L'île Fosseïn était un cercle de terre irrégulier se trouvant sur le chemin qu'emprunte le fleuve Agura. De taille assez modeste, l'île Fosseïn pouvait être parcourue dans toute sa longueur assez rapidement, et les quelques 1 kilomètres et demi de périmètres étaient plutôt simples à faire.

Un peu partout sur île, comme toutes les autres du trajet, des trésors avaient été cachés par Napolio. Il s'agissait d'équipements divers imprégnés d'aura en diverses quantités suivant la valeur de l'objet.

Ces trésors étaient une récompense claire pour ceux qui prenaient le risque d'aller sur les îles pour aller les chercher. En tant qu'explorateur, Napolio voulait que les apprentis apprennent à connaître l'une des professions majoritaire parmi les voyageurs de mondes. Chaque seconde qui passait ici à Avalenscia, des milliers des voyageurs arpentaient des mondes à la recherche de trésors.

Ce n'était pas totalement une transmission de sa passion, cependant Napolio souhaitait apprendre à ses élèves les dures épreuves qui les attendent. L'opportunité de pouvoir explorer n'importe quel recoins des différents univers étant l'un des plus grands privilège des voyageurs, il fallait que les apprentis s'habituent dès maintenant à ce qui deviendra une quasi norme pour eux une fois devenus voyageurs.

Cependant, de par la possibilité de pouvoir s'adonner au vol était également un concept que Napolio devait leur enseigner. Bien que cette pratique soit de celles qu'il abhorre, Zoreïphan avait insisté pour que dérober les biens d'autruis soit permis. L'injustice était monnaie courante chez les voyageurs et pour la formation des apprentis voyageurs il était nécessaire qu'ils soient confrontés dès le début à cette injustice. Seuls les plus déterminés seront capables de venir à bout de ces obstacles.

Azaly parcourait à toute allure les marécages tout en portant Arthur sur son dos. Elle avait bien entendue les règles de cette épreuve, règles qu'elle s'était engagée de respecter à la lettre jusqu'à nouvel ordre. Azaly était sûre des bénéfices que pourrait lui apporter cette remise à zéro de soit. Il était tout simplement inutile de vouloir changer les évènements passés, pour Azaly désormais c'était un détail moindre qui ne ferait que ralentir son évolution.

Elle avait maintenant de nouveaux objectifs, une nouvelle voie qu'elle désirait suivre.
Et bien que lui même ne le sache pas, Arthur faisait parti de son plan. Azaly avait la tête pleine d'idées, de possibilités qu'elle n'aurait pas envisagées plus tôt, et ce choix procurait à la petite une enivrante sensation de vraie liberté.

Les marécages de Fosseïn étaient quasi labyrinthe, des ossements couverts d'une végétation qui avait élu domicile à leur surface.
Azaly faisait de multiples tours, cherchant ce qui pouvait ressembler à un trésor, Napolio n'ayant jamais précisés à quoi ces derniers devaient ressembler.

Elle freina alors laissant une longue traînée dans le mélange de plantes et de terres molles bordant les petites rivières de l'île.
Surpris par cet arrêt soudain, Arthur se risqua à en demander la raison.

– Dit… qu'est-ce qu-

Il n'eut pas même le temps de terminer sa phrase qu'Azaly tourna sa tête sur le côté, ce qui lui permit de contempler l'orbite vide d'Azaly donnant une allure macabre au visage de la fillette.

– Aide moi à chercher en regardant aux alentours pendant que je gère les déplacements. ordonna Azaly.

– Ou-oui !

Arthur resta figé sur place après qu'Azaly lui ait parlé.

Il n'avait appris l'existence de cette enfant que depuis la première épreuve où dès le départ elle avait montrée un contraste fou avec tout le reste des participants. Bien qu'il soit tombé et ait fini à l'infirmerie de Zurocrasy dès la première épreuve, il a pu apprendre de nombreuses conversation écoutées en secret toute la terreur qu'inspirait Azaly mais également tout le mépris de certains à son égard à cause de son attitude d'enfant.

Lui même avait pu constater qu'Azaly n'était rien de plus qu'une fillette de part le scandale avec Napolio, cependant, celle qui venait de lui parler était bien différente de tout ce qu'on avait put dire sur sa mentalité.

Azaly n'avait pas un simple sourire d'enfant sur le visage, ce n'était pas non plus juste une mimique satisfaite. À cet instant précis, Arthur avait sous les yeux, ce qui pouvait être considéré comme l'expression même d'une personne emplie d'une malfaisante confiance. Arthur voyait chez cette petite fille ce sourire qu'il avait tant vu sur le visage de nombres d'antagonistes que ses yeux de passionné de série et bandes dessinées avaient lus.

