Chapitre 22
Tilion était en train de la tirer avec une telle brutalité qu'on pouvait déjà voir des bleus se former sur ses bras fins. Ingwé ravala son désir d'aller le frapper et de s'enfuir avec elle. Loin. Mais où iraient-ils ?
Les yeux ambrés d'Hélisha se posaient sur chaque soldat comme pour sonder celui qui allait se placer en face d'elle sur l'estrade. Ingwé voyait sa peur au travers de ses respirations saccadées et ses mains tremblantes. Pourtant, ce qu'il percevait avec une force incroyable était la dignité qui lui faisait relever le menton. Elle n'avait pas l'étoffe d'une princesse, mais celle d'une reine.
Les vêtements sombres qu'ils portaient tous n'avaient pas été conçus pour rassurer qui que ce soit. La combinaison en cuir sans manche d'Ingwé commençait à lui coller à la peau. Il avait l'impression que son statut de soldat voulait absolument ne former qu'un avec son corps. C'était ridicule. Les soldats utilisaient la brutalité et la violence pour assouvir leur besoin de liberté. Ces abus de pouvoir constants qu'ils imposaient à la population, à leurs semblables n'étaient que le reflet de leur état captif. Ils étaient, tous, prisonniers de cette obéissance. Ingwé en était bien conscient.
Lorsque le regard d'Ingwé croisa celui d'Hélisha, elle fût déstabilisée. Il pouvait lire cette souffrance dans ses prunelles. C'était celle de l'incompréhension et de la trahison. Il lui avait qu'il était possible qu'il assiste à ce Tournoi stupide, mais le simple fait de l'y voir avait dû la blesser plus qu'il ne l'aurait cru.
Tilion l'emmena sur l'estrade en pierre chaude placée à plus d'un mètre du sol. C'était celle qu'ils utilisaient pour leurs combats en tant que jeunes recrues, pour performer leurs techniques de combat. Tilion l'avait privé de ses chaussures en toiles. Dès qu'elle posa les pieds sur « la scène », elle grimaça de douleur. Le sol devait être brulant. Ingwé imaginait déjà des cloques monstrueuses se former sous ses petits pieds. C'était horrible.
Aegnor entra à son tour dans l'immense pièce. Une cape noire était accrochée à ses larges épaules comme une extension de sa longue chevelure brune. Ses chaires reptiliennes reflétaient la lumière du feu qui jaillissait du volcan juste à ses côtés. Sa présence réjouit la majorité des recrues. Elle sembla également réchauffer la pièce d'une tension palpable. Ingwé était intimement convaincu qu'Aegnor était venu uniquement pour le voir échouer à cette mission. Ou alors il était venu avec la certitude qu'il se rebellerait. De toutes façons, Ingwé sentait son regard de braise brûler sa nuque. Et ce n'était pas agréable du tout.
Mais il ne lui ferait pas le plaisir de se retourner. Il resterait concentré sur sa priorité. Les soldats commençaient déjà à se rassembler tout autour de l'estrade. Ingwé fût contraint de les imiter. Il devait se fondre dans la masse. Aegnor se fraya un passage parmi sa foule. Enfin, c'était plutôt les soldats qui s'étaient écartés pour le laisser passer. Il s'adressa d'un ton condescendant à Hélisha.
- Comment allez-vous, très chère ?
- Et vous, comment vous sentez-vous en sachant que vous vous en prenez à quelqu'un d'inofensif ?
Ingwé releva la tête en fronçant les sourcils. Hélisha et lui n'avait pas parlé de cette stratégie d'approche. Et encore moins du face à face avec Aegnor. Que faisait-elle ?
- Vous pensez l'être, mais vous savez pertinemment l'impact de votre présence ici.
- Je ne pensais pas avoir un tel pouvoir sur vous.
Là, ce n'était plus du courage, mais de la bêtise. Ingwé soupira d'agacement. Qu'est-ce qui lui prenait ?
- Je ne parlais pas de moi, petite insolente ! Ton père ne t'a-t-il jamais appris le respect ?!
Il lui tournait autour comme un prédateur avec sa proie. Ingwé n'aimait pas la tournure que prenait cette conversation.
