Ravana avançait seule dans la grande forêt, bien trop calme pour que quelque chose de normal puisse causer un tel silence de mort. Les grands arbres d'Angeluth étaient perturbant à la vue, se tortillant comme des lianes à travers l'espace. Ravana se plaisait à observer ces édifices naturels fais de bois et de végétaux, plus intéressant à regarder que les vastes bâtisses de son ancien monde.

La jeune noble avait côtoyée la vie dans les palaces luxueux de son époque, des structures raffinées aussi élégantes que froides d'une certaine manière, de part l'hostilité qui s'en dégageait.

Les gens qui y vivaient, étaient pour la plupart de parfaites personnification de Narcisse, corrompaient ces lieux si beau et si bien bâtis. De leur comportement qu'elle méprisait profondément, de leur manière pleines d'hypocrisie, tous ces bourgeois qui, par un nom gravé dans leur sang, devenaient de hautes sphères de la société. Ces gens qui ne touchaient ni le sol ni la plèbe, faisaient d'un monde que Ravana voyait comme étant féerique, une douteuse parodie de phénomènes aussi invivables que maniérés.

Ravana n'était pas une fervente admiratrice des œuvres humaines où de toute structure complexe, mais malgré tout, cette demoiselle distinguée savait apprécier tout ce qui se faisait autour d'elle. Sans être contemplative, elle était de ceux qui comprenaient on ne peut mieux leur place dans l'univers. Le respect de ce qui était plus grand. Plus fort. C'était une philosophie qu'elle avait dû intégrer à la dure étant jeune, quand devant les pontes, les ministres et les amis de familles, l'échine il fallait fléchir.

Désormais c'était naturel pour elle, ce respect qui lui permettait d'apprécier tant ses forces que ses faiblesses. En tant qu'humaine elle ne devait pas tenter d'atteindre les étoiles, sous peine de se faire consumer, d'autant plus que la froideur du cosmos lui aurait déjà gelé le corps jusqu'à la moelle.

Elle s'arrêta alors un instant, le temps de fixer les morceaux de ciels visibles au travers des branches en vrilles et de leurs feuilles. Elle ne devait pas atteindre les étoiles, ni même franchir le cosmos, c'était une certitude, car ce monde ne lui appartenait pas.

Malgré tout, Ravana était prête à se rendre maître du ciel lui même, c'était plus que suffisant pour sa sordide entreprise. La jeune noble était venue ici pour une entreprise salutaire, une croisade contre la montre qui n'avait pour seul but que celui de lui assurer un avenir. Mais pas un avenir lié au matériel, mais à quelque chose de bien plus fort que tout ce que le destin pourrait offrir.

Forcée de s'arrêter pour pleinement de souvenir de la raison de sa présence ici, elle serrait les poings. La vue de Miie, de son visage en gros plan dans son esprit, et même en plus petit et éphémère, celui de Swan, la faisait vaciller. Une équipe formée sur l'accroissement des chances de survie, voilà ce qu'était censée représenter leur union, mais force est de constater qu'en quelque heure, quelque chose s'est formé.

Ravana reprit sa marche, prise dans une mer enragée, liée par une énergumène irresponsable et une petite bien trop attachée à elle. Ces fines cordes n'étaient certe pas renforcées par le temps, mais leur existence ne pouvait être ignorée. Abandonner du jour au lendemain Miie, qu'elle avait pleurée, pour laquelle elle fut prise de rage, lui semblait impossible à l'heure actuelle. Même Swan, malgré son comportement, son manque de maturité, n'était assurément pas une mauvaise âme d'après elle. Comment leur dire au-revoir et mettre fin à tout ce qu'ils ont vécus à la dure dans cette épreuve.

Une guerrière ne pouvait oublier ses frères et sœurs d'armes, hors ce n'était pas pour le style que Ravana portait l'épée, mais bien parce qu'elle en était une.

C'était une réflexion pesante et désagréable pour son esprit. À ses yeux ils ne formaient plus une simple équipe de survie, mais bien un groupe armé prêt à tout pour continuer l'aventure ici. Une escouade basée sur la fraternité, une petite famille tenant la lame comme le revolver, pour abattre ceux qui menaçaient son intégrité.

Elle se remit à marcher, consciente que le temps à passer ici n'était pas illimité. Miiko avait poursuivie le Ballistia à la nage, chose que Ravana savait pertinemment en être incapable, alors elle ne devait plus perdre de temps.

Elle accéléra le mouvement, tout en commençant à prendre d'autres chemins. C'était une chasse aux trésors alors ce n'était pas en allant tout droit qu'elle allait les dénicher.

