Chapitre 9 Partie 4
Ravana avait bien reçue le signal de Napolio, sa voix puissante perçant la voûte céleste était immanquable quelque soit la position sur Angeluth. Son regard se tourna en direction du chemin le plus rapide vers le Ballistia.
Cette île n'était pas aussi compliquée à traverser que la précédente, malgré tout, la flore des lieux avait l'art de causer la confusion. Ces arbres tentaculaires qui ne semblaient respecter aucune loi de la physique et de l'évolution forçaient les détours, ce qui complexifiait le tracé en permanence.
Malgré tout, Ravana avait bonne mémoire et les labyrinthiques endroits faisaient partie de son quotidien. D'immenses habitations de nobles et leurs nombre de pièces exagéré, c'était le genre de lieux qu'elle avait à maintes reprises parcourue, et ce dès l'enfance.
Une mémoire visuelle et un sens de l'orientation aigu, c'était sa carte maîtresse dans cet endroit labyrinthe de part sa structure. Connaître la direction à prendre pour rejoindre le navire était un gain de temps précieux, car Ravana ne désirait pas voir le navire s'en aller sans elle, surtout avec son trésor dans les mains.
Elle qui avait passé tout son temps dans d'actives recherches, avait finalement put mettre la main sur un trésor, juste là au vu et au su de tous. Cependant, cette précieuse trouvaille était si bien cachée qu'elle aurait très bien pu passer à côté.
Un carré de quelques centimètres de côté simplement collé sous la branche d'un arbre. Ce simple tissu était cependant capable de prendre la forme et la texture de ce qu'il touchait, car il n'était présentement qu'un bout de la branche, une parcelle comme il en existait partout sur ce dernier.
Elle venait tout juste de découvrir ce dernier, et désormais son temps était compté avant que ne parte le navire. Comme la branche était bien plus haute qu'elle, Ravana dû se servir du tronc pour l'utiliser comme appui et atteindre la branche. Son bras droit s'enroula autour de la branche pour qu'elle s'y accroche puis son autre main est partie sur le côté pour aller saisir la tissus.
Elle lâcha prise au dernier moment, atterrissant lourdement sur le sol. Son vêtement était un peu tâché et abîmé, malgré tout, elle avait ce pourquoi elle avait fourni ces efforts. Sans attendre Ravana fit volte-face pour rejoindre le Ballistia qui ne prendrait sans doute qu'une minute tout au plus, pour partir une bonne fois pour toute.
Ses bottes rustiques mais de bonnes factures foulaient le sol nerveusement. Elle savait pertinemment que plusieurs détours étaient nécessaires pour le retour, ce qui entraînait une perte de temps évidente, malgré tout, elle avait confiance. Tout ce chemin, elle l'avait fait en marchant, alors que désormais, elle courait à vive allure. Ravana ne voulait, et ne devait pas être en retard, pour le bien de son équipe.
Alors qu'elle slalomait et même sautait par dessus divers obstacles pour gagner du temps. Ses mouvements de jambes rapides et son physique taillé lui permettaient d'atteindre une bonne vitesse de pointe qu'elle était capable de conserver une certaine allure.
Elle filait comme une flèche dans la nuit noire où sa vision était limité. Malgré tout les arbres de leur masses, en devenaient ironiquement plus simples à repérer. Ils couvraient la lumière nocturne, révélant leur position et facilitant l'esquive de ces derniers.
La forêt d'Angeluth était telle une parodie du sentier hanté, un terrain plat mais ô combien terrifiant par les formes naturelles qui venaient donner naissance à des ombres monstrueuses. Ravana pouvait entendre son cœur battre la chamade. Cet endroit était si calme, pas une bête pour l'attaquer, pas le moindre bruits d'insectes, juste des arbres et des buissons à perte de vue.
Tout défilait en continu sous ses yeux qui se devaient d'analyser en permanence la topographie pour, aller aussi vite que possible tout en évitant les possibles chutes. C'était une course contre la montre aussi stressante que physique, et malgré sa condition bien meilleure que celle de Miie, Ravana ne pouvait pas compter sur ses pleines capacités.