Après la réponse positive d'Arthur, Azaly prépara ses jambes quelques instants avant de sauter. Son bond fut brutal mais impressionnant et Arthur ne put que coller sa tête contre les cheveux de la petite.

Après avoir atteint les airs, Azaly changea son point de chute afin d'atterrir sur le sommet d'un gigantesque os dont la forme rappelait celle d'une cage thoracique.
L'os se brisa en cratère à l'atterrissage d'Azaly qui bougea légèrement sa tête comme pour interpeller Arthur qui la tenait toujours fermement le visage plaqué contre elle.

– Arthur, aide moi à scruter les environs ! lança Azaly avec force.

– Désolé ! Cria-t-il surpris.

Il releva la tête et commença à observer les alentours. Ses yeux cherchaient désespérément un détail quelconque mais rien à faire. Ils se trouvaient à une quinzaine de mètres de hauteur sur l'os et malgré plusieurs tentatives, il ne parvint pas à trouver quoique ce soit d'intéressant, sa vue ne lui offrant même pas l'opportunité de déceler les détails lointains.

– Je-

Alors même qu'il allait faire son compte rendu à Azaly il sentit le dos de la petite bouger. Il tomba soudainement de derrière Azaly, et alors qu'il croyait finir sa course au sol la petite le saisit par le poignet avec force.
Arthur ne savait si il devait la remercier où si il lui fallait plutôt supplier pour sa vie.

Azaly effectua un mouvement de lancé sans avertir au préalable Arthur qui fut balancé au ciel soudainement. Il fila à travers les airs à une vitesse fulgurante et avait l'impression que sa peau voulait partir dans tous les sens tant le vent l'agitait.

Tout se déroula très vite et le temps de quelques battements de cils difficilement effectués il se retrouva dans les bras d'Azaly dont l'expression montrait clairement l'attente de résultats de sa part.

– Alors ? demanda Azaly.

Arthur ne put rien répondre, tout s'était déroulé trop vite pour lui. De plus, il avait besoin de temps pour récupérer de ce qui venait de se passer. C'était plus intense et brutal que des montagnes russes, et l'environnement ne se prêtait pas au divertissement.

– Dé-désolé…. finit-il par dire après plusieurs secondes à récupérer.

– On la refait. lança Azaly se préparant de nouveau à le lancer.

– Attend ! Attend-

Sans se faire écouter par la petite, Arthur se fit balancer de nouveau dans le ciel. Son corps tournoyait à toute allure de sorte qu'il ne savait même plus où se trouvait le haut, le bas, la droite où la gauche.
Tout se déroula trop vite une fois encore, cependant son instinct, ce sens qui toujours lui avait assuré sa survie en tant que faible, lui a hurlé au dernier moment, que la mort approchait à grand pas.

Il se retrouva de nouveau dans les bras d'Azaly, tétanisé. Cette fois ci, la petite ne le regardait pas, elle était focalisée sur autre chose. Arthur n'osa même pas la regarder.

– Y a un truc qui-

– Oui, je l'ai vu. répondit Azaly sans attendre.

Plus loin, avançant dans la rivière lentement tout en analysant de son œil brillant comme une lanterne l'environnement autour de lui, une bête quadrupède noire pourvue d'un œil unique arpentait la zone. Des marques de fumées noires filaires le reliait à des individus à l'apparence de soldats de tranchées, équipés de leur masques à gaz, ils se déplaçaient tels des morts vivants tout en restant à proximité de la bête.

Arthur terrorisé ne voulut même pas voir le monstre, au fond il ne désirait qu'une chose, qu'Azaly prenne la décision de fuir pour distancer cette créature.

Cependant, la petite n'était pas prête à réaliser son souhait. Elle bondit tout en le tenant dans ses bras. Elle atterrit dans la rivière dont le faible niveau ne permit à l'eau que d'atteindre le haut de ses pieds, faisant alors face au quadrupède noir et ses pantins.

– Je vais tester des trucs, reste en arrière. lança Azaly avant de balancer sur le côté Arthur qui finit dans l'herbe mouillée.

Arthur se retrouva sur le dos et commença à reculer en s'aidant de ses mains, bien trop horrifié pour se lever.

– Putain ! Il arrive ! hurla-t-il.

– Je le vois. déclara Azaly d'une voix calme.

La bête se courba légèrement et poussa un grognement sourd. Le monstre semblait prêt à attaquer, et ses pantins se mirent à côté de lui, prenant tant bien que mal une posture de combat alors que leurs articulations donnaient l'impression de vouloir tomber.

– Fais attention ! cria Arthur.

