CHAPITRE 5

Les douceurs de Granny, c'était un truc de fou. Il n'y avait pas de description possible... Le temps que je prenne ma douche, l'odeur de la tarte dans le four avait embaumé toute la pièce. Mmh, mon repas de ce soir promettait d'être bon. Ce soir, c'était jour de fermeture, alors du coup, je ne bossais pas. J'enfilai une robe d'été vert pâle assez courte, car aujourd'hui encore il faisait une chaleur d'enfer, je détachai mes cheveux et les laissai sécher naturellement. Des petites gouttes d'eau tombaient des pointes et vu qu'il n'y avait pas la clim dans les appartements, c'était agréable. L'esprit plutôt léger, je me dirigeai vers la cuisine en dansant. Arrivée dans le salon, une chose plus grosse qu'un chaton me sauta dessus.

— Salut, Dylan ! s'écria une petite voix.

Je poussai un cri et Kyle éclata de rire. Baissant les yeux, je fus accueilli par un visage de poupin, des yeux incroyables, mais surtout un grand sourire. Difficile de ne pas tomber amoureuse.

— Tu m'as fait peur, bonhomme. Qu'est-ce que tu fais là ?

— C'était ouvert, se défendit-il.

— Ouvert ?

Je plissai les yeux, j'avais mal fermé la porte ? Il esquissa un plus grand sourire encore.

— Ce n'était pas fermé à clef, alors c'était ouvert. Je voulais te dire bonjour et dire bonjour à Domino aussi.

Mon cœur fondit aussitôt ! Si seulement il avait quinze ans de plus. Je lui caressais les cheveux et il lâcha mes jambes. Me dirigeant dans la cuisine, il me suivit. J'attrapai des maniques et je retirai la tarte du four.

— Marnie sait que tu es là ? demandai-je.

— Non.

— Elle ne va pas être contente, elle va te chercher partout.

— Elle est au téléphone et papa va bientôt rentrer de la bagarre.

Je déposai la tarte sur le plan de travail, il tira sur ma robe.

— Tu fais quoi, Dylan ? C'est quoi qui sent bon ?

— C'est la tarte aux pommes de ma grand-mère.

— Je peux goûter ? J'adore les gâteaux.

— Peut-être plus tard, quand elle aura refroidi un peu, sinon tu vas te brûler la langue. En attendant, jeune homme, on ferait mieux d'aller voir Marnie avant qu'elle ne se demande ou tu es et qu'elle s'inquiète ! (Il acquiesça avec un semblant de culpabilité) Je vais prendre Domino, si tu veux.

— Trop cool.

J'attrapai le chaton et je le confiai à mon nouvel ami. Il sourit de suite et tandis que je fermai la porte derrière nous une voix venant d'en bas cria :

— Kyle !

C'était la voix d'un homme.

— C'est papa !

— Vas-y, bonhomme. Il doit s'inquiéter.

— Kyle !

Il dégringola les escaliers. Je le suivis en silence en mettant mes chaussures.

— Je suis là papa ! s'écria-t-il.

— Bon sang, champion, je t'ai déjà dit de ne pas partir comme ça. Marnie te cherche partout. Je l'ai retrouvé, merci encore de l'avoir gardé...

— Mais je suis été voir ma copine Dylan et Domino. Regarde c'est lui, Domino.

— On dit : je suis allé ou j'ai été. Ensuite, je t'ai déjà dit de ne pas embêter les gens comme ça.

Arrivée en bas, je vis le plus beau des petits garçons dans les bras de son papa de dos.

— Il ne me dérange pas, dis-je. Il est adorable. Je suis juste désolé de vous avoir inquiété...

L'homme se retourna et... mon cœur loupa le coche, le battement suivant aussi. Boum, boum, boum. Il fallut quelques secondes à mon palpitant pour recouvrer la mémoire et fonctionner normalement.

— Je suis vraiment désolé, il...

— Oh...

Je tombai des nues. Lui aussi. Nos regards se verrouillèrent. Kyle était le fils de... Nate. Oh, mon Dieu. Je comprenais mieux les yeux verts incroyables. Je comprenais mieux pourquoi il n'avait pas pu boire un verre avec nous l'autre jour quand il avait dit qu'il avait quelque chose d'important à faire. Je comprenais aussi pourquoi ce bambin était aussi chou et mignon. Nate était papa... la révélation me coupait le souffle et m'émerveillait tout autant.

