Chapitre 17 - Mensonges et rébellion


Toutes les personnes présentes, debouts, tapaient dans leurs mains. Certaines, comme Arthur et Ichi avec enthousiasme et d'autres, à l'instar de Lucia, du bout des doigts accompagné d'une grimace équivoque. Les assiettes, encore à moitié pleine pour la plupart, attendaient que leurs propriétaires reprennent leur repas en refroidissant lentement. Désorientée et troublée par cet accueil, je serrais la main de Jayden à lui en écraser les phalanges, tandis qu'il demeurait figé et impassible comme à son habitude. Lorsque l'intensité commença à décroitre, Kate s'avança vers nous, un grand sourire un peu figé sur les lèvres.

— Bravo Cléo, vous avez été héroïque ! Sans vous je ne sais pas...

— Comment va Luc ?

La phrase franchit mes lèvres sans que je ne l'aie anticipé. Ma tête tournait et toutes les paroles sortant de la bouche de Kate me paraissaient fausses et creuses.

— Je crois que les remerciements pourront attendre que vous ayez manger, reprit-elle de manière toujours obséquieuse.

Jayden n'attendit pas et m'entraina d'une poigne douce mais ferme vers notre table habituelle où nos amis nous attendaient.

— Installe-toi m'ordonna-t-il gentiment, tandis qu'il repartait aussitôt en direction du buffet.

Jayden déposa devant moi quelques minutes plus tard, une assiette remplie de viandes froides, pomme-de-terre et d'une salade colorée qui me mit instantanément l'eau à la bouche. L'hypothèse d'une panne de cuisine devait être exacte, car la nourriture sentait de nouveau divinement bon, me dis-je en saisissant ma fourchette sans attendre. Il ne me fallut pas longtemps pour terminer mon assiette et c'est l'estomac plein et l'esprit déjà un peu plus alerte que je reposai mes couverts.

— Tu te sens mieux ?

— Oui, tu avais raison, répondis-je à Jayden avec un sourire, tout en réprimant un bâillement involontaire.

— Maintenant, je pense qu'une sieste ne serait pas de trop, ajouta Ichi d'une voix lasse.

— Vous avez eu des nouvelles de Luc ? demandai-je soudain en réalisant que Kate n'avait jamais répondu à ma question.

— Nous savons seulement ce qu'ils n'ont pas dit. Pas de nouvelle, bonne nouvelle, ironisa sinistrement Arthur en terminant sa banane.

Encore sous le choc et groggy par la digestion, je laissai errer mon regard autour de la pièce. Le ronronnement des conversations me berçait, me rendant somnolente et empêchant l'information cruciale qui flottait à la limite de ma conscience de remonter à la surface. Ce fut la voix de Kate, que je commençais clairement à détester, qui me ramena à la réalité dans un sursaut.

— Bien qu'il ne soit pas encore midi et qu'un programme chargé était censé vous attendre cet après-midi, la journée a déjà été très riche en émotion pour la plupart d'entre vous. Par conséquent, il a été décidé de vous laisser quartier libre jusqu'à demain. Sachez que vos mentors seront à votre disposition dans l'oasis jusqu'à 17h, pour toutes questions que vous auriez envie de leur poser.

Plusieurs questions fusèrent aussitôt que la jeune femme se tut, mais elle n'y preta aucune attention. Même lorsque certains se levèrent, répétant leurs demandes avec un peu plus d'insistance, elle se contenta de tourner les talons et de disparaitre aussitôt par les cuisines, sans un mot ni un regard. Toutes les têtes se tournèrent aussitôt vers nous, tandis que certains, dont Lucia, bifurquaient vers notre table.

— Vous savez ce qu'il s'est passé ?

— C'était vraiment une fuite de gaz ?

— C'est vrai que Luc est mort ?

— Vous croyez que l'on est en danger ?

Jayden releva lentement la tête et fixa le petit groupe d'un regard froid.

— Nous n'en savons pas plus que vous...

— A d'autres ! Tu sais très bien, comme moi, que ce n'était pas une fuite de gaz ! attaqua aussitôt Lucia avec sa verve habituelle.

— Et qu'est-ce que cela changera d'en débattre pendant des heures ?

— Ah tu vois ! Tu es d'accord avec moi !

— Même si c'était le cas, en quoi cela changerait notre situation actuelle ? Le plus intelligent pour le moment, c'est d'observer et d'attendre...

— Attendre quoi ?! s'insurgea le numéro 5. De nous faire buter à notre tour au détour d'un couloir ?

— Vous êtes certains que ce n'était pas réellement un accident, demanda la numéro 4 avec espoir. Vous n'avez vraiment rien vu dans ce sens ?

Mon malaise, qui s'était un peu apaisé durant le repas, revint en force. Mes oreilles bourdonnaient de nouveaux et les élancements douloureux qui pulsait dans ma paume et sous mon crâne, me donnaient envie de leur crier de se taire et nous foutre la paix. Au lieux de cela, je me levai lentement en prenant appuis des deux mains sur la table et pris une grande inspiration.