Elle se baissa pour éviter la branche d'un arbre puis sauta au dessus d'un buisson, alors que son objectif n'était plus très loin. Soudain, un vent brutal vint lui soulever les cheveux. Ravana fut comme projetée vers l'avant, se rattrapant de justesse. Une telle force, seule un déplacement rapide pouvait provoquer un choc pareil, et seule une personne en était capable.
La terreur se lisait dans les yeux de la jeune noble. Azaly se tenait à quelques mètres au dessus du sol, telle une bête sauvage en pleine attaque. Des particules de terre et de pierres entouraient la petite qui venait tout juste de freiner.
Ravana ne sentait pas ses membres, son corps prenait un temps fou à répondre, comme si ses yeux étaient arrivés à un niveau d'acuité totalement nouveau. Le moment où leur yeux se croisèrent dura comme une éternité, pourtant, tout allait en réalité très vite. Comme quelques élus avant elle, Ravana venait tout juste de prouver sa prédisposition à l'Aura.
Elle vit les lèvres de l'enfant remuer, alors que de sa gorge sortait une voix presque paniquée.
– Ravana !! Cours !!!
D'un coup, le temps reprit son cours normal pour Ravana. Ses membres lourd il y a quelques instants, reprirent un poids normal. Elle pouvait sentir son rythme cardiaque, la chaleur de son corps, tout ce qui, pendant une seconde, avait disparu pour laisser place à un monde figé.
La jeune noble était assise sur ses fesses, confuse alors que rien ni personne ne se trouvait devant elle. Des grondements puissant venaient secouer la zone, comme si le tonnerre frappait à proximité. Ravana était pétrifiée, la peur paralysait ses membres et elle menaçait de faire une crise cardiaque à chaque instant.
Des ondes de choc lui ébouriffaient les cheveux toutes les secondes et ses vêtements partaient brutalement sur le côté.
Deux forces s'affrontaient tout autour d'elle, deux forces monstreuses. Un souffle brutal l'a plaqua soudain au sol, et alors qu'elle allait se relever, une bourrasque projeta son corps frêle contre un arbre. La poussière s'élevait du sol à chaque coups, comme de l'eau au claquement de queue d'une baleine.
Ravana avait peine à garder connaissance, cependant, les chocs eux, étaient toujours perceptibles. Du ciel, de sa droite, de sa gauche. Au milieu des arbres et leur branches entremêlées, jusqu'en haut des feuillages, aucune direction n'était épargnée par la lutte de titans qui n'opposait pourtant que de simples enfants.
Azaly et Puppet étaient en pleine épreuve de force, la tueuse en attaque, tentant de pousser Azaly dans es retranchements en visant Ravana. La petite fille elle, menait cette bataille en bloquant avec vaillance ses coups tout en l'éloignant de sa cible.
Ces deux catastrophes ambulantes s'affrontaient sans jamais rester en place. Plus vives que la foudre, plus fortes que le tonnerre. Leur duel se situait tant dans la vitesse que dans la force, et à ce jeu là, Puppet était la vainqueure.
Tel deux bolides dans un parcours d'obstacles, elles traversaient la forêt à toute allure, contournant les arbres, ne touchant terre que pour se propulser de nouveau. Leur poings frappaient avec précision l'ennemi, chaque coups faisaient mouches, déformant la peau de leur rivale pendant une seconde.
Après chaque impact les deux prenaient leurs distances, d'abord Puppet pour se repositionner et trouver un nouvel angle d'attaque, puis Azaly pour assurer la défense. Comme un duel d'armes à feu, tout se jouait au timing. Mais ici pas d'erreurs où de balles perdues, seulement des impacts grandiloquent, projetant la roche et ébranlant le bois.
Et se trouvait au milieu de tout ceci un brin de paille incapable de comprendre la projection supersonique prenant place sous ses yeux. Ravana avait pu suivre Azaly pendant une seconde, mais cette fois-ci rien du tout. Le passage des combattantes sous ses yeux lui flouait la vue, et menaçait de l'emporter avec le sol.
L'apocalypse était présente autour de la jeune noble qui sentait le monde, son monde, s'effondrer à chaque fraction de seconde. Était-ce réellement une apprentie comme elle qui se mouvait juste là, sous son nez ? En quoi le destin était-il juste en donnant naissance à quelqu'un comme Azaly ?
