CHAPITRE 25
— Dylan...
Je ne fis pas attention ou si peu à l'incroyable décor de noël qu'elle avait fait sur notre toit, elle avait mis un petit sapin, des guirlandes lumineuses partout. C'était magnifique, Kyle allait adorer, mais je ne voyais qu'elle. Juste elle. Au milieu de tout ça, elle me semblait irréelle. Je prononçais son prénom à nouveau. Elle releva la tête lentement comme si je l'avais tiré de ses pensées ou qu'elle s'était assoupie. Elle frissonna et trembla en se redressant.
— Bonsoir Nate...
Bon sang, qu'est-ce qu'elle foutait ici ? Qu'est-ce qu'elle avait... comment ? Ses lèvres tremblèrent, elle les mordilla pour se calmer. Merde, sans me soucier du froid, je m'avançai vers elle en retirant mon gilet pour lui offrir.
— Ne reste pas ici, il caille. Merde, tu vas chopper la crève, tu...
Je la fis rentrer dans l'appartement en râlant. Ses doigts étaient bleus, ses lèvres aussi. Elle était gelée, ses cheveux humides à cause du froid. Lorsqu'elle entra dans la chaleur de l'appartement, elle laissa échapper un râle de bonheur.
— Depuis quand es-tu dehors ?
— Quelques heures, répondit-elle après quelques secondes de réflexion. Un coup de vent a fermé la fenêtre pendant que...
Elle éternua. Je grognai et l'amenai dans le salon ou je la débarrassai de sa veste et de ses chaussures pour l'envelopper dans le grand plaid rouge. Elle hésita puis se lova dedans en frictionnant ses bras et me souffla un merci. Elle releva la tête, ses yeux croisèrent les miens, il y avait quelque chose de différent dans son regard, de magnifique. Quelque chose qui ressemblait à du lâcher-prise, à de l'acceptation.
— ... je décorais le toit et du coup, je...
— Dylan qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi ?
J'avais peur de la réponse, mais le simple fait de sa présence ici était un bon présage. J'ignorais contre quoi elle s'était battue, mais elle avait l'air d'avoir remporté le match.
— J'ai passé mon Thanksgiving dans les transports en commun pour être ici et faire... c'est ridicule, je voulais et puis... (Elle éternua encore ce qui me fit sourire bien malgré moi.) Et puis c'est ridicule de croire que...
— Viens, je vais te faire un chocolat chaud pour que tu te réchauffes plus. Et on parlera si tu veux.
Je voulais qu'elle me parle, je voulais qu'elle me fasse confiance, qu'elle me confie ses secrets, son passé. Je n'aspirais qu'à la connaître, car il n'y avait que ça qui m'intéressait, je me foutais des autres.
— Nate...
— Viens ! ordonnai-je doucement.
Elle me suivit et s'appuya contre le mur tandis que je faisais chauffer le lait, une fois chaud je mis des carrés de chocolats et un peu de sucre avant de lui tendre une tasse bouillante.
— Merci, dit-elle.
Lorsque Kyle cria après moi, son souffle se bloqua, elle voulut y aller, mais je la retins. Pas question !
— Non ! grognai-je.
Je perçus dans ses yeux de la compréhension, elle se disait qu'elle n'avait aucun droit sur lui, mais il y avait sur son visage beaucoup de tristesse de ne pas pouvoir le rejoindre pour le réconforter. Je me dirigeai vers la chambre de Kyle.
— Hé, mon bonhomme. Qu'est-ce qui se passe ? demandai-je
— J'ai fait un vilain rêve.
— De quoi as-tu rêvé ?
— Il y avait un monstre dans la chambre et il voulait m'attraper.
— Il n'y a aucun monstre et tu sais ce que je ferais si c'était le cas, non ?
Il secoua la tête en sanglotant. Je l'embrassai sur le front en le dorlotant.
— Je lui casserais la figure. Tu sais bien que je suis super fort.
Il rigola légèrement.
— Allons, c'est fini, recouche-toi. Tu veux ta veilleuse et Krokmou ?
Il acquiesça. Je lui donnais sa peluche qui était tombée et je le serrai contre moi avec force.
— Qui t'aime comme un fou ? demandai-je.