Ce type était partout... à la laverie, au club de sport que j'avais trouvé, il habitait même dans mon immeuble sans que je le sache et il était papa. Un putain de papa absolument torride, baisable... j'avais honte de penser ça, mais bon sang... ça ne retirait en rien le désir qu'il m'inspirait.

— T'as vu, papa. C'est elle, Dylan. C'est ma copine !

— J'ai vu, champion, répondit-il en l'embrassant sur le front. Salut.

— Salut, dis-je.

Il sourit et ses joues s'empourprèrent un peu. J'étais éberlué, je les dévorais des yeux tous les deux. La ressemblance était maintenant plus que frappante. De leurs yeux incroyables, à leurs traits, en passant par la forme de leurs nez. Ses yeux étaient brûlants, vifs, il les planta dans les miens. Kyle, un bras accroché au cou de son père et l'autre autour de mon chaton, était plus mignon que jamais. Il regarda son père puis moi.

— Vous vous connaissez ? demanda-t-il à Nate.

— Peut-être bien, champion.

Il l'embrassa de nouveau sur le front et le reposa au sol en lui demandant d'aller s'assoir sagement. Il alla sur les marches, Domino dans ses bras ne bronchait pas du tout. Il glissa ses doigts potelés dans la fourrure de mon chaton et commença à lui parler.

— Salut, répéta Nate.

— Salut, dis-je.

Cette tension encore et toujours...

— Je... merde.

Il sourit face à ma confusion et je rivai mes yeux sur Kyle.

— Alors comme ça, Kyle est ton fils.

— Ouais, c'est mon bonhomme, répondit-il fièrement en regardant le petit qui se fichait éperdument de nous, son attention étant concentrée sur Domino qui n'avait pas l'air de vouloir y redire quoi que ce soit. Alors comme ça, tu es la fameuse Dylan dont mon fils est amoureux ?

— Amoureux ? répétai-je le rouge aux joues.

— Je crois bien oui, depuis une semaine, il ne me parle que de toi et de ton chat. (Comment me rendre plus amoureuse, quoi !) Il m'a aussi parlé d'une culotte, mais je ne suis pas certain d'avoir compris.

Son regard se fit intensément profond. Oh, mon Dieu, la culotte. C'était la même que père et fils m'avaient rendue avec cette même expression perverse en y repensant. Encore un truc que « Lui & MiniLui » avaient en commun. Oh, là, là... J'aurais aimé que ça reste secret, que Kyle ne raconte pas à son père que ma culotte avait presque atterrit sur sa tête. D'ailleurs, elle était toujours portée disparue. Mon silence fit briller un éclat pervers dans ses yeux. Je m'empourprai encore plus.

— En tout cas, il est aussi adorable que mignon.

— Ouais, je sais, j'y suis pour beaucoup. Et pour l'histoire de la culotte ? Tu pourrais peut-être m'éclairer du coup ?

Je m'empourprai illico. Hors de question qu'il sache et ma culotte avait atterri dans les mains de son fils et qu'en plus il me l'avait rendue avec un sourire de pervers.

— Papa !

Merci, Seigneur, sauvé par le gong.

— Oui, bonhomme ?

— On mange quoi ce soir ?

— Je ne sais pas, répondit Nate en me fixant. Tu veux quoi ?

— Des nasales ?

Je gloussai. Des « nasales », je me demandais bien ce ça signifiait.

— Des lasagnes, c'est ça ? demanda Nate.

— Oui ! (Waouh, j'étais estomaqué par la puissance du décodeur de Nate. Une nounou aurait pu y passer des heures, un super papa avait mis deux secondes.) Papa ?

— Quoi, chéri ?

— Dylan, elle mange avec nous ce soir ?

La chaleur empourpra mes joues à la puissance max. Les yeux de Nate me scrutèrent plus intensément. Ils descendirent sur les gouttes d'eau qui perlaient de mes cheveux encore humides, il suivit la route de la petite perle qui disparut entre mes seins.

— Je...

Je bafouillai.

— Je ne sais pas, champion, répondit Nate.

