*Amour et trahison*

Plongée dans un bain dont l'eau lui brûlait presque la peau, Médée réfléchissait à la suite des événements. Cela faisait près d'un mois maintenant qu'elle vivait avec Baldr, et elle se sentait constamment surveillée : en plus de son amant qui ne la lâchait pas d'une semelle, Mani, le dieu qui les avait conduis à la Vallée Étoilée, avait dès lors développé quelques soupçons à son égard. Rien de plus normal, à vrai dire.
- Bref, je suis dans de beaux draps...
Elle sortit et enroula une serviette autour de sa taille. Elle attacha ensuite ses cheveux, qui lui avaient poussé jusqu'aux fesses, en un chignon soigné.
Elle se plaça devant le miroir de la grande salle de bain, et laissa tomber la serviette, dévoilant un corps nu et d'une blancheur angélique. Elle s'observa longuement, et son regard se dirigea presque automatiquement vers son intimité. Il était entré . Ce dieu répugnant s'y était glissé sans gêne aucune, mis non sans difficulté. Il lui avait volé sans vergogne ce qu'il y a de plus précieux pour une fille dans la fleur de l'âge, et lui avait ainsi infligé une blessure qui ne disparaîtrai jamais. Elle se sentait violée et souillée, et l'avait pourtant laissé faire, sans sourciller. Une larme lui échappa, et bientôt d'autres suivirent.
- Tout ça pour une stupide vengeance...
Elle essuya rapidement ses joues humides et s'habilla pour rejoindre, comme chaque jour depuis un mois, son détestable amant.

Médée s'installa devant la cheminée et coiffa avec tendresse sa longue chevelure. Baldr fit alors irruption dans la pièce à vivre, le sourire aux lèvres.
- Que nous vaut cette merveilleuse humeur, mon bien-aimé ? Questionna la jeune femme.
Il s'approcha doucement d'elle, s'agenouilla et lui attrapa la main.
- Médée, je dois aujourd'hui me rendre à Asgard, pour y rendre visite à ma mère. Et... je voudrais que vous m'accompagniez.
Médée ne cacha pas sa surprise, et une once d'angoisse s'empara de son être : si il avait bien un endroit où ne devait surtout pas se rendre une Inhumaine, c'était Asgard. Mais elle ne pouvait pas refuser.
- Ce serai avec grand plaisir.
- Vraiment ? Ses épaules se relâchèrent. Vous m'en voyez véritablement ravi.
Il se releva et ne put s'empêcher de rire comme un enfant à qui l'on venait d'offrir une confiserie. Médée le fixait, et ressentait presque de la pitié pour ce dieu dont l'ignorance et la naïveté étaient affligeantes.
- Bien, nous partirons donc dans une heure !
- Compris. Je vais donc me préparer.
- Faites, faites.

- Baldr, comment se rends-t-on à Asgard ? Demanda Médée, curieuse.
- C'est très simple, vous allez voir. Commencez par prendre ma main.
Perplexe, elle s'exécuta.
- Bifrost, ouvres-toi.
Soudain, la terre trembla autour d'eux, et tout devint flou. Médée failli s'évanouir, tant la sensation était insupportable, mais le dieu la rattrapa et l'aida à recouvrer ses esprits. Face à eux apparu alors une sorte de pont.
- Nous y sommes presque, tenez bon.
Médée acquiesça difficilement, et s'en remis à lui. Lorsqu'elle réussi enfin à rouvrir les yeux, elle remarqua une main tendue dans leur direction, et Baldr s'en saisit. Le sol cessa de trembler, et le décor redevint normal.
- Ravi de te revoir, Baldr !
Médée posa son regard sur la personne qui leur avait permis d'arriver à destination : il s'agissait d'un grand roux au sourire angélique, et portant une magnifique armure d'or. Il se tourna vers la jeune femme et sourit de nouveau.
- Je me présente : je suis Heimdall, gardien du Bifrost. Ravi de vous rencontrer.
- De même. Répondit Médée, légèrement décontenancée.
Cet homme la mis un peu mal à l'aise, car il paraissait si pur et et si gentil qu'elle avait du mal à s'imaginer qu'il ai pu participer au massacre du village de Fiore.
- Heimdall, ça fait un bail ! S'écria Baldr.