Ravana n'était plus sûre de rien, l'envie de vivre la quittait, car son œil contemplait quelque chose de trop grand, trop puissant. Du sang coulait de son nez, et elle était à deux doigts de perdre connaissance par le simple tourbillon dans lequel elle avait été entraînée.
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Azaly menait le combat le plus dur de sa vie, un duel de grande envergure où on cherchait à la mener dans ses retranchements. Puppet se jouait d'elle, cette fille lui faisait l'effet d'un miroir, un reflet d'elle qui permettait à Azaly de bien comprendre ce que lui disait Anne au sujet du point de vue des autres vis à vis de ses capacités.
Monstrueux.
C'était le mot qu'elle pouvait utiliser, il était si clair, si juste dans cette situation qu'elle aurait presque pu en rire. Ses mouvements et ceux de Puppet n'avaient aucun sens, elles enchainaient les escarmouches aussi vites qu'elles restaient à distance l'une de l'autre. Ces deux aimants passaient de l'attraction à la distanciation en un battement de cils. Elles faisaient fi de la gravité qui semblait avoir rejeté toute responsabilité vis à vis d'elle tant c'était des êtres insensés pour le monde logique.
Azaly n'avait pas eu à se servir d'un tel degré de sa force depuis longtemps. C'était presque trop brutal comme transition pour elle qui s'était habituée à n'être qu'à la moitié de son potentiel. Elle grimpait les palliers de la puissance de secondes en secondes pour égaler Puppet, mais c'était comme affronter une copie parfaite, meilleure que l'originale.
Les coups pleuvaient en averses, se divisant en mirages si bien qu'ils semblaient être des milliers. Puppet ne se débarrassait jamais de son sourire confiant, après tout c'était elle qui menait la danse. Dans ce bal où ces partenaires se saisissaient plus vite qu'on ne pressait la gâchette, c'était la tueuse qui dictait le ton. Placement précis, sprint rapides, slalom entre les arbres, rien ne pouvait arrêter cette artiste sortie d'un tableau surnaturel.
Puppet cherchait le potentiel chez sa rivale, Ravana était ce bouton d'accélération qui forçait Azaly à mettre la barre toujours plus haute pour rester au niveau. Un sacrifice qu'elle aurait empalé d'un geste fini alors par devenir une source d'amusement pour cette enfant martyrisée devenue une lame de rechange pour ses maîtresses.
Ce jeu pouvait durer encore longtemps, les deux encaissant comme des murs les coups adverses. Azaly n'était pas prête à céder et même si la douleur lui traversait le corps elle pouvait encore lutter. Puppet le savait bien, une prise de vitesse progressive ne mènerai nulle part, elle était là pour tirer le meilleur d'Azaly, alors il fallait y aller en tant qu'être supérieur, un impératif pour en débusquer un autre.
Puppet, après une énième escarmouche, fit une charge aussi brutale qu'inattendue vers Ravana. Azaly fut prise de stupeur, la tueuse était trop rapide, impossible de sauver la jeune noble.
La main de la petite saisit alors le poignet de l'assassin alors sur lui point d'aller massacrer la spectatrice impuissante. L'assaillante ne put que sourire face à cette anomalie dans le déroulement logique des évènements.
– J'ai senti un moment de doute chez vous alors je suis allée chercher ce que vous tentez de protéger.
– Je ne vais pas te laisser faire.
Puppet commençait à voir des résultats chez Azaly, c'était exactement le genre de situation qu'elle voulait et devait rencontrer avec ces irrégularités.
Impossible.
Ce mot, elle devait pouvoir le dire en affrontant la petite.
– Fort bien, continuons je vous pri-
Un déchet s'est envolé dans le décor, creusant un trou béant dans l'horizon forestier, alors que l'enfant prenait conscience du terme jeter les ordures. Le poing d'Azaly était parti tout seul, fumant comme de l'eau bouillante.
Pendant un instant il y eu une prise d'autorité du côté d'Azaly. Il n'y avait ni logique à chercher, ni phénomène à comprendre. Pendant un bref moment elle a décidé qu'il était temps de mettre fin à tout ça, alors tout le reste à suivi.
– Je vais te sauver de Puppet.
L'attention de la sauveuse était portée vers un semi cadavre vivant, une Ravana qui était morte 100 fois en voyant le soleil. L'humaine avait fait face aux armes qui venaient briser sa compréhension de ses propres limites.
