Chapitre 9 - Home sweet home !
*réécrit le 12.04.22*
Monsieur mystère, un sourire narquois aux lèvres, nous toisait alors que Jessica stoppait le groupe et nous rejoignait au pas de course.
— Quelle surprise ! ricana-t-elle. Vous aviez raison, ce petit subterfuge était très enrichissant.
— Au moins, maintenant, nous sommes certains de qui nous devons tenir à l'œil.
— Il n'y avait pas trop de doutes cependant ! renchérit-elle perfidement.
A mes côtés, Jayden poing serrés et regard de tueur, n'avait toujours pas reprit sa respiration. Focalisé sur l'homme, il paraissait prêt à lui sauter à la gorge. Le reste des participants s'étaient rapprochés et nous observaient avec des regards allant de la curiosité au simple dégout en passant par la colère, pour certains.
— Au cas où vous nous n'auriez pas imprimé la première fois, à ce stade, vous ne nous êtes pas encore indispensable martela, Jessica en nous fixant à tour de rôle.
Air supérieur et sourire satisfait aux lèvres, elle repartit prendre la tête du convois et c'est sans un mot, surveillés par monsieur mystère, que nous reprîmes notre cheminement. De temps à autre, l'un de nos condisciples se retournait pour nous dévisager, nous regardant comme des pestiférés. Personnellement, cela ne me faisait ni chaud, ni froid. Je me sentais comme déconnectée, a la fois consciente mais pas tout à fait certaine que tout cela soit réel. Jessica s'arrêta quelques minutes plus tard devant une cabine d'ascenseur barrée d'un panonceaux jaune et noir indiquant.
« Appareil désaffecté – Danger de mort ! »
— Très rassurant, marmonna Ichi que j'avais presque oublié tellement elle s'était fait discrète.
Jessica tourna la tête dans notre direction mais ne releva pas et se contenta d'appuyer sur le bouton d'appel et de soulever le panneau.
— Entrez, nous ordonna-t-elle sans plus d'explication.
Après des échanges de regards inquiets et hésitants, les premiers se risquèrent dans la cabine d'un pas prudent. L'intérieur n'était pas tellement plus engageant que l'extérieur, constatai-je alors que nous nous tassions pour tous tenir dans l'espace exiguë. Sol dégradé, panneaux rayés et console rouillée, cette cabine avait l'air d'avoir au moins cinquante ans. Jessica se faufila jusqu'à la console et inséra une petite clef a sa base en dessous du bouton d'appel d'urgence. Dès qu'elle la tourna, un bourdonnement électrique se fit entendre et les lumières se mirent à briller avec un peu plus de vigueur.
— C'est ici que je vous quitte, nous dit-elle. Lorsque nous nous reverrons, vous serez devenus des célébrités... du moins pour certains, ajouta-t-elle en fixant Jayden tandis que les portes se refermaient lentement, leur laissant tout le temps de s'affronter du regard une dernière fois.
— Je crois qu'elle ne t'apprécie pas vraiment ! commenta Lucia dans un ricanement.
La secousse qui nous ébranla brusquement la fit taire avant que Jayden n'ait eu le temps de répliquer. Un grincement inquiétant résonna entre les parois métallique tandis que la cabine commençait à descendre par à-coup peu rassurants.
— Vous croyez que la cabine va tenir ? demanda quelqu'un d'une voix apeurée.
— Tu verras bien à l'arrivée ! balança Lucia, toujours aussi hargneuse mais apparemment pas plus rassurée que les autres.
La descente paru durer une éternité, rythmé par les soubresauts, les bruits de ferrailles et les petits cris paniqué, lorsque quelqu'un était projeté contre l'une des parois. Quand la cabine s'immobilisa enfin dans un dernier sursaut, tout le monde poussa un soupir de soulagement et je ne fus pas la plus lente à sortir lorsque les portes s'écartèrent enfin avec une lenteur exaspérante.
Devant nous, une pièce rectangulaire, blanche et totalement vide. Une double porte sans poignée ni serrure se découpait dans le mur d'en face et s'ouvrit comme par magie aussitôt les battants de l'ascenseur refermés.
Une jeune femme brune d'une vingtaine d'année, au sourire naturel et habillée simplement d'un jean et d'un tee-shirt s'avança vers nous, un bloc note à la main.
— Bienvenue, nous accueillit-elle d'une voix grave et bien timbrée. On m'a demandé de faire l'appel mais, je me doute bien que tout le monde est là, ajouta-t-elle avec un petit sourire entendu.
Sa tentative d'humour fut plutôt bien accueillit, parvenant à en dérider certains et même à susciter quelques rires timides, mais pas celui de Jayden ni le mien. Méfiante, je restai sur mes gardes, ne parvenant pas à croire en sa sincérité.