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Azaly tendit la main pour récupérer un énième trésor au milieu d'un tronc, au milieu d'une armée d'arbres tourbillonnant dans les airs de part leur forme. Elle se trouvait au niveau du centre de l'île, à une cinquantaine de mètres au dessus du sol, sur un arbre si composé de plusieurs de ses confrères. Tels des cheveux en bataille, ils s'étendaient jusqu'aux cieux dans toutes les directions, tantôt entrelacés, tantôt suivant leur propre chemin.

Ce fut davantage une recherche laborieuse plutôt que difficile pour la petite. De part la forme de l'arbre, n'importe qui pouvait, en récompense de quelques efforts physiques, y grimper. C'était comme si l'arbre lui même invitait autrui à le monter pour se retrouver dans le grand labyrinthe de branches.

L'enfant avait mit fin à ses recherches, quand le temps d'un détour, elle put apercevoir quelque chose de suspect dans un trou. Lui devant lequel elle était passée une trentaine de fois, pensant qu'il ne s'agissait que d'une des nombreuses formes présentes dans la nature. C'est par, ce qu'on pourrait appeler le fruit du hasard, qu'elle put enfin remarquer le fameux trésors caché dedans.

C'était une petite bouteille en cuir de forme circulaire avec un orifice dépassant vers le haut en guise d'ouverture scellée d'un bouchon de liège. Elle inspecta l'objet, intriguée. C'était presque trop simple par rapport aux autres trésors ramassés jusqu'ici.

Cependant, se poser des questions sur ce genre de choses n'était pas dans ses habitudes. Elle ferma les yeux un instant puis se dirigea vers le bord le plus proche. Azaly se laissa alors tomber simplement jusqu'en bas, traversant comme un rien la cinquantaine de mètres. L'enfant s'écrasa alors au sol, juste à côté de la pile de trésors déjà récupérés, qu'elle avait laissée là. Une fois la bouteille en cuir ajoutée au tas, elle fixa le monticule, perplexe.

Quand elle était avec Arthur, de paires de bras pouvaient porter tout ceci durant le voyage, mais actuellement elle était seule. Il n'était pas encore venu, celui avec qui elle voulait traverser toutes les îles. Quand allait-il apparaître ?

Azaly décida alors de s'accroupir, dans l'attente d'Arthur. Elle pouvait très bien faire des allers retours entre ici et le Ballistia, mais ça ne l'arrangeait pas, ce n'était pas la façon dont ça devait se dérouler.

Ses yeux passaient d'un trésor à l'autre, comme si elle contemplait des babioles inutiles. Ces trésors n'avaient aucune valeur à ses yeux, elle les récupérai, parce que c'était comme un réflexe de le faire. Sans doute allait-elle les donner à Arthur.

C'est alors que, le temps d'un coup de vent frais, caressant la cîme des arbres, une silhouette apparue telle une ombre. Azaly ne remarqua même pas ce nouvel élément dans l'environnement, et continua de fixer les trésors. La silhouette était de petite taille, de forme fine et laissait s'agiter ses courts cheveux dans l'air.

Tel un assassin observant son innocente victime, inconsciente du danger la guettant, l'ombre se tenait assise sur le tronc d'un arbre courbé. Tout était calme autour, et seul le bruit des feuilles étaiy audible aux alentours.

– Tu me paraît bien pathétique jeune enfant.

Cette silhouette sans nom, plutôt que de rester dans le mutisme, s'était décidée à parler, dévoilant sa présence aux yeux d'Azaly. L'enfant se retourna brusquement, alors que sa main droite fut prise d'un tremblement bref mais bien réel. Elle avait eue peur pendant un court instant, car quelque chose d'inconnu et dangereux avait pénétré son espace sans qu'elle ne s'en rende compte.

Ses yeux perçant purent commencer à mieux discerner les traits de l'inconnu. Azaly avait vraisemblablement affaire à une jeune fille, l'air adolescente, tout au plus.

– Vous êtes qui ?

– Mon identité est inexistante d'un certain point de vue, malgré tout, le surnom Puppet me semble approprié. Utilisé par ma créatrice et ses sœurs, de temps à autre à mon égard, il me semble qu'il s'agisse de mot le plus juste pour me définir.

– Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous êtes apprentie vous aussi ?

– En aucune façon une création comme moi ne pourrait être comparée à de basses classes telles que vous, combien même je ne suis moindre de mes pairs parmi les assassins au service de mes maîtresses.

– Mais que fais-tu ici alors ?

– Je suis là pour te tester, et voir si tu es, à l'instar de ma maitresse et ses sœurs, une Enfant de Noble lignée.