— C'est toi !
— Et qui m'aime comme un fou ?
— C'est moi !
Il n'avait aucune idée de ce qui l'attendrait demain matin, j'avais une vague idée. Cependant, j'avais beau paraître fier, je n'en demeurais pas moins mal. Elle m'avait brisé le cœur, avait amoché celui de mon fils, mais pas seulement elle avait aussi bousillé le sien. Il ne tenait qu'à elle de tout réparer, elle avait ce pouvoir entre les mains, mais voilà, je redoutais plus que tout qu'elle ne soit pas là pour ça... Je sortis de la chambre et je rejoignis Dylan qui était adossée sur le mur du couloir. Elle avait les yeux rouges, mais elle avait caché ses larmes pour ne pas que je les remarque.
— Nate, je...
— Viens, je ne veux pas le réveiller.
Elle me suivit dans la cuisine ou je m'arrêtais brusquement. Je devais savoir pourquoi elle était ici. Son souffle se coupa lorsque nos regards se croisèrent.
— C'est par pur égoïsme que je t'ai empêché d'aller le voir. Car je savais le bonheur ça que lui procurerait et qu'il n'arriverait plus à dormir s'il te voyait. Or tu es là et je n'ai clairement pas envie de te partager ce soir. Je vais t'offrir une chance Dylan, une seule. Soit tu pars de suite de chez moi, soit tu fais un pas de plus dans ma direction et tu ne partiras plus. Jamais. Je te fais la parole que si tu t'approches de moi ne serait-ce que d'un infime millimètre, je ferais en sorte que notre chaos devienne infini.
Je ne comptais ni les pas ni les centimètres qu'elle effectua pour me rejoindre à la seconde ou je terminais ma phrase, mais je fus ébahi par la vitesse à laquelle elle se jeta dans mes bras.
— Mais Nate, je...
Je la serrai contre moi avec rage, sans la moindre douceur. Un gémissement lui échappa. Je la plaquai contre le mur, la soulevai pour la mettre à ma hauteur. Elle baissa les yeux. Son odeur enivra chacun de mes sens, sa douceur électrifia chaque centimètre de ma peau. Elle m'avait manqué, tellement manquée. Elle était la seule chose qui manquait à ma vie, nos vies. Avant elle, nous pensions être heureux, mais après elle nous nous étions rendu compte à quel point elle nous était indispensable.
— Tu n'as pas encore compris que je me fou de tout, que c'est ton cœur que je veux. Je veux tout connaître de toi, le beau comme le mauvais. Je veux toucher ta lumière comme ton obscurité. Je veux ton chaos, ton trouble, ton âme... autant que les miens, tout t'appartient déjà !
— Nate...
Contre moi, elle agrippa mon pull, serra les paupières et gémit quand j'embrassai son front pour essayer de lui offrir du courage.
— Regarde-moi, Dylan. Regarde-moi.
Elle releva la tête et glissa son regard dans le mien. Elle me dévoila alors l'amour qu'elle avait toujours contenu, ce qu'elle avait toujours enfoui en elle croyant qu'elle ne le méritait pas. C'était beau et c'était à moi.
— Il faut que je te dise quelque chose, murmura-t-elle. J'ai peur parce que tu es à la fois l'une des rares personnes à qui j'ai envie de parler de ça et de le cacher aussi, car tu es la seule personne que je ne veux ni décevoir ni horrifier.
J'avais envie de lui dire que jamais elle ne me décevrait, que jamais je ne serais horrifié par elle ou par son passé, que la seule chose qui m'importait c'était le futur que je voyais pour nous. J'avais envie de la réconforter, mais je sentais combien ça lui coûtait, combien elle retenait les sanglots et l'émotion dans sa voix. En silence, la tenant toujours dans mes bras, je l'amenais dans le fauteuil. Je m'y installai, la gardant contre moi, sur mes genoux. D'un geste d'une infinie douceur, elle remonta ses mains le long de mon torse, elle caressa la ligne de ma mâchoire. J'attrapai ses doigts tremblants et je les embrassais plusieurs fois.
— Tu peux tout me dire. Tu peux aussi m'en dévoiler juste un peu si c'est trop dur pour toi aujourd'hui.