— Je m'appelle Kate, continua-t-elle sur le même ton. C'est moi qui aie la tâche de vous installer dans votre nouveau chez-vous (nouveau sourire détendu). Je vous en prie, c'est par ici.
Nous échangeâmes un petit regard dubitatif avant que les premiers ne finissent par franchir la porte. Accueillante ou pas, nous n'avions de toute façon aucune autre option à notre disposition, me dis-je en suivant le mouvement, l'ascenseur étant de nouveau inerte et inaccessible. Dès que nous fûmes entrés, les battants se refermèrent derrière nous et je levai les yeux sur... un autre univers.
Pierre naturelle au sol, éclairage tamisé et canapés en cuir se mariaient d'une manière impeccable dans un hall digne d'un hôtel cinq étoiles. Un somptueux tapis rouge et or s'étalait au centre de la pièce et une rafraichissante odeur de cèdre flottait dans l'air. Le changement d'ambiance était tellement criant que personne n'osait faire un pas, prostrés comme des statues à la limite du tapis moelleux.
— Le dîner n'étant pas encore totalement prêt, je vais en profiter pour vous faire visiter les parties communes, nous dit Kate en posant son bloc sur le comptoir en bois lustré disposé à droite de la pièce. Laissez vos sacs et vos blousons, pour ceux qui le désir, sur les canapés. Nous reviendrons les chercher plus tard.
Avec une lenteur liée à l'incertitude et à l'étrangeté de la situation, nous nous exécutâmes. Voyant Jayden glisser son portable dans la poche de son pantalon, j'en fis autant, vite imité par tout ceux qui l'avaient vu faire. Ces téléphones ne nous appartenaient pas et étaient déjà certainement truffés de traceurs et de logiciels espions en tout genre, mais je comprenais la réaction du jeune homme. Une fois allégés de nos maigres possessions, nous suivîmes Kate en passant devant le comptoir et empruntâmes un couloir spacieux mais relativement court dans les murs duquel s'ouvraient trois portes.
— Ici, se trouve le salon, donnant aussi directement sur la salle à manger et sur la pièce adjacente nous expliqua Kate en ouvrant la première porte.
Même sens du détail et même décoration que dans le hall. Parquet au sol, boiseries sur les murs et bibliothèques savamment agencées donnaient à l'ensemble un charme désuet et un brin étouffant, pensai-je alors que nous traversions la pièce slalomant entre les canapés et les poufs. En comptant bien, il y avait douze places assises disponibles... rien n'avait été laissé au hasard.
— La pièce d'à côté c'est la salle de jeux, ou de détente si vous préférez, reprit Kate tout sourire en poussant les battants de la doubles portes s'ouvrant dans le mur de gauche.
Ici, changement total d'atmosphère. Un billard, un babyfoot et plusieurs étagères croulant sous les puzzles et jeux de sociétés en tout genre, offraient un aspect hétéroclite. Une bibliothèque bourrée de livre de poche, se partageait l'espace restant avec deux canapés colorés entourant une grande table basse et un meuble bas où trônait une cafetière, une bouilloire et assez de sachets de thé et d'infusion pour tenir un siège.
— Waouh, ça c'est cool ! commenta quelqu'un, alors que nous ressortions dans le couloir, une porte plus loin.
— Pas la peine que je vous explique à quoi sert la troisième porte ? nous dit Kate avec un petit sourire en coin, la plaque laquée indiquant « Toilettes » parfaitement visible de là où nous étions.
Tandis que nous rebroussions chemin vers le hall d'entrée, l'ambiance générale était encore à la circonspection. Chacun observant l'environnement avec méfiance dans un silence prudent.
— Patientez ici, une petite minute, je vais m'assurer que le dîner est prêt, nous dit Kate en nous plantant là.
Une délicieuse odeur de cuisine flotta jusqu'à nous lorsqu'elle disparue entre les battants de chêne ouvragés. Mon estomac, certainement revigoré par ce délicieux fumet, choisit cet instant précis pour se rappeler bruyamment à mon bon souvenir, sous le regard amusé de Jayden. Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé ? réalisai-je alors que Kate revenait déjà, interrompant le léger brouhaha qui avait commencé à se former.
— C'est prêt ! nous dit-elle avec le même enthousiasme que si elle venait de gagner à la loterie. Si vous voulez bien me suivre.
Les portes s'ouvrirent en grand cette fois-ci, nous donnant une vue imprenable sur les tables nappées, les verres en cristal et les bougies, illuminant l'endroit d'un halo irréel.
— C'est presque trop beau pour être vrai... murmura sinistrement Jayden à mes côtés en dépassant les cloisons stylisées.
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