Chapitre 8 Partie 4
Au milieu d'une purée de pois blanche et opaque se déroulait un échange de coups. Deux ennemis se faisaient face. L'un était l'attaquant, l'autre la victime. L'un était masqué, et dans les yeux de l'autre brillaient une étincelle de brutalité, de détermination guidée par celui qui s'était synchronisé à lui.
Leurs poings étaient peints par le sang et le corps couvert de bleus, elles avaient toutes les deux été poussées à bout. Cependant, à bien y regarder, des deux, celle qui avait le plus encaissé était bel et bien la victime, bien qu'il soit difficile d'en juger à cause du visage caché de son opposant. Dire que les coups l'avaient déformé n'était pas le terme le plus approprié pour parfaitement expliquer son état. Tenir debout était une épreuve et seul l'aide de celui qui attendait son retour dans sa chambre lui donnait la force d'être encore capable de se battre.
Tout ceci débuta quelques minutes auparavant.
Béatrice s'était engouffrée dans la brume pour partir à la recherche de ses protégés égarés, afin de les ramener, reformant la famille Third. Se déplacer dans cette purée de pois était difficile et il lui fallut un temps avant de pouvoir trouver le second étage.
La pagode était particulièrement grande, et il n'y avait que deux escaliers dans toute la circonférence de chaque étages.
Une fois arrivée, Béatrice fut confrontée au même problème, la brume couvrant également tout ce dernier. N'étant là que pour des recherches, cet écran était son pire ennemi.
Elle continua cependant son avancée, tâtonnant afin de repérer les différentes chambres, et trouver par extension celle de Damien et Sasha.
À leur arrivée dans le grand bâtiment de luxe, tous avaient dû s'enregistrer afin de faire des chambres leur propriété. Des chambres pour plusieurs personnes étaient disponibles, permettant à des duo ou groupe de dormir dans la même pièce.
Damien et Sasha avaient pris le deuxième en partant du sommet, autrement dit le septième, afin de rester loin d'Isaac et surtout Béatrice, bien qu'ils aient été incapable d'aller plus bas, leur lien avec la matriarche et le patriarche freinant leur liberté de totalement s'éloigner d'eux.
Béatrice n'avait pas eue le temps de vraiment faire une quelconque investigation à sujet de leur chambre, s'occuper des plus jeunes de la famille étant prioritaire, en conséquence, les recherches traînaient, chose ne l'arrangeant pas du tout. Elle suait à grosse goutte et ses déplacements étaient plus lents qu'ils ne l'auraient dû, cette brume n'était pas seulement un fléau à cause de sa capacité à dissimuler, sa composition était définitivement un problème pour le corps humain.
C'est alors qu'au moment où elle allait ouvrir la porte d'une chambre qu'elle venait d'atteindre, après avoir trouvé la poignée, cachée par la brume, un assaillant la frappa à l'estomac.
Étendue par terre, elle passait nerveusement sa main à l'endroit touché. La douleur vive déformait son visage, ses lèvres closes refusaient d'exprimer le moindre signe de douleur.
Un bruit de pas audible au milieu de l'épais monde blanc se rapprocha d'elle, rapide. Ce dernier était suivit d'un son désagréable à l'oreille, un poids traîné sur le ciret propre, lâchant un sillage écarlate.
Béatrice se releva lentement, positionnant son corps imposant de femme au foyer aimante mais capable de violence une fois acculée, afin de faire face à cet inconnu. Il émergea de la brume, musclé, terrifiant, et tirant tel un sac un cadavre au cou tordu et le torse perforé, la cause de mort n'était plus à vérifier.
Béatrice plissait des yeux, tentant de voir son assaillant, mais ce dernier restait en retrait dans les courant blanc et aériens.
– Tu tiens encore debout alors que tu baigne dans le poison…? Quel genre d'humain es-tu ? demanda l'inconnu d'une voix déformée par le masque.
