Chapitre 14 - Révélations


Cette fois-ci, aucun commentaire ni aucun murmure. Seul un silence assourdissant suivit sa réponse, balancée avec un petit sourire entendu.

— Vous vous doutez bien que, peu après leur découverte, des expéditions d'explorations ont été lancées. Même si c'était dans le plus grand secret nous étions tous euphoriques et plein d'espoir. Malheureusement, même si ces mondes semblaient parfaits sur le papier pour accueillir la vie, il n'en était pas de même en réalité.

Elle fit une pause stratégique pour prendre une gorgée du verre d'eau posé sur la table derrière elle. La mise en scène était évidente et bien huilée, pourtant nous étions tous suspendus à ses lèvres, avides de connaître la suite de l'histoire.

— Ils s'est vite avéré que les atmosphères des différentes planètes, bien que très proche de la nôtre, présentaient malgré tout, des particularités pouvant nous être fatales après une trop longue exposition. Nous avons tenté l'acclimatation progressive en recréant les atmosphères sur terre mais sans succès. Le projet était au point mort, sur le point d'être définitivement abandonné quand ils sont venue me chercher.

— Vous êtes Docteur en quoi, exactement ? demanda soudain Sara, surprenant tout le monde excepté l'intéressée qui la fixa sans se départir de son doux sourire.

— En génétique, répondit-elle.

— Vous voulez nous faire croire que nous serions des... des quoi ? Des mutants ?! s'exclama Lucia dans un demi-rire incrédule.

Le docteur Jun sourit de nouveau et attendit tranquillement que le calme revienne avant de répondre.

— Rien d'aussi spectaculaire ni extravagant que dans les films, j'en ai peur ! répondit-elle en riant doucement. Mais techniquement, on peut dire ça, en effet. De très légères modifications de vos aptitudes respiratoires, vous permettrons de vivre sur votre nouvelle planète, sans aucun problème.

— Mais, je ne comprends pas, reprit Sara. Toutes les planètes ne peuvent pas avoir exactement la même atmosphère ?

— Non, en effet. Elles sont, en fait, subdivisées en trois sous-groupes relativement proche. C'est pour cela que nous avons modifier trois différents groupes d'embryions.

Les yeux écarquillés et les visages figés de mes camarades reflétaient assez bien le ressentis général de cette révélation. Incapable de définir exactement ce que j'éprouvais, je me contentais de serrer les poings, la respiration saccadée. Je n'avais pas connu mes parents. Ils étaient morts dans un accident de la route alors que j'avais à peine six mois. C'est du moins ce que m'avait toujours raconté ma tante, qui m'avait recueilli... à moins que tout cela n'ait été que des mensonges ?

— Je vois, à vos visages que vous êtes surpris mais...

— Surpris ! s'exclama Lucia en se levant brusquement. Nous ne sommes pas « surpris », nous sommes... choqués ! Furieux ! Abasourdis ! Choisissez celui qui vous fait plaisir !

— Il ne faut pas le prendre comme ça...

— Et comment voudriez-vous que nous le prenions ?! s'énerva-t-elle en commençant à remonter l'allée d'un pas furieux.

— Retournez à votre place !

La voix de Jessica, calme et froide, résonna comme un ultimatum. Lucia le prit comme tel, car elle s'arrêta aussitôt, à la limite de la première rangée.

— Je ne vous le répéterai pas une troisième fois. Retournez à votre place, tout de suite.

Je crois que ce fut le regard de la jeune militaire, plus que son ton, qui incita la jeune fille à faire demi-tour. Elle se rassit sur l'inconfortable chaise verte en plastique moulé et pour signifier son désaccord, se vautra et étendit ses jambes dans l'allée. Ce ne serait sans doute pas très efficace mais préférable à une balle dans la tête, me dis-je en voyant plusieurs autres candidats l'imiter.

— Pour clarifier la situation, reprit le docteur Jung d'une voix chagrinée. Je veux qu'il soit clair pour vous tous que vous n'avez pas été échangés ou adoptés. Vous êtes toutes et tous issus de F.I.V, mais vos parents sont bien vos parents.

— Comment vous avez pu les convaincre d'accepter ça ?! s'exclama Sara d'un ton oscillant entre le soulagement et l'indignation.

— Ils ne leur ont rien demandé ! ricana amèrement Jayden quand il fut clair que le docteur Jun n'avait pas l'intention de répondre.

Un nouveau hoquet de surprise secoua l'assemblé, tandis que l'indignation et la colère prenaient rapidement le pas sur le soulagement initial.