Ravana ne bougeait plus, bien que vivante, malgré tout, Azaly n'avait pas besoin de réaction pour accomplir son devoir. Elle récupéra le corps, sans rien demander en retour, sans penser aux trésors laissés au pied de l'arbre, l'humaine était plus importante.
La Ballistia commençait à partir et se séparait de plus en plus du bord de l'île. Azaly y était presque, l'objectif était presque atteint. Encore quelques secondes et pour elle, tout prendrait fin.
– J'ai senti pendant un bref instant que j'étais démunie, alors je ne pouvais faire qu'une chose, prendre l'impact, ce coup le plus puissant que vous ayez pu donner. Est-ce là ma récompense pour ma noble attitude ?
Puppet avait sous sa main, la tête d'Azaly qui ne comprenait plus rien. Malgré tout la petite avait confiance en elle, alors elle pouvait encore prendre le dessus.
Azaly peut le faire.
D'un freinage elle se retourna, Ravana dans les bras, puis posa la jeune femme au sol, laissant à Puppet le temps de finir son monologue, alors qu'elle se tenait immobile la main levée au ciel.
– Battue j'étais, esclave je suis et triomphante sans gloire je serai ! Ainsi s'achève la boucle sans fin des inférieurs face à l'autorité qui trône au dessus de leur tête ! À moi l'impuissante, est donnée l'opportunité de tirer de ma peine un peu de fierté ! Puissiez-vous m'offrir par votre supériorité un peu de jalousie de votre Noble condition !
Azaly fonça droit sur Puppet au moment où sa phrase prit fin. Elle était prête à continuer le combat, à ne laisser personne d'autre se faire soustraire par la tueuse. Son poing partit vers l'avant puis vite, son bras alla avec tout ce qu'il possédait, se perdre dans l'obscurité.
La main abattue de Puppet était différente de tout à l'heure, et cette différence était suffisante pour que tel un morceau de chaire passé sous le hachoir, la bras d'Azaly soit tranché.
Azaly ne peut pas gagner.
Ses lèvres fines et rosées, reliées de plusieurs filets de baves, laissèrent s'échapper un de ces messages de détresses, ce signal qui sonnait le début du malheur. Azaly hurla à en exploser les tympans, empoignant sauvagement la chaire nue de son corps auquel manquait désormais un bras entier.
Sa tête fut verrouillée au ciel alors que ses doigts s'enfonçaient dans la chaire rouge et sanguinolente, quand d'un coup, l'écluse du désespoir fut brutalement fermée. Azaly ôta ses doigts de sa chaire puis posa, où plutôt, planta son pied fermement dans le sol.
Puppet pouvait encore agir mais le besoin de constater la qualité d'un met de qualité par petits morceaux avant d'y planter la fourche était un impératif dans sa mission.
D'un mouvement digne des lanceurs au baseball, Azaly saisit alors Ravana puis l'envoya dans les airs pour qu'elle aille rejoindre le Ballistia. Elle avait sauvée Ravana de Puppet.
– Je suis confuse, que s'est-il donc passé dans votre esprit pour prendre une telle décision ? Laissez moi donc stimuler votre cervelle afin de clarifier vos idées.
La main enveloppée d'Aura de Puppet n'a pas attendu la riposte de l'enfant pour aller se planter dans son crâne. Tel un œuf percé d'un clou après un coup de marteau, la tête d'Azaly s'est éclatée, libérant du sang en abondance.
L'Aura que dégageait Puppet était intense, si intense que le corps d'Azaly, malgré sa réticence, ne put pas lui refuser l'entrée dans le véritable monde. Le monde d'Azaly.
Puppet écarquilla alors les yeux, le changement d'environnement étant trop soudain pour être naturel. Elle n'était plus sur Angeluth, mais seule avec une Azaly à demi-morte en face, au beau milieu de l'infini.
Ses yeux partaient dans toutes les directions, comme guidés par des ordinateurs en pleins scanner. L'endroit lui était inconnu, et pourtant quelque chose de familier était omniprésent ici.
Azaly est partout.
Puppet était trop précise pour se tromper là dessus. C'était Azaly qu'elle sentait de tous les côtés, de différentes manières, mais Azaly tout de même. Il y avait des signaux d'intensité diverses, et certains étaient effrayant, et proches.
