Chapitre 13

Lorsqu'Ingwé arriva à la tour de contrôle, la matinée était déjà bien entamée. Daerôn et Jared l'attendaient.

- Salut. Dit-il en s'affalant sur le canapé.

Il ne voulait parler à personne. Il souhaitait juste se reposer dix minutes et qu'on arrête de lui dire ce qu'il devait faire. Calywen remettait en question sa motivation à effectuer ses missions. Il contestait sa loyauté. Ingwé devait faire attention, Daerôn et Jared avait déjà deviné qu'il n'était plus du tout d'accord avec les pratiques d'Aegnor. Son respect envers lui s'amenuisait au fil des jours et n'allait pas tarder à craquer.

De plus, Ingwé savait qu'il jouait à un jeu dangereux en se rapprochant d'Hélisha, à vouloir la protéger et en la soignant tout le temps. Ça pourrait lui coûter cher. Pourtant, il ne voulait pas s'éloigner d'elle. Le sentiment qu'elle avait besoin de lui ne le quittait plus. Et surtout, Ingwé avait l'impression qu'il avait aussi besoin d'elle. Et ça n'augurait rien de bon.

- Dure nuit ? Lui demanda Jared

- Tu n'imagines pas à quel point. Répondit Ingwé en se massant les tempes.

Il entendit Jared se relever et quitter la pièce. Son collègue allait faire quelque chose que lui, ne pouvait plus se permettre : dormir.

Il attendit qu'il parte définitivement pour se relever. De violents vertiges l'assaillirent soudainement et il se résolut à s'asseoir sur le bord du canapé.

- Que s'est-il passé ? Lui demanda Daerôn en observant les écrans de surveillance d'un air las.

- Calywen a agressé la princesse Hélisha.

- Il ne faisait aucun doute que cela arriverait. Déclara Daerôn d'un ton plat.

- Tu n'as pas l'air inquiet. Répondit Ingwé d'une manière un peu trop agressive à son goût.

- Je sais qu'elle peut compter sur toi et qu'elle est entre de bonnes-mains.

Le prince lui jeta un regard en coin tout en continuant de se concentrer sur leur périmètre. Il poursuivit.

- J'ai pris l'initiative de venir ici pour te remplacer. Je te rassure cela n'a rien à voir avec ton efficacité. Je sais très bien que tu fais du bon boulot. Mais je sais aussi que tu as besoin de repos. Alors arrête de te plaindre et dors. Je surveille le périmètre.

Il y a quelques jours, Ingwé s'y serai opposé farouchement. Il n'aimait pas qu'on fasse le travail à sa place. Mais il avait vraiment besoin de sommeil. Il hocha la tête et se recoucha, se laissant porter dans le délicieux confort qu'offre une sieste.

*

Un bruit de froissement de vêtement lui fit ouvrir les yeux. Il aperçut Daerôn en train d'enfiler la combinaison extérieure.

- Qu'est-ce que tu fais ?! S'écria-t-il en se relevant.

- Rendors-toi ! Elle est revenue, j'y vais.

- Il en est hors de question ! Je t'accompagne !

Ingwé regarda les écrans et vit une forme qui se détachait du crépuscule. Il avait dormi un long moment, mais il savait que cette chose était revenue et qu'il fallait l'appréhender dans les meilleures conditions. Ingwé zooma sur l'image diffusée en direct.

Une jeune fille se tenait fièrement sur un rocher et croisait les bras. Son regard le fit se reculer. Elle semblait observer d'un regard perçant la caméra de surveillance comme si elle savait exactement où elle se trouvait. Ses cheveux noir de jais flottaient autour de son visage fin et délicat, mais sali par la cendre environnante. Ses vêtements ressemblaient plus à des haillons qu'a des habits Kalis. Ses yeux étaient couleur de lave et semblaient vouloir incendier tout ce qui bouge.

Ingwé se tourna vers Daerôn qui enfilait son casque.

- Elle m'attend. Je sais exactement ce qu'elle veut. Et elle a ce que je recherche.

- Tu lui as déjà parlé ? Demanda Ingwé, incrédule.

- Il y a plusieurs années.

- Tu la connais ?

Ce qu'Ingwé entendait de la bouche de l'héritier défiait toute logique. Il devait certainement être en train de rêver. Il ne comprenait rien du tout.

- Je t'expliquerais plus tard. Occupe-toi de surveiller la zone. Attrape !