Kyle se redressa alors, il posa Domino sur les marches avec douceur et lui demanda de rester là et de ne pas bouger.

— Elle n'aime pas les nasales ? lança-t-il à son père en attrapant sa jambe.

— Lasagnes, le corrigea-t-il. (Nate se pencha et attrapa Kyle dans ses bras. Celui noua ses bras autour du cou de son père et un drôle de sentiment naquit dans mon bas-ventre.) Et je ne sais pas. Demande-lui !

Deux paires d'yeux absolument remarquables se tournèrent vers moi. Waouh, c'était flippant et adorable à la fois.

— T'aimes bien les lasagnes, Dylan ?

— Oui, répondis-je en lui souriant.

Avec son mini-lui, en plus mignon, et lui en version originale et en version plus intense, ils devaient en faire des ravages et en faire craquer des cœurs.

— Alors, tu veux manger avec nous ?

— Je ne sais pas, je ne veux pas...

— Tu ne veux pas ? Elles sont bonnes les lasagnes de papa.

Je souris et attrapai Domino qui avec ses petites pattes galérait à monter la marche supérieure à la sienne.

— Je sais, bonhomme. Mais je ne veux pas déranger, c'est tout.

— Tu ne déranges pas. Hein oui, elle ne dérange pas, papa ?

J'étais persuadé qu'aucun parent n'aurait pu dire quoi que ce soit à ça.

— Effectivement, elle ne dérange pas. (Je me mordis la lèvre, ne rivant pas mes yeux dans ceux de Nate de peur de m'y perdre, je regardais Kyle qui lui avait les mirettes remplies d'espoir.) Tu veux dîner avec nous ? Si tu refuses, il va me tuer.

Je levai mon minois pour rencontrer un autre vert. Bon sang, j'aurais pu m'y perdre, on aurait dit de la menthe.

— D'accord, avec plaisir. (Il sourit.) Même si l'invitation semble être lancée sous la contrainte.

Nate esquissa un sourire plus grand et haussa les épaules.

— Trop cool ! s'exclama Kyle. J'vais pouvoir te montrer ma chambre et mes jouets et même que tu pourrais prendre le gâteau de ta mamie...

— Kyle ! le gronda son père. N'exagère pas, bonhomme.

J'ébouriffai ses cheveux en souriant en voyant sa moue. J'avais envie de lui croquer les joues.

— Avec plaisir.

Il jubila, sauta au sol et monta les marches.

— Allez viens, papa, s'impatienta-t-il en sautant sur place. Viens vite...

Brusquement, lorsqu'il l'appela papa, je me rendis compte d'une chose. Kyle n'était pas venu tout seul. Il avait une maman, aussi. Impossible qu'ils soient seuls tous les deux. Ce qui était normal.

— Je suis désolée, dis-je. Je ne voulais pas t'infliger ma présence ce soir. Je comprendrais si tu voulais être seul après ta journée et que ça dérange ta copine ou ta femme... (Oh, mon Dieu, je bafouillai, bon sang, je devais me calmer.) Je ne...

Les yeux de Nate s'enflammèrent et sa mâchoire se crispa un peu. Je me mordis nerveusement l'intérieur de mes lèvres.

— Tu ne m'infliges rien du tout, me coupa-t-il. Ni à lui d'ailleurs, enfin je pense que tu l'as vu. Et encore moins à sa mère vue ou elle est.

Le sang me monta à la tête. Que voulait-il dire par là ? Nate n'affichait aucune émotion. Il me sourit puis reporta son attention sur son fils avant de me regarder de nouveau. Je ne dis rien, ça n'était pas mes affaires.

— Tu nous suis ? demanda-t-il.

— Je... oui, le temps de mettre Domino chez moi et de ramener le dessert, ça te va ?

— On habite à l'étage du dessus.

— D'accord, j'arrive.