Un éclair rouge vif frappa la tueuse, rejetant alors brutalement sa présence en ces lieux.
Puppet reprit conscience dans les cieux. Posée sur une couche d'air invisible, comme si elle avait inconsciemment prit ses distances.
Son sourire avait été effacé, car elle sentait que quelque chose n'allait pas. Les imprévus étaient le fléau des impuissant, alors elle devait corriger le tir, sous peine d'en pâtir.
Sa main grande ouverte et braquée en direction d'Angeluth, minuscule vue du ciel, créa sous sa paume une spirale, une force vectorielle. L'Aura qui constituait cette forme à l'expansion illimité s'agitait comme une flamme, et quand la spirale s'évanouit dans l'espace, sa force au contraire, était d'ores et déjà démultipliée.
Des stries se formèrent dans le sol, la terre tremblait et se fissurait avec précision. Angeluth subissait sans rien pouvoir faire, la force spirale. Froissée comme un vêtement, l'île voyait ses fondements et sa géographie se faire déchirer.
Pendant ce temps, la bateau s'éloignait, avec sur le pont, quelques spectateurs, chanceux où non de cette apocalyptique scène. Comme si une main géante était venue saisir ce lopin de terre pour ensuite la broyer, Sanda, Arthur, Miie et Han Allevister, contemplaient le souffle coupé, les montagnes de roches suivre une direction claire de destrution. Ils s'écrasaient dans les airs, tombant en morceaux comme du sable. L'île ressemblait désormais à un triangle équilatéral devenant au fil des secondes plus isocèle, en vue de finir à l'état de torchon droit comme un piquet. Piquet fait de roches agglomérées, survivantes d'un génocide désastreux où leur sœurs avaient finis en poussière, divisées encore et encore durant l'ascension.
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Les larmes aux yeux, Miie se tenait devant Ravana étendue sur le pont. L'enfant n'avait pas les mots, car la vue de sa mère le crâne éclaté par l'impact de sa chute sur le sol lui coupait toute envie de seulement crier.
Elle qui s'inquiétait de l'absence prolongée de Ravana était sortie de la cabine, sans même que Swan ne proteste. Miie avait besoin de ce réconfort, de cette force protectrice que lui conférait son modèle de maturité.
Ravana avait promis de revenir, et elle était là, bien présente, et avec un dernier cadeau en guise de preuve pour ses efforts. Elle avait lâchée quelque chose alors que sa cervelle s'étalait sur le pont, un petit quelque chose qu'elle avait tenue jusqu'à la fin, envers et contre tout.
Ce tissu, ce vulgaire trésor qu'elle avait pu récupérer, il était là, sur le sol, à la vue de Miie qui ne put retenir ses pleurs en face d'une telle personne.
Elle n'avait pas la force de prendre le trésor parce que cela signifiait continuer cette aventure sans Ravana. Cependant, derrière la fille se tenait le père, et sans un mot il soupira, laissant l'enfant épancher sa douleur avec en fond, la cacophonie tonitruante d'une île en pleine destrution.
Soudain, Swan prit alors la parole :
– Elle était trop forte… c'était son point faible Miie…
– Elle m'avait jurée de revenir…! Mais je voulais pas qu'elle revienne aussi misérablement !!
– Qu'importe… tu vois ce qui arrive aux forts… ce que nous ne sommes justement pas, et là est notre force.
Miie n'écoutait qu'à moitié, cependant une partie d'elle prenait garde aux dires de Swan. Lui qui était si absent depuis peu, semblait avoir retrouvé sa vigueur.
– Nous ne sommes pas ceux qui viendront s'assoir sur la montagne de cadavres… nous on va s'y cacher… attendre patiemment et aller poignarder celui sur le trône au moment où il s'y attendra la moins !
Il s'avança soudain, saisissant la tête de Miie pour la faire fixer le cadavre de Ravana. Swan ne faisait aucun cas de la peine de Miie. Tel le leader prêt à traîner ses soldats dans la boue, pourvu que s'y planquer assure leur survie, il était prêt à plonger l'enfant dans le sombre monde de la ruse.
– Regarde bien ce résultat ! Et dis toi que tu n'as en face de toi que l'échec ! L'échec de la justice et de la noblesse !
