marche. Quand ce fut le cas, elle les imita, se questionnant une dernière fois sur la raison de sa présence ici.

Le général ne s'était pas trompé : lorsqu'ils arrivèrent sur place, Parthévia débutait tout juste son attaque, et ne s'attendait apparemment pas à ce que les soldats Fianna en assurent la défense. L'effet de surprise fonctionna, et la situation se renversa rapidement.
Grainné avançait sans trop de difficulté : pour Parthévia, la quantité primait sur la qualité. Elle aperçu au loin Diarmuid qui en démordait avec des assaillants qui l'avaient encerclé. Elle s'élança et en trancha un en deux d'un coup net avec sa lance.
- J'ai bien fait de l'aiguiser avant de partir ! Plaisanta-t-elle.
- Je ne vous le fait pas dire !
- Me permettez-vous de me joindre à vous ?
- Comme on dit, plus on est de fous, plus on rit !
- Très juste !
Ils entamèrent alors une danse endiablée, où la tuerie était à l'honneur, et Grainné dû bien avouer qu'elle ne s'était jamais autant amusée en tuant. Le massacre se termina assez rapidement, et le résultat était sans appel : les forces Parthéviennes s'étaient faites décimées.
- Vous n'avez rien perdu de votre incroyable talent de combat depuis la dernière fois. La complimenta Diarmuid.
- Je suis ravie de constater que vous non plus.
Grainné balaya le champ de bataille du regard.
- Dites-moi... Comment a-t-on fait pour savoir qu'ils viendraient ici ? Je n'y connais pas grand chose, mais Parthévia est réputé pour sa discrétion et ses attaques surprises.
- Ah oui, vous venez d'arriver donc vous n'êtes pas au courant. Nous avons de notre côté un avantage plutôt conséquent : il s'agit d'une femme qui est à la fois voyante et stratège. Grâce à elle, nous avons jusqu'à présent réussi à parer tous les assauts ennemis.
- Je n'ai jamais entendu parler d'une personne pareille. Comment s'appelle-t-elle ?
- Si je me souviens bien, elle se nomme Fiona Maccumhail.
La jeune femme paru surprise : elle repensa immédiatement à la lettre de sa mère, qui était signée du même nom.
- Tout va bien Grainné ?
Il la tira de ses pensées.
- O-oui, ne vous en faites pas. Nous devrions nous dépêcher, car tout ça m'a donné faim !
Il rigola.
- Oui, allons-y.

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