— J'avais dix-sept ans quand... j'ai été violé par le garçon avec qui je sortais. (Mon corps se crispa. J'avais beau avoir plus ou moins compris qu'elle avait vécu quelque chose dans le genre, ça ne m'empêchait pas de ressentir une haine extrême.) C'était lors d'une soirée étudiante, tout se passait bien, on riait, dansait comme dans les fêtes. Quand il m'a emmené en haut, je savais ce qui m'attendait. J'en avais envie. (Cet aveu sembla lui coûter plus que le reste.) Lorsqu'il a fermé la porte derrière lui, je me suis rendu qu'ils étaient plusieurs.
Une image d'elle désemparée et désespérée voila mon regard. Je ne pouvais imaginer ce qu'elle avait subi. Mon Dieu, je n'avais jamais ressenti de haine, jamais à ce point. Ce que j'avais éprouvé pour ma famille toute mon adolescence n'était qu'une maigre peine. À l'instant, c'était de la rage pure. Elle grimaça en sentant mes mains se crisper. Je me détendis juste pour ne pas lui faire mal. Elle sourit pour se donner une constance et pressa ses magnifiques lèvres contre mes mains. J'avais tellement peur d'entendre la suite.
— J'ai cru à une blague, je leur ai dit de partir, mais... deux d'entre eux m'ont bâillonné les mains pendant qu'un filmait et que l'autre me... (Elle sentit la douleur que je ressentais et elle caressa mes bras. J'étais crispé, je n'étais qu'une poupée de cire.) Bref, quand il a fini, il m'a attrapé le menton et il m'a embrassé. Il a fait ça comme s'il apposait sa marque, son empreinte sur moi. Je me suis sentie si petite, si insignifiante, si sale. (Ayez, je comprenais pourquoi elle refusait de m'embrasser, je savais pourquoi elle avait perdu foie en cet acte merveilleux et je ne souhaitais que lui montrer combien je l'aimais et combien entre nous ça serait un acte plus qu'intense.) J'ai eu envie de mourir parce qu'il n'avait pas besoin de faire ça, parce que j'aurais couché avec lui sans ça, mais il s'est servi...
J'entourais sa taille de mes bras et je l'attirai à moi encore plus. J'aurais aimé qu'elle soit encore plus proche pour la réconforter davantage. Jamais elle ne me semblerait assez proche de moi, entre elle et moi, avec l'alchimie et le chaos, c'était un besoin primaire. Je voulais lui ôter chaque gramme de souffrance. De toute ma vie, j'allais tout faire pour apaiser ses pensées et ses souffrances. Je n'étais pas idiot au point de croire qu'elle pourrait un jour tout oublier, mais j'étais prêt à tout faire pour la rendre heureuse et faire en sorte que ses blessures n'apparaissent plus qu'en second plan.
— Après ça, je me suis renfermé dans les ténèbres. J'étais dans le chaos le plus total. Et le pire, ç'a été de subir la haine des gens...
— Ta famille ? la coupai-je pour la première fois.
— Non, souffla-t-elle en secouant la tête. Des gens du lycée, des filles que je côtoyais parfois et des amies. Je recevais des messages ou on me disait que c'était bien fait... bref, je ne voulais pas qu'on me prenne en pitié, mais j'aurais voulu qu'on prenne soin de moi, qu'on me tienne par la main et que l'on me mente en me disant que ça irait. Mes parents, mon père surtout n'a jamais baissé les bras, mais moi oui... tous les jours je vomissais, tous les jours j'étais malade, j'ai perdu plus de quinze kilos. Un jour que j'allais mieux, je suis sortie de chez moi, ça faisait des mois que j'étais enfermée et une amie qui revenait régulièrement m'a presque convaincu de me reprendre en main. Mon père était fier, content... En fait, c'était un piège, elles m'attendaient à 6 ou 7 chez ma soi-disant copine et elles m'ont passé à tabac. Ce soir-là, après leur petit jeu, j'ai fait une grosse bêtise...
— Dylan...
Ma voix se brisa, mon ventre se serra de douleur. Elle avait tenté de mettre fin à ses jours ? Elle releva la tête, son visage était ruisselant de larmes. Je me penchai pour aspirer les gouttes salées. Elle s'accrocha à mes épaules.