Je le suivis dans les escaliers sans perdre une miette de ses adorables fesses moulées dans son jean. Une fois chez moi, je posai Domino sur son coussin et je me laissai tomber sur le fauteuil, j'avais les jambes en coton et l'esprit emmêlé. Je n'en revenais toujours pas de cette rencontre et de cette révélation. Je fermai les yeux et respirai un grand coup. Nate était papa. Papa d'un petit bout adorable que j'avais rencontré à cause d'une culotte à tête de dinosaure. Et, il me faisait toujours un effet effroyable. Mais la mère de Kyle... il avait dit à peine deux mots, mais d'un ton sec. Je secouai la tête, ce n'était pas mes affaires et ça ne le serait pas. Au bout de cinq longues minutes, je me redressai. J'allais dîner et... oh merde, je devais fuir ce mec et moi, j'allais manger chez lui. En même temps, comment dire non à « mini lui » ?

Je devais relativiser les choses, ça n'était qu'un simple dîner et rien d'autre. Je finis par me redresser et je mis ma tarte dans une grande assiette avant d'aller rejoindre Nate et Kyle à la vitesse d'une tortue. Je frappai à la porte, avec ma robe d'été et mes mains qui tenaient la tarte à la pomme j'avais l'impression d'être Laura Ingalls.

— Bonsoir, lança-t-il en m'accueillant.

Il planta ses grands yeux dans les miens. Il me paraissait bien grand d'un coup.

— Bonsoir, répondis-je.

Nate se déplaça sur le côté pour me laisser entrer. Il ferma la porte derrière moi et vint à ma hauteur. Il sentait très bon. Une fragrance forte et discrète à la fois. C'était agréable, assez en tout cas pour me donner envie de le renifler.

— Tu as trouvé facilement ? demanda-t-il en souriant.

— Ha, ha, non... j'ai failli me perdre entre les marches six et sept et puis, j'ai fait ça à l'instinct et j'ai trouvé.

Je le suivis en silence. Son appartement était... chaleureux. Plus que le mien. Le salon était cosy et accueillant. Il y avait quelques jouets d'enfant, mais tout me semblait en ordre. Je le suivis jusqu'à la cuisine. Là, il me prit mon assiette des mains et jeta un coup d'œil sous le torchon. Il ne dit rien.

— Tu veux boire quoi ? J'ai des sodas, bien sûr, de la bière, du ponch aussi, mais rien de plus fort.

— Une bière, ça ira très bien.

Il en sortit deux du frigo. Il déposa des chips au fond de deux coupelles puis servis un verre de coca à « mini lui ».

— Dylaaan !

Une fusée se jeta sur moi.

— Kyle, va doucement, s'il te plaît.

— Pardon, s'excusa-t-il.

Je souris.

— T'es jolie quand tu t'habilles en robe.

— Merci, bonhomme.

— Ce n'est pas vrai, on aura tout vu ici. Tu n'as pas fini de jouer les Casanova.

Il sourit à son père et me prit la main. Sur le long terme à trop côtoyer les mignonneries de ces deux-là, on devait facilement être sous le charme.

— Bah quoi ? C'est vrai. Viens, Dylan, je vais te montrer ma chambre.

Je n'eus pas le temps de dire oui comme Nate n'eut pas le temps de râler. Kyle m'entraîna dans un petit couloir puis dans son château. Les murs étaient décorés de quelques posters de dinosaure qu'ils soient animés ou réels. Il y avait des jouets, des peluches de dinosaures partout même son couvre-lit représentait Rex de Toy Story.

— Tu aimes les dinosaures ? demandai-je.

— Oui, répondit-il. J'adore les dinos, ils sont trop vieux et puis c'était eux qu'ils étaient là les premiers sur terre. Même que ça se peut que ma chambre avant c'était le nid d'un bébé dino. Et puis même que le plus puissant c'est le T-rex. C'est quoi tes préférés à toi ?

— Je ne sais pas, en fait.

À vrai dire, mon père travaillait dans un musée d'histoire naturelle alors je m'y connaissais un peu, mais je voulais entendre Kyle me raconter ses histoires.

— Viens, je vais te montrer.

Il m'amena devant son bureau et monta sur sa chaise. Même s'il était à hauteur, je l'attrapai à bras de peur qu'il tombe. Il n'y trouva rien à y redire et noua un bras autour de mon cou.

— Ici, tu as diplodocus, ça c'est un tricératops, ça c'est un stégosaure, ici c'est un saurolophus, là c'est une oviraptor et là c'est le tyrannosaure. Il en manque plein encore, mais avec papa on va acheter des bonshommes bientôt pour mettre ici. Alors c'est lequel que tu aimes ?