– Arrêt-
– On va survivre ! Parce qu'on doit le faire pour continuer d'avancer on va le faire Miie ! Oublie tout ce qu'elle t'as appris et laisse moi t'enseigner la vraie manière de subsister dans un monde de chaos !
Il serrait la tête de la jeune chasseuse de ses doigts, comme pour mettre davantage de poids dans ses dires.
– On va voler, corrompre, s'adonner à la ruse ! Tout ça pour survivre et atteindre notre but ! Survivre Miie ! Pour accomplir ce que Ravana n'a pas pu terminer je vais le faire pour toi, et me donner à 100% dans cet objectif, faire de toi ni homme ni femme, ni guerrière ni justicière, mais survivante !
Swan lâcha enfin la tête de Miie qui était désormais pleine de ses paroles lancées avec force et autorité.
Elle n'avait pas pu détacher son regard du cadavre, et la vision d'horreur que lui inspirait le corps mort était devenu plus grand que la personne qui, il y a peu, possédait ce dernier.
Miie avait envie de vomir, car Swan avait réveillé son instinct, celui de la chasseuse qui risquait sa vie pour rentrer les mains pleines.
Elle aimait Ravana du fond du cœur, mais Ravana n'était plus là. Seul Swan était encore à ses côtés, et il était déterminé à la faire grandir, mais pas pour devenir comme la jeune noble, qui se trouvait désormais la tête éclatée sur le sol.
Les émotions serraient encore le corps de Miie, mais elle eu la force de se lever. Ses yeux ne quittaient pas le cadavre, comme pour imprimer cette situation qu'elle ne voulait pas connaître. La dernière fois elle avait sentie l'impuissance, et elle avait été tuée, désormais, elle voulait vivre.
Elle recula pas à pas, avant de finir dans les bras de Swan qui l'accueillit sans un mot. L'aventurier était heureux, car la sélection naturelle avait frappée, le mâle alpha, pouvait enfin reprendre ses droits… et modeler la génération future à son image.
Après avoir lutté et survécus jusqu'ici, Ravana fut rattrapée par sa condition humaine.
Morte en s'écrasant sur le pont après le lancé d'Azaly, la partie était terminée pour elle….
... Bon bah je vous laisse faire le deuil de notre chère Ravana.... Merci d'avoir lu :(
Comment c'était l'écrit ?
J'avais déjà prévu de faire mourir Ravana depuis un moment, de 1 pour la nouvelle évolution de la relation Miie-Swan et de 2 pour montrer la cruauté et la nature impitoyable du destin. Ce serait dommage de laisser en vie les mêmes personnages, et j'aime surprendre aussi dans Diastasis avec des scènes du genre où l'on voit la mort venir à des moments impromptu.
Le duel entre Puppet et Azaly fut intéressant à écrire, faire un combat est un exercice vraiment sympathique mais entre ce qu'on imagine et la réalité il y a bien des fois une grosse différence.
Cependant j'espère malgré tout avoir suffisamment maîtrisé cet échange de coups entre les deux filles, que je voulais surtout... Indescriptible, trop rapide pour l'oeil humain... Vraiment un duel au delà de toutes compréhensions. N'hésitez pas à me dire comment vous avez trouvés.
Pour ce qui est la destruction de l'île, j'ai mis un petit point d'honneur à mettre un maximum d'émotions là dedans. On a beau suivre l'aventure de ces Apprentis qui vont de surprises en surprise, contemplant le surnaturel à plusieurs reprises, j'avais besoin de marquer les esprits, faire une piqûre de rappel pour montrer que ces gens n'en restent pas moins des "vermisseau impuissant" au milieu du monde des voyageurs.
Enfin, pour le cas Miie et Swan, c'était un bon moyen pour moi afin de déranger le statut quo de ce groupe. Ravana était la muraille qui protégeait le cœur de Miie de Swan... En fait en dessous de cette vision d'équipe on avait une sorte de conflits entre les personnages... Et au milieu Miie qui était comme un enfant cherchant à qui faire allégeance.
La jeune chasseuse reste néanmoins humaine, et Swan aussi. Alors je ferais en sorte de développer ces personnages en ce sens... Car j'estime que personne ne peut être parfaitement droit dans un monde aussi sordide :)
Merci d'avoir lu n'hésitez pas à me donner vos ressentis !
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