— J'ai tenté de me suicider. J'ai choisi la manière la plus facile, la moins douloureuse, car je ne supportais plus de souffrir, de dépérir, d'être devenue un paria. J'ai fait ça, car j'en avais marre. Je voulais que tout s'arrête, que dans ma tête tout se taise. J'ai pensé que ça m'aiderait. J'ai pris des médicaments et de l'alcool...
Tremblante d'un seul coup, elle chercha ma chaleur, je lui offris et je nous entourais dans le plaid. Elle glissa ses mains sur mon torse, se rapprocha encore comme pour se soigner. J'attrapais son visage en coupe dans mes mains, mais ses tremblements persistaient. Elle n'en pouvait plus.
— Arrête, ma beauté. Arrête, tu n'es pas obligé de m'en dire plus. J'en sais plus qu'assez, je...
Elle secoua la tête. Je grognai un peu. Elle déglutit et renifla.
— Non, je veux tout te dire, je veux... je ne veux pas te cacher ça plus longtemps et ça me fais du bien de t'en parler. Je ne veux plus te mentir encore.
— Comme tu veux, ma beauté. Je ne vais nulle part, si tu veux parler toute la nuit, je suis tout à toi. Je t'écouterais.
Elle acquiesça, je retins mon souffle lorsque sa voix se fit quasiment mécanique.
— Lorsque je me suis réveillé après ça, on m'a annoncé que j'étais enceinte. Mon violeur m'avais mise enceinte et je n'avais pas interprété les symptômes. J'ai dû accoucher en urgence d'un mort-né de quatre mois environ. Les coups que j'avais reçus et les médicaments l'avaient tué... je n'ai ressenti aucun sentiment, j'étais morte de l'intérieur. Je n'ai pas pleuré quand je l'ai vu, j'ai juste trouvé ça triste. Le bébé était frêle, je l'ai pris sur moi pour m'excuser et essayer de ressentir un truc pour lui, mais rien. Je ne l'aimais pas, je ne voulais pas aimer la conséquence d'un viol, si j'avais compris je me serais fait avorter. Je me suis sentie si froide, tellement méchante...
J'étais cassé. Sa voix se brisa, elle releva le visage vers moi et écarquilla les yeux.
— Oh, Nate...
J'avais mal. Comme jamais. Les coups de mon père, les coups durs de la vie et ceux que j'avais imposés à mon fils me paraissaient si fades par rapport à son histoire à elle.
— Nate, pourquoi tu... ne pleures pas. Je t'en prie ne pleure pas... Nate...
Je n'avais plus pleuré depuis mon fils, la première nuit où je l'avais rencontré, voilà qu'aujourd'hui mes larmes coulaient de manière abondante sur mes joues. Je pleurais pour elle, pour son passé, je pleurais comme elle l'avait fait pour mon histoire et celle de mon fils. Je pleurais de rage, de colère, de peur. Elle avait vécu tant de choses et elle était encore debout, elle trouvait le courage de vivre et de garder la tête haute. Elle n'était pas seulement magnifique, elle était bouleversante, forte, digne. Je ne pouvais que plus l'aimer.
Mes larmes ne voulaient pas cesser, elles persistaient, car maintenant je savais, car je me disais, quel homme chanceux j'étais, d'avoir la femme que j'aimais à mes côtés. Je nichai mon visage dans son cou, elle dans le mien. Elle gémit, se serra contre moi et se mit à pleurer et à me consoler en même temps. J'en faisais de même. Je lui disais qu'elle était forte, que je n'avais jamais rencontré de femme aussi forte qu'elle, que ça irait, que je n'étais pas tombé amoureux de son passé, mais d'elle, de ses sourires, de sa folie, de ses regards, de l'alchimie toujours plus réelle entre nous, de sa manière d'aimer Kyle, de ses chaos, de ceux que nous avions créés tous les deux. Nous nous caressions en silence, nos visages toujours l'un contre l'autre seul le bruit de nos sanglots, de nos respirations brisait le silence.