— Tout ce que nous avons vu, ce sont des gravats et le plafond qui nous tombait sur la tête, répondis-je de la voix la plus mesurée que je puisse produire. Maintenant, si vous voulez bien faire votre petite rébellion dans votre coin et nous foutre la paix, ça m'arrangerait.

J'étais déjà à mi-chemin de la porte lorsque Ichi, Arthur et Jayden me rejoignirent. Ce dernier, un sourire satisfait sur les lèvres, me dépassa même pour m'ouvrir la porte à l'instant où je l'atteignais.

— Tu as bouffé du lion, ce matin ! me souffla-t-il à l'oreille tandis que nous rejoignions le Hall sous les regards médusés des quatre autres candidats restés en arrière.

— J'ai seulement la tête en vrac... je veux juste... dormir et me réveiller de ce cauchemar, murmurai-je en me dirigeant vers l'oasis.

Ce ne fut que lorsque les portes s'ouvrirent qu'une information cruciale me revint... nos soi-disant « mentors » nous attendaient ! Nous essayâmes bien de nous faufiler discrètement entre les plantes et les grappes de gens en train de discuter, mais ils nous tombèrent dessus avant même que nous n'ayons atteint le bassin central.

— Cléo ! Ma pauvre, comment allez-vous ? Venez vous assoir, après le choc que vous avez subit. Vous avez vraiment été héroïque, vraiment ! Je disais à...

Le regard que me lança Ichi aurait pu me faire éclater de rire dans d'autres circonstances. Mais j'étais tellement épuisée que seul un soupir résigné franchit mes lèvres.

— Vous croyez vraiment que c'est le moment ?

Le ton et le coup d'œil de Jayden arrêtèrent net les pérorassions de Joachim, qui prit son air offusqué habituel. Le jeune homme en profita pour m'attraper par la taille et m'entraîner vers la porte des dortoirs.

— Je pensais que le mien était gratiné mais là, il est battu à plate couture, marmonna-t-il en positionnant son bracelet devant le lecteur. Comment tu as fait pour ne pas le trucider dans la voiture ?

Un sourire étira brièvement mes lèvres alors que nous franchissions la porte et nous retrouvions enfin au calme. Entendre Jayden, d'ordinaire si taciturne, plaisanter, me donnait momentanément une fausse mais agréable sensation de normalité. C'était une vanne qu'aurait très bien pu faire François, j'avais un peu la sensation d'être brièvement de retour dans ma petite vie simple mais au combien rassurante. La tête me tourna soudain et je dus me raccrocher au mur pour ne pas tomber. Jayden m'enlaça de nouveau et m'accompagna jusqu'à ma porte qui s'ouvrit à mon approche. Mais lorsqu'il voulu entrer pour me conduire jusqu'à mon lit une alarme stridente se déclencha et il se retrouva repoussé jusqu'au mur opposé.

— Apparemment, ils ne sont pas pour le mélange des chakras, ici ! pouffa Ichi en pénétrant dans le couloir. T'inquiète pas, je m'en occupe, dit-elle gentiment à Jayden en m'entrainant à son tour vers mon lit.

Lorsque la porte se referma dans un chuintement, un ambivalent sentiment de soulagement et de manque me saisit. J'étais heureuse d'être enfin au calme mais être séparée de Jayden me donnait un étrange sentiment d'insécurité.

— Je crois qu'il t'aime bien, me dit Ichi avec un doux sourire alors qu'elle rabattait les couvertures sur mon corps courbatu.

J'étais tellement épuisée et choutée par les médocs que je ne réagis même pas à son affirmation, mon esprit dérivant déjà vers le néant apaisant du sommeil. Pourtant, à l'instant où mon esprit se mettait en pause, l'avertissement de l'infirmière remonta soudain à la surface mais trop tard pour que je puisse prévenir les autres. 

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Hello, hello mes chers lecteurs, 

Déjà, un grand merci à vous d'être toujours présent sur cette histoire malgré mon rythme de publication erratique ^.^ Malheureusement, cet état de fait ne va pas s'améliorer dans les semaines à venir :-( Les vacances approchent ( enfin) et je vais devoir commencer la réécriture et les corrections du tome 2 de Isolated System. Je vous vois déjà en PLS dans votre salon ='D Mais ne vous inquiétez pas, Cléo ne va pas disparaitre une seconde fois :-) Non, non, non, elle va juste prendre une petite pause, le temps de terminer mes corrections pour hier ^o^ De partir en vacances et surtout... de commencer le tome 2 de Elémental et qui sait... peut-être un tome 3 pour IS ?! 

En attendant, je vous souhaite à toutes et à tous de bonnes vacances, pour celles et ceux qui ont la chance d'en avoir et vous dit à très vite pour de très nombreuses nouvelle aventures *o* 

Des bisous <3 <3 <3 

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