*Diarmuid*
Grainné était allongée dans son lit, ne trouvant pas le sommeil. Binaire ne lui parlait plus, et les images du massacre du petit garçon et de sa mère tournaient en boucle dans sa tête.
Le jour venait tout juste d'apparaître, et elle n'avait pas fermé l’œil de la nuit. Rongée par la fatigue, elle décida tout de même de se lever.
Dans la cuisine, elle retrouva Caïlte, tout juste réveillé. Il lui lança un vague « bonjour », puis bu d'une traite le café qu'il venait de se préparer. Grainné l'imita, et ils s'installèrent tous deux à table. Soudain, quelqu'un frappa à la porte, ce qui les étonna grandement vu l'emplacement du cabanon.
- J'y vais. Lança Grainné.
Lorsqu'elle ouvrit, elle tomba nez à nez avec un homme d'une cinquantaine d'années, aux cheveux poivre et sel, et à la barbe naissante.
- Je peux vous aider ? Questionna-t-elle.
Il ne répondit pas immédiatement, examinant d'abord la jeune femme.
- Je suis bien chez Caïlte Fanalis ?
- Oui mais...
A l'entente de sa voix, Caïlte bondit de sa chaise et se dirigea vers l'entrée.
- Gregor ?!
L'inconnu dirigea son regard sur lui et son visage s'illumina.
- Caïlte, mon ami, j'ai besoin de ton aide !
Assis autour d'une tasse de café brûlant, Grainné et son père étaient prêts à écouter l'histoire de leur étrange invité. Toutefois, c'est la jeune femme qui entama la conversation.
- Je peux savoir qui vous êtes ? Interrogea-t-elle.
C'est Caïlte qui prit la peine de lui répondre.
- Gregor et moi faisions tous deux partie de l'armée Fianna : c'est là que nous nous sommes rencontrés.
- Et j'en fais encore partie ! Confirma le principal intéressé. C'est d'ailleurs pour ça que je suis venu te voir.
- Comment ça ?
- Je ne sais pas si tu es au courant, vu l'endroit où tu vis, mais la guerre a officiellement éclatée entre Fianna et Parthévia. Le centre du royaume n'en a pas encore été affecté, mais les petits villages bordant les frontières sont régulièrement attaqués. On manque cruellement d'effectifs, et c'est pour ça que...
- Tu voudrais que je rejoigne provisoirement vos rangs ?
- Oui, mon équipe et moi devons nous occuper d'un patelin plus au sud. Ce serai seulement le temps que les renforts arrivent.
Caïlte se tourna vers sa fille, qui écoutait silencieusement.
- Qu'en pense-tu ? Demanda-t-il.
Elle le regarda, les yeux pétillants.
- Je veux y aller.
Il sourit.
« C'est bien ma fille. » pensa-t-il.
- Alors c'est entendu. Laisse-nous simplement le temps de nous préparer.
- Oui. Merci, sincèrement.
La nuit allait bientôt tomber lorsqu'ils arrivèrent enfin au village indiqué. Là-bas, ils y retrouvèrent l'équipe de Gregor, qui était composée de quatre guerriers Fianna. Il les présenta un à un.
- Voici Antonio, Maël, Alec et le plus jeune d'entre nous, Diarmuid.
Grainné les examina chacun leur tour, et remarqua qu'ils devaient tous approcher la quarantaine, mis à part un homme de grande taille, ses cheveux noirs ramenés en arrière, et un splendide grain de beauté sous l’œil droit. Il fixait la jeune femme avec intérêt, mais lorsque leurs regards se croisèrent, il le détourna.
- Et pourrait-on savoir à qui avons-nous à faire ? Questionna l'un d'eux.
- Bien évidemment. Reprit Gregor. Voici Caïlte Fanalis et sa fille, Grainné.
Tous écarquillèrent les yeux à l'entente de ce nom. Apparemment, Caïlte semblait être une véritable légende au sein de l'armée Fianna.
- Bien, reprit-il, répartissons les équipes et mettons-nous au travail.
Grainné scrutait les environs, prête à bondir sur le moindre ennemi. Voyant que rien ne se passait, elle se détendit quelque peu et se tourna vers ses coéquipiers : Alec et Diarmuid. Le plus jeune observait les villageois rentrer chez eux, et l'autre fixait la jeune femme avec un petit sourire aux lèvres.
- Puis-je savoir ce que vous trouvez drôle ? Questionna Grainné, agacée.
- Ahah ! Une véritable lionne !
- Ne commence pas Alec. Ordonna Diarmuid.