Puis, ça s'apaisa, doucement. Elle se réchauffa, ses pleurs cessèrent. Elle leva son visage, me sourit, murmura un merci. Je m'imprégnais de ce changement pour admirer cette femme et combien elle était belle.
— Je suis désolée d'avoir mis si longtemps à comprendre, s'excusa-t-elle. Je suis désolée d'être partie... je ne pensais pas tomber amoureuse, mais c'est arrivé et ça m'a fait peur. J'ai haï le Dieu concepteur de ne pas m'avoir aidé, de m'avoir laissé sombrer si bas. Mais il s'est excusé, je n'ai pas compris de suite que pour se faire pardonner il avait mis sur ma route deux hommes incroyables ; toi et Kyle. Deux hommes indispensables à ma vie, deux hommes qui m'ont redonné le sourire, qui m'ont appris le sens du mot amour et dont je suis folle amoureuse. Je sais que je n'ai pas le droit d'espérer...
— Merci, dis-je avec rage en la coupant. Merci d'être en vie, ma beauté. D'avoir trouvé le courage de te battre, d'avoir croisé ma route et d'avoir illuminé nos vies. Merci, parce que je ne sais pas ce que l'on aurait fait avec Kyle sans la femme de notre vie. Je n'ai pas grand-chose à t'offrir, ma beauté. Je n'ai pas un compte miroitant, parfois quand je fais plaisir à Kyle je suis un peu dans le rouge, car je me saigne pour qu'il ne manque de rien, mais ça va aller avec mon stage, le salaire qui l'accompagne et le boulot, ça va changer en bien. Plus concrètement, je n'ai rien de plus précieux que mon bonhomme et l'amour qu'on éprouve pour toi à t'offrir.
Elle se mordit la lèvre puis elle esquissa un sourire parfait.
— C'est ce que j'ai toujours voulu, souffla-t-elle. Je ne veux rien d'autre que vous deux. Je veux le voir sourire, entendre ses rires et ses histoires de dinosaures, le border le soir. Je veux me réveiller et m'endormir avec vous, je veux vivre avec vous, je veux ton alchimie, ton chaos...
Elle caressa mon visage du bout de ses doigts, elle descendit sur mes lèvres qu'elle fixa intensément, comme elle l'avait fait une fois avant que tout ne s'évapore.
— Tu te souviens quand tu m'as dit ; « Sache que lorsque je t'embrasserai, parce que ça va arriver, ça va durer infiniment longtemps et tu te rendras compte que rien n'est comparable au plus intense des baisers... »
Je m'en souvenais que trop bien.
— J'ai dit une chose aussi romantique, moi ?
Elle se mordit les lèvres et elle acquiesça puis elle colla tendrement son front contre le mien. J'étais doucement en train de me rendre compte qu'elle allait m'offrir la seule part d'elle à laquelle je n'avais jamais accédé.
Sa confiance, son amour...
Ses lèvres.
— Plus que toute autre chose au monde, je veux que tu m'embrasses, je veux...
Je la coupai en pleine phrase, mais qu'importe, je ne pouvais pas attendre une seconde de plus pour recevoir, absorber et goûter l'amour de la femme la plus merveilleuse au monde. Lorsque je plaquais ma bouche contre la sienne sa phrase se termina en un gémissement. Ma bouche captura la sienne sans douceur, sans patience, il n'y avait que du désir, que de l'amour. Un désir bien lourd auquel elle me répondait avidement. L'alchimie, le chaos, le trouble, tout était là, à sa place, au centre de notre monde. C'était une forme de chaleur si intense et si salvatrice que je m'y accrochai avec force. Je grognai quand elle resserra ses doigts sur mon pull en gémissant mon prénom alors je l'embrassai plus profondément. Je lui rendis son étreinte. J'avais chaud, mon front était moite, mon corps était en émoi. Le sien aussi. Elle bougea sur mon érection et d'un geste rapide je m'allongeai sur le fauteuil, la gardant sur moi pour l'admirer. Je ne voulais plus jamais en être séparé, je ne voulais plus jamais connaître la solitude, le froid et l'angoisse. Je voulais cette chaleur, je voulais qu'elle me consume.
— Je t'aime, ma beauté. Comme un fou.
— Oh, Nate, gémit-elle sans rompre le contact de nos lèvres. Je t'aime, tellement.