Azaly n'attendit pas que la bête attaque en première et se jeta sur elle à toute vitesse. Le monstre bondit d'un coup sur le côté, évitant Azaly de justesse. Et alors qu'elle venait de s'écraser dans la rivière, provoquant une véritable bombe à eau, les pantins militaires vinrent tout autour d'elle avant de lui plonger dessus.

Azaly donna un coup de coude à celui qui venait par derrière, brisant son masque à gaz pour ensuite saisir d'une main celui qui arrivait par le côté pour utiliser son corps comme massue sur ses collègues qui finirent tous cloués au sol.

Les pantins, même frappés ne bronchèrent point et en quelques instants, l'entièreté de la troupe revint au combat.
En même temps, Azaly inspectait ses mains d'un air suspicieux. Elle semblait intriguée quand, quelques secondes après, son corps ne se mette à se transformer.
Il devint rachitique et couvert de plaie infectées, comme si elle s'était zombifiée.

La troupe s'écarta soudainement, laissant le monstre charger vers la petite métamorphosée qui fit une roulade sur le côté avant de reprendre son apparence normale.
Arthur observait stupéfait la scène, c'était comme si Azaly n'avait que faire d'eux, elle donnait l'impression d'être ailleurs, préoccupée par autre chose.

Une fois son apparence récupérée, Azaly attendit une nouvelle attaque du monstre pour ensuite sauter sur sa tête. Il s'agita dan tous les sens, cherchant à retirer de sa tête Azaly mais rien à faire, bien que n'attaquant pas, elle s'aggripait fermement à lui.

Après quelques secondes d'observation silencieuse du monstre alors qu'elle se trouvait sur son dos, Azaly tendit alors la main puis joignit ses doigts avant de les planter d'un coup sec dans la nuque de la bête qui s'affala dans la rivière tout en poussant un cri déchirant.

Azaly retira ses doigts ensanglantés qu'elle inspecta minutieusement quand le monstre finit par se relever brusquement. Sans crier gare, il fonça droit sur Arthur qui hurla en se recroquevillant sur lui même, tétanisé. Azaly bondit alors vers l'avant, terminant sa course devant la bête pour l'intercepter.

Le monstre plongea griffes déployées sur elle puis Azaly croisa les bras comme pour encaisser l'impact alors même qu'elle pouvait éviter où attaquer. Le monstre s'écrasa sur elle tout en rugissant férocement. Il frappa Azaly de multiples coups de griffes avant d'ouvrir largement sa gueule garnie de dents longues et acérées.
Il engloutit complètement la petite dans sa gueule sous les yeux d'Arthur apeuré quand les pantins militaires vinrent se placer autour de lui, ne lui laissant aucune chance de fuir.

– Aaaah ! hurla Arthur voyant que de tous les côtés il lui était impossible de trouver une issue.

Il ferma les yeux et se protégea le visage alors que des mains humides et fermes vinrent lui saisir les jambes. Arthur n'avait plus la force de crier et ne pouvait que verser d'abondantes larmes. Les pantins militaires enlevèrent leur masques à gaz, dévoilant des bouches hideuses et une chaire en décomposition.

Un premier pantin ouvrit la bouche et mordit le mollet d'Arthur qui finit par pousser un cris puissant audible sur une bonne partie de l'île, celle ci étant particulièrement silencieuse. L'instant d'après il ne fut capable que de gémir alors que le mort vivant tentait de lui arracher sa chaire.

Soudain, un bruit de craquement d'os surprit Arthur, et alors que les pantins allaient continuer de se repaître de lui, une boum sonore sourd mais puissant à en crever les tympans retentit. L'espace d'un battement de cils, tous les pantins finirent en morceaux, laissant tomber en pluie des lambeaux de chaire et d'os.

Le corps d'Arthur, que les pantins avaient peu à peu soulevé, retomba sur le sol, laissant entendre un léger bruit d'eau.
Azaly s'accroupit à côté de lui, tandis que la bête un peu plus loin semblait désorientée, confuse et étourdie. Toute sa mâchoire avait été défoncée, et il ne lui restait plus une seule dent entière.

– Ils étaient si forts que ça ? demanda Azaly d'un ton déçu.

– Non… c'est moi qui était faible… marmonna Arthur conscient de cette dure vérité.

Azaly cligna des yeux à de nombreuses reprises avant de se lever pour aller vers le monstre qui avait du mal à se déplacer, alors que sa gueule dégoulinait de sang.

– Qu'est-ce que ça signifie…? déclara tout haut Azaly qui avançait vers la bête.

– Hein…? balbutia Arthur.

– Je ne sais pas ce que ça veut dire. continua Azaly.