— Je crois que j'aime beaucoup celui-ci.

— C'est un oviraptor.

— Tu t'y connais vachement, dis-je estomaquée.

— C'est parce que j'aime bien.

Je le reposai au sol, c'était vraiment un gamin étonnant. Au plafond, il y avait plein de petites étoiles phosphorescentes. J'avais même l'impression que les étoiles avaient été disposées de sorte à recréer à petite échelle, certaine de nos constellations. Waouh, j'adorais l'idée. Dans la chambre chez ma mère, j'avais encore des étoiles comme ça.

— C'est papa qui a fait ça. La nuit, ça brille comme de vraies étoiles.

— Tu as beaucoup de chance.

Il sourit.

— Si tu lui demandes, papa, il pourra mettre des étoiles dans ta chambre.

Comment le trouver une fois de plus, plus adorable encore et comment une fois de plus, mal interpréter une chose aussi mignonne que ça ? Quelques minutes plus tard, je sortis de la chambre et je rejoignis Nate qui était en cuisine, il s'affairait devant la cuisinière. Ça sentait drôlement bon et ça donnait ultra faim du coup.

— Je suis désolé pour Kyle, il est...

— Au contraire. C'est fou comme il est éveillé, enfin... il est vachement malin.

Nate me tendit ma bière après l'avoir décapsulée, il alla poser sur la table de salon le coca et les chips de son fils.

— Merci, papa.

— Il est 19 h, champion, donc la tablette, tu l'utilises encore trente minutes après c'est tout. Tu joues ou tu lis un petit livre.

— Okay !

Il revint vers moi, je suivis des yeux les mouvements de ses pas. Il n'était pas tellement différent de l'homme que j'avais rencontré la première fois à la laverie ni à la salle de sport, il n'avait toujours cette même aisance, ce même parfum de danger, même en papa cuisinier.

— Il est très malin et il adore apprendre des choses. Surtout sur les dinosaures... enfin moi, tant qu'il aime ça, ça me va.

— Il a quel âge exactement ?

— Bientôt cinq ans.

Waouh... du coup si Nate avait 25 ans ou moins que ça, il avait eu Kyle jeune. Il trinqua avec moi et cogna sa bière contre la mienne.

— Du coup, je rattrape le fait de ne pas avoir pu sortir avec vous l'autre soir.

— Ce n'est rien... tu n'étais pas obligé.

— Tu te doutes bien que je ne peux pas sortir comme ça à l'imprévu avec Kyle. Marnie est déjà plus qu'adorable de me le garder la journée de temps en temps. Ça m'évite de toujours payer une nounou.

— Bien sûr que je comprends, il n'y avait pas de mal. N'empêche, le monde est vraiment petit.

Il sourit tandis qu'il se penchait pour mettre les lasagnes dans le four.

— Alors en plus de te battre plutôt bien, tu es un cordon-bleu ? demandai-je.

— Alors d'une je me bats mieux que plutôt bien. Ensuite, non, répondit-il en souriant. Pas du tout. J'étais une vraie merde en cuisine. J'ai fait cramer du riz, j'ai fait fondre une cuillère aussi en essayant de faire du bourguignon, j'ai aussi mis du sel au lieu de mettre sucre en faisant des cookies une fois... du coup, je ne suis pas vraiment un cordon bleu.

— Mais ?

— Mais pour ne pas tuer ni empoisonner mon fils, j'ai dû faire pas mal d'effort. Et aujourd'hui, je m'en sors bien. Heureusement que dans les premières années de sa vie, c'était du lait et ensuite des plats tout faits pour bébés.

C'était adorable la façon dont il disait ça.

— C'est honorable de ta part d'avoir fait des... efforts ?

Il rit.

— Ouais, tu parles !

Je ris à mon tour.

— Alors, tu as emménagé par ici, ou tu es totalement nouvelle dans le coin.

— Je... je suis totalement nouvelle en fait. J'ai suivi ma meilleure amie et son copain et j'ai eu envie de reprendre de zéro pour réaliser un truc stupide.

— Et c'est quoi ton truc stupide ? demanda-t-il en penchant légèrement la tête.

Je rougis.

— C'est... j'ai envie d'ouvrir un magasin de fleur.