J'étais dans le même état de délectation, je n'avais jamais rien goûté d'aussi délicieux que ses lèvres, je n'avais jamais autant pris plaisir à embrasser quelqu'un. Elle m'embrassa et cette fois-ci, nous prîmes notre temps pour nous délecter l'un de l'autre.
— Tu m'as tellement manqué, soupira-t-elle. Je ne pensais qu'à vous deux, ses rires me manquaient, son sourire, sa bouille, ton odeur... tout me manquait. Ta peau, tes tatouages, ta folie, nos rires, notre alchimie...
— Toi aussi, dis-je toujours contre ses lèvres. C'était l'enfer sans toi. J'ai cru que je resterais dans cet état toute ma vie, que je ne respirerais plus jamais comme il faut.
— Nate... (Sa voix presque rauque s'attarda sur mon nom comme si elle était excitée.) J'ai tellement envie de toi, tu m'as aussi tellement manqué physiquement... j'ai toujours eu besoin de toi, ç'a toujours été tellement dur de te résister et de croire que je pourrais y arriver. Cette alchimie, j'ai été tellement conne de croire que je pourrais la contrôler, c'était impossible. Je ne suis pas seulement tombée amoureuse de toi et de Kyle, je suis aussi follement amoureuse de l'alchimie entre nous.
Elle murmurait tout ça avec rage, sa bouche toujours rivée à la mienne. De toute la nuit sa bouche serait mienne, impossible qu'il en soit autrement. Mes lèvres toujours contre les siennes, je posai les mains sur ses fesses et la soulevait. Elle enroula ses jambes autour de mes hanches, me serrant comme un étau.
— Mon Dieu, je vais te faire l'amour sans quitter tes lèvres une seule seconde...
Elle gémit. Mon Dieu, ça m'avait tellement manqué aussi, la sentir contre moi, ressentir l'alchimie et se trouble entre nous c'était les meilleures sensations que je connaissais. Je la relâchai brièvement, pour ôter son pantalon et lorsque je me rendis compte qu'elle portait la culotte, toute ma patience et tout mon self contrôle s'envolèrent.
— Dylan, la grondai-je d'un ton cassé.
Elle me mordit la lèvre, je me fis plus sauvage, et avant d'arriver dans la chambre, je la plaquai contre le mur du couloir. Je la sommais d'être silencieuse, elle hocha la tête. Ma langue caressa la sienne tandis que de mes doigts je la caressai à travers le tissu de sa fichue culotte. Elle gémit dans ma bouche, je la caressai plus fort. Elle me faisait perdre la tête, j'ignorais pourquoi cette culotte me rendait fou, mais c'était ainsi. Je voulais prendre mon temps, mais elle m'avait tellement manqué que c'était à proprement dit impossible. J'avais besoin d'être en elle, maintenant.
Nos vêtements s'étalèrent partout sur le sol de la chambre. Nous étions dans mon lit sous les draps et nous nous découvrions avec nos mains sans cesser de nous embrasser.
— Nate, je veux te sentir, gémit-elle.
— Je vais me sentir vexé, parce que je te touche, ma beauté.
Elle laissa échapper un gloussement qui se transforma en un gémissement délicieux.
— Je veux te sentir en moi...
Je savais ce qu'elle avait voulu dire et d'une poussée nous ne devinrent plus qu'un morceau de l'un et de l'autre. Mon Dieu... Elle se cambra d'une merveilleuse manière tendit que je posai mon font sur le sien pour capturer ce que j'avais de plus merveilleux au monde. Je n'avais jamais ressenti pareilles sensations pendant l'amour si bien que je me sentais idiot d'être déjà sur le bord de jouir. Tendrement, elle caressa mes bras, dessina mes tatouages puis noua ses mains derrière ma nuque, pressant de ce fait tout son corps contre le mien.
Elle murmura alors contre mes lèvres :
— Je t'aime, Nate.
Je la regardais, fasciné par l'expression de son visage. Les yeux fermés, elle se mordit la lèvre inférieure tandis que je continuai de la toucher et que je poursuivais mes mouvements de va-et-vient, et je me sentis subitement complètement submergé.