– Quoi…? Qu'est-ce que vous voulez dire par Noble lignée ?

– Les voyageurs aussi connaissent le principe de Hiérarchie, et parmi les hautes sphères de notre parfaite société existent les représentants de le noblesse Voyageuse, des Entités formant l'une des trois formes d'absolutisme dans notre bienheureuse société. Leurs descendants sont, pour sûr, ceux qui peuvent faire bouger les rouages du destin, concevoir un Miracle qui en clouerait le clapet même aux plus grands voyageurs… et plus encore ! Les Anormaux, les Irréguliers de notre monde ! Voilà qui sont les Enfants de Noble lignée !

Puppet parlait avec ferveur presque inquiétante, comme si elle vouait une admiration maladive à ces fameux Nobles Voyageurs.

De son côté, Azaly écoutait à moitié des propos. Quelque soit la manière dont elle regardait Puppet, c'était comme si cette jeune fille n'existait pas, du point de vue de ses sens. Qu'elle bouge, qu'elle parle, qu'elle déplace l'air, Azaly avait l'impression que quelque soit les perturbations que la fillette causait autour d'elle, aucune cependant ne trahissait réellement sa présence.

– Trêve de mondanité, vient à moi de suite. reprit alors Puppet avec calme.

– Je-... Je n'ai pas envie !

Si Monsieur tête de flammes, si Pyrius lui avait fait cette demande, elle aurait acceptée. Si Pierrot le tueur au long sabre le lui avait demandé, elle aurait acceptée. Si Zoreïphan le mystérieux insondable le lui avait demandé elle aurait acceptée. Mais cette fillette, elle ne le voulait pas, catégoriquement.

Puppet était quelque chose d'infect du point de vue d'Azaly, indétectable certe, mais qui d'un autre sens corrompait sa réalité par sa présence. La petite ne voulait pas approcher cet être.

Plutôt que d'avancer comme demandé, elle fit un pas en arrière. Les trésors n'avaient pas d'importance, ils pouvaient donc bien rester là quelques instants, Azaly à l'inverse, n'en avait plus envie.
En l'espace d'une seconde, une onde de choc souffla les alentours, sonnant la retraite de la petite aux cheveux blancs. Elle ne voulait pas fuir réellement, mais plutôt s'éloigner de Puppet.

Cette dernière descendit alors de l'arbre où elle était assise, faisant une mine déçue.

– À bien y regarder elle ne semble pas valoir grand chose, cependant la Noblesse est pleine de surprises…

Elle leva sa main pâle, faisant sortir une émanation transparente et intense, qui agitait sa chevelure bleutée et courte, un aura puissant et dangereux. Ses yeux oranges vifs luisaient dans la nuit noire, tandis qu'elle se mettait en mouvement, agitant son kimono noir à fleurs.

Elle baissa un à un les doigts de sa main, retirant avec L'Aura qui les entourait. Elle procéda ainsi jusqu'à n'en laisser que deux.

– Je suis en doute, combien de doigts imprégnés d'Aura seraient nécessaires pour l'abattre d'une frappe ? Deux peut-être…

Soudain, une large sourire se dessina sur sa figure, quand au lieu d'en rester là, elle baissa son doigt pour descendre à un.

– Suis-je bête les basses strates de l'existence n'en valent pas un seul ! Alors dans son cas, je ne peux que lui en donner qu'un, par preuve de mon respect pour sa possible appartenance…

Puppet s'amusa à baisser et monter son doigt puis, tourna le regard vers un pont qu'elle seule pouvait voir. Elle ferma son poing, annulant totalement la propagation d'Aura, puis disparu dans la nuit. Non sans laisser aller une dernière parole lancée avec sarcasme, mais sur un ton à faire frémir.

– J'irai alors te chercher Noble Enfant… puisses-tu survivre à mon test, et me laisser voir la Noble facette de ta personne !

On dirait que les choses s'accélèrent 3_3 ! J'espère que cette partie vous aura plu

Comment c'était l'écrit ?

Autant le dire de suite ce moment était prévu depuis trèeeees longtemps. J'avais hâte de l'atteindre car je savais qu'il allait se passer des choses vraiment cool !

Au début Puppet était censée être une simple marionnette... Comme l'indique son nom. Cependant, j'ai fini par rapidement aimer le personnage et j'ai décidé d'en faire un véritable individu, avec son histoire et sa manière d'être.

J'aime beaucoup Puppet, et j'espère que vous l'apprécierez aussi.

Ce personnage est aussi fort pratique pour mettre Azaly face à quelque chose qui là dépasse. Bref !

Merci d'avoir lu ! Profitez bien du prochain chapitre >>>>