CHAPITRE PREMIER
Nos infinis chaos est disponible à la précommande sur toutes les plateformes internet et numériques (Amazon, Fnac, iTunes...) Cette version n'est qu'un premier jet, la version finale qui sortira le 11 janvier est très différente, modifiée et corrigées. La fin est différente et l'arrivée d'un nouveau protagoniste vient perturber nos héros !
— Hé !
Ma meilleure amie m'enlaça tendrement, le sourire aux lèvres. Elle souriait constamment en ce moment. Rynne était toute jolie dans sa petite robe jaune et ses ballerines assorties. Elle était même plus que jolie, elle avait pris quelques formes féminines, on aurait dit une de ces magnifiques Asiatiques qu'on voyait à la télé, elle faisait tourner les têtes. Les hommes se retournaient toujours sur son passage et aujourd'hui ne dérogeaient pas à la règle.
— Tu vas bien ? me demanda-t-elle.
Je lui souris.
— Oui et toi ? C'est quoi cette bonne nouvelle ?
Elle m'offrit un grand sourire et glissa son bras sous le mien.
— On va sur la baie ? On s'arrêtera pour boire un verre et je te raconterai tout ça.
Je plissai les yeux et acquiesçai :
— T'es un chacal quand même. Tu pourrais me donner des indices.
Elle gloussa et secoua la tête, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle avait l'air épanouie. La faute à l'amour. Elle était revenue après les fêtes de Noël complètement changée et heureuse. Elle m'avait alors parlé de Zack et de la façon dont il avait reconquis son cœur brisé. J'étais heureuse pour elle.
Nous prîmes le tramway, il y avait du monde, mais deux hommes d'une trentaine d'années venaient de nous cédèrent leurs places. Nous descendîmes quelques minutes plus tard, face à la baie.
— Ils étaient mignons, non ? lança Rynne.
Un rire nerveux m'échappa. « Mignon » en comparaison à Zack, son mec, ça revenait à dire d'un mec qu'il était moche.
— J'ai fait une croix sur les mecs, répondis-je en haussant les épaules.
Elle sourit.
— Jusqu'à ce que tu trouves, le mec parfait qui te rendra heureuse !
Elle jubilait. Je secouai la tête. Je me sentais subitement bien à l'étroit dans mes vêtements, j'avais besoin de respirer. Parler de relations sérieuses et amoureuses c'était impossible, je ne pouvais plus accorder ma confiance. C'était trop dur. Le mec parfait n'existait pas.
— On ne peut pas parler avec toi, tu es trop amoureuse et complètement irrationnelle, répliquai-je.
— C'est justement parce que je suis bien dans mon couple que je peux en parler. Tu ne devrais te trouver quelqu'un de bien.
— Rynne...
Hormis mes parents, ma famille, les flics, le personnel de l'hôpital, les... Bref hormis les gens touchés par ce qui m'étais arrivé et mon cercle familial, Rynne était la seule à savoir ce que j'avais vécu. Elle se crispa contre moi en percevant le son de ma voix.
— Je... Excuse-moi, Dylan. Je n'aurais pas dû te parler de relations. Tu as raison, je suis nulle...
— Tu n'es pas nulle. (Je l'embrassai sur la joue.) Je n'ai pas envie de parler de relation pour le moment. Je n'en suis clairement pas là. Je ne suis pas prête du tout... Je ne dis pas que je ne le serais jamais, mais pour l'instant ce n'est pas d'actualité.
— Un jour, tu le seras, j'en suis sûre, affirma-t-elle.
Je savais que ça ne viendrait pas de sitôt, et je savais aussi que je n'avais pas vraiment envie d'être prête. Même si cette histoire remontait à environ trois ans à présent, l'intimité avec un homme me terrifiait. Être vulnérable une seconde fois, me livrer, me mettre à nu ; le simple fait d'y penser m'était insupportable. En parler à Rynne m'avait coûté beaucoup d'effort et l'idée de confier les pans de mon histoire à un homme...
Je secouai la tête pour penser à autre chose, pas question de s'enliser de nouveau dans ce gros tas de purin.
— Bon et si on allait le boire ce fichu verre ? dis-je en souriant.
Rynne acquiesça. Nous marchâmes un moment encore, parlant de tout et de rien jusqu'à nous arrêter à la terrasse d'un bar où nous commandâmes deux mojitos.
— Tu es certaine alors pour les cours ? demanda Rynne. Tu es vraiment sûre de ne vouloir suivre que des cours du soir ?