Arthur, perturbé, tourna la tête vers Azaly quand soudain, elle frappa d'un seul coup le monstre dans le corps duquel se forma un trou béant. Son sang se répandit dans la rivière, teintant de rouge l'eau, et à cet instant, Azaly le visage taché d'hémoglobine se tourna à demi vers Arthur.
Sur ce dernier se dessina un rictus de peur quand il vit la moitié du corps d'Azaly se couvrir de poils noirs, et son orbite vide se pourvoir d'un œil identique à celui de la bête.

Le jeune garçon était terrifié, car celle qui se tenait devant lui, il ne la connaissait plus. Elle arborait un sourire sadique qui le faisait frissonner.

En fait, Azaly elle même ne se reconnaissait plus totalement. Elle avait tué cette bête, elle en était pleinement consciente bien que le concept même d'ôter la vie n'ai pas prit encore tout son sens pour elle, cependant elle avait conceptualisé cet acte qu'elle avait tant de fois perpétré avec légèreté. Azaly avait donné une valeur à cette chose, elle qui était capable de se mouvoir, d'attaquer, de fuir, de rugir et de gémir, puis Azaly l'a supprimée, annihilant complètement tout ce dont elle était capable. Voilà ce que voulait dire tuer désormais pour Azaly. Effectuer une habile soustraction dont le résultat serait invariablement zéro.

Et ce premier vrai meurtre, Azaly y prit plaisir, elle s'était laissé un instant envahir par cette sensation de toute puissance qui réjouissait son cœur d'enfant quand elle contemplait ces petites fourmis se déplaçant sous ses yeux, alors que d'un geste elle pouvait mettre fin à leur existence.

Elle n'était pas totalement sûre de quand elle avait prit conscience de cela, Azaly se sentait normale, pas si éloignée de ces gens autour d'elle qui étaient simplement différents de ce qu'elle avait connu mais néanmoins proche de sa conception de sa personne, et ce malgré le regard des autres qui la voyaient comme quelqu'un d'anormal, de par sa supériorité écrasante. Cependant, depuis sa réinitialisation personnelle, elle avait retourné la question dans son être, prenant le risque de se voir elle même comme quelqu'un d'anormal n'allant pas dans le même moule que les autres. Et c'est à ce moment qu'elle a pu sentir ces choses en elle, ce qui pouvait être affublé du nom possibilités.

Ce n'était pas juste des choix lui permettant de décider de ses actes, mais bien plus des "pouvoirs", des dons endormi en elle, n'attendant que le moment où elle allait s'en servir.

Enlacée par un merveilleux sentiment de mégalomanie, Azaly se sentit prête, prête à désormais découvrir toute l'étendue de son potentiel.

D'un ordre mental, elle fit sortir de son corps un fil noir qui alla se greffer au corps du monstre, faisant lever ce dernier, tel un sinistre serviteur de l'au delà. Arthur, incapable de savoir quoi faire ne fut que plus indécis quand la créature terrifiante appelée Azaly, mi enfant mi monstre, se tourna vers lui, comblée.

– Aller Arthur, on continue. lança alors Azaly.

C'est devant une scène horrifique que le jeune Arthur resta, figé sur place, la bouche close, mais le cœur hurlant à l'aide, se demandant si il pouvait seulement échapper à cette monstrueuse entité à laquelle il s'était accroché.

Il se leva lentement, se retenant même de mouiller son caleçon tant il était terrifié, puis il avança, se dirigeant vers Azaly qui n'attendait que lui pour continuer ses recherches. Quand le garçon arriva jusqu'à elle, il lui prit la main qu'elle tendait et le duo continua alors sa route, s'enfonçant davantage dans les marécages de Fosseïn.

Salut ! Voici la longue partie d'aujourd'hui pour le chapitre 7 ! J'espère que vous avez apprécié !

Comment c'était l'écrit ?

Le changement d'Azaly fut ma préoccupation principale lors de l'écriture, maintenant que j'avais passé le cap du "une nouvelle Azaly est née" je ne pouvais plus me permettre de lui faire prendre des décisions trop aléatoires, mais bien plus m'attarder sur le pourquoi par moments.

Arthur est un personnage qui existe dans ma tête depuis bien plus longtemps que le Tome 2 lui même, autant vous dire que c'est un perso vraiment important pour l'histoire et pour Azaly. Son écriture à lui aussi fut délicate, car si je savais où aller avec lui, j'avais une moins nette idée du parcours à prendre.

L'île tout comme les autres seront bien souvent davantage des prétextes par rapport à ce qui va se dérouler, je n'ai pas spécialement l'ambition de vous les détailler de long en large bien que chacune ait son identité. J'essaierai de faire au mieux pour pouvoir vous proposer des moments plus mouvementés sur les îles, j'espère y arriver :)

Merci d'avoir lu ! N'hésitez pas à me donner votre avis ça fait plaisir, à demain pour la suite !