Les deux amis se lancèrent dans une joyeuse accolade, que Médée observait de loin, silencieuse. Baldr fini par se tourner vers elle, la dévisageant avec amour.
- Mon ami, je te présente ma femme, Médée.
Il la salua de nouveau.
- Frigga vous attends, je l'ai prévenu de votre arrivée.
- Bien, nous nous y rendons de ce pas. Répondit Baldr.
Les deux amants abandonnèrent le gardien et traversèrent le pont semblable au plus beau des arcs-en-ciel. Ils arrivèrent finalement dans une énorme cité, ou chaque bâtiment était plus sublime et impressionnant que le précédent. Et au centre trônait un magnifique palais de cristal. Médée était émerveillée, et ne savait plus quoi dire : elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau.
Ils pénétrèrent dans le palais, et une grande femme aux cheveux d'un blond vieillit, et au sourire bienveillant les accueilli. Elle était majestueuse, et inspirait le respect.
- Mère...
- Baldr, mon fils, te voilà enfin...
Elle le prit dans ses bras, puis en fit de même avec sa fiancée.
- Et toi, tu dois être Médée. Je suis Frigga, la mère de Baldr. Je suis vraiment heureuse d'enfin pouvoir te rencontrer.
Pour la première fois depuis longtemps, Médée était intimidée. Elle n'avait pas peur, car cette femme n'avait pas l'air particulièrement dangereuse, mais elle était si radieuse que la jeune femme se sentait insignifiante face à elle, ce qu'elle n'appréciait guère.
- Tout le plaisir est pour moi. Répondit tout de même Médée.
Frigga sourit.
- Venez donc, j'ai fait préparer un peu de thé.
Tous deux la suivirent dans la pièce d'à côté, où se trouvait une table de marbre, sur laquelle étaient posées trois petites tasses d'or. Ils s'y installèrent et débutèrent leur conversation. Médée parlait très peu, ne sachant en réalité pas quoi raconter. En effet, l'époque où Baldr et elle s'étaient rencontrés remonte à deux ans, et tous trois savaient parfaitement que ce n'était pas un sujet à aborder.
Soudain, un homme aux cheveux noir comme l'ébène fit irruption dans la grande salle, et fit une révérence.
- Ma reine...
- Loki ? Qu'y a-t-il ? S'inquiéta Frigga.
- Je suis actuellement à la recherche de sa majesté Odin, pour une affaire urgente.
- Malheureusement il est sorti et la date de son retour est encore indéterminée.
Elle le sonda.
- De quoi s'agit-il ? Reprit-elle.
Il hésita, mais décida finalement de se confier.
- Il s'agit de Sol. Son corps a été retrouvé au sud de Parthévia.
La déesse sursauta, et son visage s'assombrit.
- Était-ce Sköll ?
- Non ma reine, son corps a lui aussi été retrouvé sans vie. Je pense que le coupable est...
- Un Inhumain. Le coupa Baldr. Il n'y a aucun doute là-dessus. Ils se sont véritablement lancés à la chasse aux dieux !
Il se tourna vers Frigga.
- Mère, il faut faire quelque chose, et vite !
Médée écoutait silencieusement, analysant toutes les informations qui fusaient dans sa tête.
« Parthévia ? Ça ne peut pas être Grainné, c'est certain. C'est donc un coup d'Atalante. Moi qui pensais qu'elle ne s'y mettrait pas sérieusement. Je ne dois surtout pas me relâcher ! »
- Son frère est-il au courant ? Continua Frigga, ignorant la remarque de son fils.
- Non, Mani ne sait rien pour le moment.
- Bien. Elle réfléchit. Demande à Heimdall de le faire revenir à Asgard, pour qu'il soit présent lors de la cérémonie de sa sœur.
- A vos ordres.
Il les salua puis s'éclipsa.
- Mère...
- N'en parlons plus. Cette histoire ne concerne que les dieux, Médée n'est donc pas obligée de supporter cette conversation.
Elle se tourna vers la jeune femme.
- D'ailleurs, j'aimerai m'entretenir seule avec elle.
Les deux amants furent étonnement surpris.
- Hum... Eh bien... Balbutia Baldr, tout en se tournant vers la principale intéressée, qui était parfaitement incapable de lui fournir une quelconque réponse. Je suppose que c'est bon.