– C'était il y a longtemps… quand j'étais enfant et encore dans ma tribu, on effectuait des rituels tous les 5 ans afin de renforcer les plus jeunes… il faut croire que ça m'a servi…
– Je vois… il existe donc encore ce genre de chose dans ton monde… quel dommage…
– Je suis pressée, et combien même je ne subis pas aussi rapidement que d'autre les effets du poisons je n'en reste pas moins affectée… je cherche deux personnes, une homme et une femme, très proches l'un de l'autre.
– Je les ai croisés durant ma ronde létale oui.
Les répliques de l'être masqué étaient formulées avec simplicité. Cependant le mot "létale" fut prononcé avec un poids tout autre que le reste de sa phrase, comme pour donner une clé à Béatrice de ce que cette ronde létale pouvait être.
– Létale ? Leur avez vous fait du mal ? demanda Béatrice en serrant ses poings et ses dents.
– L'homme, il a protégé sa compagne jusqu'au bout. répondit le masqué avec une pointe d'admiration pour Damien.
– L'avez vous tué ?
– Son corps mort est le fardeau que je traîne en ce moment même…
La mort de Damien par la main de l'individu masqué fit un pincement au cœur de Béatrice. Ces enfants insupportables et indisciplinés restaient ses protégés et sa famille, les abattre était inexcusable.
– Je vois… avez vous un nom ?
– Le connaître ne vous sera d'aucune utilité.
– C'est fort dommage cher inconnu, je suis dans l'obligation de tu-
Béatrice se figea sur place quand le mot "tuer" voulut sortir de sa bouche. Cette anomalie dans son language allait à l'encontre de ses principes en tant que matriarches. Isaac était l'épée des Third, ce n'était donc pas à elle, la voix de la raison, le héraut des principes fondamentaux d'Andros, de s'adonner à une brutale frénésie.
Cependant, une petite cellule rebelle dans son esprit faisait opposition. Cet outsider psychique serrait ses poings, lui faisait grincer des dents, et croître sa colère. Béatrice était incapable de pleinement garder le contrôle de ses émotions, de maîtriser son impulsivité. La matriarche avait besoin d'abattre sa fureur sur l'ennemi.
Elle se mordit les lèvres, embarassée. Dans d'autres circonstances elle se serait frappée la tête contre le mur, honteuse d'avoir une conviction si faible. La voix d'Andros était le tracé scintillant qui avait amené la paix dans leur société, celui qui a recrée l'image même du bonheur et du bien être, comment une simple émotion, un superflu mental résidu de l'ancienne Béatrice, assez soucieuse de ses protégés pour se salir les mains et souiller sa bouche par des mots profanes, pouvait surpasser la voix de la sagesse ?
L'inactivité de Béatrice suite à sa phrase inachevée fit réagir l'inconnu masqué.
– Aurais-tu perdu ta langue ? J'ai pourtant la certitude que vouloir me tuer pour venger tes camarades était dans tes plans.
– L'ancienne moi peut être… son impulsivité volcanique et ses répliques cinglantes et immatures… cependant je suis désormais soutenue par la voix d'Andros… alors tes palabres inutiles ne pourront plus m'atteindre !
Béatrice avait encore ses poings resserrés, cependant sa colère n'était plus aussi vive qu'il n'a quelques instants. Elle voulait toujours attaquer, mais la sagesse d'Andros l'accompagnait toujours, afin qu'elle ne sombre pas dans la violence.
Elle fit volte-face, et s'éloigna de l'être masqué, comme si toute son attention de Béatrice s'était focalisée sur autre chose. Damien avait été tué, et s'énerver ne changera rien à la situation. C'est dans cet état d'esprit que Béatrice calma ses ardeurs. Elle continua ses recherches, se perdant dans la brume.
Proche du mur, elle palpa ce dernier afin de faire le tour, et atteindre toutes les chambres sans difficulté.
Mais alors que la matriarche approchait la porte d'une chambre, un puissant coup de poing dans la poitrine la projeta d'un coup au sol. Hébétée et prise de douleur, Béatrice se relevait petit à petit afin encore surprise par cette attaque venue sans prévenir.