Juste avant de l'embrasser, je murmurai contre ses lèvres gonflées de notre amour et de nos baisers :
— Je t'aime aussi.
Je glissai ma langue dans sa bouche tandis que je pénétrai en elle à un rythme qui n'allait pas tarder à me rendre fou. Je recommençai, essayant de lui transmettre les sensations, l'amour et le désir que je ressentais pour elle.
Ses frissons, ses doigts qui s'enfonçaient dans ma peau, sa manière de m'embrasser comme si elle n'avait jamais rien connu de meilleur, ses je t'aime... je n'avais plus à m'en faire.
Un petit cri m'indiqua qu'elle était comme moi, très proche de l'orgasme alors j'accélérai la cadence. Je jouis en elle après quelques secondes. Elle jouit aussi, prise de convulsions. Je me délectai, je la regardai, enivré par ses joues rouges, ses cheveux blonds mouillés de sueur, ses gémissements, la douceur de sa peau, son odeur. La serrant plus fort, je passai la main dans ses cheveux emmêlés et caressai ses joues pendant que nous reprenons notre souffle.
— Il y a quand même quelque chose qui me chagrine...
Je relevai la tête pour la regarder dans les yeux.
— Quoi ?
— Je ne pensais pas que tes baisers seraient si merveilleux...
Je ris, elle m'imita.
— Je te l'avais dit, ma beauté. C'est bien, n'est-ce pas ?
Elle se pencha vers moi, posa ses lèvres sur les miennes.
— Oui, mais transformons le bien en très bien, le très bien en parfait, le parfait en...
****
J'ignorais s'il y avait quelque chose de plus beau et de plus fou qu'elle portant ma chemise trop grande et sa culotte à têtes de dinosaure. Si, il y avait elle qui portait ma chemise trop grande et sa culotte à têtes de dinosaure dans mon lit. Elle qui portait ma chemise trop grande et sa culotte à têtes de dinosaures dans mon lit, les jambes emmêlées aux draps. Elle qui portait ma chemise trop grande et sa culotte à têtes de dinosaures dans mon lit, les jambes emmêlées aux draps, sa chevelure éparpillée sur mes bras. Elle qui portait ma chemise trop grande et sa culotte à têtes de dinosaure dans mon lit, les jambes emmêlées aux draps, sa chevelure éparpillée sur mes bras après une nuit incroyable. Elle qui portait ma chemise trop grande et sa culotte à têtes de dinosaure dans mon lit, les jambes emmêlées aux draps, sa chevelure éparpillée sur mes bras après une nuit incroyable et qui m'embrassait.
Il était tard ce matin, bientôt onze heures. Kyle avait le sommeil anormalement long. Mais il fallait dire aussi qu'hier avant que je ne retrouve Dylan chez moi, nous avions fêté Thanksgiving et il avait joué toute la soirée. Dylan et moi n'avions pas dormi de la nuit. J'aurais dû être crevé, j'étais plus en forme que jamais. Elle souriait, elle prenait ses marques, elle parlait d'elle tandis que je l'admirais comme un gosse. J'avais envie d'elle, mais nous n'étions pas seuls et Kyle allait se réveiller d'un instant à l'autre et venir me rejoindre pour son câlin.
— Fatiguée ? demandai-je.
Elle redressa la tête. Waouh, elle était divine.
— Du tout.
Elle me vola un baiser. Waouh, encore plus divine.
— Un brunch, ça te dit ?
Elle sourit. Waouh, je voulais ça tous les matins du monde.
— Trop.
Je me sentais bien de ne pas bouger de la journée, de rester ici tranquillement et de n'aller que ce soir, chercher un sapin de noël à décorer ensemble puis montrer à Kyle ce qu'elle avait fait sur le toit. Quelques minutes plus tard, lorsque Kyle immergea de son sommeil, nous étions à la cuisine, je sentis à sa posture qu'elle avait peur, ses épaules étaient un peu raidies. Elle m'avait affronté moi, elle devait maintenant l'affronter lui. Elle était en train de sortir des trucs du frigo quand il s'arrêta devant, j'étais assis au bar et il ne m'avait pas encore capté. Quand elle ferma la porte et qu'il la vit, ses yeux s'ouvrirent en grand.