Il se releva et parti, tout en refermant la porte derrière lui, laissant ainsi les deux femmes seules.
Médée ne lâchait pas sa tasse des yeux, celle-ci pourtant vide.
« C'est le moment. Je suis seule avec elle. Cette occasion ne se représentera jamais ! Je dois tenter le coup. »
- Tu sembles distraite.
Médée fut tirée de ses pensées.
- C'est peut-être vrai. Je ne m'en rends pas compte.
- Je vois. Elle inspira profondément. En fait, je voudrais te parler d'une chose qui occupe mon esprit depuis maintenant un certain temps.
- Je vous écoute.
- Je voulais te parler... de l'avenir. Que comptez-vous faire, Baldr et toi ?
Médée faillit lâcher sa tasse. Son avenir ? Avec Baldr ? Elle n'y avait jamais réfléchi, pour la simple et bonne raison qu'il n'y en aurait pas. Sa seule ambition était de les éradiquer, lui et son peuple. Il n'y aura pas de futur pour eux.
- Je ne sais pas, je n'y ai pas vraiment songé. Et puis... Il faut une éternité pour s'aimer mais un instant pour se détruire.
Frigga l'examina un instant, puis s'écroula soudain, tombant à terre de tout son long.
- Qu'est-ce que...
- Ça a été plus rapide que prévu. Lâcha Médée, avec toute l'indifférence du monde.
- Que... m'as-tu fait... ?
- Je vous ai lancé un sort. Rien de plus simple, en fait.
- C'est bien ce que je pensais... Tu nous en veux...
- Bien évidemment que je vous en veux ! S'indigna Médée. Je vous hais à un point que vous ne pouvez même pas imaginer !
Frigga tenta de se relever, en vain.
- Ça ne sert à rien de vous débattre, dans quelques minutes vous serez morte. Ce n'est qu'une question de temps.
- Toute cette haine... Ça me désole...
- Je suis une Inhumaine. La haine fait partie de mon quotidien.
Frigga pleura.
- Mon Baldr... Mon pauvre petit Baldr...
- Ne vous inquiétez pas, il ne tardera pas à vous rejoindre.
Frigga abandonna, et reposa son visage contre le carrelage froid.
- S'il te plaît... pardonne-les.
Ce furent ses derniers mots.
- Il en est hors de question.
Elle observa quelques minutes le corps inerte, puis reposa sa tasse et se leva.
- Bon, il est temps.
Elle laissa à son tour couler quelques larmes et inspira.
- A l'aide ! Je vous en supplie à l'aide !
Elle s'agenouilla devant la déesse sans vie, et quelques secondes plus tard, Baldr déboula dans la pièce. Quand il vit sa mère, il se rua sur elle.
- Que s'est-il passé ?!
- Je ne sais pas ! Cria Médée, faussement paniquée. Nous parlions lorsqu'elle s'est écroulée ! Oh Baldr, je vous en supplie, faites quelque chose !
Terrifié, il prit la vieille femme dans le creux de ses bras et la secoua, en la suppliant de se réveiller. Il fini par poser son oreille contre sa poitrine, désespéré.
- Il ne bat plus... Elle est morte. Annonça-t-il, la gorge nouée.
Médée pleura de plus belle, et fut très rapidement rejointe par le dieu.

La cérémonie de purification, coutume typique asgardienne, de Frigga eu lieu en même temps que celle de Sol. N'étant pas une déesse, Médée avait préféré ne pas y participer. Pour passer le temps, elle avait décidé de se promener à travers la grande cité. Elle qui détestait les dieux, elle se devait d'admettre qu'ils étaient de fabuleux architectes.
Elle arriva finalement au grand pont séparant ce monde à celui des mortels : le Bifrost. Elle aperçu au loin Heimdall le gardien, qui n'avait pas l'air d'avoir bougé d'un pouce depuis leur rencontre. Celui-ci la remarqua à son tour, et l'invita à le rejoindre, ce qu'elle fit. Arrivée à sa hauteur, il la regarda, sourit, puis retourna à la contemplation du grand néant qui bordait le pont.
- Vous n'êtes pas allé à la cérémonie ? Questionna-t-il.