– Excuse moi, mais dès le moment où je croise quelqu'un dans ce nuage toxique, cette personne peut se considérer comme morte…
– Ce n'est-n'est pas dans mes projets actuels que de mourir veuillez m'en excuser.
– seul le plus fort décide, si tu souhaites survivre tu n'a pas d'autre choix que de me tuer ici même…
À la mention du mot "tuer", Béatrice écarquilla les yeux comme si elle venait de découvrir une phénomène mystérieux où qu'une idée venait de surgir dans son subconscient.
Elle n'avait pas complétement disparue cette cellule anormale, elle existait encore, tapis dans un recoin de son esprit, dans l'attente d'une faille au sein du subconscient, et c'était ce genre de déclic qu'elle attendait.
Béatrice avait mal mais tenait bon, cependant la douleur en plus du poison auquelle ne pourrait plus résister bien longtemps, rendaient la situation particulièrement compliquée.
Il était évident que son adversaire ne lui laisserai pas l'occasion de s'en aller.
– Par égard pour ton passé en temps que membre d'une tribu, je t'offre une chance de te battre… ne la gâche surtout pas.
– Je ne désire pas le combat… seulement retrouver mes enfants… tu as tué celui-ci mais l'autre est sûrement encore vivante.
– Je n'ai confiance en personne ici… la méthode la plus sûre pour moi est d'éliminer tous ceux qui s'approchent de cet endroit… mais il est vrai que j'ai laissée la fille s'enfuir.
– Malgré tes menaces je ne peux cependant pas abandonner… en tant que mère j'ai le devoir de me donner corps et âme pour mes protégés.
– Je vois… ainsi donc tu refuse l'affrontement mais es assez déterminée pour pouvoir continuer, combien même je n'aurai de répit qu'une fois ta mort confirmée ?
– Me battre n'est pas mon rôle…
– Très bien… je prendrai mon temps dans ces cas, tu m'excuseras mais ce sera douloureux… et très long. Prie pour décéder rapidement.
Béatrice fit ni une ni deux et rassembla ses forces pour taper un sprint. Elle devait rapidement sortir du nuage toxique sans quoi la situation ne serait qu'à son désavantage. La matriarche n'avait aucune idée de la surface couverte par la brume, et sa seule solution était de rapidement descendre aux étages inférieurs pour rejoindre Sasha. La jeune fille avait sans doute dû descendre pour échapper au brouillard, du moins telle était la supposition de la mère des Third.
Elle courait à toute allure afin de trouver au plus vite l'escalier, et le masqué la poursuivait tout en rattrapant sa cible.
Soudain, à son dernier pas, Béatrice ne sentit plus le sol sous sa chaussure, et son corps partit vers l'avant. La matriarche s'écrasa contre les marchés de l'escalier avant de rouler jusqu'en bas, le dos et les côtes presque brisés.
Le masqué lui bondit en l'air, et atterrit tout en bas sans une égratignure.
Béatrice roula sur le ciret pendant encore plusieurs secondes, retenant un cris de douleur. Son assaillant était déjà tout prêt, et vu le choc dans l'escalier, elle n'était clairement pas capable de se relever de suite. Un coup de pied dans le ventre la jeta contre le pied de l'escalier, puis elle resta à terre, immobilisée.
– Quel dommage… marmonna l'inconnu masqué.
Il se mit à genou et balança un premier coup de poing à la figure de Béatrice. Des tâches de sang vinrent couvrir le sol après l'impact. Le masqué prit un temps de pause avant de lancer le second coup, puis le troisième, avant d'enchaîner les direct en plein visage.
Ce n'était pas un combat, mais une véritable torture. Béatrice encaissait tant bien que mal les attaques de son ennemie, mais chaque impact était comme un coup de marteau en pleine tête, puissant, dur et impitoyable.