Daerôn lui lança un communicateur pour qu'il puisse entendre sa conversation avec l'inconnue. Ingwé le suivit du regard lorsqu'il mit un sac en toile sur son dos. Il ignorait ce qu'il contenait et espérait secrètement que ce n'était pas un corps en décomposition qu'il donnerait à cette étrange fille pour satisfaire sa faim ou autre chose dans le genre.

Le prince quitta la pièce avec assurance. Ingwé ignorait complètement ce qu'il manigançait et ça l'agaçait au plus haut point. Sa seule consolation fut de savoir qu'il pourrait entendre ce qui se tramait. Il alluma le communicateur au moment ou Daerôn lui adressa la parole.

« Daerôn à Ingwé, je répète. Daerôn à Ingwé, est-ce que tu me reçois ? »

- Je te reçois cinq sur cinq, Daerôn. Qu'est-ce qui se passe à la fin ?

« Je te promets que je t'expliquerai tout, mais d'abord, je dois me dépêcher. Elle va bientôt perdre patience et toi, tu vas devoir rentrer au château pour surveiller Hélisha ».

Ingwé fulminait d'impatience. Il attrapa une tasse et la jeta au sol. Il se prit la tête entre les mains. Il devait se calmer. Il prit le temps de respirer longuement et lentement.

Il entendait Daerôn marcher dans les cendres dans le communicateur. Il attendit patiemment du mieux qu'il le pouvait en observant les écrans de surveillance.

« Daerôn... » entendit-il.

Son rythme cardiaque s'accéléra. La fille avait parlé avec un accent à couper au couteau.

Qui était-elle ?

« Liwya, ça faisait longtemps. Tu as bien changé. Tu es une jeune femme maintenant.

« Je ne suis pas venue pour parler de ma croissance avec toi. »

«  Très bien. Il me semble que tu as quelque chose qui m'appartient.»

« Si tu veux le récupérer, tu vas devoir m'aider.»

La fille sauvage avait quelque chose qui appartenait au prince ? Comment était-ce possible ? Il entendit Daerôn souffler d'agacement.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

« Si je t'ai pris ce vieux papyrus, c'est pour que tu viennes à mon secours, mais tu es arrivé trop tard. Les nids ont été brulés avec l'éruption ».

Elle parlait vraisemblablement des nids des Valkos.

« Je sais ».

« Je n'ai plus aucun abri maintenant et ma famille est en danger. »

« Tu sais très bien qui est ta véritable famille, Liwya ».

« Ce n'est pas lui qui m'a élevé, il n'a même pas pleuré ma disparition. Il croit que je suis morte. Il n'a même pas versé une seule larme. Alors, oui, ils sont ma famille. Toi, tu es bien trop occupé à jouer au détective pour te préoccuper de moi ». Dit-elle en croisant les bras d'un air de défi.

Ingwé ne savait même pas de qui ils parlaient. Il ne savait même pas quel âge donner à cette fille.

Mais qui était-elle ?!

« J'essaye de t'aider au maximum, tu le sais. Je dois aussi maintenir l'équilibre au palais ».

Elle leva les yeux au ciel, signe d'exaspération.

« Tu dois trouver un moyen de nous reloger. Ici ou ailleurs. »

Reloger les Valkos ?! Impossible...

« Ce n'est pas si simple ». Répondit Daerôn. « Je peux essayer de t'apporter de la nourriture en attendant de trouver un moyen de te sauver complètement ».

« Très bien, mais je ne te donnerai ton fichu papier que lorsque je serai en sécurité ».

Pas de doute, cette fille savait marchander. Daerôn baissa la tête.

« Si je trouve un endroit sûr pour eux, d'ici une semaine, tu me le rendras ? C'est très important. »

« Je sais. Marché conclu ».

Puis, elle siffla entre ses doigts et un gigantesque Valkos noir apparut. Elle monta sur son dos et partit aussi rapidement qu'elle était venue. Ingwé s'assit sur le siège sans trop savoir comment, tellement il était abasourdi. Cette conversation n'avait aucun sens.

Il se releva après quelques instants et marcha de long en large dans l'espace exiguë qui lui servait de poste d'observation lorsque Daerôn entra, essoufflé. Ingwé croisa les bras, obligeant ainsi le Prince à répondre à sa question inaudible. L'héritier retira son casque et le regarda à son tour.

- C'était ma demi-sœur. Déclara t-il.

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Hello les ami(e)s !
Alors ? Aviez vous deviné qui était cette jeune fille ?
J'espère que ce chapitre vous plaît. Lou et moi, on aime beaucoup ce nouveau personnage.
J'espère que vous l'aimerez aussi.
Passez un bon week end !

À bientôt !
Holly :)

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