— C'était le plan idéal, continua implacablement Jayden. Je suis presque certain que vous n'avez sélectionné que des couples désespérés. Comme ça, si l'embryon n'était pas viable, vous faisiez passer cela pour une fausse couche de plus... je me trompe ?

— Mes parents en étaient à leur quatrième et dernière tentative, commenta la numéro 4 d'une voix triste. Ils étaient tellement heureux de m'avoir eu... s'ils savaient...

— Vous auriez peut-être préférés que nous nous abstenions ?! s'énerva enfin le docteur Jun.

— Demander des volontaires aurait déjà été un bon début, maugréa quelqu'un devant moi.

— Nous n'en avions pas le temps. Sans compter que nous aurions dû rendre public nos découvertes et c'était beaucoup trop tôt.

Des onomatopées, soupirs et bruitages en tout genre, suivirent sa piètre tentative de justification. Jessica avait à présent ostensiblement la main sur la crosse de son arme, tandis que Davis s'était rapproché du docteur Jun, un talky-walky à la main.

— Je comprends votre réaction, intervint néanmoins le docteur Jun quelques minutes plus tard. Mais j'estimai que vous deviez connaître la vérité, ajouta-t-elle en lançant un regard équivoque à Davis tandis qu'elle lui cédait la place à l'avant de la scène.

— Comme vient de vous l'expliquer Mademoiselle Jun, les mutations et les atmosphères ont été divisés en trois catégories. Les planètes aux atmosphères presque identiques à celle de la terres. Les planètes plus riche en oxygène et enfin, celles aux atmosphères particulières mais viables malgré tout. A présent nous allons connaître votre groupe d'affinité.

— Comment ?

Davis ne répondit pas à la question et a la place nous fit signe de nous lever et de nous approcher de l'estrade.

— Il faut savoir ce qu'il veut, maugréa Lucia en me précédant dans la file.

— Les bracelets que l'ont vous a donné hier soir ne servent pas uniquement à ouvrir les portes.

A l'instant où les mots quittaient les lèvres du Capitaine, le mien sembla pulser plus fort que jamais, comme s'il répondait à un appel.

— Ces bracelets ont dû provoquer trois réactions bien distinctes, enchaîna aussitôt le Capitaine Davis. Je vais vous les décrire et ensuite vous vous répartirez dans les différentes rangées. Légère : actuellement vous ne ressentez plus aucun désagrément : première rangée de chaises à ma droite.

Je vis sans surprise Ichi sortir du rang d'un pas hésitant, suivit presque aussitôt par Arthur. Les numéros 5 et 6 les rejoignirent après une légère hésitation. Davis attendit qu'ils soient tous assis avant d'enchaîner.

— Rang du milieu pour ceux dont la sensation a été modéré : ce peut être encore un peu sensible mais rien de vraiment dérangeant.

Sara et Aiden, le coloc d'Arthur, s'avancèrent presque simultanément ce qui leur arracha un sourire involontaire tandis qu'ils prenaient place sur leurs sièges respectif. Les numéro 4 et 8 complétèrent la rangée.

— Et enfin rang de gauche pour ceux qui reste et qui ont dû avoir une réaction plutôt Forte.

Jayden et moi échangeâmes un regard, tandis que Lucia s'accaparait la place du fond et que Luc nous dépassait en grommelant « plutôt forte ! Je leur en foutrais moi ! J'ai encore l'impression d'être branché sur du 220 ! ». Je m'installai sur la dernière chaise disponible, un peu inquiète de la suite des évènements. Une porte s'ouvrit dans le fond de la salle et deux nouvelles personnes s'avancèrent.

— Vous allez maintenant vous familiariser avec le programme d'entrainement, légèrement différent pour chaque groupe et vous serez briefés pour les évènements de l'après-midi. Le groupe 1 et le groupe 3, suivez ces personnes vers vos salles respectives. Le groupe 2 vous restez ici avec le docteur Yun, pour le moment.

Je me levai et traversai la salle en compagnie de Jayden, Ichi et Arthur qui nous avaient rejoins dès qu'ils l'avaient pu.

— C'est dingue toute cette histoire, me souffla Ichi alors que nous approchions de la porte du fond, à la suite du couple inconnu et muet qui nous guidait.

J'allais lui répondre lorsque nous fumes projetés en arrière dans un souffle assourdissant tandis que la porte explosait, transformant ses battants en projectiles mortels. 

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