— Oui, oui, j'ai parlé avec un professeur et il m'a dit que si je suivais bien les cours du soir, en révisant en plus à la maison, je pourrais passer l'examen et obtenir une licence en management comme j'ai déjà validé une année d'université.
— Moi qui pensais qu'on aurait encore cours ensemble... Je nous voyais comme dans Clueless.
Je ris.
— On continuera de se voir souvent, dis-je. D'ailleurs dans Clueless, elles sont au lycée. (Elle tira la langue.) Et tu savais que j'allais arrêter la littérature pour le commerce.
— Oui, mais je suis naïve, tu sais bien ! Je gardais espoir. N'empêche que je suis super heureuse, qu'ont soient à San Francisco toutes les deux. Je n'en reviens pas d'être ici et d'aller à Stanford. C'est comme un rêve, je me dis que je vais me réveiller, mais non, c'est bien réel.
— J'imagine que ton prince charmant s'attelle à te faire vivre un conte de fées, du coup, tu as la tête dans les nuages.
Elle gloussa.
— Tu as réfléchi pour un local, au fait ? Zack pourrait t'aider, je pense.
Je me pinçai les lèvres. Je ne voulais pas précipiter les choses, je voulais faire ça bien. J'avais vraiment envie d'ouvrir une boutique de fleur. J'avais toujours adoré les fleurs, j'en connaissais des tas de sortes et de variétés, j'étais doué pour faire des compositions, j'avais déjà fait des stages et mon premier boulot avait été chez un fleuriste. Je ne voulais pas paraître trop sûre de moi, mais j'avais le sentiment d'avoir un vrai potentiel pour ce métier. J'ignorais pourquoi quelque chose d'aussi éphémère que les fleurs me procurait autant d'apaisement. C'était ainsi depuis mon enfance. Et même si ça pouvait paraître un peu niais, j'avais envie de vendre du bonheur.
— Pas encore, non, répondis-je. Je dois réfléchir à tellement de choses en rapport avec l'argent que j'ai...
— Ça n'est pas évident, hein ?
Je secouai la tête quand la serveuse nous apporta notre commande.
— Je me dis que je devrais peut-être bosser un peu avant et trouver un équilibre avec mon loyer, les cours du soir et la boxe. Et qu'ensuite, seulement, je pourrai louer un local et bâtir un projet sérieux...
Rynne frappa dans ses mains.
— Ça va le faire ! Cette année est notre année ! La boxe ? Oh... tu as décidé d'en faire en club ?
— Oui, je pense m'entraîner vite fait dans un club, histoire de progresser un peu.
Elle acquiesça en souriant.
— Et toi ? demandai-je. Tu vas enfin me dire ta bonne nouvelle ? On parle de moi et je suis sûr que c'est clairement nul en comparaison. Et comme on trinque au mojito, ça ne peut être qu'une très bonne nouvelle !
Rynne secoua la tête. Elle attrapa son verre et sourit. Elle avait les larmes aux yeux, mais elle était empreinte d'une grande fierté.
— J'ai reçu un recommandé.
— Et ?
— Ça venait d'une maison d'édition.
— Oh, mon Dieu !
Un sourire radieux enchanta son visage.
— Ils ont vu mon livre sur les plateformes internet et beaucoup de leurs lecteurs leur en ont parlé... Bref, ils l'ont lu et ils me proposent de faire partie de leurs auteurs avec un contrat d'édition.
— Oh putain ! dis-je.
Elle jubila.
— Rynne, mais c'est génial ! Oh putain ! m'exclamai-je. Félicitations !
Je me redressai, j'attrapai mon verre et le levai.
— À toi, putain de merde.
Elle fit la même chose en riant comme une gosse.
— À moi, putain de merde !
∞∞∞∞
N'y pense pas...
Chasse les images de ton esprit...
J'étais en nage. Ma respiration était chaotique, mes muscles étaient douloureux et la transpiration coulait le long de mes tempes cependant, je continuais. Je n'en pouvais plus. Chaque coup supplémentaire contre le sac de frappes me semblait impossible à effectuer pourtant dans un excès de rage, je recommençai... Jusqu'à sentir une sensation de plénitude malgré mes muscles endoloris. J'avais l'impression que je brisais mon corps et qu'à force de le soumettre ainsi à un rythme si brutal ; il finirait par céder, mais j'en avais besoin.
Mon corps avait cédé une fois et le sport que je pratiquais n'était rien en comparaison des longues minutes que j'avais enduré toute seule dans cette chambre avec eux. Avant l'accident, je n'avais jamais pratiqué de sport si intensément. Du moins jamais jusqu'à m'en faire mal. Après l'accident c'était devenu vital. Je m'étais découvert un talent pour la résistance et les sports de combat. Je ne voulais pas faire de compétitions, ni m'engager dans cette voie... je voulais juste parfaire certaine technique de défense au cas où. Ça calmait et apaisait mes tensions quand je n'étais pas bien. Ça ne rendait pas ma vie plus belle, mais plus supportable. À chacun sa méthode antistress.