- Et ça recommence. Je te l'ai déjà dis : ne me dicte pas ce que je dois faire. Je suis ton aîné je te signale. Cracha Alec.
Grainné commençait à saisir la situation. Cette équipe devait sûrement être récente, et ses membres n'avaient pas l'air de très bien s'entendre.
- Et alors ? Quel pouvoir ça te donne sur moi ? S'indigna Diarmuid.
- tu me dois le respect ! Il se releva et passa un bras autour de la taille de Grainné. Et si j'ai envie de faire ÇA, tu n'as certainement pas ton mot à dire !
Diarmuid était prêt à lui sauter à la gorge d'énervement, mais la jeune femme le devança : elle se saisit de sa main baladeuse, la passa dans son dos et le plaqua contre le sol.
- Écoutez moi bien, articula-t-elle, vos petites querelles ne me regardent et ne m'intéressent pas, mais osez encore une fois me toucher de la sorte et je vous jure que vous ne vous en tirerez pas vivant.
Elle le lâcha et il s'éloigna à toute vitesse.
- Elle est complètement malade... Marmonna-t-il avant de partir.
Lorsqu'il eu enfin disparu, Grainné soupira.
- Veuillez le pardonner, dans le fond, ce n'est pas une mauvaise personne... Expliqua Diarmuid.
- Non, c'est moi qui n'ai pas su garder mon sang-froid.
En le regardant de plus près, elle trouva qu'il était plutôt joli garçon. Lui aussi la dévisageait avec une certaine timidité. Elle en était d'ailleurs assez décontenancée. Dans son village natal, elle paraissait souvent transparente à côté de la pureté de Médée et de la grande beauté d'Atalante.
Gênée, elle se retourna et aperçu du mouvement venant de la forêt. Elle reprit immédiatement son sérieux.
- Il y a quelqu'un. Lâcha-t-elle.
Diarmuid fixa à son tour la bordure du village.
- Vous avez raison.
Sans plus attendre, ils s’élancèrent à la poursuite de leur suspect. Mais plus ils s'enfonçaient dans l'immensité verte, plus ils perdaient sa trace. Ils finirent donc par s'arrêter.
- Où est-il ?! Paniqua Grainné.
Son compagnon ne répondit pas, scrutant avec précision les alentours.
- Il n'est pas bien. Conclut-il. Mais...
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une dizaine d'hommes, armés jusqu'aux dents, les encerclèrent.
- Ce sont des soldats de Parthévia ? Questionna la jeune femme.
- Non, ils ne sont pas aussi bêtes. Ce doit être des mercenaires engagés par leur armée. Lui Répondit Diarmuid.
- Je vois.
Il sourit.
- Voulez-vous que je m'en charge seul ?
Elle rigola à son tour.
- C'est marrant, j'allais vous poser la même question !
Grainné empoigna plus fermement sa lance, et se jeta sur l'un de ses ennemis, qu'elle empala sans vergogne. Le temps qu'elle arrache sa lame du corps de sa victime, un autre adversaire la prenait déjà à revers, mais ce fut cette fois-ci Diarmuid qui s'en chargea.
- Merci. Souffla la jeune femme, reprenant aussitôt le combat.
- Pas de quoi ! Sourit-il en abattant un mercenaire.
L'affrontement ne dura que quelques minutes, lui puissance des deux compagnons étant largement supérieur à leurs assaillants.
- Tiens, le jour se lève...
En effet, on apercevait au loin l'astre solaire apparaître. Grainné posa son discrètement son regard sur Diarmuid, que les rayons de lumière se reflétant sur son visage rendaient sublime.
- On devrait rejoindre les autres, maintenant qu'il n'y a plus de menace. L'informa-t-il.
- O-oui, faisons ça.
Elle rougit légèrement puis le suivit sur le petit sentier menant au village.
- Merci Caïlte, votre aide nous aura véritablement été précieuse !
- Y a pas de quoi Gregor ! Et surtout, n'hésite pas la prochaine fois !
- Compte sur moi !
Les deux amis ne se lâchaient plus, ayant en quelque sorte renoué avec le passé. Grainné les observait de loin, presque attendrie. Diarmuid en profita pour lui parler une dernière fois.
- J'ai beaucoup aimé travailler avec vous, avoua-t-il, alors j'espère que nous nous reverrons bientôt.
La jeune femme fut légèrement surprise – et flattée – , mais garda bonne figure.
- J'y compte bien.
Ils se sourirent puis Grainné rejoignit son père. Elle lui lança un dernier regard par dessus son épaule avant de s'éloigner définitivement.
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