— Bonjour, mon trésor.
— Dylan ?
Il tourna alors la tête et me vit. Je lui souris pour lui montrer que ça irait. Je savais que le cœur de mon fils était en train de se réparer, mais comme son père il était un Mine digne de ce nom. Fier et robuste, il fit semblant de ne pas être touché.
— Pourquoi t'es dans la chemise de papa ?
Je souris, j'adorais cette chemise sur elle.
— Mon pull était tout mouillé, alors papa m'a prêté un vêtement.
S'il y avait quelque chose de mouillé, ça n'était pas spécialement son pull, mais je refusais de me laisser aller à de telles pensées avec mon fils dans la même pièce que moi.
— Tu as bien dormi ? tenta-t-elle de sa voix douce.
— Oui, mais je suis en colère contre toi.
Elle souffla. Elle n'avait jamais eu autant de mal avec lui qu'en ce moment. Ce n'était qu'une mauvaise passe.
— Kyle ! le grondai-je.
— Tu savais que Dylan, elle allait venir ? me demanda-t-il.
Il me scruta, chercha mon approbation. Je secouai la tête :
— Non, bonhomme.
Il plissa les sourcils sans comprendre. Elle s'accroupit à côté de lui et tendit une main pour le faire venir à elle, mais il n'avança pas.
— Même si tu es en colère, tu penses que tu peux m'écouter un petit peu ?
Il hocha la tête.
— D'accord. Je voulais te demander pardon, mon trésor. Je suis désolée d'être partie. Je sais que tu es fâché contre moi et tu as bien raison, mais je voulais que tu saches que tu me manques beaucoup comme tes dinosaures et que comme papa, je t'aime comme une folle.
Il fit un pas vers elle et il caressa ses joues. Elle sourit et se laissa faire.
— Tu vas partir ou tu vas rester ici ?
— Je me suis dit que si toi et papa étiez d'accord, Domino et moi on pourrait rester avec vous.
L'espoir naquit dans leurs yeux.
— Jusqu'à quand ?
— Jusqu'à toujours.
Lorsqu'il comprit la portée de ses mots et l'émotion dans sa voix, il esquissa un grand sourire et pleura en même temps. Dylan pleurait aussi.
— Tu veux, mon trésor ?
Il se jeta dans ses bras. Elle l'accueillit avec amour et rage, elle lova son visage dans son cou et lui murmura qu'elle l'aimait comme une folle et qu'elle serait toujours là pour lui. Je scrutai les deux essentiels de ma vie enfin réunis avec une fierté sans nom. Elle se redressa au bout d'un moment et ils vinrent tous deux se serrer contre moi. Ma vie était belle, leurs vies seraient belles, c'était une promesse à laquelle je ne faillerais jamais.
— Ce soir, on va chercher le sapin avec Dylan, papa ?
— Bien sûr !
Il sauta au sol.
— Trop cool.
Il fila dans sa chambre.
— Une tradition ? demanda-t-elle.
Je serrai mes bras autour de sa taille, elle noua les siens autour de mon cou.
— Oui, approuvai-je. Je crois d'ailleurs qu'il est temps que l'on t'initie aux nombreuses traditions des Mine.
Elle esquissa un grand sourire puis se mordit la lèvre.
— Initie-moi à l'infini, Nathaniel Mine.
Elle pressa ses lèvres parfaites contre les miennes, m'entraînant sur l'instant dans une dimension parallèle.
— Je crois qu'il est même temps d'en créer de nouvelles, la grondai-je.
— Quoi ?
— Ta bouche, tes baisers, je jure que je vais en faire une tradition journalière.
— T'es fou !
— Oh que oui ! Tu n'as pas idée, tu sais que tu as fait de moi un accro. Ta bouche, je la vénère, c'est mon nouveau mantra, mon leitmotiv.
Elle sourit et hocha la tête.
— T'en es fière ?
— Trop.
Elle n'était plus la même, elle avait l'air plus légère, plus souriante, plus tout. Son chaos était tout doucement en train de muer en quelque chose de magnifique, il ne nous restait plus qu'à transformer tout ça en infini...
Ne partez pas, ce n'est pas fini, pas tout à fait... <3
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top