Les psys avec leurs longues discussions merdiques n'avaient jamais su m'aider ni apaiser ma souffrance. Ils ne servaient à rien. À croire qu'ils étaient irréprochables au point de pouvoir juger les autres. Je n'arrivais pas à oublier notre dernière conversation :
« — Tu as pensé au pardon ?
— Si j'ai pensé au pardon ? Vous me parlez vraiment de pardon ? Vous me demandez de pardonner à celui qui m'a violé et à ceux qui l'ont assisté ? Je ne vous souhaite pas de vivre ce que j'ai vécu, je ne le souhaite à personne. Vous pourriez pardonner ce que j'ai vécu ?
— Tu dis ça parce que tu as la tête encore trop pleine de souvenirs, c'est encore trop frais dans ta tête. Tu dois de te séparer de tout ça. De cet événement traumatisant. Tu dois rompre le lien de haine ou de ressentiment. »
Comme si ! Comme si, j'allais pardonner à ce mec de m'avoir violé et aux autres d'avoir filmé pendant qu'il faisait sa petite affaire. Impossible de pardonner à toutes ces personnes alors qu'aujourd'hui je peinais à me regarder dans une glace. Je m'en voulais, car il aurait pu m'avoir très facilement sans me faire ça. Avant que tout ne dégénère, j'en avais envie ; de faire l'amour avec lui et des plaisirs charnels.
À présent, trois ans après mon accident, je ne pouvais plus faire confiance à un homme.
Je frappai dans le sac de frappes.
Il fallait que je me reprenne en main et que je commence à aller de l'avant. Rynne m'avait convaincu de la suivre à San Francisco après nos exams de juin et j'avais pris des résolutions à ce moment-là pour essayer de rendre ma vie un peu moins chaotique :
v Avoir mon diplôme de management.
v Avoir et ouvrir mon propre magasin de fleurs.
v Surtout pas de BAISER.
Ne jamais laisser un homme m'embrasser. C'était un code établi depuis mon accident. Embrasser quelqu'un était bien plus intime que tout autre acte sexuel, plus encore qu'une fellation. Tout passait par là la première fois. Transcendant, doux et brutale à la fois, c'était un devenu pour moi un acte pur et sacré. Et le jour où j'aurais envie d'embrasser un homme, ça signifierait beaucoup de choses.
Mais jamais plus, je ne baisserais ma garde ni ne laisserait un homme m'atteindre comme lui l'avait fait.
À cette pensée, mon poing s'écrasa sur le sac, j'eus envie de lever l'autre main, mais mon bras refusa de m'obéir. J'avais atteint ma limite pour aujourd'hui. Je me laissai tomber à terre dans un couinement des plus pitoyables. Je rejetai la tête en arrière et je bus l'intégralité de ma bouteille d'eau. Il y avait comme une certaine satisfaction masochiste à pratiquer un sport et se donner à fond. Après avoir soufflé quelques secondes, je me redressai et je filai à la salle de bain. Je retirai les bandages de mes mains. Mes poings étaient endoloris, rouges et gonflés. J'avais un peu forcé aujourd'hui, plus que d'habitude. Ce n'était pas très sexy, mais je n'avais pas vraiment besoin de l'être.
Une fois nue, je me glissai sous le jet d'eau tiède et lâchai un couinement de bien-être. J'y restai un long moment, appréciant les biens faits de l'eau sur ma peau. Une fois fini, j'attachai mes cheveux en une queue de cheval et je me dirigeai dans le couloir pour atteindre ma chambre, mais la tonne de linge au sol me fit perdre l'équilibre. Il était temps de faire une lessive. Je grimaçai et mis la moitié de ce qui trainait dans la machine à laver sans prendre le temps de trier quoi que ce soit. De retour dans la chambre j'enfilai un leggin de sport avec un tee-shirt ample puis, je me dirigeai dans la cuisine me préparer un encas... J'avais le choix entre du poulet et du poulet... Merde, je m'étais sérieusement laissé aller cette semaine. Il fallait dire aussi qu'être indépendante à ce point, c'était tout nouveau pour moi. Je n'avais jamais vécu toute seule. Je comprenais les remarques de mes parents et de Rynne sur mon bordel. La colocation avec ma meilleure amie me manquait. Je sortis les restes de poulet et le pot de mayonnaise pour me faire un sandwich lorsqu'un bruit sourd provenant de la salle de bain me fit sursauter, je me dépêchais d'aller voir. Décidément...