– Je-je ne céderai pas…! À la l'appel de la vio-
– Arrête tes conneries et bat toi ! cria soudainement Sasha plus loin dans la pièce.
– Sash-
Un énième coup lui coupa la parole avant que !e masqué ne se relève et tourne sa tête en direction de Sasha.
– Qu'est-ce-que tu fais ici ? balbutia Béatrice.
– Chercher Dami !
La jeune femme semblait déterminée à accomplir son objectif alors que le masqué et Béatrice avaient les yeux sur elle.
– Cours ! Damien a été tué ! hurla Béatrice.
– Quoi ?! Mais..!
L'inconnu au masque se retourna vers Sasha et avança vers elle. La jeune femme ne parvenait pas à faire le moindre pas tant elle était sous le choc. La mort de Damien était un coup dur pour elle qui le voyait comme son support psychologique, à tel point que le masqué put la rejoindre rien qu'en marchant, sans même que la fille ne tente de s'enfuir.
Béatrice avait peine à se redresser rapidement, elle avait mal, et la douleur lui donnait seulement envie de rester clouée au sol. Elle voyait faiblement les formes de son assaillant qui allait vers la demoiselle, et sentait sa frustration grimper en flèche. Il fallait qu'elle protège Sasha, mais comment faire alors même qu'elle avait tiré un trait sur toute tentative de violence.
L'envie de meurtre grandissait en elle, les émotions refaisaient surface alors même que de lointains souvenirs revenait. Béatrice se souvenait de comment était sa vie avant qu'elle ne devienne matriarche, elle se souvenait de la tragédie qu'elle avait vécue quand le gouvernement est venu prendre des mères à leurs foyers, quand il sont rentrés chez elle et s'en sont pris à sa famille.
Si primitif, mais tellement nécessaire était la barbarie pour cette femme s'étant réfugiée dans la paix de peur que les évènements du passés ne fassent surface.
C'est alors que, au moment où un hurlement juvénile retentit, ses forces enfouies refirent surface. Son ancien corps de femme travailleuse et battante se réveilla, brûlant d'un désir de vengeance quand les cris de Sasha s'effacèrent brutalement alors que son cou se faisait tordre brutalement.
Béatrice se releva lentement, veines gonflées par la rage, tandis que le masqué revenait en traînant le corps de Sasha. Il souleva par les cheveux le cadavre et le montra sans une once de pitié.
– Une fois que j'en aurai fini avec toi… je lui ouvrirait le torse et la trainerais de sorte à laisser se répandre son sang dans tout l'étage… prononça le masqué d'une voix sombre.
Béatrice fulminait devant cet atroce spectacle. La voix d'Andros ne résonnait plus dans son esprit, elle n'était plus là pour lui dicter la voix de la paix. La présence de Kayle au sein de son subconscient empêchait seulement Béatrice de se lancer dans un duel suicidaire. Des enfants attendaient son retour, alors il fallait absolument l'emporter.
– Je peux maintenant sentir en toi la vraie colère d'une mère… marmonna le masqué.
Béatrice se rua telle une bête sur lui et ainsi s'engagea un féroce combat, où tous les coups étaient permis.
Eh ouais 3_3 un peu d'action ça fait pas de mal ! J'espère que ce chap vous a plu !
Comment c'était l'écrit ?
Ce chapitre dans son ensemble fut tout un travail de mise en scène, j'espère ne pas avoir loupé le coup, même si je suis encore un jeunot dans le domaine ^^
Le personnage masqué est dans le rang des secondaires principaux. Il a un rôle important, mais pas autant que d'autres perso.
C'est pareil pour Béatrice, qui aura un rôle à remplir dans l'histoire !
C'était assez délicat d'écrire cette partie, mais ce fut tout de même plaisant à mettre en place. D'ailleurs j'ai réduit l'utilisation des incises, apparemment ça casse la fluidité du texte donc vous devriez en voir moins maintenant :3
Merci d'avoir lu ! N'hésitez pas à me donner votre ressenti ^^
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