- Vous non plus à ce que je vois.
- Moi je ne peux pas quitter cet endroit, c'est différent.
Médée fut très surprise.
- Vraiment ?! Vous n'êtes jamais allé au-delà de ce pont ?
- Eh bien non. Je suis le gardien du Bifrost, je ne suis pas autorisé à quitter mon poste.
- Ça doit être d'un ennui...
- Détrompez-vous. C'est d'ici qu'on a la meilleure vue.
- Pardon ?! S'écria Médée étonnée, fixant l'étendue vide face à elle. On ne voit rien d'ici !
- C'est ce que vous croyez, mais mes yeux peuvent tout voir. Je connais le monde des humains par cœur, comme si j'y avais moi-même vécu durant des siècles. Je sais tout, absolument tout. Les secrets des uns, les infidélités des autres...
Cette révélation lui glaça le sang. Qu'essayait-t-il de lui faire comprendre ? Était-il au courant de ce qu'elle était ? De ce qu'elle avait fait ? Il se tourna vers elle et lui sourit de nouveau. Un sourire sincère et gentil. Elle était confuse.
- Je suis au courant pour vous. Avoua-t-il. Je suppose que Frigga est aussi une de vos victimes.
Tout s'écroula autour de Médée. C'en était fini d'elle. Il allait tout révéler à Baldr, et elle serai tuée ici même. La peur s'empara de son être, et de puissants tremblements parcoururent son corps. Qu'allait-elle faire ?
- Ne vous en faites pas, je ne dirai rien, tout ça restera entre nous.
- Hein ?
Elle n'en revenait pas. Que venait-il de dire ?
- Contrairement à ce que vous pourriez penser, commença-t-il, je ne nourris aucune haine envers vous. Je n'ai jamais prit part aux conflits impliquant Asgard, et n'ai jamais pris part non plus aux décisions collectives : je ne suis que le gardien du pont, je n'ai pas d'autre utilité. Je ne cautionne pas certains choix qui ont été pris, comme ceux qui ont mené aux événements d'il y a deux ans. Je suis sincèrement désolé pour ce qu'il vous est arrivé, et comprends parfaitement vos sentiments.
- Vous ne m'en voulez pas ?
- Pas le moins du monde. J'ai une question pour vous : aimez-vous tous les humains ?
- Bien sûr que non ! Ce serai complètement insensé !
- Eh bien c'est pareil pour moi : parmi les dieux, il y en a que je n'apprécie pas : Héla et Loki en font par exemple parti.
- Pourquoi me dites-vous cela ?
- Pour vous faire comprendre que je ne suis pas si différent de ces humains que je rêverais de côtoyer. Je n'aime pas forcément les miens, et je comprends qu'on puisse leur en vouloir.
Médée eu un rictus.
- J'ai presque l'impression que vous m'encouragez à commettre plus de meurtres.
- Ce n'est pas le cas, mais je ne vous en empêcherai pas non plus. A mon sens, la vie est éphémère, c'est ce qui la rends sublime, et les dieux ne devraient pas déroger à la règle. Il faut que vous sachiez qu'au commencement du monde, les dieux d'Asgard n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui. C'est l'immortalité qui les a rendus vaniteux. Il était peut-être réellement temps que des êtres comme vous les remettent à leur place.
Son regard était triste et songeur, mais son sourire n'en démordait pas. Médée, quant à elle, ressentait une profonde sympathie pour cet homme. Tous deux se turent un long moment, les mots ne suffisant plus. Lorsque la jeune femme eu enfin retrouvé le fil de ses pensées, une voix grave l'interrompu brusquement, sans qu'elle n'ai rien pu prononcé.
- Médée ? Vous étiez donc ici...
Elle se retourna et retrouva Baldr, les yeux rougis.
- La cérémonie est finie ? Questionna-t-elle.
- Oui. Rentrons maintenant.
Elle acquiesça silencieusement et attrapa la main qu'il lui tendait. Le portail s'ouvrit soudain, et elle jeta un dernier regard à Heimdall, qui ne l'avait pas quitté des yeux.
« Après ce que vous venez de me révéler, je suis encore plus déterminée qu'avant. J'éliminerai tous les dieux, c'est une promesse que je vous fait personnellement. »

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