— Et merde ! pestai-je en fixant la machine à laver.
Elle venait de rendre l'âme et l'eau était en train d'inonder toute la salle de bain. Je n'avais pas le choix, après l'essorage du sol et le nettoyage complet de la salle de bain et de l'entrée du couloir, j'étais bonne pour laver mes culottes à la laverie.
— Merde !
Une heure plus tard, après avoir tout nettoyé, je fourrai mes vêtements trempés dans un sac de sport et un plus petit. Je fermai la porte à clef et de je descendis les marches en trombe. Dans la précipitation, je bousculai quelqu'un. Mon sac à dos mal fermé glissa de mon épaule et ma petite culotte à tête de dinosaure tomba sur la tablette numérique d'un petit garçon.
— Oh, je suis désolée, bonhomme.
Le petit garçon releva ses grands yeux expressifs vers moi et me fixa bouche bée. Il avait des yeux verts incroyables, des petites taches de rousseur sur les pommettes et des traits très fins. Il me donnait envie de le croquer et de lui faire des câlins. Je souris, même si je me faisais l'impression d'être une de ces vieilles tantes qui ne pouvait s'empêcher de nous pincer les joues. Il attrapa ma culotte et me la tendit avec un sourire bizarre qui ressemblait à de la perversion. Oh, mon Dieu...
— Y'a pas de mal, répondit-il avec sa petite voix. Tiens !
J'attrapai mon bien.
— Tes culottes, elles sont beaucoup plus petites que celles de Marnie. (Oh, mon Dieu, j'ignorais qui était ce gosse, mais je l'aimais, déjà. Putain, il avait quel âge ?! Quatre, cinq ans ?!) Tu es nouvelle ici ?
— Je crois bien, oui. J'habite au-dessus.
Il sourit davantage. Je fourrai ma culotte dans mon sac et descendis les marches.
— Je m'appelle Kyle et toi, tu t'appelles comment ?
Kyle ? Voilà un prénom adorable pour un gamin à croquer. Les prénoms courts étaient mes préférés. Et vu comme il était mignon, il allait en faire tourner des cœurs plus tard.
— Dylan, répondis-je.
— Mais t'es une fille, dit-il d'une implacable logique. Pourquoi tu as un prénom de garçon ?
— Ah... ça, c'est parce que mes parents sont bêtes.
Je lui souris ce qui empourpra ses joues d'enfants et il gloussa.
— T'es belle, en tout cas.
Rectification, j'adorais ce gamin.
— Toi aussi, tu es très beau.
— Je sais, approuva-t-il fièrement. C'est grâce à papa, c'est, qu'est-ce qu'il dit toujours.
C'était officiel, ce mini beau gosse me faisait craquer.
— Kyle ! lança la voix d'une femme, celle de la concierge.
— Je suis dehors, répondit celui-ci en reportant son attention sur sa tablette.
La concierge, Madame Jansen sortit de chez elle. Elle était douce et très gentille. Elle m'avait de suite accepté comme locataire. Ce qui m'avait ravi, car l'autre bailleur que j'avais rencontré était un mec assez... spécial.
— Ah ! Bonjour, Dylan. Comment vas-tu ? Bien installée ?
— Oui, je vais bien. Juste un petit problème de linge sale.
— Besoin d'aide ?
— Oh, non, Madame. Ça ira !
— Marnie, appelle-moi Marnie, c'est bien plus agréable. (Je hochai la tête. Elle sourit.) Quant à vous jeune homme, vous savez fort bien que votre papa n'aime pas que vous trainiez tout seul sur les escaliers.
Il quitta des yeux son jeu et lança un merveilleux sourire à Marnie.
— Mais j'aime bien l'attendre ici. Je peux le voir et lui sauter dessus.
Difficile de résister à sa bouille pourtant elle plissa les yeux et secoua la tête.
— Je sais bien, mais c'est ainsi. Je suis le chef, alors à l'intérieur, jeune homme.
— Ce n'est pas juste.
— Ainsi va la vie, allez oust !
Il râla, mais se redressa et serra sa tablette contre lui. Il sauta du haut des deux dernières marches et atterrit sur le sol comme un pro.
— Bon, je dois y aller. Bonne soirée.
— Au revoir, Dylan.
Je me penchai vers mini beau gosse et embrassai sa joue. Il ouvrit la bouche puis sourit.
— À bientôt, bonhomme.
Je pris la direction de la laverie.
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