— Donc rien de stupide alors, un projet plutôt cool. Tu es passionné ?

— Un peu, oui. J'ai vu ma grand-mère dans son jardin toute mon enfance, elle m'expliquait la différence entre telles et telles fleurs, celles qui étaient dangereuses et celles qui ne l'étaient pas... c'était génial, car quand on faisait du jardinage, j'avais le droit de me salir, de faire comme je le voulais. Enfin, je te parle de ça, c'est...

— Je t'écoute, il n'y a pas le moindre souci.

Je souris et baissai les yeux.

— Je n'ai pas grand-chose à rajouter à part qu'en grandissant, cette passion n'est jamais vraiment partie au point qu'aujourd'hui, je rêve d'avoir ma boutique et de vendre des fleurs.

— Et pourquoi San Francisco ? demanda Nate.

Ici ou là, c'était pareil pour moi.

— Et pourquoi pas ? répondis-je simplement en haussant les épaules. Ma grand-mère m'a dit avant de partir : Ne demande ton chemin à personne, tu risquerais de ne pas pouvoir te perdre...

****

— Au fait, j'ai quelque chose qui t'appartient, lança Nate lorsque je franchis la porte pour rentrer chez moi.

— Ah ?

Perplexe, je plantai mon regard dans le sien. Il sourit et une lueur particulièrement perverse anima les traits de son visage. Il me tendit alors... une culotte-tanga à tête de dinosaures. Oh, mon Dieu. Je m'étais attendu à tout sauf à ça... non parce que là. C'était lui qui avait la culotte fétiche et qui... bon sang, c'était qu'on allait presque écrire les mémoires de Melle Culotte Dino avec toutes ces péripéties. Je l'attrapai dans mes mains.

— Euh... j'imagine que je dois te remercier pour ça ?

Un éclat anima ses yeux. Et son sourire fit apparaître deux fossettes adorables. Kyle avait les mêmes.

— Tu avais oublié ça à la laverie. Quand je suis revenu, il n'y avait plus aucune trace de toi, juste... une petite culotte. Soit c'est un oubli, soit c'est un message, mais tu sais, faut faire gaffe par ici, y'a des types pas très clairs.

— Genre des pervers comme toi qui les ramasse et qui les garde en pensant que c'est un message ?

Il haussa les épaules et s'appuya contre le mur.

— Je ne dirais pas ça... mais presque.

Je me mordis l'intérieur des joues. Il me fit un clin d'œil en gloussant comme un gamin. Des frissons malvenus dévalèrent mon échine et mon bas-ventre s'anima.

— Mmh, tu te rends compte quand même que ça fait extrêmement pervers et malsain ? Non parce que ce n'est pas la première fois que l'on se revoit depuis la laverie, tu aurais pu... je ne sais pas me la rendre la deuxième fois que l'on s'est revu ?

Il sourit ce qui me déstabilisa.

— Alors non, parce que je ne suis pas pervers au point de l'avoir gardé sur moi comme bon pervers qui s'assume, du coup ta culotte était ici. Et puis, je ne suis pas non plus un chien de chasse.

— Tu aurais aussi pu la laisser sur place.

— Tu avais l'air d'y tenir. J'imagine qu'on ne garde pas une culotte comme ça, si on ne tient pas à elle ?

— Sans commentaires. Tu es définitivement un pervers. Tu aurais aussi pu me la rendre quand on s'est revus à la boxe après la deuxième fois.

— Je sais, mais je ne savais pas comment te rendre ça devant les autres. Du coup, je te la rends maintenant.

— Merci, c'est très honorable.

— Bien sûr, parce qu'un pervers lui l'aurait gardé.

— C'est ça, oui. Bonne nuit, Nathaniel.

Il écarquilla un peu les yeux puis sourit.

— Bonne nuit, Ruby...

Ruby ? Je ne lui demandais pas ce que ça signifiait, c'était peut-être dû à mes joues rouges... je descendis les marches jusqu'à mon étage. Quelque chose me disait qu'il ne m'avait pas quitté des yeux. J'en eus la certitude lorsque j'ouvris ma porte et que j'entendis la sienne claquer. Ça s'était très bien passé. Ruby ? Étrange comme surnom...


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