- Il m'a appris a différencier les personnes qui méritent mon respect et ceux que je dois haïr. Je vous laisse deviner votre catégorie.
Non... Il souffla. Il savait ce qu'elle faisait. Elle attirait l'attention d'Aegnor sur elle pour la détourner de moi. Par ses réflexions acerbes, elle voulait le protéger. Son cœur se serra face à ses efforts. Mais elle ne connaissait pas Aegnor.
- Je vais te dire, dans quelle catégorie je me trouve. Je suis de ceux qu'il ne faut pas provoquer. Tu l'auras voulu, Princesse. Ton garde du corps de va pas pouvoir te protéger cette fois...
Ca y est, le moment était venu... Ingwé sentit sa gorge s'assécher, et les battements de son cœur frapper ses tempes
- Ingwé ! Place toi face à elle.
Tous les visages se tournèrent vers lui. Il essaya de revêtir son masque de cruauté qu'il portait si souvent par le passé sans vraiment s'en rendre compte. Mais aujourd'hui, ce masque le dégoûtait. Il aurait voulu l'arracher et le jeter au feu.
Il s'avança tout en fixant Hélisha dans les yeux en tentant de ne pas lui adresser un sourire rassurant. Les enjeux étaient bien trop importants pour qu'il échoue. Il devrait jouer au gros dur, mais la laisser gagner.
Lorsque ses pas lourds résonnèrent contre l'escalier en métal montant à l'estrade, il régnait un silence morbide dans la salle d'entrainement. Il ignorait si les soldats attendaient de le voir frapper la victime ou s'il attendaient impatiemment de le voir faillir. Il se plaça lentement devant elle, et la fixa du regard d'un air blasé, comme s'il s'ennuyait et que ce cirque n'était qu'une mission de routine pour lui. Elle le dévisagea sans aucune émotion et il en fût troublé.
- Que le Tournoi du Sang commence ! S'exclama Aegnor.
Mais un silence toujours aussi pesant accueillit ses paroles. Personne ne bougeait, n'osait respirer lorsqu'il leva la main vers elle. Elle frappa la première à la gorge comme il le lui avait appris. Ingwé se recula en essayant de retrouver une respiration normale. Il reprit vite le dessus quand il lui assigna un coup au genou, ce qui la fit tomber au sol. Ingwé serra les poings pour s'empêcher de venir voir comment elle allait. Elle se releva courageusement. C'était horrible. Il avait l'impression que ses mains allaient s'enflammer de colère contre une telle injustice. Il n'avait jamais voulu vivre tout ça. Et elle non plus.
Hélisha le regarda un court instant, et ses yeux se perdirent dans le vague. Elle vacilla et ferma les yeux. Ceux-ci avait perdu leur éclat. Son état n'avait rien à voir avec son pouvoir et son refus de l'utiliser. C'était autre chose. Son regard semblait paniqué. Elle ne savait pas non plus ce qui lui arrivait.
Les soldats commencèrent à s'indigner de cette pause dans leur combat. Ingwé regarda autour de lui et croisa le regard maléfique d'Aegnor en train d'évaluer la situation. Il se retourna à nouveau vers Hélisha. Sa peau était blanche, presque translucide. Que lui arrivait-il ?!
Elle prit ses bras entre ses mains et grelotta si fort qu'elle trembla violemment. Ingwé n'osait pas s'approcher d'elle. Ce n'était pas normal. Les soldats froncèrent les sourcils. Ils l'avaient compris également.
Elle s'écroula au sol tout en expirant une fumée blanche glaciale. Qu'est-ce qui se passait à la fin ? Ingwé ne pouvait plus supporter cette comédie, alors il s'agenouilla à ses côtés. Il toucha son front avec le moins de délicatesse possible pour éviter de se trahir dans un moment pareil. Elle était glaciale, à tel point que ça lui brûla étrangement la main. Il se recula en grimaçant.
- Appelez Lyrax !!!
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Hello les lecteurs !
J'espère que vous avez passé un bon week-end !
J'espère aussi que ce chapitre vous a plu. 😊
À votre avis, que va t-il se passer pour Helisha ?
Bonne lecture et à très vite !
Holly
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