Chapitre 5
Détester qui ?
Qui pouvait-il détester qu'Ingwé détestait aussi ? Et si c'était la personne qu'Ingwé pensait à l'instant même, comment l'avait-il vu ? Etait-il le seul ? Ingwé pourrait être arrêté juste parce que quelqu'un soupçonnait qu'il avait des pensées rebelles.
Un rictus déforma les lèvres du soldat. Bien sûr qu'il détestait Aegnor. Mais il n'était pas le seul. La plupart des soldats ne l'aimaient pas et pourtant, ils lui obéissaient. Ce n'était pas une raison suffisante.
Et puis Daerôn supposait qu'il le détestait également. Mais était-ce seulement possible ? Pouvait-il abhorrer celui qui l'avait éduqué ?
Ingwé fronça les sourcils. Il savait qu'Aegnor aimait son fils. Peut-être l'aimait-il trop ou avait-il placé en lui une sorte de fierté trop lourde à porter pour l'héritier ? Tout le monde savait quAegnor était sévère et qu'il demandait à son fils de faire des choses qu'un enfant n'aurait pas dû subir. Il l'envoyait tous les ans en camp militaire, depuis ses 12 ans, pour qu'il soit prêt pour les Jeux. Il avait commencé à y participer trois ans auparavant et il les avait remportés haut la main. Il avait certainement mûri un peu trop vite pour son âge. C'était sans doute pour cela qu'il le détestait, pour lui avoir volé une enfance qu'il ne retrouverait jamais.
Mais détester un parent était un terme fort. S'agissait-il d'un besoin de reconnaissance ou d'amour paternel qu'il cachait derrière sa haine ? Détester le roi était dangeureux. Daerôn détestait-il son père au point de n'avoir aucune crainte à le trahir ?
Ou peut-être qu'Ingwé se trompait complètement. Peut-être que le prince était venu lui tendre un piège de la part de son père.
Soudain, une vague de stress l'envahit tout entier. Et s'il avait commis une erreur ?
- On dirait que tu as peur. Remarqua Daerôn.
- Pourquoi est-ce que je te ferais confiance ? Demanda Ingwé, en croisant les bras
- Je ne suis pas comme lui. Si tu as peur, tu peux refuser, je trouverais quelquun dautre. Mais je sais très bien que tu vois la même chose que moi.
- C'est-à-dire ?
Ingwé se redressa. Il était curieux de savoir ce que Daerôn avait à lui dire.
- L'injustice. La dictature. Je sais que tu ne le supportes pas même si tu l'ignores encore. Je t'ai longtemps observé. Tu peux me faire confiance.
Ingwé lui adressa un regard méfiant. Il avait besoin d'une preuve et Daerôn le savait.
Le prince retira soudain son blouson en cuir pour faire apparaître ses épaules. Daerôn n'avait plus l'air d'un enfant, c'était un homme à présent. Ingwé ressentit soudain une sorte de fierté fraternelle. Il secoua la tête. Il était sûrement en train de faire une overdose de caféine pour ressentir pareille chose.
Une flamme était dessinée sur l'épaule de Daerôn. Ce nétait pas la première fois qu'Ingwé voyait un tatouage de ce genre. Sauf que le sien, était coloré. Il fit rouler les muscles de son dos et la flamme pris vie sous les yeux du guetteur. Ingwé se recula aussitôt. Ce phénomène était très rare.
Il en avait entendu parler quand il était enfant. C'était une sorte de légende que les anciens racontaient pour faire rêver les mômes. Il se souvenait encore de la voix caverneuse de son grand-père. "Si tu fais un voeu et que tu y penses très fort, il se transformera en étincelle jusqu'à ce que tu le réalises, et si tu le reçois en héritage accepte le, car cest de cette flamme que naîtra ton espoir" .
- J'ai hérité du voeu de ma mère. J'ai fais la promesse de le poursuivre et de le réaliser. Cette flamme en est la preuve. Déclara solennellement Daerôn en se retournant.
- Quel était ce voeu ? Demanda Ingwé en gardant son sang-froid.
- Retrouver l'héritière légitime.
Il était fou. Complètement fou. Venait-il de lui avouer quil nétait pas lhéritier légitime du trône de Kalisto ?
- Il faut que tu vois plus grand, Ingwé. Ou alors, tu finiras comme les autres.
- Je ne comprends pas. Répondit-il en soupirant.
Ingwé n'aimait pas qu'on se croie plus malin que lui. Il y avait des limites. Daerôn avait beau être l'héritier, Ingwé avait quand même plus dexpérience que lui. Il avait fait des choses horribles et avait vu des choses encore pire. Les voyait-il du haut de son donjon en pierre ?
- Un soldat lobotomisé.
Ce fut la dernière phrase qu'il prononça quand il quitta la pièce. Et Ingwé ne savait toujours pas ce qu'il voulait dire.
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Hello les ami(e) s !
J'espère que vous passez de bonnes vacances !
On espère aussi que vous aimez ce préquel. Pour ma part, j'ai adoré l'écrire. J'aime bien comprendre l'histoire de chaque personnage. Et j'espère que vous comprendre celle d'Ingwé au travers de cette histoire !
Merci pour votre soutien !
Holly (Pookie)
En train d'écrire le tome 3 😏
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